Le
Royaume du Divin Fiat chez les créatures
PICCARRETA
Le Livre du Ciel audio
Tome
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Appel des créatures à
revenir à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été
créées par Dieu
Luisa
Piccarreta
La Petite Fille de la
Divine Volonté
À l'âge de 9 ans,
Notre Seigneur commence à lui faire entendre sa voix
intérieurement.
À 13 ans, elle a
sa première vision:
Jésus, portant sa croix, lève
les yeux vers elle et lui dit: «Âme, aide-moi! »
Dès lors, un désir insatiable
de souffrir pour l'amour de Jésus monte en elle. À ce moment,
également débutent ses premières souffrances physiques de la
Passion, ainsi que de grandes douleurs spirituelles et morales.
À 16 ans, à
la suite d'un désir manifesté par Jésus et Marie, elle se consacre à
Jésus comme victime.
Dès lors, les visions se
multiplient et elle devient de plus en plus associée aux souffrances
de Jésus dans sa Passion.
À compter de ce moment aussi,
et pour le reste de sa vie (soit pendant 65 ans), elle ne peut
ni manger, ni boire, rejetant toute nourriture.
Sa seule nourriture est la Sainte
Eucharistie.
À cause de ses souffrances de
la Passion de Jésus, qui deviennent de plus en plus fortes, Luisa
perd bien souvent l'usage de ses sens.
Son corps devient rigide, quelquefois
pendant plusieurs jours, jusqu'à ce qu'un prêtre
(généralement son confesseur) vienne,
au
nom de l'obéissance, la sortir de cet état de mort.
À l'âge de 23 ans,
un an après le début de son alitement permanent (qui durera
tout le reste de sa vie), elle reçoit la grâce du Mariage
Mystique.
Ce mariage est renouvelé 11 mois plus
tard dans le Ciel, en présence de la Très Sainte Trinité.
C'est à cette occasion que lui est donné le Don de la Divine
Volonté.
Elle meurt en 1947, un
peu avant d'avoir atteint sa 82e année,
-après une pneumonie qui dura
15 jours,
la seule maladie qu'elle ait jamais
subie pendant sa vie entière.
Elle rend l'âme à la levée du
jour, à l'heure où, chaque jour, son confesseur avait
l'habitude de la faire sortir de son état de mort.
Louisa a beaucoup écrit. Elle le
faisait par obéissance à Jésus et à ses confesseurs,
surmontant ainsi la forte aversion qu'elle a toujours éprouvée à
écrire et à parler d'elle.
Ses principaux écrits forment les
36 tomes de son ouvrage intitulé «Le Livre
du Ciel» (nom suggéré par Jésus lui-même).
Ils décrivent sa vie et font part de
ses dialogues avec Jésus, moyen choisi par celui-ci
pour
faire connaître ses extraordinaires et surprenants enseignements sur
la vie dans la Divine Volonté.
La cause de béatification de
Luisa fut introduite en 1994.
L'un de ses confesseurs, le
bienheureux Fr. Annibale M. Di Francia, a récemment été
béatifié par le pape Jean-Paul II.
Luisa Piccarreta
La Petite Fille de la Divine
Volonté 1865-1947 Corato, province de Bari, Italie
Ô Bienheureuse Trinité,
Notre-Seigneur Jésus-Christ nous a
enseigné que, lorsque nous prions, nous devons demander
-que le nom de Notre Père du
Ciel soit glorifié,
-que sa Volonté soit faite sur la
terre comme au Ciel et
-que son Règne vienne parmi
nous.
Dans notre grand désir de faire
connaître son Royaume d'Amour, de Justice et de Paix, nous vous
demandons humblement de glorifier votre servante Luisa,
-la Petite Fille de la Divine Volonté
qui, par ses constantes prières
et ses grandes souffrances, a ardemment intercédé
-pour
le salut des âmes et
-pour la venue du Royaume de Dieu en
ce monde.
À son exemple, nous vous
prions, Père, Fils et Esprit Saint,
-de nous aider à embrasser
joyeusement nos croix sur cette terre, de telle manière que,
nous aussi,
nous glorifiions le nom de notre Père
du Ciel et
nous entrions dans le Royaume de la
Divine Volonté. Amen.
+ Carmelo Cassati, archevêque
Un grand sacrifice m'est imposé par
la sainte obéissance.
Je dois écrire ce qui s'est passé
entre moi et mon Jésus bien-aimé pendant une période de plus de 16
ans.
Je
me sens écrasée par la tâche (1).
Néanmoins, quoique confuse, je veux
m'appliquer de mon mieux.
Je crois en Jésus, mon Époux
bien-aimé, qui pourra me rendre la tâche tolérable.
Ainsi,
je pourrai la remplir
-pour la plus grande gloire de Dieu
et
-pour
l'amour que je nourris pour la noble vertu d'obéissance.
«Je commence donc, ô Jésus, en
vous, avec vous, et pour vous. Je n'ai pas confiance en moi, mais
j'ai foi en vous.
Sans vous, je ne peux rien faire.
Puisse cet écrit, du commencement à
la fin, être fait
-pour
votre plus grande gloire,
-pour la croissance de mon amour
envers vous et
-pour ma plus grande confusion.»
À l'âge de 17 ans, je voulais,
par la pratique journalière
-de
la méditation,
-de divers actes de vertu et
-de diverses mortifications, me
préparer à la fête de Noël,
c'est-à-dire à la fête
de la Nativité de mon toujours aimable Jésus.
Et tout ceci, pendant la durée d'une
neuvaine.
D'une manière spéciale, je
voulais honorer les neuf mois
pendant lesquels Jésus avait choisi
de rester dans le Sein virginal de la Sainte Vierge
en
faisant pendant neuf jours neuf méditations par jour
concernant le mystère béni de l'Incarnation.
Dans une méditation, j'avais choisi
d'aller au Paradis par la pensée. Je m'imaginais la Très
Sainte Trinité dans un concile décisif,
planifiant
de racheter la race humaine tombée dans la plus sordide misère,
de laquelle, sans l'action divine, elle ne serait jamais capable de
se relever, pour
parvenir à une vie nouvelle d'absolue liberté.
J'ai ensuite vu le Père
prenant la décision
-d'envoyer son Fils Unique sur la
terre,
-celui-ci
acquiesçant au désir du Père, et
-le Saint-Esprit accordant son plein
accord le tout pour le salut des hommes.
Tout mon être s'émerveillait
d'un si grand mystère
-d'Amour réciproque entre les
Personnes Divines,
-un Amour formidable
liant
entre elles les Personnes Divines et s'irradiant sur les hommes.
Je considérai ensuite l'ingratitude
de ceux-ci, rendant inopérant un si grand Amour. Je serais restée
dans cet état toute la journée, plutôt que pendant juste une heure,
si Jésus ne m'avait pas fait entendre une voix intérieure me disant:
«C'est assez pour le moment.
Viens avec moi et tu verras d'autres
et plus grands excès de mon Amour envers toi.»
Ma pensée était amenée à
considérer mon toujours aimable Jésus,
résidant
dans le sein très pur de Marie Vierge et Mère.
J'étais étonnée que notre grand Dieu,
-qui ne peut être contenu par
les cieux,
-voulait,
par Amour pour les hommes,
devenir si petit et être
confiné à un espace si restreint, jusqu'à ne pouvoir ni
bouger ni respirer.
Cette considération me consumait
d'amour pour mon Jésus nouveau-né.
Il me dit intérieurement:
«Vois combien je t'aime!
Par pitié, fais-moi un peu de
place dans ton coeur. Sors-y tout ce qui n'est pas de moi,
afin que j'y aie un peu plus
d'aise pour bouger et respirer.»
Mon coeur se sentit alors broyé
d'amour pour lui. Donnant libre cours à mes pleurs,
-je demandais pardon pour mes fautes,
-promettant d'être toujours
toute à lui.
Cependant, je devais constater
-que
je répétais la même promesse jour après jour et
-que, à ma grande confusion,
je retombais toujours dans les mêmes
fautes.
Ceci me causait une grande
souffrance. Et je me suis exclamée:
«Ah!
mon Jésus, comme tu as toujours été bienveillant envers la misérable
créature que je suis, et que tu l'es encore! Aie toujours pitié de
moi!».
C'est ainsi que se sont passées ma
deuxième et ma troisième heures de méditation.
Et j'ai ainsi continué jusqu'à
la neuvième heure, que j'ai omise, à cause de mes
insipides et regrettables distractions.
Cependant, la voix me demanda de
poursuivre avec les méditations de la neuvaine, m'avertissant
-que si je ne le faisais pas,
-je n'aurais aucun répit, aucune
paix.
Et j'essayais d'imaginer comment je
pourrais mieux le faire,
-parfois agenouillée,
-parfois
prosternée jusqu'à terre.
Il y avait des fois où ma
famille m'empêchait de le faire pendant que je travaillais.
Mais je voulais toujours satisfaire mon si bon Jésus.
C'est de cette façon que je
passai tous les jours de ma sainte neuvaine,
-jusqu'à la veille du jour
-où mon bien-aimé Jésus me
donna une récompense inhabituelle et inespérée.
C'était
la nuit avant Noël.
J'étais seule et sur le point de
terminer mes méditations quand, soudain, je ressentis en moi un
courant de ferveur inhabituelle
Je me suis trouvée en présence du
très gracieux bébé Jésus.
Il était si beau et si charmant!
Mais à cause du manque d'amour
-qui lui était donné par les
créatures ingrates,
-il
tremblait de froid.
Il agissait comme s'il voulait
m'embrasser. J'étais ravie de joie.
Je me suis levée immédiatement et
j'ai couru pour l'embrasser. Mais quand j'ai essayé de le serrer dans
mes bras, il disparut. Ceci arriva par trois fois, et chaque fois je
n'ai pu l'embrasser.
J'en fus très contrariée.
Toute pénétrée d'amour, je suis
tombée dans une ivresse amoureuse
-c'est difficile pour moi de mettre
tout ça dans des mots,
-car je n'ai pas la bonne manière
de m'exprimer.
Je ne nie pas que j'étais toute
transformée d'amour par Jésus. Cette ferveur inhabituelle dura
plusieurs jours.
Ensuite, elle diminua graduellement.
Pendant longtemps, je n'ai laissé
transpirer absolument rien de tout cela à qui que ce soit.
Par la suite, la voix à
l'intérieur de moi ne m'a jamais laissée. Comme je continuais à
tomber,
la
voix me réprimandait après chacune de mes fautes coutumières.
Elle me corrigeait et m'enseignait que je devais tout faire très
bien.
Elle me donnait un nouveau courage
quand je tombais et elle me faisait promettre d'être plus
vigilante dans le futur.
À présent, Notre-Seigneur
continue
-d'agir
avec moi comme un bon père envers son enfant,
de toujours ramener l'enfant égarée
dans le chemin de la vertu,
de toujours user d'efforts paternels
pour la garder à son devoir, afin qu'elle produise pour Dieu
honneur et gloire, et
qu'elle recherche toujours la
couronne enviable de la vertu. Mais hélas, pour ma honte et ma
confusion, je dois m'exclamer:
«Ô Jésus, comme j'ai été
ingrate envers vous!»
Puis mon Bon et Divin Maître commença
à dégager mon coeur de toutes les affections qui l'attachaient
aux créatures.
Il vint à moi et, comme à
l'accoutumée, me dit par une voix intérieure:
«Je suis ton Tout.
Je mérite d'être aimé de toi
d'un amour égal à celui que j'ai pour toi.
Si tu ne laisses pas le petit monde
de tes pensées, de tes affections et de tes
sentiments pour les créatures, je ne
pourrai pas
-entrer complètement en ton
coeur et
-en
prendre possession d'une façon permanente.
Le constant murmure de tes pensées
t'empêche d'entendre clairement
ma Voix, ce
qui m'empêche
-de déverser en toi mes grâces et
-de
te faire tomber complètement en amour avec moi. Je suis un
Époux très jaloux.
Promets-moi que tu seras mienne
totalement.
Moi je me mettrai au travail pour
faire de toi ce que je veux.
Tu dis la vérité quand tu dis que tu
ne peux rien faire par toi-même. Mais n'aie pas peur, je ferai
tout pour toi.
Donne-moi ta volonté: ce sera
suffisant pour moi.»
Il me répétait souvent cela à
l'occasion de la Sainte Communion.
Je m'abîmais alors en pleurs de
regrets et je promettais que, plus que jamais, j'allais être à
lui totalement. Et si, à ce moment,
-je
prenais conscience que je n'agissais pas en accord avec sa Volonté,
-je lui demandais pardon et
-je lui déclarais que vraiment je
voulais l'aimer de tout mon coeur.
Sachant que, privée de son aide, je
ferais bien pire, je lui demandais de ne pas m'abandonner.
Jésus, me faisant entendre sa
Voix dans mon coeur, me disait:
«Non! Non!
Je pensais à lui constamment.
Quand il m'arrivait de me laisser
distraire par des conversations avec ma famille ou des paroles sans
importance ou non nécessaires, j'entendais rapidement sa Voix me
dire:
«Ces conversations ne me
plaisent pas.
Elles remplissent ta pensée avec des
choses qui ne m'intéressent pas. Elles entourent ton coeur de
sentiments nuisibles,
qui rendent inefficaces les grâces
dont je t'inonde, toi si faible et sans vie. Oh! essaie de m'imiter
comme quand j'étais dans la maison de Nazareth:
ma pensée était occupée seulement par
ce
qui concernait la Gloire de mon Père et le salut des âmes.
Ma Bouche s'ouvrait seulement
-pour dire des choses saintes et
-pour persuader d'autres personnes de
-pour réparer pour les offenses
commises contre mon Père
Ainsi, les coeurs brisés par le
chagrin étaient attiré Adoucis par la grâce, ils étaient amenés à
mon Amour.
Devrais-je
te parler des conférences spirituelles que j'avais avec ma Mère
et mon père putatif?
Ainsi je devenais muette
intérieurement et toute confuse Je désirais être seule dans la
mesure du possible.
Je confessais à Jésus mes
faiblesse.
Je demandais son aide et ses grâces
pour être ponctuelle à exécuter ce qu'il me demandait.
Je confessais aussi que, par
moi-même, je ne pouvais rien faire, si ce n'est le mal.
Et malheur à moi quand ma
pensée ou mon coeur occasionnellement se détournait de Jésus et
s'intéressait à des personnes que j'aimais.
Vivement et brusquement, sa Voix
revenait alors et disait sur un ton sec:
«Est-ce ceci ta manière
de m'aimer? Qui t'a aimée autant que moi? Sache que
-si tu n'arrêtes pas,
-je
me retirerai et te laisserai seule, à tes propres moyens.»
À la suite de tels et si
nombreux reproches, je sentais mon coeur se briser. Je ne pouvais que
pleurer abondamment et implorer son pardon.
Un matin, après avoir reçu
la Sainte Communion, il me donna
-une
claire vision du grand Amour qu'il avait pour moi,
-ainsi qu'une vision de l'amour
inconstant et volage que les créatures ont pour lui. Mon coeur fut
totalement saisi. A partir de ce moment, j'étais incapable d'aimer
qui que ce soit, si ce n'est lui seul.
Par exemple, si quelque bonne chose
venait à moi, je devrais reconnaître que lui, le moteur
premier
-est l'auteur de ce bien et
-qu'il se sert de créatures pour me
prodiguer son Amour.
Si,
d'autre part, il m'arrivait d'être affectée par quelque
mal,
je
devrais penser que Dieu le permettait pour mon bien spirituel ou
corporel.
Ainsi,
mon coeur se sentirait attiré vers Dieu et attaché à lui.
En voyant Dieu dans les créatures,
mon estime pour celles-ci en serait rehaussée.
Si
elles me contrariaient, je me sentirais obligée
-de les aimer à travers Dieu
et
-de croire qu'elles m'apportent des
mérites pour mon âme.
Si
les créatures m'approchaient avec des louanges et des
applaudissements, je les recevrais avec dédain et me dirais:
«Aujourd'hui
elles m'aiment. Demain elles pourraient me haïr. Les créatures
sont volages.»
Ainsi mon coeur acquit une liberté
que je ne peux exprimer par des mots.
Après que mon Divin Précepteur
m'eut coupée du monde extérieur,
m'ayant
séparée des créatures et l
libérée des pensées et des affections
pour elles, il commença à purifier l'intérieur de
mon coeur.
Sa
douce Voix résonnait souvent à mes oreilles en disant:
«Maintenant que nous sommes
seuls, il n'y a rien pour nous déranger. N'es-tu pas plus contente
maintenant,
qu'au temps où tu cherchais à
plaire à ceux qui vivaient autour de toi? Ne vois-tu pas qu'il
est plus facile de plaire à moi seul,
plutôt que de plaire à
plusieurs?
En retour, nous agirons comme si toi
et moi nous étions seuls dans le monde. Promets-moi de m'être
fidèle
Et je verserai en toi des grâces qui
t'émerveilleront.
J'ai de grands desseins sur toi, que
je pourrai réaliser seulement
-si tu corresponds à ce que je
te demande et
-si
tu te conformes à ma Volonté.
Je me réjouirai en faisant de toi une
image parfaite de moi. Tu m'imiteras en tout ce que j'ai fait dans
mon Humanité,
-de ma Naissance
-à ma Mort.
N'aie aucun doute de la réussite,
parce que je t'enseignerai peu à peu comment faire.»
Au jour le jour, spécialement après
la Sainte Communion,
il me parlait de ce dont je devais
me préoccuper
sans dépasser le seuil de la fatigue,
afin de faire mieux fructifier les
grâces qui m'étaient accordées.
Dans ce but, il me disait souvent:
«Pour que je puisse déverser
mes grâces dans ton coeur, il est nécessaire que tu te convainques
que,
par toi-même,
tu n'es capable de rien.
Je comble de mes dons et de mes
grâces les âmes qui hésitent à s'attribuer à
elles-mêmes les bons effets de leurs travaux faits avec ma
grâce.
Je les regarde avec beaucoup
d'approbation.
Les âmes qui considèrent mes
dons et mes grâces comme si elles les avaient acquises par
elles-mêmes, commettent beaucoup de larcins.
Elles
devraient se dire:
«Les fruits qui sont produits
dans mon jardin
-ne doivent pas m'être
attribués à moi, pauvre et misérable créature,
-mais sont le résultat des dons qui
m'ont été accordés à profusion par l'Amour divin.»
Souviens-toi que je suis généreux et
que je verse des torrents de grâces sur les âmes
-qui reconnaissent leur néant,
-qui n'usurpent rien pour
elles-mêmes, et
-qui comprennent que tout s'accomplit
par le moyen de ma grâce.
Ainsi, en voyant ce qui se passe en
elles, ces âmes
-me sont non seulement
reconnaissantes,
-mais elles vivent dans la peur de
perdre mes grâces, mes dons et mes faveurs si elles ne me plaisent
plus.
Je
ne peux pas entrer dans les coeurs
qui sont enfumés par l'orgueil et
qui sont si boursouflés d'eux-mêmes
qu'ils n'ont pas de place pour moi.
Ils
ne font pas crédit à mes grâces et, de chute en chute, ils
vont à leur ruine.
C'est pourquoi je veux que très
souvent
- voire continuellement - tu
fasses des actes d'humilité.
Tu dois être comme un bébé dans
les langes qui,
-incapable de bouger ou de marcher
dans la maison par lui-même,
-doit
se fier à sa mère pour tout.
Je veux qu'ainsi tu restes près
de moi comme un nouveau-né,
-demandant toujours mon aide et mon
assistance,
-reconnaissant ton néant,
-attendant tout de moi.»
En faisant ainsi, je suis devenue une
petite et je me suis anéantie. Si bien que, quelquefois,
je sentais tout mon être
dissous et démembré, incapable de faire un pas ou de prendre une
respiration sans l'assistance de Jésus.
J'essayais de mon mieux de le
satisfaire en tout, en devenant humble et obéissante.
Comparant
-l'état
de vie auquel Jésus m'appelait et
-celui dans lequel j'avais toujours
vécu, je me sentais envahie par le chagrin.
J'avais honte de regarder les
personnes
parce que je me sentais comme une des
plus grandes pécheresses au monde. J'avais le goût
-de me retirer dans ma chambre, loin
des créatures, et
-de
me dire:
«Si seulement ils savaient à
quel point j'ai été pécheresse et combien de grâces le Seigneur m'a
accordées, ils seraient horrifiés.
J'espère que Jésus ne leur
permettra pas de me connaître, parce que s'ils le savaient, je
pourrais me suicider.»
En dépit de cela, le jour suivant,
alors que je recevais Jésus dans le Saint
Sacrement, mon coeur était joyeux de
se voir si anéanti.
Jésus me dit encore d'autres choses
sur l'état du parfait anéantissement auquel il m'appelait.
Il
me faisait des suggestions , toujours différentes de celles de la
précédente visite. Je peux affirmer sans me tromper que chacune des
nombreuses fois où Jésus me parlait, il se servait d'une
approche différente pour expliquer les causes et les effets de la
vertu qu'il voulait insuffler en moi.
S'il l'avait voulu, il aurait pu
parler sur la même vertu un millier de fois de plus, et d'un
millier de façons différentes:
«Oh! mon Divin Professeur,
comme vous êtes savant,
comme je suis ingrate de ne pas vivre
selon ce que tu espères de moi!»
Je confesse que ma pensée
-a toujours recherché la vérité et
-a toujours cherché à se
conformer à ce que Jésus m'enseignait. Mais j'ai souvent perdu
ce désir d'une manière ou d'une autre.
Je ne pouvais pas accomplir ce que
Jésus me demandait, même à la fin.
À cause de cela, je
m'humiliais davantage moi-même. Je confessais ma nullité
Par la suite, je promettais d'être
plus attentive et disposée. En dépit de tout cela,
je n'aurais jamais pu réussir à
faire le bien que sa perfection requérait
s'il ne m'avait pas
assistée continuellement.
Il me disait souvent:
«Si tu avais été plus humble et
plus près de moi, tu n'aurais pas fait ce travail si
pauvrement.
Mais parce que tu pensais que tu
pouvais commencer, continuer et finir le travail sans moi, tu l'as
réussi, mais pas selon mes désirs à moi.
Pour cette raison,
demande
mon assistance au commencement de tout ce que tu entreprends.
Assure-toi que je sois toujours
présent pour travailler avec toi
Ce que tu fais sera complété avec
perfection.
Sache que si tu fais toujours cela,
tu acquerras la plus grande humilité. Si tu fais le contraire,
l'orgueil rentrera en toi et
elle étouffera cette très
belle vertu d'humilité qui a été semée en toi.»
Ainsi il me donnait beaucoup de
lumière et de grâces et me faisait voir la laideur du péché
d'orgueil.
L'orgueil est
-la plus terrible ingratitude envers
Dieu et
-le
plus grand affront qu'on puisse lui faire, Il aveugle l'âme
complètement,
-il l'amène à tomber
dans une grande impiété, et
-il la conduit à sa ruine.
Les grâces extraordinaires qui
m'étaient données par Jésus me laissaient
-dans
une grande tristesse par rapport au passé et
-dans une peur vive concernant
l'avenir.
Ne sachant que faire pour réparer les
dommages du passé, j'essayais des mortifications choisies de mon
propre chef.
Je demandais aussi des mortifications
à mon confesseur, mais elles ne m'étaient pas toujours
consenties.
Toutes les pénitences que je faisais
me semblaient insignifiantes.
Parce que
j'étais incapable de changer le
passé et
que je ne savais que faire d'autre,
je me mettais à pleurer à
la pensée de mes péchés passés.
Je
me tournai finalement vers mon toujours aimable Jésus.
La peur d'être loin de lui me
hantait, et la peur qu'ensuite il m'en coûte plus cher encore,
me laissait sans savoir vraiment quoi faire.
Qui pourrait dire combien de fois je
courais vers Jésus à l'intérieur de mon coeur
-pour lui demander mille pardons,
-le
remercier pour les nombreuses grâces qu'il m'accordait et
-lui demander de rester toujours près
de moi.
Souvent, je lui disais:
«Voyez-vous, mon bon Jésus,
-combien de temps j'ai perdu et
-combien
de grâces j'ai gaspillées,
alors que j'aurais pu augmenter mon
amour pour vous, mon plus grand Bien et mon Tout!»
Alors que d'une manière un peu
ennuyeuse je continuais à lui parler ainsi.
Jésus me réprimanda sévèrement
en me disant:
«Je ne veux pas que tu
reviennes sur le passé. Sache que lorsqu'une âme,
-convaincue de ses péchés,
-s'humilie en recevant mon sacrement
de pénitence,
-elle
devient plus disposée à mourir plutôt que de m'offenser de
nouveau.
C'est un affront à ma
Miséricorde et un obstacle à mon Amour que
-de persister mentalement à
remuer la boue du passé.
Mon
Amour ne peut accorder à une âme de prendre son envol vers le
Ciel si elle reste plongée dans
-des pensées affreuses et
-des idées noires sur le passé.
Sache que je ne me souviens plus du
mal que tu as commis, ayant parfaitement tout oublié. Vois-tu en moi
quelque rancoeur, ou même une ombre de mauvaise humeur envers
toi?»
Et je repris: «Non, mon
Seigneur, mon coeur se brise quand je pense à votre Bonté, à
votre Gentillesse et à votre Amour envers moi, en dépit de mon
ingratitude.»
Et il me répondit en disant:
«Très bien, mon enfant.
Mais pourquoi veux-tu revenir sur le passé? Comme il serait beaucoup
mieux si nous pensions à notre amour l'un pour l'autre!
Essaie d'uniquement me plaire dans
l’avenir et tu seras toujours en paix.»
À partir de ce moment, pour
satisfaire mon adorable Jésus, je ne pensais vraiment plus au passé.
Cependant, je l'ai souvent imploré pour qu'il m'enseigne comment
faire réparation pour mes péchés passés.
Il me dit: «Tu vois bien
que je suis prêt à t'accorder ce que tu désires:
essaie de te souvenir de ce que je
t'ai dit il y a quelque temps.
La meilleure chose à faire est
d'imiter ma vie. Dis-moi maintenant ce que tu veux.»
Je
lui répondis: «Seigneur, j'ai besoin de tout, car je n'ai
rien.»
Jésus poursuivit:
«Très bien, n'aie pas
peur, car petit à petit nous ferons tout.
Je sais comment tu es faible. C'est
de moi que tu recevras la force, la persévérance et la bonne volonté.
Fais ce que je t'ai dit.
Je
veux que tes efforts soient honnêtes.
Tu dois garder un oeil sur moi et
l'autre sur ce que tu fais.
Je
veux que tu saches faire abstraction des personnes, pour que,
-quand on te demande de faire quelque
chose,
-tu le fasses comme si la demande
venait directement de moi.
Les yeux fixés sur moi, ne juge
personne.
Ne regarde pas pour voir si la tâche
est douloureuse, dégoûtante, facile ou difficile.
Tu fermeras tes yeux à tout
cela. Tu les ouvriras sur moi, sachant
-que je suis en toi et
-que je surveille ton travail.
«Dis-moi souvent:
«Seigneur, donnez-moi la
grâce
-de bien faire du commencement à
la fin tout ce que j'entreprends, et
-que j'agisse seulement pour vous.
Je ne veux plus être
l'esclave des créatures.»
Fais ainsi pour que, quand tu
marches, tu parles, tu travailles, ou fais n'importe quoi d'autre,
tu agisses seulement pour ma
satisfaction et mon plaisir. Quand tu subis des contradictions ou
reçois des blessures, je veux
-que tu aies les yeux fixés sur moi
et
-que tu croies que tout cela vient de
moi et non pas des créatures.
«Fais
comme si, de ma bouche, tu entendais ceci:
«Ma fille, je veux que tu
souffres un peu.
-Par ces souffrances, je te ferai
belle.
-Je veux enrichir ton âme de
nouveaux mérites.
-Je veux travailler sur ton âme
pour que tu deviennes comme moi.»
Et pendant que tu endures tes
souffrances pour mon Amour,
-je veux que tu me les offres
-en me remerciant de t'avoir fait
gagner des mérites.
En le faisant, tu compenseras
avantageusement pour ceux
-qui t'ont fait du mal ou
-qui
t'ont fait souffrir.
Ainsi tu marcheras tout droit devant
moi.
-Ces choses ne te dérangeront pas, et
-tu connaîtras une paix parfaite.»
Après une période de temps où
je faisais ce que Jésus me demandait,
il
m'entretint de l'esprit de mortification.
Il me fit comprendre
-que toutes les choses,
même les sacrifices héroïques
et les plus grandes vertus
seront considérés comme rien s'ils ne
sont pas faits par amour pour lui.
Si les mortifications ne sont pas
motivées du commencement à la fin par l'amour de lui, elles
sont insipides et sans mérite.
Il me disait:
«La charité est la vertu qui
donne aux autres vertus leur lustre. Les actions faites sans la
charité sont des oeuvres mortes.
Mes Yeux font seulement attention aux
actions qui sont faites en esprit de charité. Elles seules atteignent
pas mon Coeur.
Par conséquent,
-sois attentive et
-fais
tes actions, même les plus petites, en esprit de charité et de
sacrifice.
Fais-les en moi, avec moi et pour
moi.
Je ne reconnaîtrai pas tes actions
comme miennes si elles ne portent pas les deux sceaux,
celui de tes sacrifices et
mon propre Sceau.
Comme la monnaie doit avoir l'image
du roi imprimée sur elle pour être acceptée comme valable par
les sujets du roi,
ainsi tes actions doivent porter la
marque de la Croix
pour être acceptées par moi.
«Nous
ne nous préoccuperons plus maintenant de travailler à éliminer
-tes affections pour les créatures,
-mais ton
affection pour toi-même.
Je veux te faire mourir à toi-même
pour que tu puisses vivre
seulement pour moi.
Je veux imprimer en toi rien d'autre
que ma Vie.
C'est vrai qu'il t'en coûtera
davantage, mais prends courage et n'aie pas peur. Moi avec toi et toi
avec moi, nous ferons tout.»
Il me donnait de nouvelles idées en
ce qui concerne l'anéantissement de soi- même.
Il me disait:
«Tu n'es pas, et tu ne dois pas
te considérer plus qu'une ombre
-qui passe rapidement et
-qui t'échappe quand tu essaies de
l'attraper.
Si tu veux voir en toi-même
quelque chose qui soit digne de moi,
considère que tu n'es rien.
Alors moi, heureux de ton véritable abaissement,
je verserai mon Tout en toi.»
En me disant cela, mon bon Jésus
imprimait dans ma pensée et mon coeur un tel anéantissement que
j'aurais voulu me cacher dans le gouffre le plus profond. Sachant
-qu'il
m'était impossible de lui cacher ma honte, et
-pendant que je poursuivais dans la
destruction de mon estime personnelle,
il me dit:
«Approche-toi de moi,
appuie-toi sur mon bras:
-je te soutiendrai et
-je
te donnerai la force de toujours travailler pour moi, de tout faire
pour moi.»
Étant infiniment parfait,
Dieu ne peut que désirer que chacune
de ses oeuvres tende à sa perfection spécifique.
Si donc tout ce qu'il a créé
tend naturellement vers sa
perfection et
ne peut cesser de marcher vers son
amélioration, alors, à bien plus forte raison,
une créature
-à
laquelle Dieu a donné une intelligence et une volonté personnelles
-ne peut laisser son perfectionnement
stagner,
si elle veut vraiment que Dieu trouve
en elle son plaisir.
Créé
par Dieu à son image et à sa ressemblance, l'homme
peut atteindre la plus haute perfection s'il s'applique
à
se conformer à la Volonté de Dieu et
à correspondre aux grâces qui
lui sont accordées par lui.
Si le Seigneur est près de moi
et veut que je m'appuie sur son Bras, et
si, par sa seule attirance, il me
presse de me jeter dans ses Bras paternels, et si, de plus, il veut
que je prenne toute ma force en lui afin de bien faire toutes choses,
ne suis-je pas une idiote
si je refuse cette grâce et que je ne
me soumette pas à sa Divine Volonté?
C'est pourquoi, moi,
plus que toute autre créature,
je crois qu'il est de mon devoir
de toujours suivre mon adorable
Jésus,
Lui qui me dit:
«Par toi-même, tu es
aveugle, mais n'aie pas peur.
Ma Lumière, maintenant plus
que jamais, sera ton guide.
Je serai en toi et avec toi pour
faire des choses merveilleuses. Suis-moi en toute chose et tu verras.
Pour un temps, je me placerai devant
toi comme un miroir, et tout ce que tu auras à faire sera
-de
me regarder,
-de m'imiter et
-de ne pas me perdre de vue.
Ta volonté doit être sacrifiée
devant moi,
pour que ma Volonté et la tienne ne
fassent qu'un. Es-tu satisfaite de cela?
Alors prépare-toi à des
interdits de ma part, tout particulièrement par rapport aux
créatures.»
Jésus m’a dit :
« Comme le vent fait bouger les
pétales de la fleur,
qui
laisse ainsi voir le fruit minuscule qui se développe,
ainsi est notre volonté départie de
son expression personnelle. »
Quand viennent les mises en garde, je
dois me conformer. Par exemple,
si je ne me levais pas
immédiatement à
mon réveil le matin, j'entendais intérieurement sa Voix me dire:
«Tu
te reposais confortablement pendant que je n'avais pas de lit,
mais plutôt ma Croix.
Vite, vite, lève-toi! Ne sois pas si complaisante!»
-Et si je portais mon regard trop
loin quand je marchais, il me grondait en disant:
«Je ne veux pas que ton regard
s'étende au-delà du nécessaire, afin que tu ne trébuches pas.»
-Si je me trouvais dans la
campagne, entourée de plantes, d'arbres et de fleurs variées, il
me disait:
«J'ai
tout créé par Amour pour toi, et toi, par amour de moi, refuse-toi ce
plaisir.»
-Si, à l'église, je fixais
mon regard sur des décorations sacrées, il me réprimandait en
disant:
«Quelles délices y a-t-il pour
toi, à part moi?»
-Si
en travaillant, j'étais assise confortablement, il me disait:
«Tu es trop confortable. Tu ne
considères pas que ma Vie en fut une de souffrances
continuelles!»
Et, vivement, pour le satisfaire,
je m'assoyais seulement sur la moitié
de la chaise.
-Si je travaillais lentement et
paresseusement, il me disait:
«Dépêche-toi et viens
vite demeurer avec moi en prière...»
Occasionnellement,
il m'assignait un travail à
faire dans un temps donné et je me mettais à l'oeuvre pour lui
plaire.
Quand
je ne venais pas à bout de ma besogne, je lui demandais de
l'aide. Plusieurs fois il m'aidait en faisant le travail avec moi
afin que je sois libre plus tôt, généralement pas pour me divertir,
mais pour avoir plus de temps pour la prière.
Il arrivait parfois que, par moi-même
ou avec lui, le travail qui devait m'occuper toute la journée était
terminé en peu de temps.
Après un certain temps, je
commençai à me sentir plus impliquée et j'aurais aimé
rester en prière indéfiniment.
Je n'expérimentais jamais la fatigue
ou l'ennui, et je me sentais si bien, qu'il me semblait n'avoir
besoin d'aucune autre nourriture que celle qui me venait de la
prière.
Mais Jésus me corrigeait en
disant:
«Dépêche-toi, ne tarde
pas!
Je
veux que tu manges par amour pour moi.
Prends la nourriture qui sera
absorbée par ton corps. Demande que mon Amour s'unisse au tien,
afin
-que mon Esprit s'unisse à ton
âme et
-que ton être tout entier soit
sanctifié par mon Amour.»
Occasionnellement, pendant que je
mangeais, j'aimais un aliment et je continuais de le manger.
Et Jésus me disait:
«As-tu oublié que je n'avais
pas d'autre désir que de me mortifier par Amour pour toi? Arrête
de manger cela et tourne-toi vers quelque chose pour lequel tu n'as
aucun désir.»
De cette manière, Jésus
essayait de tuer ma volonté, même dans les plus petites choses,
pour que je vive seulement en lui.
Ainsi, il me permettait de faire
l'expérience
-des paradoxes de l'amour,
-de l'amour entièrement saint
et tourné vers lui.
Quand approchait le jour où
j'allais pouvoir communier, je ne faisais rien le jour et la nuit
d'avant,
excepté
de me préparer à le recevoir le mieux possible.
Je ne fermais pas les yeux pour le
sommeil
à cause des actes d'amour
continuels que je faisais à Jésus.
Je disais souvent:
«Hâte-toi, Seigneur, je ne peux
plus attendre. Raccourcis les heures, fais que le soleil aille plus
vite, car mon coeur défaille du désir de la Sainte Communion.»
Et Jésus me répondait:
«Je suis seul et je languis
sans toi.
Ne te désole pas que tu ne puisses
dormir.
C'est un sacrifice que de demeurer à
distance de ton Dieu -- ton Époux, ton Tout --,
lui
qui reste éveillé par Amour pour toi.
Viens et sens les offenses qui
sont continuellement commises contre moi par les créatures. Ah! ne me
refuse pas le soulagement de ton aimable
compagnie.
Les palpitations de ton amour unies
aux miennes
effaceront partiellement l'amertume
que beaucoup d'offenses me donnent jour et nuit.
Je ne te laisserai pas seule avec tes
souffrances et tes afflictions. Plutôt je te rendrai la pareille par
ma compagnie.»
Au lever du jour, j'allais à
l'église avec un grand désir de recevoir Jésus dans le Saint
Sacrement. J'approchais mon confesseur sans lui dire un mot de ce
désir.
Plus
d'une fois il me dit:
«Aujourd'hui je veux que tu
sois privée de la Sainte Communion.» Ceci était si dur pour moi
que souvent je commençais à pleurer.
Mais
je ne voulais pas révéler à mon confesseur l'amertume que mon
coeur ressentait.
Puisque Jésus voulait que je me
résigne aux désappointements, je cédais pour qu'il ne me gronde pas.
Il voulait que j'aie une complète
confiance en lui, lui mon plus grand Bien.
Souvent je lui ouvrais mon coeur et
lui disais:
«Oh!
mon doux Amour,
-est-ce que ceci est le fruit de
cette vigile que nous avons faite tous les deux cette nuit?
Qui aurait pu imaginer qu'après
tant d'attentes et de désirs, j'aurais à me passer de vous!
Je
sais bien que je dois t'obéir en tout. Mais, dis-moi mon bon Jésus,
puis-je rester sans toi?
Qui me donnera la force qui me manque
présentement?
Est-ce que j'aurai le courage et la
force de quitter l'église sans t'amener à la maison avec moi?
Je ne sais pourtant que faire
d'autre.
Mais toi, ô mon Jésus, si tu le
désires, tu peux remédier à tout ça!»
Une fois, pendant que je parlais
ainsi, j'ai ressenti une chaleur inhabituelle en moi. Ensuite une
flamme d'amour fut allumée en moi et j'entendis sa Voix me dire
intérieurement:
«Sois calme, sois calme, je
suis déjà dans ton coeur. Pour quelle raison es-tu
effrayée? Ne sois pas triste. Je veux moi-même sécher tes
larmes.
Pauvre
petite, c'est vrai, tu ne pourrais pas vivre sans moi, n'est-ce pas?»
Je m'émerveillai
-de ces Paroles de Jésus et
-du travail qu'il accomplissait en
moi.
Anéantie à l'intérieur de
moi-même, je me tournai vers mon Jésus et lui dis:
«Si
je n'avais pas été aussi méchante,
tu n'aurais pas inspiré à mon
confesseur de me rebuter comme il l'a fait!» Et j'implorai
Jésus de ne pas permettre de tels paradoxes.
Car, sans lui, je ne pourrais pas
m'empêcher de mal faire et je ferais nombre d'étourderies.
Parce
que Jésus veut rendre mon âme amoureuse et l'amener à souffrir
par Amour, il m'a conduite à me plonger dans l'océan infini de
sa Passion.
Un jour, après la Sainte
Communion,
Jésus
Tout Amour me donna tant d'affection que je m'émerveillai et lui dis:
«Jésus, pourquoi tant de
tendresse envers moi,
moi si méchante et si incapable de
répondre à votre Amour? Sachant que je dois vous aimer de
retour,
j'ai
peur que tu me laisses à cause de mon indifférence. Cependant
je vous vois
-plutôt toute bonté et
-me pressant sur vous plus que
jamais.»
Alors, aimablement comme toujours, il
me dit:
«Ma
bien-aimée, les choses du passé n'ont rien fait de plus que de te
préparer un peu. Maintenant j'en viens au travail. Je veux que ton
coeur soit disposé à entrer dans l'immense océan de mon atroce
Passion.
Quand tu auras vraiment compris
l'intensité de mes Souffrances,
tu pourra comprendre l'Amour qui me
consumait quand je souffrais pour toi.
Dis-toi ceci: «Quel est
celui qui a tant souffert pour moi? Et que suis-je, moi, si vile
créature?»
Et tu ne repousseras pas les
blessures et les peines de la passion que tu souffriras par amour
pour moi. Enflammée par l'amour, ton âme acceptera la croix que
j'ai préparée pour toi.
Quand tu considéreras tout ce que
moi, ton Professeur, j'ai souffert pour toi,
ta souffrance te semblera une ombre.
Elle te semblera douce et tu atteindras un point où tu ne
pourras plus vivre sans souffrance.»
À ces mots, je me sentis plus
désireuse de souffrir.
Néanmoins, ma nature tremblait à
la pensée des souffrances que j'aurais à
endurer.
Aussi, j'ai prié Jésus de me donner
assez de force et de courage et de me faire expérimenter l'amour à
travers les souffrances auxquelles il m'appelait.
Par
cette requête, je n’ai pas voulu
-l'offenser, -ni tirer parti du grand
Pourvoyeur de dons qu'il est.
Mais Jésus, dans tout son
Amour et sa Douceur poursuivit ainsi:
«Ma chère, ceci va de
soi.
Si une personne qui entreprend
quelque chose
ne
ressent pas un transport d'amour pour ce qu'elle entreprend, elle ne
peut être motivée pour accomplir son travail.
D'autre part,
-ceux qui entreprennent quelque chose
de mauvaise foi,
-même s'ils l'achèvent,
ne recevront pas ma récompense.
Quant à toi, pour tomber en
amour avec ma Passion, tu dois avant tout
-considérer calmement et dans la
méditation
-tout ce que j'ai enduré pour toi,
afin que ton jugement se conforme au
mien,
-qui ne ménage rien par Amour pour
l'aimé.»
Ainsi encouragée par Jésus, je
commençai à méditer sur sa Passion, ce qui fit beaucoup
de bien à mon âme.
Je puis assurer que ce bien me vint
de la Fontaine de la Grâce et de l'Amour.
À partir de ce moment,
la
Passion de Jésus fit son chemin dans mon coeur, mon âme et mon corps,
dans lequel les souffrances de la Passion seront manifestées.
Je devins immergée dans la Passion
-comme dans une immense mer de
Lumière qui, avec ses chauds rayons,
-embrasait mon être tout entier
d'amour pour Jésus, Lui qui a tant souffert pour moi.
Plus tard, cette immersion me fera
comprendre clairement
la patience et l'humilité,
l'obéissance et la charité de Jésus, et
tout ce qu'il endura par Amour
pour moi.
Voyant quelle grande distance il y
avait entre lui et moi, je me sentais complètement anéantie.
Les rayons qui me submergeaient me
semblaient comme des réprimandes me disant silencieusement:
«Un Dieu si patient! Et qu'en
est-il de toi?
Un Dieu si humble, assujetti à
ses ennemis! Et qu'en est-il de toi?
Un
Dieu de toute Charité qui souffre beaucoup pour toi! Et qu'en est-il
de toi? Où sont les souffrances que tu portes par amour pour
lui? Où sont-elles?»
Occasionnellement,
Jésus me parlait des douleurs de son
Agonie et de ses Souffrances d'Amour pour moi.
Et j'en étais émue jusqu'aux larmes.
Un
jour, pendant que je travaillais et que je méditais sur les cruelles
souffrances de Jésus,
ma tête devint oppressée au
point que j'en perdais la respiration.
Par peur qu'il m'arrive quelque chose
de sérieux, je voulus faire diversion en sortant sur le balcon.
Là,
je vis une foule immense de gens passant dans la rue.
Ils conduisaient mon très
gentil Jésus, le poussant et le tirant.
Jésus portait sa Croix sur son
Épaule. Il était exténué et suait le sang.
Il faisait pitié au point d'émouvoir
une pierre.
Il leva les yeux vers moi pour me
demander du secours. Qui pourrait décrire le chagrin que j'ai alors
ressenti?
Qui pourrait décrire l'effet que
cette épouvantable scène eut sur moi?
Je suis rapidement retournée dans ma
chambre, ne sachant plus où je me trouvais.
Mon coeur était brisé de douleur et
j'ai commencé à pleurer en me disant:
«Comme
tu souffres, mon bon Jésus! Je souhaiterais
-pouvoir t'aider à te libérer
de ces loups enragés, ou
-souffrir des douleurs et des
tortures pour toi,
pour te donner du soulagement.
Ô mon Dieu, permets que je souffre à
tes côtés. Ce n'est pas juste
-que tu souffres tant par Amour pour
moi, une pécheresse, et
-que moi je ne souffre rien pour
toi!»
Jésus alluma tant d'amour en moi pour
sa douce souffrance que c'était plus dur pour moi de ne pas souffrir.
Ce vif désir qui prit vie en moi ne
s'est jamais éteint.
Dans la Sainte Communion, je ne
demandais rien d'autre plus ardemment: qu'il me soit permis de faire
l'expérience de douces souffrances similaires
aux siennes.
Quelquefois il me satisfaisait en
enlevant de sa Couronne une épine qu'il jetait dans mon coeur.
Occasionnellement,
il enlevait les clous de ses Mains et
de ses Pieds et les jetait en moi,
ce qui me causait des douleurs très
grandes, mais jamais égales aux siennes.
À d'autres occasions,
-il me semblait que Jésus prenait mon
coeur dans ses Mains et
-qu'il
le serrait si fort que la douleur me faisait perdre l'usage de mes
sens.
De peur que les gens autour de moi
puissent noter ce qui m'arrivait, je le priais en disant:
«Mon Jésus, donne-moi la grâce
de souffrir sans que mes souffrances soient perçues par les
autres.»
Je
fus satisfaite pour quelque temps, mais à cause de mes péchés,
mes souffrances étaient parfois observées par les autres.
Un jour, après la Sainte
Communion, Jésus me dit:
«Ta
souffrance ne peut pas être similaire à la mienne, parce
que tu souffres avec ma Présence.
Je
vais t'aider. Je veux te laisser seule un peu.
Sois plus attentive qu'avant, parce
que je ne te donnerai pas la Main pour te
supporter et t'aider en tout. Tu
agiras et tu souffriras avec bonne volonté,
sachant que mes Yeux seront fixés
sur toi,
même
si je ne me laisse plus voir ni ressentir par toi.
Si tu me restes fidèle, je te
récompenserai quand je reviendrai. Si tu es infidèle, je
viendrai te punir.»
À ces paroles, je devins
horrifiée et lui dis:
«Seigneur, toi qui es ma Vie et
mon Tout, dis-moi comment je peux vivre sans toi, mon Dieu!
Qui me donnera la force de bien me
conduire?
Toi seul as été, es et seras ma force
et mon soutien.
Est-il possible que, maintenant, tu
veuilles me laisser à mes seuls moyens, privée de ta présence,
après que tu m'aies invitée à laisser le monde
extérieur et tout ce qui va avec.
As-tu
oublié que je suis méchante et que sans toi je ne peux rien faire de
bien?»
Jésus,
doucement et calmement, me répondit:
«Je ferai cela pour que tu
puisses comprendre ce que tu vaux sans moi. Ne désespère pas.
Je te ferai cela pour ton plus grand
bien, pour préparer ton coeur à recevoir les nouvelles grâces
dont je vais t'inonder.
Jusqu'à présent, je t'ai aidée
visiblement. Maintenant, invisiblement, je te ferai sentir ton néant
en te laissant seule avec toi-même.
Je vais faire en sorte que tu
atteignes la plus profonde humilité. Et je te donnerai mes grâces,
les meilleures,
pour te préparer pour les hauts
niveaux auxquels je te destine.
Ainsi, plutôt que de désespérer, sois
joyeuse et remercie-moi,
parce que plus tu traverseras cette
mer orageuse rapidement, plus vite tu atteindras le port.
Plus les tests auxquels je te
soumettrai seront sévères, plus seront grandes les grâces que
je t'accorderai.
Sois courageuse car, bientôt, je
viendrai te consoler dans ton chagrin.»
Alors il me bénit et se retira.
Qui pourrait exprimer la douleur que
je ressentis, le vide qui envahit mon coeur, les larmes que je
versai, quand je vis mon Jésus qui, pendant qu'il me bénissait, me
quittait.
Néanmoins,
je m'étais résignée à sa Très Sainte Volonté.
Et après avoir embrassé sa
Main mille fois, cette Main qui me bénissait de loin, je lui dis:
«Au revoir Saint Époux, au
revoir!
Souviens-toi
de ta promesse que tu vas me revenir bientôt! Aide-moi toujours et
fais que je sois totalement tienne.»
Et je me vis complètement
seule. C'était comme si la fin arrivait pour moi.
Parce que Jésus avait été mon Tout,
sans lui je n'avais maintenant plus aucune consolation. Tout autour
de moi se changeait subitement en amer chagrin.
Il me semblait entendre les créatures
se moquer de moi et me répéter dans un langage muet:
«Tu vois ce que te fait ton
Amoureux, ton Bien-Aimé; où est-il maintenant?» Quand je
regardais l'eau, le feu, les fleurs, même les pierres
familières de ma chambre, tout semblait dire:
«Ne vois-tu pas que toutes ces
choses sont de ton Époux?
Tu as le privilège de voir ses
oeuvres, mais tu ne peux pas le voir, lui!»
Et
je leur disais:
«Oh! vous, les créatures de mon
Seigneur, donnez-moi des nouvelles de lui! Dites-moi où je
peux le trouver!
Il m'a dit qu'il reviendra bientôt,
mais qui parmi vous peut me dire quand il reviendra, quand je le
verrai à nouveau?»
Dans cet état, chaque jour me
semblait une éternité.
Les nuits étaient des veilles sans
fin, les heures et les minutes étaient comme des siècles et ne
m'amenaient que des désolations. Je me sentais sur le point de
m'effondrer.
Mon coeur et ma respiration
s'arrêtaient, et je me sentais parfois comme si tout mon être
était gelé, envahi par une sensation de mort.
Les
membres de ma famille remarquèrent que ça n'allait pas.
Ils en parlaient beaucoup entre eux
et attribuaient ma souffrance à une maladie physique.
Ils insistaient pour que je rencontre
le médecin. Cela se fit, mais ne m'apporta aucun bien.
Pour ma part, je continuais à
me souvenir
-de ce que le bon Jésus m'avait
promis,
-de ce qu'il avait fait en moi,
-de l'onction de sa grâce.
Je me remémorais une à une ses
douces et tendres Paroles.
Je me rappelais aussi ses réprimandes
paternelles pour me rappeler au devoir de l'aimer.
Mon âme sait qu'elle est incapable de
faire quoi que ce soit sans Jésus et que tout lui est dû.
Il est le vrai directeur spirituel
qui enseigne à mon âme comment rester humble et abandonnée à
travers la prière, la Sainte Communion et les visites au Saint
Sacrement.
Ne pas reconnaître que tout ce qui a
été accompli en moi est redevable à la surabondance des grâces
du Seigneur serait pure fourberie de ma part.
Sans ses grâces et sa lumière,
en effet, je n'aurais rien fait de bien: que du mal. Qui d'autre que
mon aimable Jésus m'a éloignée des frivolités du monde?
Qui a suscité en moi le désir si fort
de faire une neuvaine pour Noël,
avec neuf méditations par jour
portant sur l'Incarnation de Jésus,
lesquelles m'ont apporté du Ciel tant
de grâces et de lumières surnaturelles?
Quelle était cette voix intérieure
qui me prévenait
-que je n'aurais aucun répit ni
aucune paix
-si je ne faisais pas ce que Jésus me
demandait?
Qui me fit tomber en amour avec lui
en me faisant voir le ravissant bébé Jésus?
N'était-ce
pas Jésus qui agissait avec moi comme mon professeur,
-m'instruisant, -me corrigeant,
-me réprimandant,
-amenant mon coeur à se
départir de ses affections,
-infusant en moi les véritables
esprits de mortification, de charité et de prière?
Il ouvrit en moi la voie qui me
conduisit à l'immense mer de sa Passion.
C'est par lui que j'expérimentai
-la douceur de la souffrance et
-l'amertume quand je ne souffre pas.
Ces choses n'ont-elles pas toutes été
faites par sa grâce?
Maintenant
qu'il me joue un tour en se retirant
de ma vue, j'expérimente à fond que,
sans lui, je ne ressens pas cet amour
sensible comme avant.
-Je ne vois plus la lumière
dans mes méditations,
je ne suis plus capable de rester
absorbée en méditation pendant deux ou trois
heures.
Pendant que j'essaie de faire ce que
j'avais l'habitude de faire avant, j'entends se répéter en moi ces
mots: «Si tu me restes fidèle, je viendrai te
récompenser. Si tu es infidèle, je te punirai.»
Je n'ai vraiment plus le succès
que j'avais quand il était auprès de moi visiblement et
sensiblement.
Dans
cet état de privation, je passais tous mes jours
-dans une presque totale amertume,
-dans le silence et l'anxiété.
J'attendais Jésus qui ne venait
toujours pas comme il l'avait promis:
«Je reviendrai à toi
bientôt.»
Quand je répétais mes supplications,
j'étais presque toujours satisfaite.
Mon
coeur battait plus vite, quoique pas de la même manière
ineffable qu'avant. Il m'avait un peu sévèrement mise à
l'épreuve, sans rien me dire.
Quand,
finalement, la période de disette fut terminée et que, de mon mieux,
j'avais terminé tout ce que Jésus voulait,
je l'ai senti de nouveau dans mon
coeur:
«Petite Fille de ma Volonté,
dis-moi tout ce que tu veux.
Dis-moi ce qui s'est passé en toi,
tes doutes, tes peurs et tes difficultés, Ainsi je peux t'enseigner
comment te conduire dans le futur quand je serai absent.»
Alors, je lui racontai fidèlement
ce qui m'était arrivé:
«Seigneur, sans toi j'ai été
incapable de bien faire. Depuis le début, la méditation me dégoûte
beaucoup. Je n'ai pas eu le courage de t'offrir tout cela.
Je n'ai pas voulu rester en communion
avec toi, parce que l'attirance de ton Amour me manquait. Le vide et
la douleur que je ressentais m'ont fait éprouver les agonies de la
mort.
Pour
contrer la souffrance de rester seule, j'essayais de tout compléter.
Quand je tardais, il me semblait que je perdais du temps.
La peur qu'à ton retour tu me
punisses de mes infidélités me faisait continuer.
Mes souffrances intérieures
augmentaient quand je pensais que toi, mon Dieu, tu es
continuellement offensé.
Je ne pouvais pas faire d'actes de
réparation ni de visites au Saint Sacrement sans toi.
Toi, tu aurais pu m'aider, mais je ne
pouvais pas te trouver. Maintenant que tu es avec moi, dis-moi ce que
j'aurais dû faire.»
Me parlant tendrement, il me dit:
«Tu
avais tort d'être si troublée.
Ne savais-tu pas que je suis
l'Esprit de Paix.
La première chose que je
t'avais recommandée n'était-elle pas que ton coeur ne soit pas
angoissé?
En prière, quand tu te sens
dispersée, ne pense à rien et sois en paix.
-Ne cherche pas les raisons pour
lesquelles ta prière est aride, parce que ceci cause davantage
de distractions.
-Humilie-toi plutôt, crois aux
mérites de la souffrance, et reste tranquille.
«Comme un agneau qui permet au
couteau du tondeur de l'érafler légèrement, toi, quand tu te
vois secouée, battue et seule,
-sois résignée à ma Volonté,
-remercie-moi du fond du coeur,
-et reconnais-toi digne de souffrir.
Offre-moi ,
-tes
désappointements, tes ennuis et tes détresses
-en sacrifice de louange, de
satisfaction et de réparation pour les offenses qui me sont faites.
Tes
prières
s'élèveront
alors comme une fragrance d'encens jusqu'à mon Trône Elles
blesseront d'amour mon Coeur .
Elles t'attireront de nouvelles
grâces et de nouveaux dons de mon Esprit-Saint.
Le démon,
te voyant humble, résignée et
inébranlable dans ton néant,
n'aura
plus la force de t'approcher.
Il se mordra les lèvres de
désappointement.
Conduis-toi de cette manière
et
-tu acquerras des mérites,
-non
pas des démérites comme tu le pensais.
«En ce qui concerne la
Sainte Communion,
je ne veux pas que tu sois triste
quand tu ne n'attardes pas là, privée de la puissance
magnétique de mon Amour.
Fais de ton mieux pour bien me
recevoir, et remercie-moi après m'avoir reçu.
Demande-moi les grâces et l'aide dont tu as besoin et ne t'inquiète
pas.
Ce que je te fais souffrir à
la Sainte Communion ,
n'est
qu'une ombre comparé à ma souffrance à Gethsémani.
Si tu es si en détresse maintenant,
qu'en sera-t-il
lorsque je te ferai participer à
ma flagellation, aux épines et aux clous?
Je
te dis ceci parce que les pensées que je te donne actuellement
concernant des souffrances majeures pourront te donner plus de
courage dans les souffrances mineures.
Quand tu es seule et que tu agonises
après la Communion,
pense à l'Agonie de mort que
j'ai soufferte pour toi au Jardin de Gethsémani. Tiens-toi près
de moi pour que tu puisses comparer ta souffrance à la mienne.
«C'est vrai que tu auras encore
à te sentir seule et sans moi.
Alors tu devras me voir seul et
abandonné par mes plus grands amis. Tu les trouveras endormis parce
qu'ils ont omis leurs prières.
Par les lumières que je te
donnerai,
tu me verras dans de
terribles souffrances,
entouré
d'aspics, de vipères venimeuses et de chiens féroces qui
représenteront
les péchés passés des hommes, - leurs
péchés actuels,
ceux à venir, et - tes
propres péchés.
Mon Agonie pour ces péchés était si
écrasante que je me suis senti dévoré vivant.
Mon Coeur et ma Personne tout entière
se sentaient enserrés comme dans un pressoir à vin.
Je transpirais le sang au point de
mouiller le sol. Et ajoute à tout ceci l'abandon de mon Père.
Dis-moi, quand ta souffrance a-t-elle
atteint ce degré?
Si tu te trouves privée de moi,
-privée de consolations,
-pleine
d'amertume,
-débordante de douleurs et
d'angoisses, alors pense à moi.
Essaie de sécher mon Sang et soulage
ma très amère Agonie en m'offrant tes légères
peines.
De
cette manière tu recommenceras à t'attarder avec moi
après la Communion.
Ceci ne veut pas dire que tu ne
souffrais pas.
Car la privation de moi est par
elle-même la douleur la plus dure et la plus amère que
je puisse infliger aux âmes qui me sont chères.
Sache aussi que tes souffrances et
ta conformité à ma Volonté me donnent beaucoup de soulagements
et de consolations.
«Quant
-aux visites que tu me fais et
-aux
actes de réparation que tu me fais dans le Sacrement de mon Amour --
que j'ai institué pour toi ..
sache
que
je continue de revivre et de souffrir
tout ce que j'ai souffert dans les
trente-trois années de ma vie mortelle.
-J'aime naître dans le coeur des
mortels.
De
cette manière, j'obéis à celui qui m'appelle du Ciel à
m'immoler moi-même sur l'autel.
Je m'humilie moi-même
en attendant, - en appelant,
en enseignant, - en illuminant.
«Quiconque le veut, peut
revenir à moi à travers les sacrements. Aux uns je
donnerai des consolations, à d'autres la force:
Je prierai le Père pour qu'il
leur pardonne. J'en enrichis quelques-uns.
Je
me marie à d'autres. Je reste vigilant pour tous.
Je défends ceux qui veulent être
défendus.
Je divinise tous ceux qui veulent
être divinisés.
J'accompagne
ceux qui veulent de la compagnie. Je pleure pour l'imprudent et
l'insouciant.
Je me maintiens en adoration
perpétuelle
pour que l'harmonie universelle soit
ramenée sur la terre et
pour
qu'y soit accompli le dessein divin suprême, qui est l'absolue
glorification du Père
-dans le parfait hommage qui lui est
dû,
-mais qui ne lui est pas donné par
toutes les créatures.
Pour cela, je vis ma Vie
Sacramentelle.
«Pour me retourner l'Amour
infini que j'ai pour les créatures,
je
veux que tu me visites trente-trois fois par jour
pour honorer les années que mon
Humanité a vécues sur la terre pour toi et pour tous.
Joins-toi à mon Sacrement
d'Amour,
gardant toujours en mémoire mes
intentions pour
-l'expiation,
-la
réparation,
-l'adoration et
-l'immolation.
Tu feras ces trente-trois visites
-en tout temps,
-à
chaque jour et
-où tu seras.
Je les recevrai comme si elles
étaient faites à ma Présence Sacramentelle.
«Chaque matin, ta première
pensée sera pour moi, Prisonnier d'Amour.
Tu me donneras alors ton premier
souhait d'amour. Ce sera notre première rencontre intime.
Nous demanderons l'un à
l'autre comment nous avons passé la nuit.
Puis nous nous encouragerons l'un
l'autre.
Ta dernière pensée et
affection de la soirée sera celle de recevoir ma Bénédiction,
pour que tu puisses te reposer en
moi, avec moi et pour moi.
Tu prendras ce dernier baiser d'amour
avec la promesse de t'unir à moi dans le Saint Sacrement.
Tu
feras d'autres visites du mieux que tu pourras, suivant les
occasions, te concentrant entièrement sur mon Amour.»
Pendant que Jésus parlait, j'ai senti
sa grâce se déverser dans mon coeur, comme s'il voulait me consumer
dans son Amour.
Ma pensée devint confuse et noyée
dans une immense Lumière d'Amour.
Cela m'a enhardie et je l'ai prié
comme suit:
«Mon bon Professeur, je
t'implore de rester toujours tout près de moi, pour que, sous
ta direction, je sois toujours disposée à bien faire.
La preuve m'a été donnée
-que je peux tout bien faire avec toi
et -que, sans toi, je fais tout de travers.»
Et, toujours tendrement, Jésus
ajouta:
«J'essayerai de te satisfaire
sur ce point, comme je l'ai fait sur beaucoup d'autres. Je veux
seulement ta bonne volonté.
Je te donnerai à profusion
l'aide que tu attends de moi.»
Oh! comme il était doux avec moi, mon
bon Jésus. Jamais il ne manquait à ses promesses.
À la vérité, je dois admettre
qu'il en faisait toujours plus qu'il me promettait. Et moi, par la
suite, j'arrivais à lui plaire.
En agissant avec lui,
j'éliminais de mon coeur tout doute
ou toute perplexité,
même si on me disait que ce qui
se passait en moi n'était qu'une évasion fantaisiste.
Les jours que j'avais passés sans
Jésus, je n'arrivais même pas à une bonne pensée.
J'étais incapable de dire un seul mot en esprit de charité.
Je n'avais pas de bons sentiments
pour quiconque.
Pendant que Jésus était près
de moi, il me parlait et me permettait de le voir.
Et
je comprenais bien que
s'il venait à une âme d'une
manière inhabituelle,
il n'avait pas d'autre pensée que de
préparer cette âme à recevoir de nouvelles et plus
lourdes croix.
Sa stratégie est d'attirer l'âme par
la grâce afin qu'elle s'attache à son Amour.
Son objectif est que l'âme en
vienne à ne plus s'opposer à lui.
Un jour, après la Sainte
Communion, je me sentais attachée à lui comme avec des lacets
dorés. Il me teint des propos amoureux tels que: «Es-tu
vraiment disposée à faire ce que je veux?
Si je te demandais le sacrifice de ta
vie,
-serais-tu disposée, par amour pour
moi, à le faire de bonne grâce? Sache que si tu es prête
à faire tout ce que je veux, alors,
-de mon côté, -je ferai tout ce que
tu veux.»
Et
je lui répondis: «Mon Amour et mon Tout, est-il possible que tu
me donnes quelque chose de plus beau, de plus saint, de plus adorable
que toi-même? Aussi, pourquoi me demandes-tu si je suis prête
à faire ce que tu désires?
Il
y a longtemps que je t'ai livré ma volonté:
-elle t'est acquise,
-même
si ton désir était de me déchirer en morceaux. Oui, je suis disposée
à cela, si cela te plaît.
Je me suis abandonnée à toi,
saint Époux. Fais en moi et sur moi tout ce qui te plaît.
Fais avec moi tout ce que tu désires,
mais donne-moi toujours de nouvelles grâces, puisque je ne peux rien
faire par moi-même.»
Et Jésus me dit:
«Es-tu vraiment prête
à faire tout ce que je te demande?»
À cette question, qu'il me
posait pour la deuxième fois, je me suis sentie écrasée et
anéantie.
Et je lui ai dit:
«Mon toujours aimable Jésus,
dans mon néant, je suis toujours craintive et vacillante.
Tu sembles te méfier de moi, alors
que moi je te fais confiance complètement. Je sens mon âme
prête à surmonter toutes les épreuves auxquelles tu
voudras bien me soumettre.»
Jésus poursuivit:
«Très
bien! Je veux purifier ton âme de tout défaut qui pourrait faire
obstacle à mon Amour en toi.
Je veux savoir si tu m'es vraiment
fidèle, assez pour être toute mienne. Et pour que tu me
prouves que tout ce que tu m'as dit est vrai,
je vais te mettre à l'épreuve
dans une très âpre bataille. Tu n'as rien à craindre et
tu ne souffriras d'aucun mal.
Je serai ton bras et ta force, et je
me battrai à tes côtés.
La bataille est prête. Les
ennemis sont cachés dans les ténèbres, prêts à te
livrer une bataille sanglante.
Je leur donnerai la liberté
-de t'attaquer,
-de
te tourmenter,
-de te tenter de toutes les façons,
de manière à ce que,
quand tu seras libérée
grâce aux armes de tes vertus,
lesquelles tu brandiras en opposition à leurs vices, tu
pourras triompher d'eux pour toujours.
Tu te trouveras alors en possession
de plus grandes vertus.
«Et je ne ferai pas qu'enrichir
ton âme de nouveaux mérites et dons.
Je me donnerai aussi à toi.
Pour cette raison, prends courage
Car après ta victoire, je
ferai ma résidence stable et permanente en toi.
Nous serons alors unis pour toujours.
C'est vrai que je vais te soumettre
-à une très rude
épreuve,
-à une rageuse et sanglante
bataille,
car les démons ne te donneront ni
repos ni trêve, pendant le jour et la nuit.
Ma Volonté te rendra complètement
semblable à moi.
Il n'y a pas d'autre voie,
d'autre manière pour parvenir à la victoire.
Tu
seras plus tard bien récompensée.»
Je ne puis décrire quelles furent ma
peur et ma consternation
en entendant mon bon Jésus prédire
cette furieuse bataille contre les démons.
J'ai
senti mon sang se geler dans mes veines et mes cheveux se dresser sur
ma tête.
Mon imagination était remplie de
noirs fantômes voulant me dévorer vivante. Déjà, je me sentais
entourée de tous côtés d'esprits infernaux.
Dans cet état angoissant, je me
tournai vers Jésus et lui dis:
«Mon Seigneur, aie pitié de
moi, s'il te plaît.
Ne
me laisse pas seule avec mon âme si découragée. Ne vois-tu pas que
les démons me pressent avec rage. Ils ne vont même pas laisser
ma poussière derrière moi.
Comment m'est-il possible de leur
résister si tu me quittes?
Tu connais ma froideur, mon esprit
volage et mon inconstance.
Je suis si méchante que, sans toi, je
ne peux rien faire, que du mal.
Mon Bien, au moins donne-moi beaucoup
de grâces nouvelles pour que je ne t'offense pas davantage.
N'es-tu pas conscient des souffrances
qui torturent mon âme?
La seule pensée que tu pourrais me
laisser seule dans cette épreuve diabolique me terrifie.
Qui me donnera la force pour
m'engager dans un tel combat?
À
qui dois-je adresser mes supplications pour obtenir des instructions
pratiques sur la manière de triompher de l'ennemi?
«Quoi qu'il en soit, je
bénis ta Sainte Volonté.
Forte de tes Paroles, et
inspirée par celles que ma Très
Sainte Mère a dites à l'archange Gabriel, je te dis de
toute la force de mon coeur:
Jésus me répondit:
«Ne
te chagrine pas.
-Sache
que je ne permettrai jamais aux
démons de te tenter au-delà de ta capacité.
-Sache
que je ne permets jamais à une
âme qui bataille contre les démons de périr.
En fait,
j'évalue en premier la force
de l'âme,
je
lui donne ma grâce actuelle,
puis je la conduis dans la bataille.
Si une âme tombe occasionnellement,
ce n'est jamais parce que je lui
refuse ma grâce sollicitée par ses prières
continuelles,
mais parce qu'elle n'est pas restée
unie à moi.
Quand cela arrive, l'âme doit
supplier
-pour être plus sensible à
mon Amour,
-duquel elle s'est détachée.
Elle n'a pas réalisé que moi seul
peux remplir à satiété le coeur de l'homme.
Quand une âme est remplie de son
propre raisonnement,
elle dévie de la voie sûre
de l'obéissance,
croyant témérairement
que son propre jugement est plus
exact et mieux balancé que le mien. Ce n'est pas une surprise qu'elle
tombe alors.
J'insiste
donc pour que, par-dessus tout,
-tu
sois constamment en prière,
-même si cela pouvait signifier
souffrir des douleurs au point d'en mourir.
Cependant,
ne néglige pas les prières que tu fais habituellement. Quand
tu te sentiras plus particulièrement menacée,
invoque-moi avec des prières
confiantes, et sois certaine que je t'aiderai.
Je veux
-que tu ouvres ton coeur à ton
confesseur et
-que tu lui fasses connaître tout ce
qui se passe en toi actuellement, de même que tout ce qui doit
arriver dans le futur, en n'omettant rien.
Fais tout ce qu'il te dira sans
délai.
Souviens-toi
que tu seras entourée de ténèbres épaisses -- aussi épaisses
que la noirceur éprouvée par un aveugle.
Ton obéissance aux indications de ton
confesseur sera
la main amie qui te guidera,
les yeux qui, comme la lumière
et le vent, dissiperont les ténèbres.
Entre
dans la bataille sans frénésie. L’armée ennemie est très
consciente
de la force et
du courage
de son adversaire.
Si tu affrontes l'ennemi sans
avoir peur,
tu seras capable de soutenir les
plus violentes batailles.
Apeurés et terrifiés,
les démons essaient alors
de s'enfuir,
mais en sont incapables parce qu'ils
sont forcés par ma Volonté d'endurer une grande et
ignominieuse défaite.
Sois courageuse. Si tu m'es fidèle,
je te comblerai de force et d'abondantes grâces pour triompher
d'eux.»
Qui pourra décrire le changement qui
se fit en moi? Oh! quelle horreur me saisit!
L'amour pour mon aimable Jésus que
je sentais si fort un moment plus tôt se changea subitement en
haine féroce, me causant d'indescriptibles souffrances.
Mon âme se sentit torturée à
la pensée que ce Dieu qui avait été si bienveillant envers moi était
maintenant abhorré et blasphémé comme s'il était un implacable
ennemi.
J'étais incapable de regarder son
image, parce que je ressentais une rage terrible.
Mon incapacité de tenir dans mes
mains les grains de mon chapelet et de les baiser me mettait en
pièces. Une telle résistance en moi me fit trembler de la tête
aux pieds. Oh! mon Dieu, quelle torture!
Je crois que s'il n'y avait pas de
souffrance en enfer, la souffrance de ne pas aimer Dieu constituerait
l'enfer. Ainsi l'enfer était, est, et sera horrible!
Parfois, les démons plaçaient
devant moi toutes les grâces dont Dieu m'avait gratifiée, faisant en
sorte qu'elles m'apparaissent n'avoir été que de pures inventions
de ma fantaisie.
Et ils insistaient pour que j'aie une
existence plus libre et plus confortable. Alors que, naguère,
les
grâces m'apparaissaient réelles,
les démons me semonçaient
maintenant en disant: Vois-tu le grand bien que Jésus voulait
pour toi?
Vois comment tu as été récompensée
pour avoir répondu à ses grâces! Il t'a laissée entre nos
mains, comme tu le mérites.
Maintenant tu es à nous,
entièrement à nous. Tout est fini pour toi! Tu es
devenue notre jouet!
Il
n'y a plus aucune espérance qu'il t'aime encore.»
Alors que je tenais une image sainte
dans mes mains,
je
fus, par l'indignation et le désespoir, entraînée à la mettre
en pièces. L'ayant fait, je pleurais des larmes brûlantes
et je ne cessais d'embrasser les morceaux déchirés.
Si
on m'avait demandé comment ces choses étaient arrivées, j'aurais dit
que je ne le savais pas et
que je fus forcée de le faire. Je
suis maintenant convaincue
-que l'acte de les déchirer vint du
démon avec une force incontrôlable
-que mes baisers étaient l'effet de
la grâce opérant en moi.
Immédiatement après, en
réfléchissant sur ce qui m'arrivait, j'ai senti mon âme torturée par
le chagrin. En voyant ce qu'ils avaient fait, les démons croyaient
qu'ils avaient gagné et ils jubilaient.
Ils
me ridiculisaient et, avec des cris et des bruits infernaux, ils me
disaient:
«Vois comment tu es devenue
nôtre!
Tout
ce qu'il nous reste à faire est de t'amener en enfer corps et
âme, et c'est ce que nous allons bientôt faire.»
Les pauvres démons ne pouvaient pas
voir à l'intérieur de mon âme. Là j'étais toujours
unie à Jésus,
-pour qui j'avais un océan de bons
désirs et
-pour qui je pleurais et j'embrassais
sans cesse les morceaux d'image. Ils se fâchaient quand ils me
voyaient prier et me prosterner par terre.
De temps en temps, ils tiraient sur
ma robe ou remuaient la chaise où je m'appuyais. Ils me
faisaient parfois si peur
-que j'en oubliais de prier et
-que je me mettais à croire
que je pourrais me libérer d'eux toute seule. Ces choses arrivaient
souvent la nuit quand j'étais au lit.
Pour faire venir le sommeil, je
priais mentalement.
Mais quand ils s'en apercevaient, ils
me molestaient en tirant sur les draps et les oreillers.
Ainsi,
incapable de fermer les yeux pour dormir, je restais éveillée comme
une personne qui sait
-qu'un ennemi qui a juré de lui ôter
la vie est tout près,
-attendant le bon moment pour asséner
le coup fatal.
J'étais
forcée de garder les yeux ouverts pour pouvoir résister quand ils
viendraient me prendre pour m'amener en enfer.
Dans cet état d'esprit, mes cheveux
se dressaient sur ma tête comme des aiguilles.Tout mon corps
était couvert d'une sueur froide
-qui glaçait mon sang et
-me
pénétrait jusqu'à la moelle des os.
Mes nerfs détraqués par la peur
devenaient convulsifs.
Par exemple, en passant près
d'un puits,
j'ai
senti une forte pulsion à m'y jeter pour mettre fin à
mes jours.
Consciente de l'habileté des démons,
je fuyais, évitant toute occasion où
ils pourraient m'attaquer.
Néanmoins,
je continuais d'entendre des propos diaboliques dans le genre de:
-«Il est inutile pour toi de
vivre après avoir commis tant de péchés.
-Ton Dieu t'a abandonnée, parce que
tu lui as été infidèle.»
Les démons me laissaient croire
que j'avais commis beaucoup de crimes méchants, jamais commis
auparavant, et qu'il était en conséquence inutile pour moi
d'espérer que Dieu me fasse miséricorde.
Dans le tréfonds de mon être
j'entendais:
«Comment peux-tu vivre si
hostile à Dieu, si froide envers lui? Connais-tu ce Dieu que
tu as tant torturé, blasphémé et haï? Tu osais offenser ce grand
Dieu qui t'entoure de tous côtés? Et n'oublie pas que tu l'offensais
devant ses propres yeux.
Maintenant que tu l'as perdu, qui te
donnera quelque paix?»
Entendant ces discours, j'éprouvais
tant de détresse que je me sentais sur le point de mourir.
Me mettant à pleurer, je
priais de mon mieux.
Pour augmenter ma terreur,
-les démons poursuivaient avec des
vexations inhabituelles,
-en me battant sur chaque partie de
mon corps,
-en
pénétrant mon corps avec des aiguilles pointues, et
-en m'étouffant à la gorge
pour me faire croire que j'étais en train de mourir.
Une
fois, pendant que j'étais prosternée et que je priais le bon Jésus
-d'avoir pitié de moi et
-de me soutenir avec de nouvelles
grâces
pour
que je puisse résister aux provocations diaboliques,
j'ai senti la terre s'ouvrir sous mes
pieds et des flammes rouges émerger du sol et m'envelopper.
Et au moment où ces flammes se
retirèrent,
les démons firent un violent essai
pour m'entraîner dans les profondeurs.
Après cette expérience, comme
après bien d'autres où je me sentais à l'article
de la mort,
mon
très miséricordieux Jésus vint me réanimer et me redonner
vigueur.
Après m'avoir ravivée,
il me fit comprendre qu'il n'y avait
aucune offense dans tout ce qui m'arrivait, parce que
-ma volonté en éprouvait de la
répugnance et
-que
la pensée de l'ombre même d'un péché ajoutait à ma
souffrance.
Il m'incita à ne pas
m'occuper du diable, qui était un esprit sauvage et menteur.
Il me dit:
«Prends patience et continue de
souffrir avec tous ces désagréments.
Car, éventuellement, tu auras la
paix totale.»
Alors il disparut, me laissant seule
et habitée d'un nouvel esprit.
De temps en temps, Jésus venait à
moi avec des paroles réconfortantes, spécialement quand
-j'étais tentée de mettre fin à
mes jours ou
-exposée à de nouveaux et
brusques tourments diaboliques.
À
ces occasions, il m'apparaissait tout rayonnant et en fête.
Il émettait des rayons surnaturels de
Lumière, et l'expression qu'il prenait aurait été impossible à
percevoir par quelqu'un qui n'aurait jamais eu la pleine capacité de
comprendre ces choses.
Plus tard, je me suis trouvée engagée
dans une nouvelle bataille où, remplie de
doutes, je tombai dans un profond
état de tristesse et d'anxiété. Je veux vous parler ici de :
-Ils trouvaient toutes sortes de
raisons pour m'empêcher de recevoir le sacrement.
-Ils réussissaient à me
convaincre qu'après tant de péchés et de haine envers Dieu, il
était effronté de m'approcher de lui et de recevoir le Dieu
Sacrement.
-Ils réussissaient aussi à me
convaincre que si je recevais la Communion, Jésus ne viendrait pas et
qu'à la place un très méchant démon viendrait avec
plusieurs tourments violents pour causer ma mort éternelle.
Il est vrai qu'après la
Sainte Communion, je recevais d'indescriptibles et mortelles
souffrances. J'en étais réduite à l'état d'immobilité.
Mais je récupérais
immédiatement
-quand j'invoquais le nom de
Jésus ou
-quand je me rappelais que
l'obéissance requérait que je ne reste pas dans cet
état.
Je demandais parfois à mon
confesseur la permission de m'abstenir de communier pour ne pas
éprouver cette agonie de mort,
mais il me demandait de recevoir le
sacrement quand même.
Cependant, en plusieurs occasions, je
me suis abstenue, prévoyant la guerre que me feraient les démons.
D'autres fois, je communiais sans préparation ou remerciements pour
ne pas trop souffrir.
Dans les soirées, pendant que je
priais ou que je méditais, les démons me terrifiaient et
m'empêchaient de prier,
-d'abord en éteignant ma lampe,
-ensuite en émettant des bruits
assourdissants ou
des
plaintes qui ressemblaient à celles de personnes mourantes.
Il est impossible de dire tout ce que
ces chiens infernaux me faisaient
-pour semer la terreur en moi ou
-pour m'empêcher de faire de
bons actes spirituels.
J'ai vécu cette cruelle épreuve
durant trois ans, à l'exception d'un sursis
d'environ une semaine, où les attaques étaient mitigées.
Quiconque n'a pas été appelé par Dieu
à soutenir de tels combats aura probablement de la difficulté
à croire que j'aie pu vivre de telles épreuves.
Il me suggéra
-de
les ignorer,
-de les défier comme s'ils étaient
des fourmis,
-de les réduire à la plus
basse humiliation. Il me conseilla aussi
-de méditer profondément sur Dieu
dans la prière et la contemplation,
-de
méditer plus particulièrement sur les Plaies sacrées de
Notre-Seigneur, et
-d'unir mon esprit à Jésus qui
souffrit dans son Humanité pour racheter l'homme de la perte de la
grâce,
pour l'élever à la vie
surnaturelle et
pour lui communiquer l'esprit de
«Jésus Triomphant», c'est-à-dire de Jésus qui a
triomphé du monde.
En vérité, dès que je
commençai à mettre en pratique ces enseignements de
Jésus,
-je
ressentis tant de force et de courage que,
-en quelques jours, toute peur avait
disparu.
Quand les démons chahutaient, je leur
disais de façon réprobatrice:
«On voit bien que vous,
misérables crapules, vous n'avez aucune manière d'occuper
votre temps autre que de satisfaire votre goût pour les
idioties.
Continuez
et quand vous serez fatigués vous arrêterez. Pendant ce temps,
moi, infime créature, j'ai autre chose à faire.
Par le moyen de la prière,
je veux faire mon chemin vers la
sainte Maison de Jésus,
afin de pouvoir aimer et
souffrir davantage.»
À de tels propos, les démons,
enragés, faisaient encore plus de bruit. Ils m'approchaient avec
ostentation et une violence invraisemblable. Pendant qu'ils
feignaient de me prendre pour me conduire ailleurs,
leurs bouches infernales dégageaient
une puanteur horrible et suffocante qui m'enveloppait totalement.
J'essayais d'arrêter tout cela
avec courage et énergie en leur disant:
«Menteurs
que vous êtes, vous feignez avoir du pouvoir pour m'amener,
mais, si c'était vrai, vous l'auriez fait dès la première
fois.
Vous ne racontez que des
mensonges.
Vous chantez votre refrain jusqu'à
ce que vous mourriez de rage et de dépit, tandis que
moi je me sers de vos tourments
pour obtenir la conversion d'un grand nombre de pécheurs.
J'ai accepté de souffrir à la
demande de mon bon Jésus.
Je le fais pour le salut des âmes par
l'union de ma volonté à la sienne.»
À la suite de ces propos, ils
hurlaient et grondaient comme des chiens enchaînés essayant
d'attraper un voleur.
Avec un grand calme -- plus
qu'avant --, je disais:
«N'avez-vous
rien d'autre à faire?
Vous avez complètement
manqué votre coup et une âme vous a été reprise et est retournée dans
les bras de mon bon Jésus. Vous avez maintenant une bonne raison de
vous lamenter.»
Si les démons sifflaient, je me
moquais d'eux en disant:
«Vous,
pauvres infortunés, vu que vous ne vous sentez pas bien, je vais vous
soulager de votre maladie.»
Et je me prosternais et priais
pour la conversion des pécheurs les plus endurcis en faisant des
actes d'amour à mon miséricordieux Jésus pour la conversion
des âmes pécheresses.
Voyant cela, ils essayaient par tous
les moyens de m'empêcher de prier.
J'offrais alors cette nouvelle
souffrance en réparation pour les outrages continuellement
commis contre Dieu. Je disais ironiquement:
«Vile
engeance, n'avez-vous pas honte de vous abaisser aussi bas que
d'essayer de faire peur au pur néant que je suis?
Ne
vous comportez-vous pas comme des êtres idiots et ridicules?»
Alors, se mordant les lèvres,
ils sacraient et hurlaient des invectives contre moi, essayant de me
faire sacrer et haïr le bon Seigneur.
Ressentant des douleurs indicibles en
les entendant blasphémer le Saint Nom de Dieu, je réfléchissais sur
la bonté du Seigneur qui mérite l'amour total des
êtres doués de raison.
Ensuite
je transformais en prière
l'amère souffrance que les démons provoquaient en moi,
l'offrant à Dieu en réparation
des blasphèmes commis contre lui par ceux qui ne se rappellent
de lui qu'à travers les jurons.
Je disais avec ferveur:
«Accepte mes actes d'amour
et de reconnaissance en compensation du manque d'amour et de
reconnaissance des pécheurs.»
Pour contrer ce désespoir, je leur
disais:
«Je
ne me sens pas préoccupée par ce qui m'attend dans le futur, à
savoir si j'irai au Ciel ou en enfer.
Je
veux seulement aimer le Bon Dieu et le faire aimer par les autres. Le
temps présent m'est donné,
-non pas pour vivre dans le futur,
-mais pour vivre en harmonie avec
Dieu et
-pour le rendre toujours plus
favorable à moi, moi qui ai été créée par sa Bonté et son
Amour.
Je laisse la question du Paradis et
de l'enfer entre ses Mains.
Ma seule préoccupation est d'aimer
et de faire aimer mon Dieu.
Il me donnera ce qu'il voudra: j'accepte tout d'avance pour
sa gloire.»
Et
je leur disais aussi:
«Sachez que cette doctrine
m'est enseignée par mon bon Professeur, Jésus- Christ.
Il m'a enseigné que le moyen le plus
efficace pour acquérir le Paradis est
-de tout faire pour ne jamais
l'offenser volontairement, même au prix de sa vie,
-de
ne pas craindre d'avoir mal agi quand il n'y a pas en soi la volonté
de mal faire.
C'est
votre tactique, misérables esprits infernaux,
-d'essayer de décourager les
personnes naïves
-en créant en elles des doutes et des
peurs,
non pour les amener à aimer
Dieu davantage, mais pour les amener au désespoir total.
Sachez que je n'ai pas l'intention de
réfléchir pour savoir si, oui ou non, j'ai mal fait. Mon intention
est de toujours aimer Dieu davantage.
C'est suffisant que j'aie cette
intention, même s'il m'arrive parfois d'offenser Dieu. Dégagée
de toute peur, mon âme se sent libre de parcourir les cieux à
la recherche de mon seul Bien.»
Qui pourrait décrire la colère
des démons quand ils constataient que leurs manoeuvres tournaient à
leur confusion.
Ils espéraient des gains, mais
enregistraient des pertes.
D'un autre côté, à la suite de
leurs tentations et pièges, mon âme semblait acquérir un amour
plus ardent pour Dieu et mon prochain.
Quand les démons me battaient et
m'humiliaient,
-je suivais les enseignements
inspirés en moi par Jésus et
-je le remerciais, offrant tout pour
l'expiation des offenses commises continuellement dans le monde.
Souvent les démons essayaient de me
pousser au suicide.
Et
je leur disais: «Ni vous ni moi n'avons le droit de détruire
notre vie. Vous pouvez me tourmenter, mais le résultat est que je
gagne davantage.
Vous n'avez pas le pouvoir de
m'enlever la vie. Et pour contrer votre dépit démentiel,
-je veux toujours vivre en Dieu,
l'aimer davantage, lui être utile, et
-me souvenir de mon prochain, offrant
pour lui tout ce que vous me faites subir.»
Il
comprirent finalement
-qu'il n'y avait pour eux aucune
espérance d'obtenir de moi ce qu'ils voulaient
-que, par leur harcèlement,
ils perdaient beaucoup d'âmes.
Alors ils arrêtèrent
pour de longues périodes,
avec l'intention de recommencer quand
je m'y attendrais le moins.
Elle accepte le rôle de victime.
Je vais maintenant vous parler de la
nouvelle vie de souffrances qui vint pour moi.
Voyant
mon mauvais état de santé, ma famille m'envoya à la campagne
pour y reprendre des forces.
Mais Dieu continuait en moi son
action en m'appelant à un nouvel état de vie.
Un jour, à la campagne, les
démons voulurent faire un dernier assaut. Ce fut si dur pour moi que
je vins sur le point de perdre connaissance. Vers le soir, j'ai en
fait perdu connaissance et je fus réduite à l'état de
moribonde.
C'est à ce moment que j'ai vu
Jésus entouré d'innombrables ennemis.
-Quelques-uns le battaient durement,
-d'autres le frappaient de leurs
mains, et
-d'autres enfonçaient les
épines dans sa Tête.
-Il en y avait qui disloquaient ses
jambes et ses bras,
-le mettant presque en pièces.
Ensuite ils le placèrent tout
meurtri dans les bras de la Sainte Vierge.
Comme cela se passait à
distance, la Vierge Mère,
-chagrinée et en larmes,
-m'invitait à m'approcher en
disant:
«Tu vois, mon enfant, ce qu'ils
ont fait à mon Fils!
Réfléchis un peu comment l'homme
traite Dieu, son Créateur et son plus grand Bienfaiteur.
L'homme ne donne à mon Fils ni
repos ni répit et me l'amène tout brisé.
Pendant une vision,
j'essayais d'apercevoir Jésus
agonisant et
j'ai vu son Corps sanglant, plein de
plaies, tout coupé et laissé pour mort. Je ne voulais pas qu'il
souffre ainsi.
Je ressentais un si grand chagrin
pour lui que,
-si on me l'avait permis,
je serais morte mille fois pour lui
et
j'aurais souffert la même âpre
Passion que lui.
À cette vision,
-j'avais honte de mes petites
souffrances causées par les démons,
-comparées à celles endurées
par Jésus pour les hommes.
Ensuite, Jésus, me dit: «As-tu
observé les énormes offenses commises contre moi par ceux qui
marchent sur le chemin d'iniquité?
Beaucoup, inconsciemment,
-ont une propension pour le mal et,
-d'abîme en abîme, tombent dans le
chaos infernal.
Viens avec moi et offre-toi toi-même.
Viens devant la Justice divine
-comme victime de réparation pour les
nombreuses violations commises contre cette Justice,
-pour que mon Père Céleste
veuille donner la conversion aux pécheurs qui, les yeux fermés,
boivent à la fontaine empoisonnée du mal.
Sache cependant qu'un double champ
s'ouvre devant toi:
-un plus souffrant et
-un autre de souffrances moins
sévères.
Si tu refuses, le premier,
tu ne pourras pas participer aux grâces pour lesquelles tu as
bravement combattu.
Mais si tu acceptes, sache
-que je ne te laisserai plus seule et
-que je viendrai en toi pour souffrir
tous les outrages commis contre moi par les hommes.
C'est là une grâce très
singulière qui n'est donnée qu'à quelques-uns.
Parce que la plupart ne sont pas
prêts à entrer dans l'univers de la souffrance.
Deuxièmement,
-c'est une grâce que je t'ai
promise,
-celle de t'élever à une
gloire proportionnelle aux souffrances que je te présenterai.
Troisièmement,
je te donnerai l'assistance, la
gouverne et le réconfort de ma Très Sainte Mère,
à qui est donné le privilège
de t'accorder toutes grâces ,
même la grâce des grâces -,
dans la mesure de ta coopération.
Ainsi il me confiait à sa Très
Sainte Mère qui, avec joie, semblait m'accepter. Avec
reconnaissance,
-je m'offrais à Jésus et à
la Très Sainte Vierge,
-prête à me soumettre à
tout ce qu'ils voudraient de moi.
Quand
je suis revenue de cet acte de déférence envers Dieu,
-où ma volonté s'était
conformée à celle de Jésus,
je
me suis retrouvée dans de terribles souffrances d'anéantissement dont
je n'avais jamais connu l'expérience jusqu'alors.
Je me voyais comme une misérable
indigente,
comme un ver de terre qui ne sait
rien d'autre que de ramper sur le sol. Pour cette raison, je me suis
tournée vers Dieu et je Lui ai dit:
«Aide-moi,
ô mon bon Jésus.
Ton Omnipotence en moi et en dehors
de moi est si lourde qu'elle m'écrase totalement.
Je vois bien que si tu ne me soulages
pas, je finirai anéantie dans mon néant. Donne-moi de souffrir, je
l'accepte.
Cependant, je te prie de me donner
plus de force, parce que dans cet état, je sens que je vais mourir.»
À compter de ce jour, j'eus
plus de grâces et d'aide.
Les visites du Seigneur et de la Très
Sainte Vierge alternaient presque continuellement, surtout quand
j'avais été attaquée par les démons.
Car, plus j'étais disposée à
la souffrance, plus ils étaient furieux contre moi.
Les souffrances qui m'étaient
infligées par les démons étaient indescriptibles. Elles me semblent
maintenant comme des ombres,
-comparées aux souffrances acceptées
par Jésus, dont l'intention était
-d'expier
et
-de
réparer pour les très grandes et très nombreuses
offenses commises par les hommes contre Dieu.
Mais moi, qui crois en Dieu,
-qui tombe et me relève,
-qui
suis parfois dépressive, parfois consolée,
je
suis disposée à souffrir pour sa plus grande Gloire et pour le
bien de mon prochain, comme Dieu le veut.
Après quelques jours,
-alors que je m'étais accoutumée à
être une victime, et
-après
plusieurs invitations de Jésus et de sa Très Sainte Mère,
je me suis sentie encore une fois sur le point de m'évanouir.
Alors Jésus s'approcha de moi
et me dit tendrement:
«Mon enfant, vois comment les
hommes, qui n'ont aucun amour pour moi, me font souffrir.
En ces tristes temps, leur orgueil
est si grand qu'il a même infecté l'air qu'ils respirent.
Son odeur s'est répandue partout et a
atteint le Trône du Père dans le Ciel. Comme tu peux le
comprendre, cette misérable condition a fermé pour eux les portes du
Ciel.
Ils n'ont plus d'yeux pour voir la
Vérité, parce que le péché d'orgueil
a complètement obscurci leur
cerveau et
produit la dépravation de leur coeur.
En les voyant ainsi perdus, je
souffre d'intolérables souffrances.
Oh! donne-moi du soulagement et des
réparations pour les si nombreuses fautes commises contre moi.
Ne veux-tu pas amoindrir la
souffrance que cette terrible couronne d'épines produit en moi?»
À ces mots,
je ressentis beaucoup de honte et
d'anéantissement et
je répondis immédiatement:
«Mon
très doux Jésus,
-remplie
de confusion,
-terrifiée de te voir perdre ton
Sang, et
-en t'entendant parler si tendrement,
j'ai oublié de te demander cette
couronne afin que je puisse soulager ta souffrance.
Maintenant que tu me l'offres,
-je t'en remercie et
-je
te prie de me donner de nouvelles grâces pour bien la porter.»
Là-dessus, Jésus enleva sa
couronne, et
-après l'avoir bien installée
sur ma tête et
-m'avoir encouragée à bien
souffrir, il disparût.
Qui
pourrait décrire les atroces spasmes que j'ai ressentis en revenant à
moi- même.
À chaque mouvement de ma tête,
les douleurs devenaient plus grandes. Je sentais les épines pénétrer
dans mes yeux, mes oreilles, ma nuque, et jusqu'à ma bouche,
déclenchant des spasmes, de telle manière que je ne pouvais
prendre aucune nourriture.
Pendant deux à trois jours, je
suis restée dans cet état de souffrance. En m'abstenant de manger, je
diminuais les spasmes.
Quand ils se calmaient et que je
recommençais à prendre un peu de nourriture pour me
restaurer, mon Jésus immédiatement et sensiblement prenait ma tête
dans ses Mains et serrait.
Les douleurs étaient renouvelées et
plus intenses qu'avant. Parfois je perdais complètement mes
sens et m'évanouissais.
Dès le commencement mon état
de victime fut doublé
-par mon inquiétude au sujet de ma
volonté de souffrir pour mon bon Jésus et
-par les continuels tracas causés à
ma famille qui,
me
voyant souffrir et se voyant incapable de m'amener à prendre
quelque nourriture, croyait que j'avais contracté cette indisposition
parce que je ne voulais plus rester à la campagne.
Ils attribuaient chaque refus de
nourriture à mes caprices, ayant pour objectif mon retour
rapide en ville.
Ma
nature se rebellait contre cette double souffrance.
Mais
comme ma famille n'était pas une composante importante de ma
souffrance,
-mon Seigneur me taquinait en me
menaçant de me retirer sa grâce
-si j'avais du ressentiment contre ma
famille.
Un soir, j'étais assise à la
table et je souffrais d'une façon qui m'empêchait
d'ouvrir la bouche.
Ma famille, d'abord avec douceur,
puis avec indignation, exigea que j'obéisse et que je mange.
Incapable
de les satisfaire, je commençai à pleurer.
Afin de ne pas être vue ainsi,
je me suis retirée dans ma chambre, où j'ai continué à
pleurer.
J'ai supplié mon Jésus et la Sainte
Vierge de me donner la force de supporter cette épreuve.
Pendant ce temps, je faiblissais et,
de tout mon coeur je dis:
«Mon bon Seigneur,
-c'est un dur tourment pour moi de
voir ma famille si ennuyée par ce qui m'arrive, et
-cela pour une si injuste raison.
Ne permets pas qu'ils me voient dans
cet état.
Je préférerais mourir, plutôt que de
leur laisser connaître ce qui se passe entre nous deux.
Ce sentiment est si fort en moi que,
sans trop que je sache pourquoi, je ne puis m'empêcher de me
cacher pour que personne ne puisse me voir ainsi.
«Quand je suis surprise et que
je n'ai pas le temps de dissimuler mes souffrances et mes larmes, je
me sens anéantie et comme si tout mon être fondait comme de la
neige dans un feu.
Mon
corps éprouve alors une chaleur anormale qui me fait transpirer
abondamment et qui,par la suite, me fait trembler de froid.
Ô mon bon Jésus, seulement toi peux
changer cet état de choses. Garde-moi cachée de la vue des autres.
Donne à ma famille de réaliser
que je ne m'éloigne d'eux que pour prier. Et j'aimerais beaucoup, ô
mon Dieu,
que ce qui m'arrive ne soit connu que
de toi.»
Pendant que je me soulageais de mon
fardeau par des pleurs, des prières et des promesses, Jésus se
montra à moi entouré d'innombrables ennemis
qui lui hurlaient toutes sortes
d'insultes.
Quelques-uns
le piétinaient, -d'autres lui tiraient les cheveux,
-d'autres encore le blasphémaient
avec des sarcasmes diaboliques
Mon adorable Jésus semblait vouloir
se dégager des pieds puants qui l'oppressaient
Il regardait autour comme s'il
cherchait un ami qui le libérerait. Je remarquai qu'il n'y avait là
personne pour lui offrir de l'aide.
Réalisant l'affront immense qui était
fait à Jésus, je pleurais beaucoup. J'aurais aimé me rendre au
milieu de ces loups enragés pour le libérer. Mais je me suis rendu
compte que je n'étais pas capable, et je n'ai pas osé.
Aussi, de loin, j'ai fait de
ferventes prières à Jésus pour qu'il me rende digne de
souffrir l'épreuve à sa place -- tout au moins en partie.
Je disais: «Ah! Jésus, si
seulement je pouvais prendre ce fardeau pour te soulager et te
libérer de ces ennemis.»
Pendant que je disais cela,
-ces ennemis furieux, comme s'ils
avaient entendu ma prière,
-se
jetèrent sur moi comme des chiens enragés:
ils me battaient, me tiraient les
cheveux et me piétinaient. Je ressentais de la joie en moi,
quand j'ai réalisé que, même
de loin,
j'étais en mesure d'accorder à
Jésus quelque soulagement.
Alors me voyant joyeuse, les ennemis
disparurent.
Puis Jésus s'approcha pour me
consoler, même si je n'osais dire un seul mot. Il brisa le
silence et dit:
«Mon enfant, tout ce que tu as
vu qu'on me faisait n'est rien
comparé aux nombreuses offenses
commises contre moi par les hommes. Leur aveuglement les tient
submergés dans les choses terrestres,
ce qui les rend sans pitié et cruels
envers moi et envers eux-mêmes.
Ils ont répudié chaque vérité
surnaturelle en se donnant complètement à la recherche
de l'or. Ceci les a jetés dans la boue.
Ils sont tombés dans la
complète négligence en regard de leur vie éternelle.
«Ô mon enfant,
-qui élèvera une digue
contre cette monstrueuse vague d'ingratitudes, qui augmente toujours
dans le monde des faux plaisirs?
-Qui aura pitié et me délivrera de
tant de personnes
qui me font saigner et qui vivent
noyés dans la puanteur des choses
terrestres?
Viens avec moi et prie, pleure et
offre des réparations pour les offenses qu'ils commettent contre mon
Père.
Ils sont aveuglés, sans esprit ni
coeur,-
Ils n'ont d'yeux que pour les choses
terrestres.
Ils s'opposent à moi et
piétinent mes nombreuses grâces comme si elles étaient de la boue.
Ils
placent tout ce que j'ai fait pour eux sous leurs pieds mondains.
«Oh! toi au moins, élève-toi
contre ce que tu connais du monde.
-Abhorre et hais tout ce qui ne
m'appartient pas.
-Chéris toujours les choses du Ciel.
-Aie mon honneur dans ton cœur.
-Fais des réparations
pour
les nombreuses offenses commises continuellement contre moi.
Pense à la perte de
beaucoup d'âmes.
Oh! ne me laisse pas seul avec de si
nombreuses déceptions qui me déchirent le Coeur.
Sache que tout ce que tu souffres
maintenant n'est rien, en comparaison de ce que tu souffriras dans le
futur.
N'ai-je
pas répété plusieurs fois que je veux de toi une imitation de ma Vie.
Vois comme tu es différente de moi!
Aussi, prends courage et n'aie pas
peur, car tu arriveras à trouver une manière de
m'aider.»
Après ces Paroles de Jésus, au
moment où je suis revenue à moi,
j'ai
remarqué que j'étais entourée de membres de ma famille qui pleuraient
et qui étaient bouleversés.
Ils pensaient que j'étais sur le
point de mourir.
Ils se dépêchaient pour me
conduire à la ville pour être examinée par des médecins.
J'étais incapable d'expliquer ce qui m'arrivait.
Je
voyais bien
-que ma famille était consciente du
problème physique que je vivais et
-que j'allais devoir me soumettre à
un examen médical. Aussi, je pleurais et je me suis plainte à
Jésus en lui disant:
«Combien de fois, mon bon
Jésus, t'ai-je dit que je veux souffrir avec toi, mais en secret
seulement!
C'est
ma seule joie! Pourquoi m'en prives-tu?
Oh! quand donc aurai-je la paix avec
ma famille? Toi seul, mon bon Jésus, tu peux arranger tout ça.
S'il
te plaît, fais en sorte qu'ils n'aient pas à craindre autant.
Ne vois-tu pas comme ils sont
tristes?
N'entends-tu pas ce qu'ils disent et
ont l'intention de faire! Certains pensent d'une manière,
d'autres d'une autre.
Quelques-uns veulent que j'essaye un
remède, d'autres un autre. Tous les yeux sont tournés vers
moi.
On ne me laisse jamais seule et cela
m'empêche de retrouver ma paix perdue. S'il te plaît, aide-moi
dans ces inquiétudes -- les unes pires que les autres -- qui me font
faiblir.»
À ces paroles, mon bon Jésus
me dit avec douceur:
«Mon enfant, ne sois pas
attristée par cela.
Comme une personne morte, essaie
plutôt de t'abandonner dans mes Bras.
Pendant que tes yeux sont fixés sur
ce qu'ils font et disent à ton sujet, je ne suis pas libre
d'agir en toi comme je le veux.
Ne veux-tu pas me faire confiance?
N'as-tu
pas fait l'expérience de mon Amour pour toi?
Pour cette raison, je veux
-que
tu fermes les yeux,
-que tu restes en paix dans mes
Bras, et
-que
tu ne regardes pas autour pour examiner ce qui t'arrive.
Tu perds ainsi ton temps et tu
risques de ne pas atteindre l'état de vie auquel tu as été appelée.
«Ne sois pas préoccupée par les
personnes qui t'entourent. Accepte leurs silences. Sois joyeuse et
soumise en tout.
Conduis-toi de manière à
ce que
-ta vie, tes pensées, tes battements
de coeur,
-tes respirations et tes affections
soient des actes de réparation
continuels pour apaiser la Justice divine. Offre-moi tout.»
Après que Jésus m'eut enseigné
cela, il disparut.
Je m'efforçais de faire de mon
mieux pour être soumise à la Divine Volonté.
Parfois je pleurais amèrement,
parce que ma famille
me plaçait dans des conditions
difficiles et
m'obligeait à subir des
examens médicaux.
Ils décidèrent que ma maladie
n'était qu'une question de nerfs.
Ils me prescrirent de marcher, de
prendre des bains froids et d'avoir des distractions continuelles.
Ils décidèrent aussi que,
pendant ma période d'ajustement,
ils ne modifieraient pas
mon entourage,
car un tel changement pourrait
aggraver plutôt qu'améliorer ma situation.
À partir de ce jour, il
s'établit une guerre de feintes et de silences entre ma famille et
moi.
L'un m'empêcherait d'aller à
l'église,
-un autre m'enlèverait ma
liberté en étant constamment présent à la maison,
-un autre me convaincrait de prendre
mes médicaments, et
-les
autres feraient pression pour que je suive l'avis du docteur qui
voulait même que je sois gardée la nuit.
Néanmoins, il était facile pour eux
de remarquer qu'il m'arrivait des choses qu'ils ne pouvaient pas
comprendre.
Après une longue période de
temps, incapable de supporter tout cela plus longtemps, je ramassai
mon courage et me plaignis à mon Seigneur:
La situation a atteint un point tel
qu'ils me privent de choses qui me sont particulièrement
chères. Je suis privée d'à peu près tout, même
des sacrements.
Qui aurait deviné que j'atteindrais
un état où je serais incapable
-de
m'approcher de toi dans les sacrements, ou
-de simplement te rendre visite?
Qui sait où cet état de choses
finira?
Ô Jésus, donne-moi une aide nouvelle
et ta force. Autrement ma nature va craquer.»
Là-dessus, Jésus se
laissa voir et reprit vivement:
«Courage,
mon enfant. Je suis venu t'aider. Pourquoi as-tu peur?
Quelques-unes pensaient d'une
manière, d'autres d'une autre.
Les choses les plus saintes que je
faisais étaient jugées par quelques-uns comme mauvaises.
J'étais même accusé d'être
possédé du démon.
D'autres
me regardaient avec mauvaise volonté et avec des regards haineux. Ils
cherchaient des manières pour m'enlever la vie.
Ma présence pour beaucoup était
devenue intolérable.
J'étais jugé mauvais par les
méchants, alors que j'étais une consolation pour les bons.
Aussi, ne veux-tu pas devenir comme
moi et désirer souffrir, au moins en partie, les souffrances que j'ai
endurées pour les créatures?»
Et je répondis: «J'embrasse
tout par amour pour toi, mon Seigneur.»
Je vécus plusieurs années de cette
manière -- souffrant
-par
les démons,
-par les créatures, et
-par Jésus lui-même qui me
mettait à part pour partager ses souffrances.
Avec le temps, j'atteignis un point
où j'avais honte de moi-même: je rougissais quand
j'étais vue par quelqu'un.
D'ailleurs, même à
l'époque où j'étais en bonne santé,
-le simple fait de rencontrer
quelqu'un ou
-d'avoir à converser avec les
autres, y compris avec les gens de ma famille, était pour moi un
grand sacrifice.
Dans cet état de souffrance,
maintenant plus que jamais,
je
faisais l'expérience d'embarras et de troubles stupéfiants.
Voyant que le traitement prescrit par
le premier médecin était sans effet, ma famille me fit voir par
d'autres médecins, qui eux aussi furent incapables d'améliorer ma
santé.
Fondant en larmes, je dis à
mon bien-aimé Jésus:
«Seigneur, ne vois-tu pas que
mes souffrances deviennent plus apparentes, pas seulement pour ma
famille, mais aussi pour beaucoup d'étrangers qui, maintenant,
connaissent mon affaire?
Je suis confuse et je sens que ceux
qui me regardent me montrent du doigt
-comme si j'avais fait quelque choses
de honteux, ou
-comme si ma souffrance était
contagieuse.
Je ne peux pas t'exprimer la détresse
que cela me cause.
Qu'est-ce qui m'est arrivé pour que
ces terribles peurs me reviennent encore et encore?
En fait, si on les examine
attentivement, on voit bien qu'elles sont injustifiées.
Toi seulement, ô Jésus, tu peux me
libérer d'une telle publicité et de telles appréhensions.
Toi seul peux permettre que mes
souffrances restent secrètes. Je supplie ta Bonté de
m'entendre.»
En premier, Notre-Seigneur fit comme
s'il ne m'entendait pas. Et ma souffrance augmentait.
Ensuite, il eut pitié de moi et dit:
«Viens
à moi, mon enfant, je veux te consoler. Parce que tu souffres,
tu as raison de te lamenter.
Mais rappelle-toi combien plus j'ai
souffert par Amour pour toi. D'une certaine façon, mes
souffrances étaient cachées elles aussi.
Néanmoins la Volonté de mon Père
était que je souffre publiquement. Là-dessus j'ai fait face à
tous les mépris, les disgrâces et les confusions, même d'être
privé de mes vêtements:
Je suis apparu nu devant une très
grande foule.
Peux-tu imaginer une plus grande
confusion que celle-là?
Ma nature ressentait elle aussi ce
type de confusion.
Mais mon Esprit était fixé sur la
Volonté de mon Père.
J'offrais
cette épreuve en réparation des nombreuses indécences
-commises sans broncher devant le
Ciel et la terre,
-ces
orgueilleuses ostentations qui sont accomplies avec cran comme des
actes grandioses.
J'ai dit à mon Père:
«Père Saint, accepte ma
confusion et ma disgrâce en réparation des nombreux péchés commis
effrontément en public, et qui sont parfois de grands scandales pour
les petits enfants.
Pardonne
à ces pécheurs et donne-leur la lumière céleste pour
qu'ils puissent réaliser la laideur du péché et revenir dans la voie
de la vertu.»
«Et si tu veux m'imiter,
n'as-tu pas aussi à participer à ce genre de
souffrances, que j'ai supporté pour le bien de tous?
Ne sais-tu pas que les plus beaux
cadeaux que je puisse donner aux âmes qui me sont chères,
ce sont les croix et les épreuves
ressemblant à celles que j'ai vécues dans mon Humanité?
Tu es seulement une petite enfant sur
le chemin de la croix et donc tu te sens très faible. Quand tu
seras plus vieille et que tu auras compris combien il est précieux de
simplement souffrir, alors le désir de le faire deviendra plus grand.
Pour
cette raison,
-appuie-toi contre moi et repose-toi,
et
-tu acquerras la force et l'amour de
la souffrance.»
Après avoir vécu six ou sept
ans dans ces souffrances, j'empirai et fus forcée de rester au lit.
Très
souvent, je m'évanouissais et ma bouche et ma mâchoire se fermaient
si fort que je ne pouvais prendre aucune nourriture.
Quand je réussissais à avaler
quelques gouttes de liquide, immédiatement je devais les régurgiter
en vomissant continuellement, ce qui m'arrivait toujours pendant mes
plus sévères souffrances.
Après
dix-huit jours de médications sans résultat, un confesseur fut appelé
pour me confesser. Quand il vint et me trouva dans cet état de
pétrification, il me plaça sous obéissance et m'ordonna de me
libérer moi-même de cet état de léthargie mortelle.
Il fit le signe de la Croix et
m'aida à me libérer moi-même de cette maladie nerveuse.
Quand je fus guérie, il me dit:
«Dis-moi ce qui ne va pas.» Je demeurai silencieuse sur
tout, mais je lui dis seulement:
Père, cela doit être
quelque chose du démon.» Sans autre interrogation, il me dit:
«N'aie pas peur, ce n'est pas
le démon.
Et si c'est lui, moi, au Nom de Dieu,
je le chasserai de toi.»
Alors, je récupérai la liberté de
mouvement pour mes bras et la capacité de librement ouvrir ma bouche.
Après
que le confesseur fut parti, je pensai à ce qui était arrivé.
Je conclus que ce qui s'était passé
était un miracle qui s'était produit par la sainteté de ce prêtre.
Je pensai en moi-même:
«Si j'avais continué dans cet
état, ma vie se serait terminée en un rien de temps.Mais me voilà
plutôt engagée dans une vie nouvelle.»
Je serai toujours reconnaissante à
Dieu de m'avoir redonné la santé par la sainteté de son ministre.
Je ne peux cependant pas cacher le
fait que, dans ma situation,
-j'étais résignée à mourir et
que,
-étant maintenant libre, je
regrettais de ne pas être déjà morte.
Mais Jésus ne permit pas que je
meure, car il voulait compléter ses desseins sur moi.
Ainsi, en un jour, il me montra
qu'il voulait que je sois une victime à perpétuité.
De temps à autre, il me
ramenait à mon ancien état, mais seulement quand j'étais
seule.
Après
avoir recouvré la santé, je retournai à l'église pendant une
période de temps pour satisfaire à mes devoirs religieux.
Quand
je recevais Jésus dans la Sainte Communion, il me disait quand
réserver du temps pour les souffrances.
Quelquefois il désignait l'heure à
laquelle il reviendrait.
Parce que mes souffrances m'étaient
annoncées à l'avance par Jésus lui- même, je ne crus pas
qu'il fut nécessaire d'en parler à mon confesseur.
Car, à la seule pensée de
pouvoir annoncer à l'avance mes souffrances,
je
serais devenue l'âme la plus fière du monde, même si
j'étais guidée par la sainteté de mon père spirituel.
Aussi, pendant longtemps, ma
souffrance était soulagée,
non par une assistance humaine, mais
par Jésus qui faisait tout.
Il arriva qu'après m'avoir
fait partager ses souffrances,
Jésus ne me donna pas la capacité de
retrouver mes sens par moi-même.
Ainsi, ma famille dut faire revenir
le confesseur.
Après qu'il m'eut fait
recouvrer mes sens, il me dit:
«À partir de ce jour,
quand tu viendras à l'église, ou avant la communion, ou après
ton action de grâce, viens me voir dans le confessionnal et je te
donnerai la bénédiction pour que tu puisses te sortir toi-même
de ton état de souffrance sans que j'aie besoin d'aller chez toi.»
Un matin, après la Communion,
Notre-Seigneur me fit comprendre que,
-en
ce jour même, alors que je serai en complet état de léthargie,
-il m'invitera à lui tenir
compagnie en participant aux souffrances que lui faisaient subir
certains hommes pervers.
Sachant que mon confesseur était à
la campagne, je dis à Jésus:
«Mon bon Jésus,
si
tu veux me transférer tes douleurs, aie la bonté de me réanimer
toi-même, car, si ma famille voulait faire chercher le
confesseur, il ne serait pas disponible.»
Le
Seigneur, dans toute sa bonté, me dit:
«Mon enfant, ta confiance doit
être placée pleinement en moi.
Sois
tranquille, confiante et résignée de manière à ce que
tout en toi repose en moi. Cela rendra ton âme lumineuse et fera que
toutes tes passions resteront calmes.
En attirant ton âme par mes rayons de
lumière,
-j'en prendrai possession et
-je la transformerai pleinement en
moi, faisant de ta vie ma propre Vie.»
Après ces Paroles, je ne
pouvais m'opposer à lui et me résignai à sa Volonté.
J'offris la Sainte Communion que je venais de vivre comme si elle
était ma dernière.
Ainsi, devant le Saint Sacrement, je
fis à Jésus un dernier adieu et quittai l'église. En dépit de
ma résignation, je me sentais un peu inconfortable quand je pensais à
ce qui allait m'arriver.
Aussi je pleurai et je priai pour que
le Seigneur me communique des forces neuves pour me raviver si je
perdais connaissance.
Ce jour-là, je fus surprise
par l'attaque qui me plongea dans cet état mortel.
Ce fut une très amère,
nouvelle et extrêmement lourde souffrance pour moi. Ce fut la
pire et la plus lourde que j'avais subie jusque-là.
En
entrant dans cet état de souffrances extrêmes, je me résignai à
faire la Volonté de Dieu et j'étais prête à mourir.
Voyant mon état, ma famille envoya
chercher un prêtre -- autre que mon confesseur habituel qui
était absent.
Ce prêtre, je le dis dans la
charité, qui pouvait avoir l'intention de m'aider, refusa de venir à
la maison.
Ainsi, pendant dix jours, je fus dans
cet état de pétrification mortelle, mais sans mourir.
Finalement,
au onzième jour, le confesseur que j'avais eu pour ma première
communion vint. Il me réanima comme mon autre confesseur le faisait.
À partir de ce moment, je fus
impliquée dans une guerre de longue durée avec plusieurs prêtres.
Ils disaient que je feignais mon état pour avoir l'air d'une sainte.
Quelques-uns
disaient que je méritais d'être battue à coups de bâtons
et de fouets pour que je ne retombe plus dans cet état lamentable.
D'autres disaient que j'étais
possédée du démon.
Ils disaient aussi d'autres choses
sur moi qu'il vaut mieux ne pas répéter.
Je ne savais que faire.
Ma
famille croyait que c'était leur devoir d'alléger ma souffrance et
cherchait des prêtres qui viendraient. Dieu sait combien de
refus ils ont essuyés.
Je ne pouvais plus le supporter.
Ma pauvre mère, plus
spécialement, pleurait des rivières de larmes. Quant à
moi, je restais tranquille.
Que Dieu veuille pardonner à
tous ceux qui me causaient ces souffrances. J'aimerais que le
Seigneur dédommage cent fois tous ceux qui souffraient avec moi,
spécialement ma mère.
Vous pouvez imaginer combien était
pénible ma sujétion à ces prêtres, parce que j'avais
absolument besoin d'un prêtre pour me réanimer.
Dieu sait combien de fois j'ai prié
Jésus,
pleurant beaucoup pour être
libérée de cette pénible sujétion.
Et
combien de fois je lui ai résisté quand il me redemandait d'être
victime, pour que je partage ses plus dures souffrances!
Je résistais parfois violemment.
Je disais à mon bon Jésus:
«Seigneur, je veux bien
accepter l'état de victime, pourvu que tu me promettes que tu me
réanimeras sans l'intervention d'un prêtre.
Autrement, je ne veux pas me
soumettre à ce si pesant joug.» J'ai même résisté
de cette manière pendant trois jours.
Pendant ces trois jours où je
résistai à Dieu.
Je lui rappelais sa promesse en
disant toute en larmes:
«Seigneur, tu ne tiens pas la
promesse que tu m'as faite. Tu m'as dit que tout se passerait entre
toi et moi seulement.
Maintenant, tu veux qu'une troisième
personne me réanime et qu'elle me force éventuellement à lui
révéler ce qui se passe entre toi et moi.
N'as-tu
pas remarqué
-les étranges refus et
-les
humiliations que ma famille doit endurer de la part de ces prêtres
qui ne nous croient pas?
Et tu dis que ce n'est pas convenable
que je puisse me réanimer moi-même? Ne pourrions-nous pas
éviter ces complications et rester paisibles.
Je serais contente de prendre sur moi
tes souffrances aussi souvent que tu aimes, et toi tu pourrais être
content parce que tu me réanimerais quand tu le voudrais. Et ainsi tu
ne serais pas insatisfait de moi par rapport à mon acceptation
de ta Volonté.»
Tout ce que je disais ne servait à
rien.
Jésus restait silencieux et feignait
ne pas m'entendre.
Cela semblait comme s'il ne voulait
pas m'accorder ce que je pensais être convenable et saint.
Plutôt il me dit: «Mon
enfant n'aie pas peur. Je suis celui qui donne la nuit et le jour.
Présentement, c'est un temps pour la nuit, mais le temps pour
la lumière viendra bientôt.
Sache que c'est ma coutume de
manifester mes oeuvres à travers les prêtres.
Je leur ai donné la faculté de
savoir, de juger, et d'encourager l'âme à agir sans
perplexité, en accord avec le critère du Lévitique.
Mes
prêtres ont aussi le pouvoir de suspendre ou d'ignorer ce qui,
en accord avec leurs considérations, ne rencontre pas le critère
de la Révélation.»
Il est inutile de vous dire qu'après
ces Paroles de Jésus,
je restai muette, avec l'intention de me soumettre à sa
Volonté clairement exprimée.
Mais puis-je rester silencieuse
-après avoir été, pendant
quatre ans, forcée d'obéir
-alors
que j'étais confrontée à tant de choses étranges et
contradictoires? Parce qu'on me l'a commandé, je dirai ce qui suit:
Par exemple, ils permirent que je
reste immobilisée et pétrifiée pendant plus de dix-huit jours
consécutifs: c'était vraiment une mort sans mourir,
-parce que j'étais immobilisée dans
tous les sens du mot et
-que je ne pouvais pas prendre une
seule goutte d'eau ni satisfaire mes besoins naturels.
En bref, j'étais comme une morte
(alors que je vivais encore), J'étais à la merci de prêtres
qui,
délibérément et pour me narguer,
me firent continuer de vivre dans une
condition de mort.
Dieu seul sait ce que j'ai vécu
pendant ces quatre années de vrai martyre.
Quand un prêtre enfin décidait
de me réanimer, il n'avait même pas la courtoisie de dire:
«Prends patience et fais ce que Dieu attend de toi.»
Plutôt, avec de rudes réprimandes
dans le genre qu'on fait à des personnes dissolues ou
désobéissantes,il disait des choses comme:
«Mon opinion bien considérée
est que tu appliques tes talents d'une bien mauvaise manière.»
Luisa se plie de bonne grâce aux
souffrances et aux dénégations lui venant des prêtres.
Durant l'épidémie de choléra, Jésus
rend public son rôle de victime.
Oh! comme j'ai été méchante et comme
je le suis encore, puisque je ressens encore vivement en moi les
accusations que je ne suis qu'une âme capricieuse et désobéissante!
Je
pense en effet que la raison profonde de mes sentiments est que mes
pensées et mon agir sont très différents de ceux de mon
aimable Jésus.
Toute sa Vie, il fut un signe de
contradiction sur tous les plans.
Cependant, il n'a jamais eu le
moindre ressentiment.
Il
n'était jamais dérangé et, -dans un grand calme,
il supportait insulte après
insulte et affront après affront.
Moi, j'ai honte de le dire, j'ai très
souvent pleuré
Je me suis souvent plainte à
mon très doux Jésus -- au point même d'éprouver de la
résistance envers lui --,
pour
qu'il ne me soumette pas à de si sévères souffrances ou
qu'on ne m'accuse pas injustement
d'être désobéissante et capricieuse.
Oh! comme le Seigneur fut bon pour
moi, méchante que je suis. Dans mes résistances, il feignait de se
désintéresser de moi et ne disait rien.
Il partait, mais seulement pour un
temps très court. Il réapparaissait ensuite et me trouvait
dans la désolation causée par son absence.
Puis il me replongeait dans les
souffrance mortelles qu'il me donnait lui-même directement.
Une fois, quand le confesseur vint
pour me réanimer, il me dit durement:
«Je ne veux pas que tu retombes
dans cet état.»
Momentanément, je retrouvai mes sens
et lui dis:
«Mon père, il n'est pas
dans mon pouvoir de tomber ou de ne pas tomber dans cet état de
léthargie.
C'est vrai que je suis capricieuse,
désobéissante et bonne à rien.
Mais je dis la vérité quand je dis
que la souffrance de ne pas pouvoir vous obéir , est très
pénible pour moi.
Je pense, mon père, que je
subis cette souffrance
-parce que je suis dépourvue de la
vertu d'obéissance,
-qui est une brillante pierre
précieuse de mon Jésus et
-sans laquelle je ne serai jamais
acceptée avec plaisir par lui. J'ai beaucoup de regrets.
Et
je me sens très inconfortable quand je me vois si différente
de lui.
Quel bien peut-il accomplir dans
une âme désobéissante?»
Ces paroles d'humilité venaient du
fond de mon coeur qui palpitait d'amour pour mon très cher
Jésus.
Le confesseur me laissa alors
-avec
un mot d'encouragement et
-avec un peu plus de bonheur qu'à
la visite précédente.
Malgré
cet encouragement, je décidai à contrecoeur
-que si le Seigneur ne voulait pas
m'assurer que je pourrais être libérée de l'état de
pétrification sans l'intervention d'un prêtre, et
-s'il voulait que j'accepte des
épreuves et des souffrances en réparation pour les
nombreux péchés commis
continuellement par la majorité des hommes, alors je lui résisterai
et m'opposerai à lui pour avoir ce que je veux.
À cette époque, Dieu fit
augmenter l'épidémie de choléra de jour en jour au point que nos
habitants étaient effrayés.
Un jour, je suppliais le Seigneur
plus que jamais pour qu'il fasse cesser ce fléau,
fruit de sa juste et
inexorable colère
face aux innombrables affronts commis
par les hommes méchants.
Pendant que je priais,
Jésus
m'apparut et me dit:
«Très bien, puisque tu
t'offres volontairement comme victime de réparation
-pour souffrir dans ton corps et ton
âme
-de graves et douloureuses
souffrances, je t'accorderai ce que tu désires.»
Après cela je lui dis:
«Seigneur, si les choses se
passent entre toi et moi,
je suis bien prête à
accepter tout ce que tu m'imposeras.
Autrement, je ne peux pas.
Tu sais ce que les prêtres
pensent et comment ils agissent avec moi.»
Jésus, très doucement
répondit:
«Mon
enfant, si j'avais médité sur ce que l'homme ferait de mon Humanité,
je n'aurais jamais accompli la Rédemption du genre humain.
Mon but était leur salut éternel.
Un grand Amour me consumait et me fit
tout sacrifier pour eux. Pour le salut éternel des créatures,
j'offris
à mon Père Éternel les épreuves et les souffrances
produites injustement en moi
par les pensées et les actions des
hommes.
Sache que, pour imiter ce que j'ai
fait durant mes trente-trois ans de vie terrestre,
-tu dois te soumettre à mes
labeurs, mes rejets, mes souffrances et ma mort.
-Et tu dois les vivre de la même
manière qu'ils ont été ressentis par moi. C'est de cette
manière que je te demande d'imiter ma Vie, si tu le veux.
Autrement, m'imiter comme il te plaît
n'est pas et ne sera jamais à mon goût.
La plus belle action et la plus
plaisante pour moi est
-l'action faite inconditionnellement
par l'âme
-qui
se soumet à moi sans sa volonté propre, mais uniquement dans
la mienne.
«Ainsi, pour que je puisse
trouver en toi l'accueil qui me soit le plus plaisant, fais l'acte
héroïque
-de faire mourir totalement ta
volonté et
-de laisser vivre uniquement la
mienne en toi.
Pour le moment, je veux que tu sois
une victime
d'amour,
de réparation et
d'expiation
pour les personnes qui s'opposent à
toi et qui continuent de te harceler.
Souviens-toi que ces personnes sont
mes enfants et qu'elles ont été rachetées par mon Sang. Si tu vis
vraiment dans l'Amour, tu te soumettras et tu donneras tout pour leur
salut.»
Le soir même, je fus reprise
-par
cet état de souffrance qu'il me communiqua et
-dans lequel je suis restée pendant
trois jours, sans réanimation.
Quand je revins à moi,
-personne ne parlait plus de choléra
-à l'exception de quelques
personnes agissant follement et qui ont dû payer leur
contribution à la mort.
La majorité des habitants furent
secoués par ce fléau de Dieu.
Quand le confesseur vint pour me
réanimer, il me dit à la blague:
«Ces
derniers jours nous avons eu un grand missionnaire avec nous, qui a
fort bien prêché.
Nous avons vu des gens à nos
pieds, qui jusque-là résistaient à tout sentiment
religieux et qui, durant leur vie entière n'avaient pas daigné
passer devant une église. À l'appel de cet excellent
prédicateur, ils se rendirent à la grâce et produisirent des
fruits de vie éternelle.»
Je lui demandai où ce
missionnaire avait prêché. Il répondit:
«Pas
seulement dans les églises, mais sur les places, dans les cercles,
les
boutiques et les maisons.
Sa parole puissante atteignait tous
les endroits avec une onction de grâce qui en amena beaucoup à
la pénitence. Et veux-tu savoir son nom?
Il a un bon nom. Il est appelé D.
Coletto (allusion au choléra), le fléau de Dieu.»
Pendant ce temps, le Seigneur
préparait une autre mortification pour moi. Elle me frappa après
que le fléau du choléra fut passé.
La mortification consistait en des
changements rapides de confesseurs.
Celui que j'avais à ce
moment-là était membre d'un ordre religieux et il était appelé
à une vie sobre par ses supérieurs.
J'étais satisfaite de lui parce qu'il
était le seul à ne pas me faire souffrir. Tout le tumulte que
j'ai raconté plus haut m'était fait par d'autres prêtres
pendant que ce confesseur était à la campagne.
Ses visites étaient isolées à
cause du choléra.
Et je souffrais beaucoup de son
absence, parce que plus volontiers que les autres, il consentait à
me réanimer.
Très chagrinée, j'eus recours
à Notre-Seigneur et lui montrai ma souffrance.
Avec son habituelle tendresse, Jésus
me dit:
«Mon enfant, ne sois pas
chagrinée pour cela.
Je
suis le Seigneur des coeurs et je peux les tourner ou les tordre
comme il me plaît. Si ton confesseur t'a fait du bien, il n'était que
mon ambassadeur,
qui
recevait tout de moi et te donnait comme je décidais.
Je ferai de même avec d'autres
confesseurs et je leur donnerai les grâces pour remplir leur
fonction. Qu'as-tu alors à craindre?
«Mon
enfant,
combien de fois dois-je te répéter
qu'aussi longtemps que tu persisteras
-à regarder à droite et
à gauche,
-à poser tes yeux parfois sur
ceci, parfois sur cela,
tu ne pourras pas vraiment te
maintenir sur le chemin du Ciel?
Si tu ne rives pas tes yeux seulement
sur moi,
-tu boiteras toujours,
-l'influence de ma grâce ne pourra
pas être complète en toi.
C'est pourquoi je veux
-que
tu restes dans la sainte indifférence par rapport aux choses qui
t'entourent et
-que tu sois toujours disposée à
accomplir tout ce que je veux de toi. Autrement tu ne pourras pas
être préférée à d'autres pour le rôle de victime.»
Réfléchissant
à ces Paroles qui m'étaient données directement par Jésus, mon
coeur développa une telle force
-que je ne remarquais plus maintenant
l'absence de mon confesseur,
-même s'il avait fait du bien à
mon âme.
Par la suite, Dieu m'inspira de me
soumettre aux soins du prêtre qui me confessait quand j'étais
jeune fille. Je n'ai jamais regretté ce choix.
De fait, je me suis souvent exclamée
à Dieu:
«Puisses-tu toujours être
béni ô Seigneur.
Tu m'as confondue quand tu as tiré
parti de ce qui me semblait dommageable à mon âme et pour ta
plus grande Gloire, tu as transformé cette situation en bienfaits
pour moi.
Puisse-t-il en être toujours
ainsi, ô mon Dieu!»
Alors que mon coeur avait toujours
été fermé à mon autre confesseur,
je l'ai ouvert à ce ministre
de Dieu proposé par Jésus et accepté par moi.
Malgré ses pressions et son
insistance, mon coeur restait fermé à l'autre confesseur
Par conséquent, je ne pouvais pas me
libérer intérieurement. Il essayait de toutes les manières de
me faire parler.
Mais la simple pensée d'avoir à
dire à un autre ce qui se passait entre Jésus et moi
produisait en moi tant d'embarras et d'aversion
C'était comme si j'avais eu à
confesser le plus affreux péché, lequel, merci à Dieu,
-je ne suis pas consciente d'avoir
commis et
-pour lequel je n'ai d'ailleurs pas
de penchant.
À
ce confesseur, cependant, et en de multiples occasions,
j'ai fait connaître mon âme dans les
menus détails, même si je le faisais sans aucun ordre.
Si on me demandait pourquoi je ne
voulais pas de l'autre confesseur pour me réanimer, ma réponse serait
que je me sentais incapable de lui expliquer ce qui m'arrivait.
Ce n'était pas sa faute à lui
Parce qu'il était bon et avisé et
qu'il m'aurait écouté patiemment.
Il aurait pris grand soin de mon âme
si je lui avais dit ce qui se passait entre Jésus et moi.
Il
veillait néanmoins à ce que je demeure dans les chemins de la
vertu.
Quant à moi, je ressentais une
très grande pesanteur en mon âme,
-de laquelle j'aurais bien voulu être
soulagée
-en m'exprimant à quelqu'un
d'autre, avec le désir de connaître son opinion.
Cependant, je le répète, il
m'était impossible de le faire.
Je crois que la raison pour laquelle
mon premier confesseur ne pouvait pas me faire parler était le bon
vouloir divin, tout simplement.
Je dois ajouter que mon nouveau
confesseur avait un talent spécial pour pénétrer dans mon intérieur.
Avec lui, je prenais graduellement
courage.
Je sentais en moi la volonté et la
patience de m'exprimer. Petit à petit, je lui ouvris mon âme
Jele laissai lire en moi comme dans
un livre, page par page, même mot par mot, incluant les grâces
spéciales que m'avait accordées le Seigneur.
C'était comme si mon bon Jésus se
donnait la peine de me rappeler tout ce qu'il m'avait déjà dit
et tout ce qui m'était arrivé.
Quelquefois,
quand je ressentais de la répugnance à lui révéler quelque
chose,il me réprimandait beaucoup et même menaçait de me
quitter.
Je peux dire la même chose de
l'autre confesseur, qui continuait à me demander une chose et
ensuite une autre. Parfois il me demandait ce qui causait mes
léthargies et quels en étaient les effets.
Quelquefois, quand il voyait mon
entêtement,
-il me commandait au nom de
l'obéissance de lui répondre; et
-il plaçait devant moi la peur
d'une grande illusion diabolique. Ensuite il ajoutait:
«Quand l'âme est obéissante,
nous sommes tous les deux plus sécurisés et tranquilles, parce que le
Seigneur ne permettrait pas que son ministre,
qui veut agir correctement dans la
quête de la vérité, soit dans l'erreur.»
À ce sujet, il m'a souvent
semblé que les deux, Jésus et le confesseur,
-savaient tout de la question, parce
que,
-avant que Jésus me soumette à
quelque souffrance,
-je remarquais que le confesseur
connaissait la vérité.
Je
me disais en moi-même: «Il vaut mieux tout lui dire tout
de suite que de garder le silence, puisque déjà il sait tout.
Et si je garde le silence, qui sait s'il ne sera pas alors amené à
changer sa façon de faire.»
Tout cela n'arrivait pas avec mes
confesseurs des années précédentes, qui non seulement ne m'ont jamais
questionnée ni n'ont essayé de chercher la vérité sur mes états de
pétrification :
par
exemple si ça provenait de Dieu ou des démons,
ou si c'était causé par une
maladie corporelle.
Bref, ils ne demandaient rien et ne
disaient rien.
Toutefois, j'étais très
désireuse de savoir si j'étais oui ou non ajustée à la Volonté
de Dieu quand je portais la croix qu'il m'envoyait. Je souffrais
beaucoup quand j'étais incapable de trouver la patience de la porter.
D'autre part, quand le second
confesseur apprit que le Seigneur se montrait à moi et qu'il
me demandait si je voulais remplir le rôle de victime, il me dit que
je devrais dire à Jésus:
«Seigneur, je ne peux pas et je
ne devrais pas accepter la souffrance à laquelle
tu veux me soumettre, jusqu'à ce que j'aie la permission de
mon confesseur.
Si tu désires que je sois victime, va
en premier lieu à lui pour lui demander son consentement, afin
qu'il n'ait pas de ressentiment envers moi.»
Un matin, après la communion,
mon aimable Jésus me dit:
Mon
enfant, les iniquités des hommes sont telles et si nombreuses que
l'équilibre entre mon Amour et ma Justice en est bouleversé.
La prépondérance des forces du mal
m'astreint à faire venir sur les hommes une violente guerre
par laquelle j'infligerai une destruction sans précédent de chair
humaine.»
Puis, tout en larmes, il ajouta:
«Oh! oui! je leur ai donné des
corps
pour être des sanctuaires dans
lesquels je comptais me réjouir. Plutôt, ils en ont fait de putrides
fosses septiques.
Leur puanteur est si grande que j'ai
été forcé de m'éloigner d'eux.
Ce sont là, mon enfant, les
remerciements que je reçois
-pour
tant d'Amour et
-tant de souffrances endurées pour
eux.
Qui d'autre que moi
-les a bénis aussi abondamment et
-a tant retardé leur juste châtiment?
Personne n'a été comme moi!
Et quelle est la cause de leur si
grande perversion? Ce n'est rien d'autre, mon enfant, que les biens
excessifs que je leur ai donnés. Maintenant je vais leur enseigner la
manière de revenir à leur devoir par les plus dures
punitions.»
À la suite de ces propos de
Jésus, mon coeur était inondé d'amertume à la pensée qu'un
Dieu si bon
pouvait être aussi bafoué
par l'ingratitude des hommes.
Et qui pourrait aussi dire quelle
était ma souffrance quand je pensais à ceux qui allaient être
punis par le fléau de la guerre.
Pour eux j'éprouvais un grand désir
de souffrir plutôt que de les voir livrés à ces terribles
châtiments.
Et je lui dis:
«Ô
Saint Époux, épargne-leur ce fléau de ta Justice. Si leurs iniquités
sont aussi grandes que tu dis,
il y a encore l'immense mer de ton
Sang dans laquelle tu peux les plonger. Ainsi, ils pourront en
ressortir purifiés, et ta Justice sera satisfaite.
Et
je te le dis pour toujours,
-si tu ne trouves pas d'endroit que
tu aimes,
-viens vers moi quand tu le désires.
Je t'offre mon coeur afin qu'en lui
tu puisses trouver le repos et la joie.
«Même si mon coeur est un
cloaque de péchés et de défauts,
avec l'aide de ta grâce si efficace,
je
suis disposée à le purifier et à le faire devenir comme
tu le veux.
Oh! mon Bien, sois apaisé!
Et s'il est nécessaire et utile, je
t'offre le sacrifice de ma vie.
Je le ferai volontiers si je peux
voir ton Image surgir de ce dur fléau.»
Me coupant la parole net, Jésus me
dit:
«Enfant bien-aimée,
-si tu veux volontairement t'offrir
pour souffrir,
-pas
sporadiquement comme par le passé, mais continuellement, j'épargnerai
sûrement les hommes.
Sais-tu comment je ferai?
Je te placerai entre les deux, entre
ma Justice et l'iniquité des hommes. Quand je voudrai appliquer ma
Justice en envoyant sur eux des fléaux, te trouvant au milieu,
-tu
seras frappée,
-mais eux seront épargnés.
Si tu es prête à
t'offrir ainsi, je suis prêt à épargner les hommes.
Autrement, je ne peux plus être
apaisé, ni ne peux m'abstenir plus longtemps.»
Après
ces Paroles, je restai consternée et totalement confondue. Ma nature
fut secouée, et je tremblais.
Mais voyant que Jésus attendait un
oui ou un non, je dis en me forçant pour parler:
«Ô
mon Divin Époux, je suis prête à faire tous les
sacrifices que tu voudras, mais compte tenu de mon expérience passée,
-comment nous y prendre avec le
confesseur qui,
-quand il vient de temps en temps,
demande que je ne m'offre pas pour des souffrances sans avoir au
préalable son consentement?
Si, d'autre part,
tu veux que je me soumette à
ces souffrances sans son consentement, je suis
prête,
puisque ma réanimation ne dépendra
pas de lui, mais de toi seulement, Dieu
Très-Haut.»
Alors Jésus, mon Époux, qui a
su tout sacrifier par obéissance, me dit:
«Puisse-t-il
ne jamais arriver que j'agisse contre mon épouse de Sang. Va à
ton confesseur et demande son acquiescement.
S'il veut t'écouter, dis-lui en
détail ce que je t'ai dit Dis-lui que tout ceci ne sera pas seulement
-pour le bien des créatures qui
vivent dans le péché,
-mais pour le bien de ceux qui vont
venir après.
Il en va de ton plus grand bien
que
tu te soumettes à ces souffrances ininterrompues et presque
mortelles. Car, dans l'état futur dans lequel tu es invitée à
être - à travers l'obéissance -, je te purifierai de
manière
à ce que ton âme soit digne de
ton mariage mystique avec moi.
«Par la suite,
j'aménagerai
ta dernière transformation en moi afin que nous deux puissions
devenir un.
Comme deux cierges fondus par un même
feu sont fusionnés et deviennent un seul corps.
Ainsi unis, nous deviendrons
-de
la même pensée,
-du même amour, et
-de la même oeuvre de
réparation.
Je te transformerai en moi et moi en
toi
-pour que tu puisses être
crucifiée en moi,
-avec moi et
-pour
moi.
Ne serais-tu pas heureuse de pouvoir
dire:
Quand le confesseur vint, je lui
répétai tout ce que Jésus m'avait dit.
Je
lui ai même dit que je voulais souffrir sans limite de temps.
Cependant,
il me semblait, et j'en étais
vraiment convaincue,
que ces souffrances ne dureraient pas
plus de quarante jours. Mais, au moment où j'écris ces lignes,
ça fait douze ans que je vis
dans un état de souffrances continues. Je ne sais combien de temps
encore ça durera.
Puisse Dieu être toujours béni
et son insondable Jugement.
Il me reste à dire
-que si j'avais compris
-que j'aurais à passer mon
temps continuellement au lit,
peut-être que je ne me serais
pas aisément soumise au rôle de victime perpétuelle.
Ma nature aurait été alarmée.
J'aurais difficilement pu rassembler assez de courage pour me prêter
à un tel sacrifice.
Je
peux dire la même chose de mon confesseur:
-s'il avait connu le sacrifice qu'il
aurait à faire chaque matin pour me réanimer,
-il n'aurait peut-être pas
consenti à ce que je reste dans cet état pour aussi longtemps.
Je peux assurer que j'ai toujours été
une amoureuse de cette douce souffrance. J'ai toujours été plus
résignée quand j'étais dans une souffrance continuelle que quand
j'en manquais.
En
fait, quand j'ai commencé à vivre dans cette situation de
victime constante, je ne savais pas apprécier la valeur de la croix.
Mon confesseur, à qui j'avais
fait connaître ce que mon très aimable Jésus voulait de moi,
me dit:
«Si tout ce que vous m'avez dit
est vraiment la Volonté de Dieu, vous pouvez recevoir ma bénédiction.
À vrai dire, je pourrai faire
le sacrifice de vous réanimer chaque matin.
Si j'en éprouve des ennuis dans ma
nature, je les surmonterai par la grâce de Dieu.»
Quand je pensais aux créatures qui
seraient épargnées du terrible fléau de la guerre, mon âme jubilait.
Néanmoins, ma nature commençait à trembler.
Et j'ai passé quelques jours dans une
profonde tristesse. On me conduisit à l'église. Après
avoir reçu Jésus dans mon coeur, je lui dis:
«Très doux Jésus, vois
la mer tourmentée dans laquelle mon âme est plongée. Plutôt que
-d'être dans une paix
tranquille et
-de te remercier pour les lumières
données à mon confesseur,
lui
qui m'a permis de faire dans l'obéissance ce que tu attends de moi,
me voici soudainement troublée et confuse.
Je le suis
-d'abord pour la condition de
souffrance dans laquelle tu es sur le point de me plonger.
-et ensuite parce que j'aurai
peut-être à rester dans cet état sans te recevoir, ce
qui serait pour moi la plus grande souffrance.
Qui pourrait survivre sans toi?
Mon Bien, qui d'autre que toi pourra
me donner la force
-de survivre,
-de me remettre de ma souffrance.
Comment pourrai-je recevoir cette force,
si on ne me permet pas de te recevoir
dans ton Sacrement?» Quand j'eus déchargé mon coeur de ses
angoisses, j'ai beaucoup pleuré. Sympathisant avec moi, Jésus me dit
poliment:
«Mon
enfant, n'aie pas peur. Je comprends ta faiblesse
J'ai préparé des grâces nouvelles et
spéciales pour soutenir ta fragilité.
Ne suis-je pas tout-puissant en
tout?
Ne suis-je pas capable de faire en
sorte que tu me reçoives dans le Sacrement?
Sois résignée, et comme une
personne morte, place-toi dans mes bras paternels.
Offre-toi comme victime en
réparation pour les nombreuses offenses que je reçois
continuellement des hommes.
Alors tu pourras sauver ceux qui
méritent la discipline.
Jusqu'à maintenant, tu venais
à moi, mais je t'assure à présent que je viendrai te
visiter sans manquer.
Ces visites pourront être
courtes, mais elles seront toujours un bénéfice et une grande
consolation pour ton âme. Es-tu satisfaite?
Et parce que je connais ton adhésion
à ma Volonté, sache que dès à présent,
tu es déjà une
victime permanente,
dans un état de
souffrance perpétuelle,
en accord avec ma Volonté.
Je te demande cela pour la réparation
des péchés que d'autres créatures ont commis.»
Comment décrire les grâces que le
Seigneur commença alors à m'accorder?
Il est impossible pour moi de relater
tout ce que mon aimable Jésus a fait pour moi
-à partir de ce jour jusqu'à
aujourd'hui,
-surtout s'il s'agit de décrire avec
exactitude chacune de ces grâces.
Afin de satisfaire la sainte
obéissance -- qu'on m'impose sans pitié --, je le ferai de mon mieux
en
m'efforçant de ne pas omettre les grâces les plus intimes,
que je trouve si difficiles
à révéler.
Concernant la promesse déjà
mentionnée qui m'a été faite par Jésus, je dirai qu'il a toujours été
irréprochable.
Il a tenu sa promesse du commencement
jusqu'à présent, et je crois qu'il la tiendra jusqu'à
la fin.
Je me souviens bien de ce qu'il m'a
dit le premier jour où j'ai dû garder le lit:
«Bien-aimée de mon Coeur, je
t'ai placée dans cette condition pour pouvoir plus librement venir à
toi et te parler.
En effet, dès le commencement,
je t'ai libérée du monde extérieur et des occasions d'avoir affaire
aux créatures.
Je t'ai ainsi purifiée intérieurement
de manière à ce qu'aucune pensée ou affection de la
terre ne reste en toi.Je les ai remplacées par des pensées célestes
toutes remplies d'amour pour moi.
«Maintenant
-que
toute autre chose t'est étrangère et
-que nous sommes devenus familiers,
je veux t'identifier à moi-même,
afin que ton corps aussi bien que ton
âme puissent être à ma disposition, pour être un
perpétuel holocauste devant moi.
Si je ne t'avais pas confinée à
ce petit lit,
tu n'aurais pas le bénéfice de mes
fréquentes visites:
tu
aurais voulu d'abord remplir tes obligations familiales à
coups de sacrifices,
pour ensuite te retirer dans
l'oratoire de ton coeur,
en attendant une visite passagère
de moi. Maintenant, tu ne peux pas faire cela.
Nous
sommes seuls .
Il n'y a personne pour déranger notre
conversation ou pour nous empêcher de nous communiquer nos
joies et nos souffrances.
«En me ressemblant, tu peux
participer
-à la joie et au bonheur que
quelques bonnes personnes me donnent,
-de même qu'à l'amertume
et à l'oppression
qui me viennent de ceux qui sont méchants.
À partir de maintenant,
mes consolations seront les tiennes
et tes consolations seront les miennes.
Mes afflictions et tes afflictions
seront en communication
-pour que «ta volonté» et
«ma Volonté» disparaissent complètement,
-pour
être appelées «notre Volonté».
Bref, tu prendras intérêt à
mes choses comme si elles étaient vraiment tiennes.Moi, de la même
manière, je prendrai intérêt à tes choses
-- tes imperfections exceptées --,
qui seront certainement miennes.
Sais-tu comment je me conduirai
envers toi?
Je
serai comme un roi nouvellement marié à une noble reine,
-qui est provisoirement forcé d'être
loin d'elle et
-qui, dans sa hâte d'être avec
elle, garde son esprit et son coeur toujours tournés vers elle.
Il s'active à finir son
affaire pour pouvoir retourner vers elle le plus tôt possible. Une
fois qu'il y est, ses yeux sont tournés vers elle pour voir si elle
montre quelques signes de regret de son absence.
Et s'il veut lui parler,
il donne congé aux personnes
qui l'entourent,
il l'amène avec lui à
ses appartements et ferme la porte.
Il place une personne de confiance au
dehors, comme garde,
pour que personne ne puisse
interrompre leurs conversations ou entendre leurs secrets.
Seul à seul, ils se
communiquent leurs pensées.
Si
quelqu'un voulait imprudemment les priver de leur isolement et les
déranger, cette personne serait immédiatement arrêtée comme une
perturbatrice de la paix du roi et serait sévèrement punie.
J'ai agi de manière semblable
en te plaçant dans cet état. Malheur à celui qui
s'aviserait de déranger ces dispositions. Ça n'aurait pas seulement
pour effet de me déplaire,
mais
ça m'amènerait à le punir. Es-tu contente de
cela?
Si, en retour des nombreuses grâces
que mon Jésus bien-aimé m'a accordées, mon coeur ne débordait pas
d'amour reconnaissant envers lui,
je mériterais d'être qualifiée
du plus détestable de tous les noms.
Si je n'acquiesçais pas
totalement aux désirs de sa Sainte Volonté,
tout
le Ciel et la terre devraient me pointer du doigt -- y compris les
générations futures -- comme étant l'âme la plus ingrate et la plus
méprisable qui ait jamais existé.
Ce serait comme si un va-nu-pieds
couvert de guenilles sales boudait un seigneur très fortuné
qui l'inviterait
-à
devenir copropriétaire de ses immenses possessions et
-de s'en occuper comme si elles
étaient siennes.
Ce pauvre indigent ne deviendrait-il
pas la risée de tous?
Jésus
a agi ainsi avec moi.
En échange de mon néant, il m'a
accordé de posséder en commun avec lui ses biens infinis, à la
seule condition que j'en prenne soin.
Je
ne lui ai rien apporté, si ce n'est mon néant.
Avez-vous déjà vu quelque
chose de semblable? Je me sens toute gênée d'en parler.
Et Jésus devint
-non seulement propriétaire de mon
néant,
-mais
aussi de mes imperfections, qu'il veut totalement purifier dans son
infinie Perfection.
Oh!
comme je suis endettée envers lui!
Lui qui jamais ne s'est lassé, ne se
lasse, et ne se lassera de me répéter:
«Je veux de toi une parfaite
conformité à ma Volonté,
de telle manière que tu
deviennes complètement fondue dans ma Volonté.»
Quand il remarquait mon plus petit
attachement à des choses sans importance, gentiment il me
pressait de faire marche arrière en me disant:
«Mon enfant, je désire de toi
une séparation absolue de tout ce qui n'est pas de moi. Je veux que
tu considères tout ce que tu sais être de la terre
comme
fumier, dégoûtant à regarder. »
Mon Coeur se gèle quand tu
regardes avec plaisir les choses de la terre qui ne sont pas des
nécessités. Elles ennuagent les choses célestes en toi et retardent
le mariage mystique que j'ai promis
de conclure avec toi.
Sache que je n'accorde aucune valeur
aux choses de la terre qui ne sont pas totalement nécessaires. Je
veux que tu suives cette abjecte pauvreté à laquelle je me
suis moi-même assujetti, méprisant tout ce qui n'était pas
nécessaire.
Dans ce petit lit où tu
m'imites dans la pauvreté,
tu dois te considérer comme une
pauvre enfant abandonnée. Seulement alors pourras-tu dire que tu es
vraiment pauvre.
Parce que je veux une pauvreté vraie
et pratiquée dans les actes.
-Ne désire jamais acquérir quelque
chose,
-ne soupire jamais après
quelque chose, et
-n'accepte jamais rien qui ne soit
réellement nécessaire.
Le cas échéant,
-remercie-moi en premier,
-ensuite tes donateurs.
Je
veux que désormais
tu t'arranges avec ce qui t'est
donné et
tu
ne demande rien d'autre,
parce que désirer quelque chose qui
ne t'est pas donné, peut devenir encombrant dans ton esprit.
Résigne-toi avec une sainte
indifférence à la volonté des autres sans considérer si c'est
bon ou mauvais.»
Au commencement, cela fut vraiment un
très grand sacrifice pour moi. Mais, rapidement, j'ai vu à
ne pas penser à ceci ou cela.
A l'exception de ce dont j'avais
vraiment besoin, je ne demandais rien qui ne m'était pas offert.
Ayant surmonté la précédente
difficulté, le Seigneur désirait me soumettre à une tâche plus
ardue. Une des souffrances continues qui me vint directement de Jésus
fut l'épisode des vomissements après avoir mangé.
Quand
ma famille me donnait quelque chose à manger, je le vomissais
immédiatement et je devenais si faible que je ne pouvais plus parler.
Mais je me souvenais de ce que Jésus
m'avait dit: «fais ce qu'on te dit». Et je ne désirais
rien d'autre.
Je
me sentais honteuse et comme si ma famille me grondait en me disant:
«Pourquoi veux-tu encore manger
alors que tu viens tout juste de vomir?» Aussi, je me disais en
moi-même:
«Je
ne demanderai rien jusqu'à ce qu'ils m'apportent quelque
chose. Dieu s'occupera des choses.»
Et je poursuivais remplie de
remerciements de pouvoir souffrir pour l'amour de Jésus,
J'offrais tout en réparation pour les
offenses commises par le péché de gourmandise.
Je ne sais pas pourquoi, mais mon
confesseur, qui avait entendu dire que je vivais des épisodes de
vomissements, m'ordonna de prendre de la quinine chaque jour.
Ceci dérangeait mon appétit.
Et
comme je ne pouvais prendre de la nourriture tant qu'elle ne m'était
pas donnée, j'entendais toujours gronder mon estomac.
Dans
cet état, je me sentais comme si j'étais dans les affres de la mort,
mais sans mourir. Ceci dura environ quatre mois, après quoi
mon bien-aimé Jésus me dit:
«Dis à ton confesseur
qu'on ne te donne ni nourriture ni quinine quand tu vomis. Illuminé
par la Lumière divine, il t'accordera cela.»
Ainsi donc le confesseur m'accorda
que je ne prenne ni nourriture ni quinine. Par la suite cependant,
pour ne pas que je sois mise en évidence, il voulait que je prenne de
la nourriture une fois par jour. Ainsi j'avais plus de paix. Ma faim
disparut, mais pas les vomissements. En effet, à chaque fois
que je prenais de la nourriture, je devais la rendre.
Mon bien-aimé Jésus me
disait souvent:
«Dis à ton confesseur de
te donner la permission de ne plus manger du tout.» Mais, à
chaque fois, il refusait en disant:
«Accepte la nourriture qui
t'est donnée comme un acte de mortification en réparation des
nombreuses offenses faites au Seigneur par la gourmandise des
hommes.»
Chaque fois, au bout de quelques
jours, Notre-Seigneur revenait à la charge et répétait: «Une
fois encore, je veux que tu demandes à ton confesseur la
permission de ne prendre aucune nourriture.
Fais-le nonchalamment et sois
disposée à accepter, dans l'obéissance, tout ce qu'il voudra
que tu fasses.»
Une fois, alors que, comme le voulait
Jésus, je refaisais la demande à mon confesseur, celui-ci, je
ne sais pas pourquoi, non seulement refusa de me donner la permission
sollicitée, mais il m'ordonna d'arrêter mes souffrances, comme
si elles dépendaient de moi.
La raison de sa réaction était
peut-être la suivante: se souvenant que je lui avais dit que
mes souffrances ne dureraient que quarante jours, alors qu'elles
perduraient, il fut amené à croire que je ne lui disais pas la
vérité concernant l'état de souffrance qui m'était demandé ou
concernant le fait que je ne devais plus prendre de nourriture.
Pour des raisons qui me sont
inconnues, il en vint à la conclusion que je ne devais plus
rester dans cette situation de victime, et que si je retombais dans
cet état de souffrance, il ne devrait plus venir me réanimer.
Je dois dire ici que, par esprit
d'obéissance, j'étais bien disposée à me soumettre à
ses directives, d'autant plus que ma nature réclamait d'être
déchargée du fardeau de tant de souffrances mortelles qui se
reproduisaient fréquemment.
Cependant,
il m'apparaît clair que je n'aurais jamais pu porter de tels fardeaux
sans une intervention divine spéciale.
Il y avait aussi la souffrance
d'avoir à me soumettre en tout, même en ces choses qui
me répugnaient tant (les nécessités naturelles): c'était vraiment un
sacrifice que je faisais pour me conformer à la Volonté de
Dieu.
D'ailleurs,
sans ce motif de la conformité à la Volonté Divine, même
les plus grands saints auraient renoncé.
À Jésus je dois mon habileté à
lui retourner l'Amour immense qu'il m'a toujours manifesté.
C'est ainsi que j'éprouvais une
certaine consolation vis-à-vis de mon passé et que j'étais
disposée à tout faire dans la sainte obéissance.
Puisque je faisais l'expérience de
l'Amour et de la Bonté de Dieu envers moi, j'étais prête et
consentante à rester confinée à mon petit lit aussi
longtemps que le Seigneur le voudrait, dans l'état de victime.
Sa Sainte Volonté qui sait si bien
-changer
la nature des choses,
-les transformer d'amères à
douces,
obtenait pour moi la résignation et
la conformité à sa Volonté.
Quoique j'eus accepté volontairement
et dans l'obéissance d'être victime et de rester au lit, j'ai
commencé à offrir de la résistance à mon toujours
aimable Jésus.
Une
fois, quand il m'apparut pour me communiquer ses souffrances, je lui
ai dit:
«Mon bien-aimé Seigneur, ne
prends pas mal mon refus de souffrir. Que veux-tu de moi?
Puisque
c'est l'obéissance qui m'en empêche, je ne peux plus me
soumettre.
Mais si tu veux que je fasse ta
Volonté, donne la lumière à mon confesseur pour qu'il
m'accorde ce que tu désires.
Autrement, je suivrai ses désirs et
m'opposerai obstinément à ta Volonté. Vraiment je croirai que
tu n'es pas mon aimable Jésus!»
Notre-Seigneur voulait me soumettre à
un test sévère en me faisant passer une nuit toute entière
brouillée avec lui. Avec le risque d'être trouvée malavisée,
j'ai maintenu ma position toute une nuit.
Quand il viendrait, je lui dirais
vivement: «Mon Amour, prends patience. J'ai besoin du
consentement de mon confesseur pour que tu puisses me communiquer ta
souffrance.
Aussi,
s'il te plaît, ne me force pas à opposer ma volonté à
la Tienne.
Sans le consentement de ma volonté
qui ne pliera pas sans le consentement de mon confesseur, tu peux
néanmoins me réduire à l'anéantissement et me communiquer
toutes tes peines, tes chagrins et tes souffrances. (3)»
Dans cet état de souffrance où
je me trouvais, je croyais que Notre-Seigneur avait donné la preuve
qu'il avait gagné. Mais ce n'était pas ainsi.
Car,
en un instant, quand je fus libérée de toute souffrance, mon
bien-aimé Jésus m'attira à lui d'une manière qui me
fit hésiter.
En conséquence je ne pus offrir
aucune résistance.
Je me suis trouvée liée à lui
si fortement que peu importe comment j'essayais de m'opposer à
lui, il était impossible pour moi de me dégager.
Puisque je ne suis rien, il aurait
été inutile pour moi de résister ou d'essayer de triompher dans une
bataille avec lui, lui qui est omnipotent et qui est la Force des
forts.
Étant si près de Jésus,
-j'étais
embarrassée par mes nombreuses oppositions à lui,
-et je me suis trouvée complètement
anéantie.
Aussi, dans la honte, je lui ai dit:
«Pardonne-moi, Saint Époux, de t'avoir offert de la résistance.
Ceci n'aurait pas été si l'obéissance ne m'avait pas forcée.»
Et Jésus, très tendrement me
dit:
«Enfant bien-aimée de mon
Amour, n'aie pas peur que je sois offensé: je ne suis pas offensé par
le geste de ton confesseur qui t'a donné cette directive. Il exerce
son ministère avec délicatesse et conscience et il doit se
servir de moyens et d'artifices pour s'acquitter de sa responsabilité
morale face au mauvais et au bon.
Retrouve ta paix et vis toujours
abandonnée à moi. Viens à moi!
Aujourd'hui,
c'est le premier jour de l'année (c'était vraiment le jour de l'an).
Viens, je veux te donner un cadeau.»
Il vint à moi, me serra sur
lui et, pressant ses lèvres contre les miennes, il versa en
moi un liquide, beaucoup plus doux que le lait et, m'embrassant
encore et encore, affectueusement il prit un anneau de son Coeur en
disant:
«Admire
et contemple bien cet anneau que j'ai préparé pour toi, pour notre
mariage, puisque je te marierai dans la foi.
Pour le présent, je t'ordonne
-de continuer de vivre dans cet état
de victime et
-de dire à ton confesseur que
c'est mon désir que tu continues de vivre dans cet état de
souffrance.
Et comme signe que c'est bien moi qui
parle,
sache que la guerre qui est à
un arrêt entre l'Italie et l'Afrique continuera jusqu'au moment
où il te donnera la permission de vivre dans l'état de
victime. À ce moment, je ferai cesser la guerre, pour qu'ils
aient la paix des deux côtés.»
Puis Jésus disparut.
Je
me suis alors sentie comme si j'étais habillée d'un habit de
souffrance qui pénétrait jusqu'à la moelle de mes os,
tellement je me sentais incapable de
me réanimer moi-même de cet état mortel, sans l'intervention du
confesseur.
Dans ma douleur, je pensais à
ce que j'allais lui dire quand il me trouverait dans cet état de
souffrance majeur contre ses ordres.
Que pouvais-je faire?
Il n'était certainement pas en mon
pouvoir de me réanimer moi-même.
Le liquide laiteux que Jésus m'avait
versé produisait en moi tant d'amour pour lui que, malgré la douleur,
je languissais d'amour.
Cette douceur et cette satiété que je
ressentais me forcèrent à prendre un peu de la
nourriture offerte par ma famille après que le confesseur
m'eut réanimée. Mais cette nourriture refusa absolument de descendre
dans mon estomac.
Il
fut nécessaire que mon confesseur me l'impose au nom de l'obéissance
pour que je l'avale. Cependant je fus immédiatement forcée de le
rendre avec un peu du doux liquide versé en moi par Jésus.
En le faisant, j'ai senti Jésus à
l'intérieur de moi qui, avec humour, me dit:
«Ce que j'avais versé en toi
n'était pas assez? N'en étais-tu pas satisfaite?»
Très embarrassée et remplie de
honte, je lui dis:
«Que veux-tu de moi, ô Jésus?
C'est l'obéissance qui m'a amenée à
rendre aussi ce qui était tien -- qui était
pourtant si doux et si délicieux.»
Sans autre question, regardant ce qui
était arrivé, mon confesseur se retira en disant: «Je
reviendrai quand j'aurai du temps libre.»
Je ne fus pas seulement indifférente
à cette interférence du confesseur en rapport avec ce qui se
passait entre le Seigneur et moi, mais j'en fus très ennuyée.
Rapidement, je remerciai mon toujours
aimable Jésus, qui avait permis que mon confesseur ne me pose aucune
question.
Je ne savais vraiment pas ce qui
m'attendait pour le jour suivant. Mon confesseur revint avec un air
renfrogné et, sans me questionner, me traita d'âme désobéissante.
Et il ajouta:
«Le fait que tu sois tombée
dans une faiblesse mortelle m'amène à croire
-que ce qui t'arrive est une pure
maladie et
-non pas le fruit d'une intervention
surnaturelle.
Si
cela était de Dieu, il ne t'aurait certainement pas laissée me
désobéir,
parce qu'il veut de toi l'obéissance
et ne veut rien qui ne soit fait sans cette belle vertu.
Aussi, plutôt que d'appeler ton
confesseur, désormais tu appelleras les médecins qui, par leur
science, te libéreront de ta maladie nerveuse.»
Quand il eut fini de me rabrouer, je
me suis obligée à lui dire ce qui était arrivé, et tout ce que
le Seigneur m'avait demandé de lui dire.
En
m'entendant, il changea d'idée et m'assura qu'il ne doutait pas de ce
que j'avais dit regardant Jésus, parce que les paroles à
propos de la guerre entre l'Italie et l'Afrique étaient véridiques.
Il ajouta à propos de la
prétendue paix, si elle arrive sous peu, conséquemment au fait que tu
seras redevenue victime, alors je ne pourrai plus douter. Si, d'un
autre côté, c'était dû à d'autres causes...
Nous
allons attendre et nous verrons.»
Ainsi il consentit à ce que je
réponde au désir exprimé par mon bon Jésus. Et il me répéta: «Nous
allons attendre et nous verrons si cette guerre n'augmente pas et si
bientôt nous aurons la paix.»
Quatre
mois plus tard, mon confesseur apprit du journal que la paix
prophétisée par Jésus s'était réalisée.
Quand il me vit, il dit: «Sans
victime d'un côté comme de l'autre, la guerre qui sévissait entre
l'Italie et l'Afrique s'est terminée; il y a maintenant la paix entre
les deux.»
Parce que ce fait avait été
prophétisé et qu'il s'était réalisé, mon confesseur devint convaincu
de l'action de la Divinité dans ce qui m'arrivait, et il me laissa
seule et en paix -- chose qu'on ne peut obtenir si on résiste à
Dieu.
À partir de ce jour, Jésus ne
fit rien d'autre que de me préparer pour le mariage mystique qu'il
m'avait promis (4), me visitant plus souvent -
jusqu'à trois ou quatre fois
par jour quand ça lui plaisait.
Souvent il allait et venait
continuellement.
Il se comportait comme un amoureux
qui ne peut s'empêcher de penser très souvent à
son épouse, ainsi que de l'aimer et la visiter.
Il se révélait à moi en me
disant des choses comme:
«Je t'aime tant que je ne peux
pas rester loin de toi. Je me sens comme non payé de retour quand je
ne te vois pas ou que je ne te parle pas directement et de tout près.
Je suis porté à penser que tu
es seule et que tu languis d'amour pour moi. Et je viens voir si tu
as besoin de quelque chose.»
Alors il relevait ma tête,
arrangeait mon oreiller, mettait ses Bras autour de mon cou,
m'embrassait et me couvrait de baisers encore et encore.
Comme c'était l'été, il me soulageait
de l'excès de chaleur en me rafraîchissant d'une légère
brise qui émanait de sa douce Bouche.
Quelquefois, il secouait quelque
chose qu'il avait dans ses Mains ou tapait le drap qui me recouvrait
pour que je sois rafraîchie, et il me demandait vivement:
«Comment
es-tu maintenant? Sûrement que tu te sens mieux, n'est-ce pas?»
Et je lui répondais: «Tu sais,
mon bien-aimé Jésus, quand tu es près de moi, je me sens mieux
de toute manière.»
Après, quand il venait et
qu'il me trouvait toute prostrée et faible
-à
cause de mes souffrances continuelles,
-spécialement la nuit, après
que mon confesseur soit venu,
il m'approchait et, de sa Bouche, il
versait un liquide laiteux dans la mienne.
Il me laissait m'attacher à sa
très sacrée Poitrine, de laquelle il me laissait tirer des
torrents de douceur et de force qui me donnaient un avant-goût
des délices du Paradis.
Quand il me voyait dans l'état de
parfaites délices, il me disait avec son ineffable bonté:
«Je veux être vraiment
ton Tout, me faisant la nourriture réconfortante non seulement de ton
âme, mais aussi de ton corps.» (5)
Que dire de tout ce que
j'expérimentai d'amour céleste à la suite de tant de grâces
inhabituelles paradisiaques? Si je devais dire tout ce que mon très
doux Jésus me communiquait, je risquerais de devenir ennuyeuse.
À mon confesseur non plus je
ne pouvais pas tout dire, parce que ça aurait pris beaucoup
trop de temps.
Je me limiterai ici à dire
brièvement ce qu'il suffit de savoir pour comprendre un peu
l'état d'une âme qui est en pleine possession de Jésus, le plus
délicieux Époux de l'âme.
Et,
avec toute la véhémence de mon coeur, je veux m'exclamer en lui
disant:
«Ô
Jésus, comme j'ai apprécié toutes tes douces et délicieuses
communications!»
les souffrances qui me sont départies
par mon Jésus sont à la fois amères, douces et
intermittentes, lui-même si rempli d'amertume.
Mais si la douceur et l'amertume
n'étaient pas données simultanément à l'âme qui est devenue
une victime d'amour, d'expiation et de réparation,
cette
âme ne pourrait tenir bien longtemps sans mourir.
Le corps se désintégrerait et l'âme
irait rapidement rejoindre son Dieu.D'où mes gémissements et
mes plaintes quand je pensais qu'il m'avait laissée.
Quand il se cachait
occasionnellement, je devenais très souffrante mentalement.Il
me semblait que je ne l'avais pas vu depuis un siècle.
C'est pourquoi je me plaignais alors
en lui disant des choses comme:
«Ô Saint Époux, comment peux-tu
me faire attendre si longtemps après toi? Ne sais-tu pas que
je ne puis survivre sans toi?
Viens et ravive-moi par ta Présence
qui est pour moi, lumière, force et tout.» Un jour, me
sentant rejetée à cause de son absence de seulement quelques
heures, il me semblait qu'il ne m'était pas apparu depuis plusieurs
années.
Aussi, dans ma souffrance, je
pleurais des larmes amères. Alors il m'apparut, me consola, et
sécha mes larmes.
Il m'embrassa et, pendant qu'il me
baisait, il me dit:
«Je ne veux pas que tu pleures.
Tu
vois, je suis avec toi maintenant. Que désires-tu?»
Je répondis:
«Je languis simplement après
toi. Je cesserai de pleurer quand tu me promettras que tu ne me
laisseras plus t'attendre aussi longtemps.
Mon bon Jésus, tu sais comment je
souffre pendant que je t’attend,
spécialement
-quand je t'appelle et que tu
n'arrives pas rapidement
-pour
me consoler, me fortifier et m'encourager par ta douce Présence.»
Jésus reprit: «Oui, oui,
je te plairai.» Et il disparut rapidement.
Un autre jour, je me plaignais encore
et je le suppliais de ne pas me faire attendre si longtemps après
lui. Quand il a vu que je n'arrêtais pas de pleurer, il me dit:
«Maintenant,
je veux vraiment te satisfaire en tout.
Je suis tellement enthousiasmé par
toi que je ne peux qu'accéder à tes désirs.
Si, jusqu'à maintenant, je
t'ai dégagée de ta vie extérieure et me suis manifesté à toi,
maintenant je veux attirer ton âme à moi.
Ainsi tu pourras me suivre de plus
près, me réjouir, te presser plus intimement sur moi. Je peux
te montrer tout ce qui n'a pas été fait avec toi dans le passé.»
Trois mois passèrent pendant
lesquels je demeurai victime permanente dans mon lit, où je
recevais
non seulement les peines et les
souffrances que Jésus me communiquait,
mais aussi sa Douceur.
Un matin, Jésus vint à moi
comme un aimable et très charmant jeune homme d'à peu
près dix-huit ans.
Ses Cheveux couleur or étaient
bouclés et descendaient de chaque côté de son Front.
Il semblait que ses Boucles tissaient
les pensées de son Esprit jointes aux affections de son Coeur.
Sur son Front, serein et large, on
pouvait voir, comme à travers un cristal très clair,
-son Esprit,
-où sa Sagesse infinie régnait
dans un ordre et une paix célestes.
Mon esprit devint clair et mon coeur
tranquille à la vue de ce très charmant Jésus. L'effet
fut tel et mes passions si réprimées que je ne ressentais pas le
moindre trouble.
Puisque
mon âme expérimenta un si grand sentiment de paix à seulement
le voir, qu'est-ce que j'expérimenterais si je pouvais posséder sa
Divinité?
Je crois que Jésus ne pourrait pas se
manifester dans une si grande beauté à une âme qui ne jouirait
pas d'un calme parfait et d'une profonde humilité.
Il se retirerait au moindre trouble
de l'âme.
D'un autre côté, si une âme
ressentait une paix et un calme tels qu'elle ne serait pas troublée
par un désastre et une guerre féroce autour d'elle, alors
non seulement Jésus se laisserait
voir par elle,
mais il goûterait un doux repos
en elle,
un repos que ne pourrait lui procurer
une âme troublée.
Sous l'aspect où Jésus se
montrait à moi,
je
ne cessais de le regarder et de l'admirer, et je me disais en
moi-même:
«Oh! comme ils sont beaux ses
Yeux si purs,
qui brillent d'une lumière
plus claire que le soleil.»
Contrairement à la lumière
du soleil, cependant, la lumière des Yeux de Jésus ne blessait
pas ma vue. Et je pouvais fixer mon regard sur cette splendeur sans
aucune fatigue.
Bien
au contraire, mes yeux en recevaient plus de force.
On ne peut quitter des yeux ce
mystérieux miracle de beauté qu'est le bleu foncé des Pupilles de
Jésus.
Un
Regard venant de Jésus est suffisant
-pour
être transporté hors de soi-même et
-pour faire parcourir les vallées,
les plaines, les montagnes, les cieux ou les plus profonds abîmes de
la terre pour le trouver.
Un Regard de Jésus est suffisant
-pour transformer l'âme en lui, et
-faire
ressentir je ne sais quoi de sa Divinité. Plusieurs fois, cela m'a
fait m'exclamer:
«Ô mon très beau Jésus,
ô mon Tout,
qu'est-ce que ce sera de jouir de ta
vision béatifique sans le mélange de la souffrance,
toi
qui, dans les quelques minutes où tu m'es apparu, as donné
tant de paix à
mon âme,
toi pour qui on peut endurer des
torrents de souffrances, le martyre ou des épreuves humiliantes;
toi qui es habité par un mélange de
peine et de plaisir dans une parfaite tranquillité d'esprit!»
Qui pourrait dire toute la beauté que
dégage son adorable Visage.
Son aspect est comme de la neige
teintée de la couleur de très belles roses. Il transpire une
noblesse majestueuse et divine.
Son apparence invite à la
crainte et à la révérence, et aussi à la confiance. Son
apparence est
-comme le blanc comparé au noir,
-comme la douceur comparée à
l'amertume.
La
confiance que pourrait inspirer une créature est une ombre
comparativement au brillant soleil qu'est la confiance inspirée par
Jésus.
Oh!
oui!
la confiance que Jésus inspire à
l'âme transparaît sur sa sainte Figure, si majestueuse, si aimable.
Et
l'Amour qu'il dégage attire l'âme d'une manière qui ne lui
laisse aucun doute quant à l'accueil qu'il lui offre.
Jésus
ne méprise pas une créature qui,
-attirée par la brûlante flamme
de son Amour,
-veut retourner dans ses Bras, peu
importe sa laideur ou son état de péché.
Que dire maintenant des traits de sa
figure?
Son Nez très gracieux descend
harmonieusement de ses blonds Sourcils. Sa Bouche, quoique petite,
affiche un doux sourire.
Ses Lèvres, de couleur
écarlate, sont fines, douces et aimantes.
Quand
elles s'ouvrent pour parler, elles donnent l'impression que quelque
chose de précieux, de céleste, va être prononcé.
Sa Voix exprime la douceur et les
harmoniques du Paradis, aptes à enchanter les coeurs les plus
récalcitrants.
La
Voix de mon Bien-Aimé pénètre avec tant de douceur
-qu'elle touche chaque fibre du coeur
de quiconque l'entend, et et en moins de temps qu'il ne faut pour le
dire
elle ravit l'âme par ses accents
chauds et stimulants.
Elle est si plaisante que tous les
plaisirs du monde sont néant, comparés à un seul mot sortant
de sa Bouche.
Tous
les plaisirs du monde ne sont que simulacres, comparés à sa
douce Voix. Elle est efficace et produit de grandes merveilles.
Quand Jésus parle, il produit l'effet
qu'il veut dans l'âme.
Oh! oui! la Bouche de Jésus est
radieuse.
Elle est d'une beauté souveraine
quand il parle.
Alors peuvent être vues ses
dents propres et bien proportionnées.
Aux
coeurs qui l'écoutent avec affection, Jésus envoie du Ciel un souffle
d'Amour palpitant, qui darde, enflamme et consume.
Plus belles encore sont ses Mains
douces, blanches et délicates.
Ses Doigts, clairs et transparents,
bougent avec dextérité et sont un véritable enchantement à
voir quand ils touchent quelque chose.
«Oh! comme tu es beau,
totalement beau, mon doux et gracieux Jésus! Pardonne-moi de si
pauvrement parler de ta beauté.
Ce que j'ai dit n'est rien comparé à
la réalité.
D'une manière gaffeuse, j'ai
essayé de décrire ta beauté, que même tes anges sont indignes
et incapables de décrire adéquatement.
C'est
par la sainte obéissance que, de mon mieux, je l'ai fait. Si ma
description n'a pas ton approbation, pardonne-moi.
Blâme en premier lieu l'obéissance,
parce que mes faibles essais ne font pas justice à ta beauté,
j'en suis bien consciente.»
Si ce n'eut été d'un ordre explicite
donné en vertu de l'obéissance, je n'aurais sûrement jamais
consenti à mettre sur papier,
-dans l'humiliation-,
les étranges épisodes de ma vie qui,
de jour en jour devenaient moins
exceptionnels.
Sans doute, pour quelques personnes,
ils sembleront bizarres.
Je n'ai pas le choix.
Je
dirai que mon bien-aimé Jésus,
après s'être montré à
moi de la manière que j'ai précédemment si gauchement
décrite-, souffla de sa bouche une fragrance céleste qui m'envahit
dans mon corps et mon âme.
À la suite de ce souffle, en
moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il me prit avec lui.
Il fit sortir mon âme de toutes les
parties de mon corps.
Il
me donna un corps d'une forme très simple, resplendissant de
pure lumière. Je pris rapidement mon envol avec lui, et nous
avons parcouru l'immensité des cieux.
Puisque
c'était la première fois que j'expérimentais ce merveilleux
phénomène, j'ai pensé: «Vraiment le Seigneur est venu
pour me prendre et certainement je vais mourir.»
Quand
je me suis trouvée hors de mon corps,
-les sensations que mon âme
ressentaient étaient les mêmes que je ressentais quand j'étais
dans mon corps,
avec la différence que, quand l'âme
est unie au corps, elle perçoit chaque sensation à
travers les sens et les transmet aux puissances du corps.
Dans l'autre situation, l'âme reçoit
toutes les sensations directement. Elle comprend instantanément tout
ce qu'elle traverse
Elle
pénètre même les choses les plus cachées et
imperceptibles -- de près ou de loin -- mais uniquement dans
la Volonté de Dieu.
La première chose que mon âme
ressentit quand elle quitta mon corps, fut de trembler de peur en
suivant l'envol de mon bien-aimé Jésus,
qui
me tirait continuellement derrière lui à l'aide d'une
brise céleste.
Il me disait: «Puisque tu as
expérimenté de grandes souffrances quand tu étais privée de ma
Présence visuelle pendant une heure ou à peu près,
maintenant vole avec moi.
Je veux te consoler et te griser de
mon Amour.»
Oh!
comme il était bon pour mon âme d'être en suspension dans la
voûte des cieux en compagnie de Jésus!
Il me semblait que j'étais appuyée
sur lui et qu'il me tenait pour que je ne sois pas trop loin derrière
lui.
Quoiqu'il me précédait, j'étais
attachée à lui d'une manière ferme afin de pouvoir le
suivre -- lui penché vers moi et moi vers lui --, pendant qu'il me
soutenait et me tirait par son doux souffle. En somme, j'ai
intérieurement une bonne représentation de ce qui est arrivé, mais je
n'ai pas les mots avec lesquels le décrire.
Après avoir fait ces rondes
dans l'immensité des cieux, mon bien-aimé Jésus, qui trouve ses
délices dans la compagnie des hommes,
m'amena
à un endroit où étaient concentrées les iniquités et
les infamies des hommes.
Oh! comme il était devenu changé,
l'aspect de mon bien-aimé Jésus.
Quelle amertume submergeait son Coeur
sensible! Avec une clarté que je n'avais jamais expérimentée
auparavant, je l'ai vu souffrir de terribles tortures. Son Coeur
adorable m'apparut comme celui d'un homme mourant,
expirant
dans une terreur extrême.
Le
voyant dans ce pénible état, je lui ai dit:
«Mon adorable Jésus, comme tu
as changé! Tu es comme un mourant. Appuie-toi sur moi et permets-moi
de participer à ta souffrance.
Mon coeur défaille de te voir tant
souffrir.»
Là-dessus, retrouvant un peu
son souffle,
Jésus me dit:
«Oui, ma bien-aimée, libre à
toi de m'aimer. Je ne peux pas tenir plus longtemps.»
Me disant cela, il me pressa plus
intimement sur lui, et plaçant ses Lèvres sur ma
bouche,il versa en moi une amertume foudroyante:
je me suis sentie comme transpercée
par plusieurs couteaux, fers de lances, flèches, dards et
dagues qui, une à une, pénétraient dans mon âme.
Pendant que j'étais plongée dans
cette souffrance extrême, mon bien-aimé Jésus ramena mon âme
dans mon corps et disparut.
Qui pourrait décrire le terrible
supplice qui s'empara alors de mon corps! Seul Jésus pourrait faire
cette description, lui qui, chaque fois qu'il me communiquait des
souffrances, les adoucissait par la suite. Les gens sur la terre, non
seulement ne peuvent ressentir de telles souffrances, mais ne peuvent
même pas imaginer leur profondeur.
En
analysant l'histoire de mon âme
cette âme pauvre et misérable qui a
bien des fois imité son bien-aimé Jésus - on pourrait croire que la
mort se moquait de moi.
Quoique je n'étais alors pas digne de
mourir, je savais que la mort viendrait bientôt. Elle viendra en son
temps, et elle ne se moquera plus de moi.
Ce sera plutôt moi qui la
ridiculiserai en lui disant:
«J'ai badiné bien des fois avec
toi; je t'ai effleurée au moins cent mille fois. Je n’ai plus
qu'égalisé le compte avec toi!»
Je
dis cela car, à bien des occasions, j'aurais quitté ce monde
si ce n'eut été de Jésus, qui, -après avoir communiqué
directement d'atroces souffrances à mon âme,
me
réanimait
-en m'attirant près de son
Coeur qui est vie pour moi, ou
-en me prenant dans ses Bras qui sont
force pour moi, ou
-en versant de sa Bouche en moi un
très doux élixir.
Et puisque les souffrances
communiquées directement à mon âme sont plus terribles que
celles communiquées à mon corps, je serais sûrement
morte bien des fois si ce n'eut été de ce merveilleux Jésus.
Quand Jésus voyait que j'arrivais à
mes limites, c'est-à-dire que je ne pouvais plus porter
«naturellement» mes souffrances, il m'aidait pour ne pas
que je succombe.
Parfois il le faisait directement
(6), parfois il inspirait à mon confesseur de me réanimer plus
rapidement. Dans ce cas, mes souffrances, vécues à travers
l'obéissance, étaient quelque peu soulagées, mais pas autant que
quand Jésus opérait directement.
Jésus voulait me communiquer des
souffrances extrêmes.
Il faisait sortir mon âme de mon
corps, la prenait avec lui, et me laissait voir les nombreux péchés
commis par les blasphèmes contre la Charité, ou autres péchés.
À mon point de vue, d'après
les effets ressentis en moi,
je peux affirmer sans crainte de me
tromper que le péché de malhonnêteté est
celui
-qui offense le plus le Coeur de
Jésus,
-qui
le rend le plus amer.
Une fois, par exemple, alors que
Jésus versait une petite part de son amertume en moi,
j'ai ressenti que j'avalais quelque
chose
-de nauséabond,
-de
purulent et
-d'amère,
qui pénétrait dans mon ventre et me
donnait une haleine répugnante.
J'aurais perdu connaissance si je
n'avais pas rapidement pris quelque nourriture pour me faire vomir
cette matière purulente.
On
pourrait croire que cela m'arrivait seulement quand Jésus me faisait
voir les méchancetés commises par ceux que l'on considère
comme de grands pécheurs.
Mais
mon aimable Jésus m'attirait d'une manière particulière
dans des églises
où on l'offensait.
On y blessait son Coeur par des
choses saintes en soi, mais contrefaites: par exemple
-des prières vides faites par
des personnes feignant la piété,
-ou encore la pratique de dévotions
hypocrites.
Les personnes concernées semblaient
procurer à mon Jésus plus d'affronts que d'honneur.
Oui,
ces actes mal accomplis donnaient des nausées à ce Coeur si
saint, si pur et si droit. Plusieurs fois il m'exprima sa souffrance
en me disant:
«Mon enfant, vois les offenses
et les insultes que me font,
-même dans des endroits saints,
certaines personnes que l'on dit dévotes. Ces personnes sont
stériles, même quand elles reçoivent les sacrements.
Elles sortent de l'église ternies plutôt que purifiées
Elles ne sont pas bénies par moi.»
Il me montrait aussi des
personnes faisant des communions sacrilèges.
Par exemple, un prêtre
célébrant le Saint Sacrifice de la messe
par habitude,
dans un intérêt matériel et
en état de péché mortel (je tremble
en mentionnant cela).
Parfois, Jésus me montrait des scènes
si blessantes pour son Coeur qu'elles le faisaient presque tomber en
agonie.
Par exemple, quand ce prêtre
consomma la Victime, Jésus fut forcé de quitter rapidement son coeur
tout sali par les misères spirituelles.
Et au moment où, par les
paroles puissantes de la consécration,
-Jésus
allait être appelé à descendre du Ciel pour s'incarner
dans l'hostie,
il était dégoûté par l'hostie
non encore consacrée,
parce qu'elle était tenue par des
mains impures et sacrilèges.
Cependant, sans broncher, par
l'autorité qui lui était donnée par Dieu, ce prêtre faisait
descendre Jésus dans l'hostie.
Pour
ne pas manquer à sa promesse, Jésus s'incarnait dans cette
hostie
-qui, au préalable, suintait la
pourriture de l'impureté, et
-qui, par la suite, dégouttait du
Sang provoqué par un déicide.
Comme il faisait pitié l'état
sacramentel dans lequel Jésus m'apparut alors. Il semblait vouloir
fuir ces mains indignes.
Mais, de par sa promesse, il était
forcé de rester
-jusqu'à ce que la forme du
pain et du vin soit consommée par un estomac
-qui, dans le cas présent, était pour
lui plus nauséabond encore que les mains indignes
qui l'avaient touché plusieurs fois
auparavant.
Quand la sainte hostie fut ainsi
consommée, Jésus vint à moi en se lamentant:
«Oh! mon enfant, laisse-moi
verser une partie de mon amertume en toi. Je ne peux pas la retenir
plus longtemps.
Aie pitié de ma condition qui est
devenue trop douloureuse! Prends patience, et souffrons un peu
ensemble.»
Je lui répondis:
«Seigneur, je suis prête
à souffrir avec toi. Oui, si la capacité m'était donnée de
prendre toute ton amertume, je le ferais volontiers, de telle manière
que je ne te vois pas souffrir.»
Jésus alors versa de sa Bouche dans
la mienne la part d'amertume que je pouvais porter, et me dit:
«Mon
enfant, ce que j'ai versé en toi n'est rien, mais c'est tout ce que
tu peux recevoir.
Comme je désirerais que beaucoup
d'autres âmes soient disposées à faire le même sacrifice
que toi par amour pour moi!
Ce n'est pas que je ne peux verser en
eux toute l'amertume que contient mon Cœur.
C'est pour que je puisse goûter
l'amour réciproque et bienveillant de mes enfants.»
Les mots ne peuvent pas exprimer
l'amertume que Jésus versa en moi
empoisonnée,
nauséabonde et
soulevant le coeur par
sa putréfaction.
Même si je faisais tout pour la
garder, mon estomac refusait de l'accepter. Une forte impulsion la
faisait remonter à ma gorge.
Mais à cause de mon amour pour
Jésus, et avec le soutien de sa grâce, je ne l'ai pas rejetée.
Qui pourrait décrire les souffrances
qu'entraînaient en moi ces épanchements avec Jésus! Ils furent si
nombreux que si je n'avais pas été soutenue, fortifiée et revigorée
par lui, j'aurais sûrement été victime de la mort bien des
fois.
Jésus versait en moi seulement une
petite portion de l'amertume qu'il portait.
Une
créature ne peut normalement pas porter autant d'amertume ou de
douceur comme mon très aimable Jésus en versait parfois en
moi.
Lui seul porte et tolère
l'amertume causée par le péché. J'ai toujours eu cette opinion: le
péché est laid et destructif!
Si toutes les créatures ressentaient
et reconnaissaient l'effet empoisonné et amer du péché, elles
éviteraient le péché comme s'il était un monstre horrible émergeant
de l'enfer!
L'obéissance me fit décrire certaines
scènes pénibles que mon toujours aimable Jésus me faisait
vivre pour que je puisse participer à ses souffrances.
Ainsi je ne peux pas passer sous
silence qu'il me fit aussi voir des scènes consolantes qui
séduisaient mon coeur.
De temps à autre, il me
permettait de voir de bons et saints prêtres qui, avec ferveur
et humilité, célébraient les mystères de la foi.
Quand je voyais ces scènes,
j'étais très souvent inspirée de dire à mon bien- aimé
Jésus avec mon coeur tout rempli d'affection:
«Comme
il est élevé, grand, excellent et sublime le ministère du
prêtre auquel est donnée cette noble dignité
-de
non seulement s'affairer autour de toi,
-mais de t'immoler à ton Père
Éternel
comme Victime de Réconciliation,
d'Amour et de Paix.»
J'étais consolée quand je regardais
seule, ou aux côtés de Jésus, un saint prêtre célébrer la
messe. Avec Jésus en lui, le célébrant me paraissait comme un homme
transformé.
Il m'apparaissait même comme si
ce fut Jésus lui-même qui célébrait le Sacrifice divin à
sa place.
Il
était extrêmement exaltant
-d'entendre Jésus réciter les prières
de la messe avec autant d'onction,
-de le voir bouger et exécuter la
sainte cérémonie avec autant de dignité.
Ceci éveillait en moi une grande
admiration pour un ministère aussi haut et aussi saint.
Je
ne sais pas combien de grâces j'ai reçues quand je voyais la
messe célébrée avec autant d'attention et de dévotion.
Combien d'autres divines
illuminations j'ai eues et que je préférerais passer sous silence.
Mais puisque l'obéissance me le
commande et que, lorsque j'écris, Jésus me réprimande souvent pour ma
paresse ou parce que je veux omettre des choses, je vais m'exécuter.
En mettant toute ma confiance en lui,
je veux lui dire:
«Quelle patience on doit avoir
avec toi mon bon Jésus. Je vais te satisfaire, mon doux Amour.
Mais
parce que je me sens indigne et inhabile pour parler de mystères
aussi profonds, sublimes et exaltants, je le ferai en comptant
beaucoup sur l'aide de ta divine grâce.»
Pendant que j'assistais attentivement
au Sacrifice Divin,
Jésus me fit comprendre que la messe
recouvre tous les mystères de notre religion.
Elle parle silencieusement au cœur,
de l'Amour infini de Dieu.
Elle nous parle aussi de notre
Rédemption en nous faisant nous souvenir des souffrances que Jésus
supporta pour nous.
La messe nous fait comprendre que,
non satisfait d'être mort une fois sur la Croix pour nous,
Jésus veut,
-dans
son immense Amour,
-se diffuser en nous et perpétuer
son État de Victime à travers la Sainte Eucharistie.
Jésus me fit aussi comprendre que
la Messe et la
Sainte Eucharistie
-sont un rappel perpétuel de sa Mort
et de sa Résurrection,
-qu'ils nous donnent le remède
parfait pour notre vie mortelle et
-qu'ils nous disent que nos corps,
qui
seront désintégrés et réduits en cendre par la mort, ressusciteront
pour la vie éternelle au dernier jour.
Pour
les bons, ce sera pour la gloire.
Pour les méchants, ce seront les
tourments.
Ceux qui n'ont pas vécu avec le
Christ ne ressusciteront pas en lui.
Les bons qui ont été intimes avec
lui pendant leur vie, auront une résurrection similaire à la
sienne.
Il
me fit bien comprendre que la chose la plus consolante du Saint
Sacrifice de la messe est Jésus vu dans sa Résurrection.
Cela est supérieur à n'importe
quel autre mystère de notre sainte religion.
Au même titre que sa
Passion et sa Mort, sa
Résurrection est
renouvelé mystiquement sur nos autels quand la Messe est célébrée.
Sous
le voile du pain sacramentel,
Jésus
se donne lui-même aux communiants pour être leur
compagnon au long du pèlerinage de leur vie mortelle.
Par le moyen de la grâce provenant du
Sein de la Sainte Trinité,
il donne la vie qui dure toujours à
ceux qui participent, corps et âme, au sacrement de l'Eucharistie.
Ces
mystères sont si profonds que nous ne pourrons les
comprendre entièrement que dans notre vie immortelle.
Cependant, dès maintenant,
dans le sacrement, Jésus nous donne de plusieurs manières --
presque tangiblement -- un avant-goût de ce qu'il nous donnera
dans le Ciel.
La
messe nous dispose à la méditation sur
-la Vie,
-la Passion,
-la Mort et
-la Résurrection de Jésus.
L'Humanité du Christ,
-à travers les vicissitudes de
sa Vie terrestre,
-s'est réalisée en trente-trois
années.
Mais, dans la messe,
-mystiquement et
-dans une brève période de
temps,
elle est renouvelée dans l'état
d'anéantissement des espèces sacramentelles.
Ces espèces contiennent
Jésus dans l'état de Victime
de Paix et
d'Amour propitiatoire,
jusqu'au moment où elles sont
consommées par un humain.
Après cette consommation,
-la présence sacramentelle de Jésus
n'existe plus dans le coeur:. Jésus retourne dans le Sein de son
Père,
exactement comme il le fit quand il
ressuscita des morts.
Dans le sacrement de l'Eucharistie,
Jésus
nous rappelle que notre corps ressuscitera dans la gloire.
Tout comme Jésus retourne dans le
Sein du Père quand cesse sa présence sacramentelle, ainsi
passerons-nous à notre
résidence éternelle dans le Sein du Père quand nous cesserons
d'exister à travers notre vie terrestre présente.
Notre corps, -à l'instar de la
présence sacramentelle de Jésus après la consommation de
l'hostie, -semblera ne plus exister.
Mais, au jour de la Résurrection
universelle,
-par un très grand miracle de
la Toute-Puissance divine,
-il reprendra vie et,
-uni
à notre âme, il jouira de la béatitude éternelle de Dieu.
D'autres, au contraire, s'en iront
loin de Dieu pour souffrir d'atroces et éternels tourments.
Le Sacrifice de la messe produit
des effets merveilleux, limpides et lumineux.
Pourquoi
donc les chrétiens en profitent-ils si peu? Pour l'âme qui aime Dieu,
peut-il y avoir quelque chose de plus
consolant et de plus bénéfique?
Le sacrement
-nourrit l'âme pour qu'elle soit
digne du Ciel, et
-il
donne au corps le privilège d'être béatifié dans
l'éternelle Volonté de Dieu.
En ce grand jour de la
résurrection des corps,
-un grand événement surnaturel se
déroulera,
-comparable à ce qui se passe
au moment où,
après que nous ayons contemplé
le ciel étoilé et que le soleil apparaît,
celui-ci absorbe la lumière
des étoiles.
Mais, même si elles
disparaissent du regard de l'observateur, les étoiles gardent leur
lumière et restent à leur place.
Semblables à des étoiles, les
âmes,
-réunies pour le jugement universel
dans la Vallée de Josaphat,
-seront capables de voir les autres
âmes.
La lumière acquise et
communiquée par
-le Très Saint Sacrifice et
-le sacrement d'Amour
sera visible dans chaque âme.
Mais quand Jésus, le Soleil de
Justice, se présentera,
-il absorbera en lui toutes les âmes
saintes. Il leur permettra de toujours exister,
pour nager dans les immenses mers des
attributs divins.
Et
qu'adviendra-t-il des âmes privées de cette Lumière divine?
Si je voulais répondre à cette
question, je pourrais écrire bien longtemps. Si le Seigneur le veut,
je réserverai cette question pour une autre occasion.
Jésus me fit comprendre
-que les corps qui seront réunis à
leur âme resplendissante de lumière, seront éternellement unis
à Dieu.
Mais les âmes qui n'auront pas de
lumière
parce
qu'elles ne voulaient pas participer au Saint Sacrifice et au
sacrement d'Amour, seront jetées dans les profondeurs des ténèbres.
Et, à cause de leur
ingratitude volontairement commise contre le Grand Donateur, elles
deviendront des esclaves de Lucifer, le prince des ténèbres.
Elles seront éternellement tourmentées par de terrifiants remords.
À la suite des nombreuses
grâces que Jésus m'accordait sans cesse,
j'étais
imbue du saint désir d'être toujours unie à lui,
y compris quand mon âme sortait de
mon corps et
que Jésus me donnait de grandes
douleurs à souffrir pour ceux qui manquent d'appréciation
pour le Saint Sacrifice de la
messe et
pour le sacrement d'Amour.
Quant à Jésus, il me rappelait
souvent sa douce promesse
que j'ai déjà mentionnée à
propos du mariage mystique qu'il voulait conclure avec moi.
Et
je le priais souvent en ce sens en disant:
«Ô très doux Époux,
hâte-toi et ne retarde pas mon union intime avec toi. Ne vois-tu pas
que je ne peux plus attendre?
Que nous nous unissions par des liens
indissolubles d'amour afin que personne ne puisse nous séparer, ne
fût-ce que pour un instant!»
Jésus, qui entretenait en moi
le brûlant désir de ce mariage mystique, me dit:
«Tout ce qui est de la terre
doit être rejeté. Tout! Tout!
Et pas seulement de ton coeur,
mais aussi de ton corps.
Tu
ne sais pas comment peut être nuisible la moindre ombre de la
terre. C'est un fort empêchement à mon Amour.
À ces paroles, je devins
audacieuse et je lui dis vivement:
«Mon Seigneur, il semble que
j'ai encore quelque chose à enlever de moi- même, avant
que je te sois complètement agréable?
Pourquoi ne pas me dire ce que c'est?
Tu
sais que je suis prête à faire tout ce que tu veux.»
Comme je disais cela, je reçus
un rayon de lumière de Jésus
par lequel je devins consciente qu'il
voulait parler de l'anneau d'or avec son image de crucifié dessus que
je portais à mon doigt.
Vivement je lui dis:
«Ô Saint Époux, je suis
disposée à l'enlever de mon doigt, si tu le désires.»
Il
dit:
«Sache que je te donnerai un
anneau plus précieux et plus beau, sur lequel mon Image sera gravée.
Il sera vivant, de telle sorte que
chaque fois que tu le regarderas, de nouvelles flèches d'amour
pénétreront dans ton coeur.
Ton anneau n'est plus nécessaire
maintenant.»
Sur ce,
-plus satisfaite que jamais, et
-parce que je ne ressentais aucune
passion pour l'anneau, rapidement je l'enlevai de mon doigt
en disant:
«Saint Époux, maintenant que je
t'ai plu,
-dis-moi s'il y a encore quelque
chose en moi
-qui pourrait être un
empêchement à notre éternelle et indissoluble union.»
Après avoir attendu un très
long moment rempli
-de préparations soignées et
-de
consolations élevées, sans souffrance,
le jour tant désiré de mon union
mystique avec Jésus, l'Époux bien-aimé de mon âme, se présenta enfin.
Comme je m'en souviens très
bien, c'était à quelques jours de la vigile de la fête
de la Pureté de la Sainte Vierge. (7)
La
nuit précédente, mon aimable Jésus était tout particulièrement
affectueux et dans la jubilation.
Il parlait avec plus d'intimité qu'à
l'accoutumée.
Il prit mon coeur dans ses Mains et
il le regarda encore et encore. Après l'avoir très bien
examiné, il l'épousseta et le replaça.
Alors il apporta une robe d'une
grande beauté, qui semblait être faite d'or fin tacheté de
différentes couleurs. Je la mis.
Il prit deux bijoux précieux, des
pendants d'oreilles, et il les plaça à mes oreilles. Il
orna mon cou et mes poignets d'un collier et de bracelets faits de
bijoux précieux.
Il plaça sur ma tête une
magnifique couronne, couverte de resplendissants bijoux.
Plus tard,
il me sembla que les joyaux
produisaient un son si beau semblaient parler
-de la Beauté, de la Puissance, de la
Bonté,
-de la Charité et de Majesté de Dieu,
-ainsi
que de toutes les vertus de l'Humanité de Jésus, mon Époux.
Il serait impossible de décrire ce
que j'entendis
pendant que mon âme nageait dans une
mer de consolations.
Comme il mettait un bandeau autour de
mon front, il me dit:
«Très douce épouse,
cette couronne qui orne ta tête t'est donnée par moi afin que
rien ne manque pour te rendre digne d'être mon épouse.
Tu me la retourneras après
notre mariage.
Je
te la redonnerai dans le Ciel, après ta mort.»
En dernier lieu, Jésus apporta un
voile avec lequel il me couvrit de la tête aux pieds.
Dans cette précieuse tenue,
-je
devins profondément pensive,
-méditant sur la pauvreté de ma
personne et sur la signification de chaque ornement dont il m'avait
parée la nuit précédant notre mariage mystique.
Je peux dire que jamais dans ma vie
je ne m'étais sentie dans une si extravagante situation.
Cela me fit ressentir le grand
fardeau que Dieu peut donner à une créature considérée comme
une amoureuse de lui.
Oh!
quelle sensation vraiment étrange habita mon esprit.
Plutôt que de ressentir la sublimité
de ce que Jésus venait d'opérer sur ma personne, je ressentais tout
l'opposé.
Je me suis sentie anéantie d'une
manière qui me faisait croire
-que j'étais hors de mon être,
et
-que j'étais morte.
Mais, dans cet état d'anéantissement,
j'eus recours à mon bien-aimé Jésus.
Dans
ma grande confusion,
je n'arrivais pas à croire que
c'était Dieu qui avait paré la plus petite de ses servantes avec
autant et de si précieux joyaux.
Il me semblait inconvenant
-que non seulement il m'ait fourni
une telle tenue,
-mais qu'encore et plus que tout,
un
Dieu ait agi comme serviteur de l'épouse qu'il a choisie, un Dieu à
qui toute créature obéit au moindre de ses signes. Ainsi je le
suppliai d'avoir pitié de moi et de me pardonner.
Pour
ce qui est de la signification des diverses parties de ma tenue,
chacune considérée séparément,je les passe sous silence, puisque je
me souviens très peu de cela maintenant, après tant
d'années.
Je dis seulement que le voile que
Jésus posa sur ma tête et qui descendait jusqu'à mes
pieds terrifia les démons qui faisaient le guet pour voir ce que
Jésus faisait sur ma personne.
Mais aussitôt qu'ils me virent vêtue
de cette manière,
-ils
étaient si effrayés et terrifiés qu'ils n'osèrent pas
s'approcher de moi ou me molester.
-Ils avaient perdu toute leur audace
et leur témérité.
Je répète ici mon refrain
habituel en disant que je trouve difficile de mettre sur papier ce
qui se passa entre Jésus et moi. J'arrive à vaincre ma
timidité seulement parce que je veux être obéissante.
Je résumerai ma narration en disant
-qu'en la vigile de la fête de
la Pureté de la Très Sainte Vierge Marie,
-moi, pauvre personne, j'étais
attirée par mon aimable Jésus, qui terrifiait totalement les démons.
Ils fuirent, et les anges de Dieu
vinrent avec d'inhabituelles vénérations pour moi,
ce qui me fit rougir comme si j'avais
commis quelque chose de mal ou de méprisable.
Ils vinrent près de moi et me
tinrent compagnie jusqu'à ce que mon aimable Jésus fût revenu.
Le
matin suivant,
Jésus, dans toute sa Majesté
et avec un Charme et une Douceur inhabituels, vint à moi,
en compagnie de la Très
Sainte Vierge Marie et de sainte Catherine (8).
Jésus demanda aux anges de chanter
une hymne céleste et belle. Pendant qu'ils chantaient, sainte
Catherine m'encourageait tendrement.
Elle prit ma main pour que Jésus
puisse placer un précieux anneau de mariage à mon doigt.
Et, dans une ineffable bonté, Jésus
m'étreignit et me baisa plusieurs fois. Ceci fut aussi fait par ma
Mère, la Très Sainte Vierge Marie.
Je fus témoin d'un céleste entretien
dans lequel Jésus parlait de l'attirance amoureuse qu'il avait pour
moi.
De mon côté, plongée dans une grande
confusion à cause de la nullité de mon amour pour lui, je lui
dis: «Jésus, je t'aime! je t'aime! Tu sais combien je t'aime!»
La Sainte Vierge m'entretint sur la
grâce extraordinaire que Jésus, mon aimable Époux,
m'accordait et elle m'exhorta à
lui rendre un tendre amour réciproque.
Jésus, mon Époux, me donna de
nouvelles règles de vie
pour
que je puisse vivre plus intimement unie à lui et le suivre de
plus près.
Pour moi, ces règles ne sont
pas faciles à expliquer techniquement.
Dans leur essentiel et dans leur
pratique quotidienne, par la grâce de Dieu, je ne les ai jamais
transgressées.
Les
voici:
Je
dois avoir un total détachement pour tout le créé, m'incluant moi-
même.
Je dois vivre
dans un parfait oubli de toute chose, pour que mon intérieur ne soit
fixé que sur Jésus.
Et je dois faire cela avec un vivant
et palpitant amour pour lui,
afin que,
réjoui de mes actions,
il
puisse trouver dans mon coeur une résidence permanente.
Il m'a dit qu'à l'exception de
lui, je ne dois jamais m'attacher à personne -- pas même
à moi-même.
Mes souvenirs sur tout et sur toute
chose ne doivent être éveillés qu'en lui, puisque toutes les
créatures ne se trouvent qu'en lui.
Pour
y parvenir, il est nécessaire
-de toujours agir dans une sainte
indifférence et
-de faire abstraction de tout ce qui
se passe autour de soi.
Je
dois toujours agir dans la rectitude et la simplicité quoiqu'il
m'arrive provenant des créatures.
Quand,
occasionnellement,
je ne mettais pas ces choses
en pratique,
mon doux Jésus me réprimandait
sévèrement en me disant:
«Si tu n'en viens pas à
un détachement à la fois effectif et affectif, tu ne seras pas
complètement investie de ma Lumière.
Si, au contraire, tu te dépouilles de
toute chose de la terre, tu deviendras comme un cristal transparent
qui permet à la plénitude de
la lumière de passer à travers lui. De cette manière,
ma Divinité, qui est Lumière, te pénétrera.»
Je
dois être détachée de moi-même et vivre uniquement et
complètement en Jésus.
Je
dois être prudente en me revêtant d'un véritable esprit
de foi.
Par cet esprit de foi, je pourrai
obtenir les moyens
-de me connaître et de me méfier de
moi-même,
-de reconnaître que, par moi-même,
je suis bonne à rien,
-d'acquérir les moyens de mieux
connaître Jésus, et
-d'avoir une plus grande confiance en
lui.
Il me dit aussi:
«Tu sortiras hors de toi-même
et tu plongeras dans l'immense mer de ma Providence, après que
tu auras appris à te connaître et à me connaître.
Ma petite épouse, parce que je suis
jaloux, je ne te permettrai pas de prendre le plus petit plaisir
ailleurs. Tu dois toujours te tenir près de ton Époux, devant
lui, pour qu'il ne puisse pas douter de toi.
Ainsi tu me donneras une domination
absolue sur toi, de telle manière que si je veux
te caresser ou t'étreindre, ou te
remplir de charismes, de baisers ou d'amour
ou même te battre, te faire de
la peine, t'infliger des punitions je le pourrai.
Par amour pour moi, et dans une
pleine liberté, tu te soumettras à tout ce que je crois
nécessaire, puisque nous avons en commun nos peines et nos joies.
Pour aucune autre raison que de nous
plaire et de nous satisfaire mutuellement, nous aurons même une
compétition pour savoir qui peut endurer le plus de souffrance.»
Il continua en disant: «Non
pas ta volonté mais la mienne doit vivre en toi pour dominer comme un
roi dans son palais royal.
Mon épouse, cela doit absolument
prévaloir entre toi et moi.
Autrement, nous aurons à
supporter la brouille d'un amour imparfait, duquel des ombres
s'élèveront sur toi et
amèneront le désagrément d'une
opération non ajustée
à la noblesse qui doit
prévaloir entre moi et toi, mon épouse.
Cette noblesse t'habitera
-si, de temps en temps, tu essayes
d'entrer dans ton néant, c'est-à-dire
-si tu atteins la parfaite
connaissance de toi-même.
Tu ne dois pas t'arrêter là,
parce qu'après que tu auras reconnu ton néant, je veux que tu
disparaisses totalement en moi.
Tu dois faire tout ce que tu peux
pour entrer dans la Puissance Infinie de ma Volonté.
Par là, tu attireras sur toi
toutes les grâces dont tu auras besoin pour t'élever en moi, afin de
-tout faire avec moi, -sans référence
à toi-même.»
Et
il continua: «À l'avenir, je veux qu'il n'y ait plus de
«tu» et de «je».
Il n'y aura pas de «je ferai» et de «tu feras».
Ces paroles disparaîtront et
seront remplacées par «nous
ferons». Tout
sera «notre».
Comme toute épouse fidèle le
ferait,
-tu feras action commune avec moi et
-tu
guideras les destinées du monde.
Toutes les personnes rachetées par
mon Sang sont devenues mes enfants et mes frères.
Et, puisqu'elles sont miennes, elles
seront aussi tes enfants et tes frères.
Et parce que tant parmi elles sont
devenues sauvages et se sont éloignées, tu les aimeras comme une
vraie mère.
Beaucoup sont aussi dévergondées:
toi comme moi, nous assumerons leurs
souffrances bien méritées.
Au prix de très durs
sacrifices, tu essayeras de les conduire à la sécurité.
Chargées des mérites de tes souffrances et arrosées de ton sang et du
mien, tu les conduiras à mon Coeur.
Quand
mon Père les verra,
-il sera non seulement miséricordieux
et indulgent mais,
-si elles sont contrites comme le bon
larron,
elles prendront rapidement
l'éternelle possession du Paradis.»
«Finalement, - dans la
mesure où tu te détacheras de tout ce qui n'est pas totalement
mien,
- tu deviendras toujours plus
plongée dans ma Volonté absolue.
Alors, grâce à la connaissance
de mon Essence
-qui,
jour après jour, deviendra plus vive en toi,
- tu acquerras la plénitude de mon
Amour.
En y mettant tout ton amour et ton
intelligence comme jamais auparavant,
tu trouveras en moi toutes les
créatures, comme dans un miroir qui réfléchit la lumière et
les images.
D'un seul regard tu les verras toutes
et tu connaîtras l'état de leur conscience.
Ensuite, comme une mère
aimante et
-dans un vrai esprit de miséricorde,
-qui est mon Esprit et celui de ma
Mère,
tu feras le sacrifice suprême
en t'immolant toi-même pour ces créatures.
Ce sacrifice sera comme un manteau
qui te couvrira comme ma véritable et fidèle imitatrice et
épouse.»
Comment puis-je décrire les
subtilités de l'Amour de mon aimable Jésus qui, avec générosité, et
même avec excès,
-contracta son mariage spirituel avec
moi et
-me donna mes nouvelles règles
de vie.
À plusieurs reprises, il
emporta mon âme avec lui dans le Paradis,
pour que je puisse y entendre les
esprits bienheureux chanter sans cesse des hymnes de gloire et de
remerciements à la Divine Majesté.
Je
contemplais les différents choeurs des anges et des saints.
Tous étaient immergés dans la Volonté
de Dieu, absorbés par son Immensité.
Comme je regardais autour du Trône de
Dieu, je vis
-plusieurs lumières
resplendissantes,
-infiniment plus resplendissantes que
le soleil.
Ceci me permit de voir et de
comprendre
-les vertus intrinsèques et
-les attributs de Dieu qui, dans leur
essence,
-sont communes aux trois Personnes
Divines.
J'étais capable de comprendre que
-des âmes bénies,
-ensemble ou en succession,
jouissent de cette lumière et
en restent ravies.
Et malgré les siècles sans fin
de l'éternité, elles ne comprennent jamais complètement Dieu.
Ceci parce que les esprits créés ne
peuvent pas comprendre
la Majesté,
l'Immensité et
la Sainteté de Dieu,
un Être incréé et
incompréhensible.
De ce que j'ai vu et appris, j'ai
aussi compris que
-les esprits angéliques et les
bienheureux participent aux vertus de la Trinité
-quand ils baignent dans cette
Lumière.
Tout
comme
-quand
nous sommes exposés à la pleine lumière du soleil,
-nous en sommes réchauffés, ainsi
-les anges et les saints en présence
du Soleil Éternel de Dieu au Paradis,
-sont investis de l'éternelle Lumière
et ainsi ils ressemblent à Dieu.
La
différence est que
Dieu
est essentiellement infini par nature,
alors que les esprits bienheureux et
angéliques sont limités
ils participent aux attributs de Dieu
seulement selon leur capacité propre et limitée.
Dieu, le Soleil Éternel et Infini,
donne tout de lui-même sans jamais rien perdre. Alors que les
créatures, qui sont essentiellement participantes,
-ressemblent au Soleil Éternel
-seulement selon la très
petite grandeur et magnitude de leur propre soleil.
J'ai nettement l'impression que tout
ce que je viens de dire est inexact et inadéquat.
Car ce que j'ai appris dans ce voyage
béni pourra certainement pas être bien compris à partir
de mes mots.
J'ai
l'impression globale de ce que j'ai perçu, mais je ne peux pas
clairement le raconter.
L'âme sort de son corps pour un bref
temps, elle est transportée dans ce Royaume béni, puis elle revient
dans la prison de son corps.
Il est impossible de raconter tout ce
que qui est vu et appris.
L'expérience d'une âme à qui
Dieu donne un exemple ce qu'il veut qu'elle comprenne, peut être
comparée à celle d'un bébé qui peut à peine balbutier
et qui est exposé à une grande performance théâtrale.
Il voudra dire beaucoup de choses de
ses impressions.
Mais
parce qu'il ne sait pas comment le dire, il a honte et reste muet.
Si ce n'était de l'obéissance,
j'aimerais mieux rester muette comme une enfant. Je ne peux que dire
absurdité après absurdité.
Je continuerai cependant en disant
que je me suis retrouvée marchant avec Jésus, mon Époux, dans cette
Patrie bénie parmi les choeurs des anges, des saints et des
bienheureux.
Parce que j'étais une nouvelle
mariée, en cercle,
ils nous faisaient la cour et
participaient en même temps que
nous aux joies de notre mariage récent. Il semblait
-qu'ils avaient oublié leurs propres
désirs et
-qu'ils
étaient intéressés seulement aux nôtres.
S'adressant aux saints,
Jésus dit:
«À cause de sa
fidélité à ma grâce, cette âme est devenue un triomphe et un
prodige de mon Amour.»
Puis
il me présenta aux
anges et
leur dit:
«Voyez
comment mon Amour pour elle a tout surpassé.»
Il me plaça ensuite dans le
siège de gloire pour lequel il m'a rendu digne.
Il me dit: «Ici
est ta place de gloire, et personne ne pourra te la prendre.»
Je croyais qu'il voulait dire que je
ne retournerais pas sur la terre.
Mais, hélas, du moment que je fus
convaincue de cela, je me suis retrouvée entre les murs de mon corps.
Comment décrire le fardeau que je
ressentis en ayant à rester à nouveau dans mon corps.
Comparées au Ciel, toutes les choses
de la terre me paraissaient comme des rebuts.
Ces choses réjouissent les sens de
quelques créatures, mais à moi elles paraissaient misérables.
Les personnes qui me sont chères
et
-pour lesquelles j'ai beaucoup de
considération,
-avec qui j'ai passé beaucoup de
temps dans des conversations gentilles et polies, maintenant me
semblaient ennuyeuses et sans intérêt.
Cependant,
quand je les regardais comme des reflets de Dieu,
mon
âme expérimentait une ombre de satisfaction et de contentement, et
j'étais capable de les tolérer.
À cause de tout cela, mon
coeur n'était pas à l'aise, mais je ne fis rien que de me
plaindre à Jésus.
-Mon désir continuel d'être au
Ciel,
-ma
souffrance intérieure, -mon ennui par rapport aux choses de ce monde,
tout rongeait mon âme. Il m'apparaissait qu'il m'était maintenant
impossible de continuer à vivre sur la terre.
Cependant mon obéissance à
Dieu dans toutes les circonstances commandait
-que je ne désire pas la mort,
-mais que je continue à vivre
sur la terre aussi longtemps que Dieu le désirerait.
Ainsi donc je m'ajustai, quand je fus
en contrôle de moi-même.
Par obéissance, je voulais rester
calme, mais je n'y parvenais pas entièrement. De temps en
temps, je perdais toute maîtrise et, je le confesse, j'échouais.
Mais que pouvais-je faire?
Il était à toute fin pratique
impossible pour moi de me contrôler.
J'expérimentais un réel martyre,
-à travers lequel je
combattais constamment,
-me servant de tous les moyens
possibles pour maîtriser mon anxiété. Mais un contrôle parfait
m'était impossible.
Mon bien-aimé Jésus me dit:
«Mon
épouse, sois calme. Qu'est-ce qui te fait tant désirer le Ciel?»
Je répondis: «Je veux toujours rester avec toi.
Je perds mon esprit quand je suis
loin de toi, ne fût-ce que pour un seul instant. Je veux te
rejoindre à tout prix.»
Alors Jésus me dit: «Très
bien, si c'est pour cette raison. Je te plairai en restant toujours
avec toi.»
Je répondis en disant:
«Je serais satisfaite si tu
faisais cela, mais tu disparais, ce qui est la même chose que
de me laisser seule. Au Ciel, il n'en est pas ainsi, parce que là,
tu ne peux pas disparaître. Mon expérience me le prouve.»
Jésus sait blaguer avec ses
créatures.
Pour
ceux qui ne le sauraient pas, je dirai comment il a blagué avec moi
plusieurs fois.
Par exemple, pendant le temps où
j'expérimentais ces anxiétés bénies,
Jésus vint à moi à
la hâte et dit:
«Veux-tu venir avec moi
maintenant?» Je répondis: «Pour aller où?»
Il
dit: «Au Ciel.»
Et moi: «Le penses-tu
réellement?»
Lui: «Oui, oui, hâte-toi
et ne tarde pas!»
Je repris: «Très bien,
allons-y, même si j'ai un peu peur que tu veuilles te moquer de
moi.»
Jésus ajouta: «Non, non,
je te le dis vraiment, allons. Je veux te prendre avec moi.»
En disant cela, il attira à
lui mon âme de telle manière que je me suis sentie sortir de
mon corps et, dans un instant, je me trouvai avec lui dans un envol
vers le Ciel. Oh! le bonheur de mon âme!
Je
croyais
-que j'allais quitter la terre de
façon permanente et
que ma souffrance par'amour pour
Jésus était seulement un rêve.
Nous arrivions dans les hauteurs des
cieux.
Je commençais à
entendre les chants harmonieux des bienheureux. Je priai Jésus de
rapidement me conduire vers ce concert céleste.
Mais, graduellement, il ralentissait
son vol pour que tout se passe plus
lentement.
Voyant cela, je commençai à
soupçonner que je n'allais pas vraiment rentrer dans la
céleste Patrie avec lui, et je me suis dit en moi-même:
«Jésus blague avec moi.»
Aussi, de temps en temps, pour me
rassurer, je lui disais:
«Cher Jésus, dépêche-toi.
Pourquoi ralentis-tu?»
Il me dit:
«Regarde
là-bas, ce pécheur tout près d'être perdu.
Descendons sur la terre encore une fois.
Essayons de rendre son âme contrite;
peut-être qu'il se convertira. Invoquons ensemble la
Miséricorde de mon Père Céleste.
Ne veux-tu pas que ce pécheur soit
sauvé? Attends encore un peu.
N'es-tu
pas prête à souffrir quelques peines pour le salut d'une
âme qui me coûta tant de Sang?»
À
ces mots,
Je m'oubliai moi-même,
j'oubliai le voyage,
Je renonçai au Ciel et aux
chants des célestes choristes Je dis à Jésus: «Oui, oui,
tout ce que tu désires.
Je
suis prête à souffrir pour que tu puisses sauver cette
âme.»
Et en un clin d'oeil il m'amena à
ce pécheur. Pour le convaincre de se rendre à la grâce,
Jésus l'informa de toutes les raisons
de se préoccuper de son salut.
Mais notre espoir fut vain.
Alors Jésus me dit tristement:
«Mon
épouse, veux-tu prendre sur toi la punition qu'il mérite?
Si
tu veux retourner dans ton corps pour y souffrir,
-la Justice divine pourra être
apaisée, et
-je pourrai faire miséricorde à
cette âme.
Comme
tu peux le voir, ni nos paroles, ni nos raisons ne l'ont ébranlé.
Pour nous, il n'y a rien à faire que de souffrir la
punition qui lui est due.
« La souffrance est la voie la
plus puissante pour satisfaire la Justice divine et faire accepter la
grâce de la conversion par le pécheur.»
Je consentis à la requête
de Jésus, et il me ramena promptement à mon corps.
Je ne peux pas décrire les
souffrances que j'expérimentai quand je repris contact avec mon
corps. Ce dernier sembla s'objecter au retour de mon esprit et me fit
me sentir toute dilatée.
Au même moment,
-mon âme se sentit oppressée et sans
vie,
-comme si je suffoquais et que j'en
étais à ma dernière respiration.
Je n'arrivais pas à porter
cela. Jésus était le seul témoin de tant de souffrance.
Lui seulement pourrait décrire les
souffrances atroces et extrêmes
que mon âme et mon corps endurèrent.
Après quelques jours de
souffrance, Jésus me laissa percevoir la conversion de ce pécheur,
avec son âme déjà sauvée.
Jésus alors me dit:
«Es-tu aussi heureuse que je le suis?»
«Oui, oui!» lui
répondis-je.
Je ne peux pas dire combien de fois
Jésus répéta ces blagues.
Une fois, il me fit entrer dans le
Paradis seulement pour me dire peu après:
«Tu as oublié de demander à
ton confesseur qu'il te donne la permission de venir avec moi.Tu dois
donc retourner à ton corps pour recevoir cette permission.»
Je lui dis: «Quand mon âme
était dans mon corps et que j'étais sous la direction de mon
confesseur, je devais lui obéir.
Mais
puisque tu es le premier parmi les confesseurs et que je suis avec
toi, toi mon Époux, je relève maintenant uniquement de toi.»
Jésus me répondit calmement:
«Non, non, mon épouse, je veux
que tu obéisses à ton confesseur pour tout.»
Il me fit ainsi retourner à
mon corps bien des fois.
Ses blagues créaient parfois en moi
des ressentiments, et même de l'amertume et de l'impertinence.
Alors Jésus les répétait moins
souvent. Néanmoins, j'étais continuellement au lit,
-expiant pour les pécheurs,
-avec des périodes d'anxiété causées
par mon désir d'aller au Paradis
avec mon Époux Jésus.
Ce désir alternait avec celui de le
garder toujours avec moi sur la terre,
pour m'éviter d'avoir à aller
au Ciel
juste pour revenir ensuite à
mon corps. J'étais constamment martyrisée.
Un matin, après une période de
trois ans, (9) Jésus me fit comprendre
-qu'il
voulait ratifier le mariage qu'il avait effectué avec moi sur
la terre,
-mais cette fois dans le Ciel avec la
sanction du Père et du Saint-Esprit et
-à la vue de toute la Cour
céleste.
Il m'avisa de me préparer pour cette
grâce singulière.
Pour lui obéir je fis ce que je
pouvais par moi-même.
En vérité, cependant, puisque j'étais
si misérable et inapte à faire correctement les choses,
-je le priai, lui qui est le plus
grand des artisans,
-pour qu'il préside lui-même à
ce travail de sainte purification. Autrement, je n'aurais jamais
réussi à faire ce qu'il me demandait.
Cette très grande grâce me fut
accordée à la vigile de la Nativité de la Sainte Vierge Marie
(10).
Voici comment.
Ce matin-là, mon toujours
aimable Jésus vint en hâte, afin de me préparer pour ce qu'il voulait
de moi.
Il
me parla de la foi.
Et pendant qu'il parlait, il me
laissa à moi-même.
Je ne sais pas pourquoi: il allait et
venait continuellement. Pendant qu'il me parlait,
-je me suis sentie pénétrée d'une
telle foi vive
-que mon âme, si compliquée jusque
là, devint si simple qu'elle pouvait atteindre Dieu.
Ainsi, maintenant, j'admirais
-la Puissance de Dieu,
-sa Sainteté et
-sa Bonté,
et tous ses autres attributs.
Profondément touchée et dans une mer
de stupeur, je dis:
«Dieu Tout-Puissant, qu'est-ce
que ton Omnipotence ne pourrait résoudre? Ô Sainteté sublime de Dieu,
quelle
autre sainteté, si haute soit-elle, pourrait oser paraître devant
toi?»
Considérant ma misère et mon
néant,
-je me suis vue comme un minuscule
microbe recouvert d'une fine poussière,
-pouvant être rapidement
anéanti par un ver.
Je ne voulais plus paraître devant la
vertigineuse Majesté de Dieu.
Mais, comme un aimant, sa Bonté
infinie m'attira à lui, et mon âme s'écria:
«Oh!
-quelle Sainteté,
-quel Pouvoir et
-quelle Miséricorde habitent Dieu,
lui qui nous attire avec une si
grande Bonté!»
Il me sembla
-que sa Sainteté l'enveloppait,
-que sa Puissance le soutenait,
-que sa Miséricorde l'émouvait et
-que
sa Bonté l'animait du dedans et l'immergeait totalement.
Je considérai chacun de ses attributs
individuellement Je sentis que
-tous avaient la même valeur
pour l'esprit humain -
-tous également incompréhensibles et
incommensurables.
Pendant
que j'étais plongée dans ces hautes réflexions,
mon Jésus
continua à
me parler de la
foi en me
disant que,
-pour obtenir la foi, il est
nécessaire de croire Puisque sans croyance, il ne peut y avoir de
foi.
Chez l'homme la tête qui dirige
tous ses actes.
Ainsi, à la tête de
toutes les vertus, il y a la foi qui contrôle tout le reste.
Comme
la tête privée du sens de la vue
ne peut faire échapper l'homme aux
ténèbres et à la confusion.
Ainsi l'âme sans la foi ne peut rien
et s'expose à toutes sortes de dangers.
Si la tête privée de la vue
veut diriger l'homme,
-elle pourrait bien le conduire
-où il ne voudrait pas aller
s'il avait la vue.
Comme
-la vue sert à guider l'homme
dans chacun de ses actes,
-la foi est une lumière qui
illumine l'âme, sans quoi on ne peut voyager sur le chemin qui mène
à la vie éternelle.
Pour avoir la foi, trois choses sont
nécessaires:
-avoir sa semence en soi,
-que
cette semence soit de bonne qualité, et
-qu'elle se développe.
Nous savons que c'est le Seigneur qui
jette la semence en nous.
Puisque nous ne pouvons pas penser à
quelque chose si nous n'avons pas d'abord quelque connaissance sur
elle,
nous devons être reconnaissants
envers ceux qui nous informent sur les choses de la foi.
La qualité de cette information n'est
pas sans importance. Celui qui enseigne doit être habité par ce
qu'il enseigne.
Si l'enseignement est falsifié, il
falsifiera le récipiendaire.
Quand nous sommes assurés de la
qualité de nos connaissances,
notre foi a besoin d'être nourrie
pour
qu'elle puisse grandir et se développer.
Avec
nos efforts, elle se développe jusqu'à maturité.
Elle produit la vertu
d'espérance,
-la sainte espérance,
-soeur
de la foi.
L'espérance
-dépasse la foi et -est l'objet de la
foi.
En examinant tout à partir du
commencement,
je peux dire que quand Jésus me
parla de l'espérance,
Il me fit comprendre que cette vertu
-fournit à l'âme une couche
protectrice
-qui la rend imperméable aux flèches
de l'Ennemi.
Par la vertu d'espérance,
l'âme accepte tout ce qui lui arrive
avec paix,
parce
qu'elle sait que tout est décrété par Dieu, qui est son plus
grand Bien.
Comme
c'est merveilleux de voir l'âme habitée par la belle vertu
d'espérance,
-ne se faisant pas confiance à
elle-même,
-mais uniquement à son
Bien-Aimé,
-ne
s'appuyant que sur lui.
Pendant qu'elle affronte ses pires
ennemis,
-l'âme reste reine de ses passions
-avec simplicité et prudence.
Tout est en ordre dans son intérieur.
Même Jésus est charmé.
La voyant opérer avec une ferme
espérance,
-toujours plus courageuse,
-forte et invaincue,
-triomphante de tous les obstacles et
de tous les dangers, Jésus lui accorde de nouvelles grâces.
Pendant que Jésus m'enseignait ainsi,
il communiqua à mon
intelligence beaucoup de lumière.
Pendant que j'étais complètement
immergée par cette lumière et
que je réfléchissais pour trouver de
quelle manière la belle vertu d'espérance nous aide, cette
lumière se retira de moi.
Je
ne peux pas dire combien de choses j'ai comprises.
Je dirai simplement que toutes les
vertus servent à embellir l'âme. Cependant, par elle-même,
l'âme n'a pas en elle les semences.
Après être nées et avoir
grandi en elle, les vertus lient l'âme fermement à Dieu.
L'espérance dit à l'âme:
«Rapproche-toi
de ton Dieu et tu seras illuminée par lui. Approche-le et tu seras
purifiée par lui, etc.»
Quand l'âme est investie de la sainte
espérance, chaque vertu y devient ferme et stable.
Comme une montagne, elle ne peut pas
être affectée
par les intempéries, la chaleur du
soleil, les vents violents,
par les lacs qui débordent et les
rivières qui inondent par les grandes masses
de neige fondante.
L'âme
habitée par l'espérance ne peut pas être dérangée
-par les tribulations, les
tentations,
-la pauvreté ou les infirmités.
Aucun incident de la vie ne l'effraie
ni ne la décourage, même pour un instant. En elle-même
elle se dit:
«Je
peux tout tolérer.
Je peux tout souffrir et tout
faire, car j'espère en Jésus.»
La sainte espérance rend l'âme
-presque toute-puissante et immobile,
-presque
invincible et immuable.
Car, à travers cette vertu,
notre toujours aimable Jésus
accorde la
persévérance à
l'âme
jusqu'à ce qu'elle prenne
possession du Règne éternel de Dieu au Paradis.
Comme j'immergeais mon esprit dans
l'immense mer de la divine espérance, mon bien-aimé Jésus me
réapparut et me parla de la charité, la plus grande des
trois vertus théologales.
Quoique
les trois soient distinctes, la charité doit fraterniser avec les
deux autres comme si les trois n'en formaient qu'une.
La contemplation d'un feu donne une
bonne idée des trois vertus théologales s'unissant pour n'en former
qu'une.
La
première chose que l'on observe quand on allume un feu, c'est
la lumière qui baigne les alentours.
Cette lumière peut
symboliser la foi infusée dans l'âme au baptême. Ensuite on
ressent la chaleur distribuée tout autour (l'espérance).
Petit
à petit, la lumière commence à faiblir, presque
à s'éteindre, mais la chaleur du feu acquiert plus de vigueur
jusqu'à ce que le feu soit entièrement consumé. (11)
Ainsi
en est-il des trois vertus théologales.
La foi s'active dans l'âme à
la première information reçue sur l'Être Suprême.
Ensuite, grâce à la montée continuelle de l'âme vers Dieu, son
plus grand Bien, la foi grandit et se développe.
L'âme acquiert de Dieu la lumière
intellectuelle, qui émane des divers attributs de Dieu. Illuminée par
sa foi, l'âme essaie de choisir le meilleur chemin pour parvenir à
son plus grand Bien, qui est Dieu.
Pleine d'espérance, elle passe d'une
montagne à l'autre, traverse vallées et plaines, passe à
travers lacs et rivières, navigue à la voile à
travers les mers les plus grandes et les plus profondes pendant des
mois et des années; tout cela dans le seul but d'acquérir la
possession de son Dieu.
Le désir dirigé vers la possession de
Dieu est appelé la charité; et ses deux soeurs sont la foi et
l'espérance.
Jésus me dit:
«Mon
épouse bien-aimée, observe pourquoi,
-en
traitant des trois vertus théologales de foi, d'espérance, et de
charité,
-je n'ai pas parlé de la Trinité
des Personnes divines
que tu acquerras sûrement et en
permanence:
Elles resteront avec toi
perpétuellement et sans faillir.»
Après quelques minutes,
mon adorable Jésus m'apparut encore
une fois et Il me dit
«Mon épouse,
si la
foi est lumière
pour l'âme et lui
sert de vision,
l'espérance
est la
nourriture de la foi,
donnant à l'âme l'énergie et
l'ardent désir d'acquérir le bien qui est vu par les yeux de la foi.
L'espérance
-donne aussi à l'âme le
courage d'affronter des tâches difficiles
-dans
la tranquillité d'esprit et dans une paix parfaite.
Elle l'aide à
persévérer dans
la recherche
-de toutes les voies possibles et
-de tous les moyens d'arriver à
un bon résultat.»
La charité, quant à
elle, est la substance de laquelle
la lumière de la foi et
la nourriture de l'espérance
émergent.
Quelqu'un ne peut avoir
-ni
la foi
-ni l'espérance
-s'il n'a pas la charité.
De la même manière que
personne ne peut avoir
-la chaleur et
-la
lumière sans le feu.
Comme
un baume rafraîchissant,
-la charité se dilate et pénètre
partout,
-amenant à maturité les
visions de la foi et les désirs de l'espérance.
Dans sa douceur,
-elle rend la souffrance douce et
parfumée, et
-elle va aussi loin que de rendre
l'âme désireuse de souffrir.
L'âme qui possède une vraie
charité,
-opérant
dans l'Amour de Dieu,
-reçoit de Dieu une fragrance
céleste.
Si les autres vertus rendent l'âme
presque solitaire et peu sociable, la charité, étant une substance
qui répand la lumière, la
chaleur et une très douce fragrance,
-répand chez les autres un baume
-ayant
plus que des effets aromatiques:
et il unit et fusionne les coeurs.
C'est ce qui permet à l'âme de
souffrir les plus intenses tourments avec joie.
L'âme, transformée par l'amour,
n'est plus capable de vivre sans souffrir.
Quand elle est privée de souffrance,
elle s'exclame:
«Ô mon Époux, Jésus, tu me
soutiens avec des fleurs. Accorde-moi l'amertume de la pomme qu'est
la souffrance.
Mon âme languit pour toi et ne peut
être satisfaite si ce n'est dans ta douce souffrance.
Ô Jésus, donne-moi tes plus dures
souffrances.
Mon
coeur ne peut plus te voir tant souffrir à cause de l'Amour
ardent et passionné que tu as pour chacun de nous!»
Ensuite Jésus me dit:
«Ma Charité est un feu
qui brûle et consume.
Et quand elle prend racine dans une
âme, elle fait tout. Elle n'attache aucune importance aux vertus
elle-mêmes.
La charité convertit et garde les
vertus intimement unies à elle. Ce qui en fait la reine de
toutes les vertus.
Elle règne sur chacune et les
domine toutes.
Elle ne peut jamais transférer sa
suprématie aux autres.»
Je ne peux pas décrire ce qui était
derrière les douces et attirantes Paroles de Jésus. Je peux
seulement dire qu'elles attisèrent en moi
un désir de souffrir qui semblait
presque naturel
une faim pour toutes les sortes
de souffrances.
À partir de ce moment, j'ai
considéré comme une grande infortune que d'en être privée.
Par la suite, je fis mes méditations
coutumières sur ce que Jésus m'avait dit. Et encore une fois,
il se présenta à moi et me dit:
«Mon épouse,
il est nécessaire que tu aies les
prédispositions d'esprit
qui t'amènent à être
plus portée à l'anéantissement de toi-même .
Ceci
doit précéder ta grande inclination à souffrir de plus en
plus. Sache que l'anéantissement de toi-même
-te mérite non seulement la grâce de
souffrir,
-mais dispose ton âme à
bien souffrir.
Il servira de manteau à ta
souffrance .
Il remplacera pour toi les
souffrances les plus aiguës.
Le désir de souffrir apporte ta vraie
et réelle souffrance.»
Ce doux discours de Jésus imprégna
dans mon âme les vérités qu'il m'enseignait. Et j'étais plus que
jamais excitée du désir ardent de devenir totalement sienne, en
accord avec sa Volonté.
Il
revint et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il m'attira
hors de moi- même.
Mon âme suivit la charmante attirance
de son Amour.
A ses côtés, elle surmonta toutes les
difficultés en traversant les cieux.
Sans même avoir remarqué
qu'elle avait quitté la terre, mon âme se trouva en Paradis,
en présence de la
Très Sainte Trinité et
de toute la Cour céleste,
pour le renouvellement du mariage
mystique entre Jésus et mon âme, lequel avait déjà été célébré
sur la terre
au jour de la Pureté de la Vierge
Marie, en présence de Marie elle-même
qui, avec sainte Catherine,
assistaient à cette première célébration.
Onze mois plus tard, en la fête
de la Nativité de la Très Sainte Vierge (12), Jésus voulait
pour ce mariage la sanction des trois Personnes Divines.
Il présenta un anneau de trois
pierres précieuses
-- une blanche, une rouge et une
verte --
Il le donna au Père qui bénit
cet anneau et le redonna à son Fils.
Le
Saint-Esprit tint ma main droite, et Jésus plaça l'anneau à
mon annulaire.
À ce moment,
l'une après l'autre,
les trois Personnes Divines me
donnèrent le baiser ainsi qu'une bénédiction particulière.
Comment décrire la confusion
-que je ressentis
-quand je me suis trouvée en présence
de la Très Sainte Trinité pour cette cérémonie.
Je peux seulement dire que
de
me trouver devant la Trinité et
tomber face contre terre
fut pour moi un seul et même
geste.
Je
serais restée prosternée de cette manière indéfiniment si
Jésus, l'Époux de mon âme, ne m'avait pas encouragée
-à
me relever et
-à rester debout en leur
présence.
Mon coeur ressentit
-une grande jubilation, et
-en même temps une crainte
respectueuse
devant une telle majesté, au milieu
de cette Lumière éternelle émanant de l'Essence et de la
Sainteté de Dieu,
le Père, le Fils, et le
Saint-Esprit.
Le
langage humain, parlé ou écrit, est incapable de faire comprendre
toutes les impressions divines qui touchèrent mon âme à
ce moment.
En conséquence, il est pour moi
-préférable de garder sous silence
certaines autres choses,
-pour ne pas gaffer davantage.
Je vais maintenant vous parler de ce
qui arriva quand mon âme revint dans mon corps. Je vous parlerai
aussi de celui qui me tint captive dans le charme de ce qui venait de
m'arriver.
Je
sentis en moi les souffrances d'une personne en train de mourir.
Quelques jours plus tard, Jésus me
ranima complètement. Je me souviens qu'en recevant la Sainte
Communion,
-j'ai
perdu la sensation de mon corps et
-que, par mon âme, j'ai perçu
être en présence de la Sainte Trinité telle que je l'avais vue
au Paradis.
Mon âme
-se prosterna immédiatement en
adoration et
m'amena à confesser mon néant.
Je
me suis sentie m'écrouler complètement. Je pouvais à
peine dire un mot.
La voix d'une des trois Personnes
me dit:
«Prends courage et ne sois
pas effrayée.
Nous sommes prêts à
t'accepter comme nôtre et à prendre une possession totale de
ton âme.»
Pendant que j'entendais cette voix,
j'ai vu la Sainte Trinité
-entrer en moi et
-prendre
possession de mon coeur en disant:
«Dans ton coeur nous ferons
notre demeure permanente.»
Je ne peux pas décrire le changement
qui s'établit en moi.
Je me suis sentie comme si j'avais
été évincée de moi-même, c'est-à-dire comme si je ne
vivais plus en moi-même.
Très
assurément, les Personnes Divines vivaient en moi et moi en elles. Il
semblait que mon corps était devenu leur demeure
la demeure du Dieu Vivant.
Je ressentais la présence royale des
trois Personnes Divines qui, sensiblement, agissaient à
l'intérieur de moi.
Je pouvais entendre leurs Voix
clairement, mais comme résonnant au-delà de moi.
Tout se passait comme s'il y avait
des personnes dans une pièce voisine et que,
-soit à cause de la proximité,
-soit à cause de l'intensité des voix,
je pouvais entendre clairement tout
ce qu'elles se disaient entre elles.
Ensuite mon bien-aimé Jésus me dit
que
je devrai le chercher pour chacun de
mes besoins,
pas
à l'extérieur de moi, mais à l'intérieur de moi.
Parfois, quand il était à
l'extérieur de moi je l'appelais. Alors il me répondait promptement
Nous nous parlions comme deux
personnes se parlent l'une à l'autre.
Cependant, je dois confesser qu'il se
dissimulait parfois si bien que je ne pouvais même pas le
ressentir. Alors j'aurais parcouru le ciel, la terre et les mers pour
le retrouver.
Une fois, par exemple, alors que je
le cherchais intensément dans les larmes et l'anxiété,
Jésus me fit entendre sa Voix en mon
intérieur et me dit:
«Je suis ici avec toi. Ne
regarde pas ailleurs pour me trouver. Je me repose en toi et je
veille sur toi.»
Alors, entre la surprise et la joie
de l'avoir trouvé en moi, je lui ai dit:
«Jésus, mon Bien,
-pourquoi m'as-tu laissée parcourir
les cieux, la terre et les mers à te chercher
ce matin,
-alors
que, pendant tout ce temps, tu étais à l'intérieur de moi?
Pourquoi n'as-tu pas dit au moins «je
suis ici»,
pour m'éviter de m'épuiser à
te chercher où tu n'étais pas?
Vois,
mon doux Bien, ma chère Vie, comme je suis fatiguée. Je me
sens faible. Tiens-moi dans tes Bras. Je me sens comme si j'allais
mourir.»
Alors, Jésus me prit dans ses Bras
pour que je puisse me reposer et recouvrer mon énergie perdue.
À une autre occasion, alors
que Jésus était caché en moi et que je le cherchais,
-il me laissa le voir à
l'intérieur de moi et -ensuite il sortit de mon coeur.
Dès l'instant d'après,
je vis les trois Personnes Divines
-sous la forme de trois très
charmants bébés
-avec un seul corps et trois têtes
distinctes,
-dans une singulière et très
attirante beauté.
Je ne peux pas décrire mon bonheur,
spécialement
parce que ces trois bébés me permettaient de les tenir dans mes bras.
J'embrassais
chacun d'eux, et ils me retournaient mes baisers.
-L'un s'appuyait sur mon épaule
droite,
-un autre sur mon épaule gauche, et
-le troisième restait entre
les deux.
Combien je me réjouissais de cette
grande merveille
-qui m'était offerte par mon Dieu,
-à moi infime créature!
Si j'en regardais un, j'en voyais
trois.
Quand j'en tenais un dans mes bras,
soudain j'en tenais trois. Que j'en aie tenu un ou trois, la
pesanteur semblait être la même. Je ressentais beaucoup
d'amour pour les trois.
J'étais
attirée autant vers l'un que vers les trois ensemble.
Je vois que j'ai beaucoup parlé, mais
j'aurais vraiment préféré passer toutes ces choses sous silence.
Cependant, puisque je dois obéir à celui qui dirige mon âme,
je vais continuer.
Je poursuivrai en disant que Jésus me
parlait souvent de sa Passion. Il essayait de prédisposer mon âme à
l'imitation de sa Vie.
Une fois il me dit:
«Mon épouse, en plus du mariage
déjà fait, un autre reste à faire: le mariage avec la
Croix. Sache que les vertus deviennent douces et aimables quand elles
sont évaluées et fortifiées à l'ombre de la Croix.
Avant que je vienne sur la terre, la
souffrance, la pauvreté, la maladie et tous les genres de croix
étaient vus comme des infamies.
Mais, ayant été vécue par moi, la
souffrance fut sanctifiée et divinisée. Son apparence changea: elle
devint douce et gratifiante.
Une âme qui reçoit cette bonne
chose de moi est plus qu'honorée, parce qu'elle reçoit mon
endossement et devient enfant de Dieu.
Celui qui ne regarde la croix qu'en
superficie expérimente l'opposé.
Il trouve la croix amère et il
commence à se plaindre, vu qu'il la perçoit comme un
mal. Mais quand il la reçoit comme un bien, elle crée en lui
la joie.»
Et
il ajouta:
«Mon épouse, je ne désire rien
de plus que de te crucifier comme avant, en ton âme et en ton corps.»
Après que Jésus m'eut dit
cela, j'ai senti en moi une telle infusion du désir d'être
crucifiée avec lui que je lui ai dit: «Mon Jésus, mon Amour,
vite crucifie-moi avec toi!»
Et je me suis dit:
«Quand il reviendra, la
première chose que je lui demanderai,
celle que je considère comme
la plus importante,
sera la souffrance pour mes péchés et
la grâce d'être crucifiée avec lui. Et il me semble que je
serai satisfaite, car par la crucifixion, je pourrai tout obtenir.»
Finalement, un matin, mon bien-aimé
Jésus m'apparut sous la forme de Jésus Crucifié. Il me dit que
vraiment il me voulait crucifiée avec lui
Pendant qu'il disait cela, j'ai vu
-des
rayons de lumière émaner de ses Plaies sacrées, et
-des clous se diriger vers moi.
À ce moment, mon désir d'être
crucifiée par Jésus fut si grand que je me sentis consumée par
l'amour de la souffrance.
Cependant, je fus subitement saisie
d'une grande peur qui me fit trembler de la tête aux pieds.
Je faisais l'expérience d'un grand
anéantissement de moi-même
Je me suis sentie indigne de recevoir
une grâce aussi rare que celle-là. Et je n'osais plus dire:
«Seigneur crucifie-moi avec toi.»
Mais Jésus semblait attendre mon
consentement avant de m'accorder cette si singulière grâce. Je
fus tourmentée par cela pendant quelque temps.
Mon
âme ressentait un ardent désir de demander cette grâce En même
temps, un sentiment d'indignité m'habitait.
Ma nature était secouée et tremblait
Effrayée, elle hésitait à
demander à Jésus la crucifixion.
Pendant
que j'étais dans cet état, mon bien-aimé Jésus m'incitait mentalement
à accepter cette grâce.
Connaissant
sa Volonté, je repris courage et lui dis:
«Mon Saint Époux et mon Amour
Crucifié, je te supplie de m'accorder la grâce d'être crucifiée
avec toi. Je te demande aussi qu'il n'y ait aucun signe visible sur
moi de cette grâce.
Oui,
-donne-moi rapidement chacune de tes
souffrances,
-donne-moi
tes plaies,
mais ne dévoile pas tout ce qui
m'arrive aux autres. Que ce soit entre toi et moi seulement.»
Cette
grâce me fut accordée.
Bientôt, des rayons de lumière
et des clous partirent de Jésus Crucifié et
-vinrent
me blesser,
-pénétrant mes mains et mes pieds.
Et un autre rayon de lumière,
plus resplendissant, accompagné d'une lance, vint
transpercer mon coeur.
Je ne peux pas décrire le bonheur et
la douleur simultanés - douleur plus grande que toutes mes autres -
que je ressentis à cet heureux moment.
Aussi grands qu'étaient plustôt ma
peur et mon tremblement, la paix et le contentement que
j'expérimentais maintenant étaient encore plus grands.
Ma souffrance était si intense que je
croyais que la douleur dans mes mains, mes pieds et mon coeur
annonçaient ma mort.
J'ai senti les os de mes mains et de
mes pieds être brisés en tout petits morceaux. J'ai senti la
pénétration des clous dans chaque blessure.
Je confesse que le doux contentement
obtenu par ces Plaies ne peut être décrit par des paroles.
Mon émerveillement augmentait en
intensité en même temps que la puissance de la douleur qui,
-non seulement me faisait me sentir
mourante, mais,
-en même temps, me revigorait
et
-me faisait sentir que je n'étais pas
mourante.
Et rien n'apparaissait à
l'extérieur de mon corps qui, cependant, subissait des spasmes et des
douleurs aiguës.
Mon confesseur vint et m'interpella
en vertu de l'obéissance.
Il libéra mes bras paralysés par une
pression nerveuse. Mentalement je ressentais des douleurs où
les rayons et les clous avaient pénétré.
Mon confesseur commanda en vertu de
l'obéissance que tout cesse immédiatement. En vérité, la douleur
intense qui m'avait rendue inconsciente, cessa immédiatement.
Oh! quel miracle la sainte obéissance
entraîna pour moi.
Combien de fois je me suis ainsi
trouvée en collusion avec ma soeur la mort.
Par l'obéissance, Jésus
-guérit tous les spasmes et douleurs
de mort qui m'habitaient, et
-rapidement, restaura ma vie.
J'admets honnêtement que si ces
souffrances n'avaient pas été mitigées par mon confesseur, j'aurais
eu de la difficulté à m'assujettir à elles.
Puisse le Seigneur être
toujours béni pour avoir accordé à ses ministres le pouvoir
d'enlever à la mort ses proies.
Et j'espère que tout cela a
toujours été pour la plus grande Gloire de Dieu et le salut des âmes.
Je dois aussi signaler que pendant
que je vivais ces souffrances mortelles, les choses mentionnés plus
haut ne laissaient aucune trace sur mon corps.
Quand je retombais dans ces
souffrances, je voyais les Plaies de Jésus clairement imprimées sur
mon corps.
Il semblait que les Plaies de Jésus
Crucifié, qui avaient été infligées sur mes mains, mes pieds et mon
coeur, étaient les mêmes que celles de Jésus.
Ce que je viens de dire décrit
-mon mariage avec la Croix et
-les douleurs souffertes dans ma
première crucifixion.
J'ai vécu tant d'autres crucifixions
dans les années subséquentes qu'il m'est impossible de les
énumérer toutes.
Mais,
puisque je dois en parler, je raconterai les principales et les plus
rapprochées, jusqu'à l'année 1899.
Chaque fois que Jésus revenait à
moi après m'avoir fait souffrir la crucifixion, je lui
répétais invariablement:
«Mon
bien-aimé Jésus, donne-moi de vraies douleurs pour mes péchés afin
-qu'ils soient consumés par le
chagrin et la contrition de t'avoir offensé, et
-qu'ils soient effacés de mon âme et
de ta mémoire.
Permets à mes souffrances de
surpasser chaque affection que j'ai nourrie pour le péché, afin que,
-lorsque mes péchés seront éliminés
et détruits,
-je puisse plus intimement me presser
contre toi.»
Une fois, après que j'eusse
demandé une telle grâce à Jésus, il me dit aimablement:
«Puisque
tu es si peinée de m'avoir offensé, je veux te préparer moi-même
pour l'expiation. Ainsi tu pourras comprendre la laideur du péché et
l'intensité de la douleur causée à mon Coeur.
Dis ces paroles avec moi:
«Si je traverse l'océan,
même si je ne te vois pas, tu es toujours dans l'océan. Si je
foule le sol, tu es sous mes pieds. J'ai péché!»
Puis, en murmurant et presqu'en
pleurant, il ajouta:
«Je t'ai quand même
aimée et préservée!»
Après que Jésus m'eut dit ces
paroles, j'ai commencé à comprendre beaucoup de choses qu'il
m'est impossible d'exprimer.
Je peux dire que ce fut seulement
alors
-que j'ai apprécié l'Immensité et la
Grandeur de Dieu,
-ainsi
que sa Présence dans toute chose.
Grâce à ses attributs, pas
même une ombre de mes pensées n'échappe à Dieu. Mon
néant, comparé à sa grande Majesté, est moins qu'une ombre.
Dans les mots «j'ai
péché», j'ai
compris
la laideur du péché,
-sa
malice et sa témérité,
ainsi que l'énorme affront qui est
fait à Dieu par seulement un moment de satisfaction et de
plaisir.
En entendant les paroles
«je t'ai quand même
aimée et préservée»,
je fus saisie de fortes souffrances
et je me suis sentie sur le point de mourir.
Il me fit sentir l'immensité de
l'Amour qu'il avait pour moi, même si, par une simple
action mauvaise, je l'ai rabaissé au niveau d'un plaisir, par lequel
je l'ai offensé et presque tué.
«Ô Seigneur,
puisque
j'ai été ingrate et mauvaise envers toi, et que tu as été si bon pour
moi, aie pitié de moi
-en me faisant toujours ressentir la
contrition de mes péchés,
-dans la mesure de l'amour que tu as
et que tu auras toujours pour moi.»
Au moment où mon très
aimable Jésus me fit comprendre combien il y avait de malice
-dans le péché et
-dans ceux qui le commettent, j'ai
compris que,
par malice et ingratitude,
l'homme ose considérer Dieu comme
valant moins qu'un très vil plaisir.
Même
-si j'étais soucieuse d'éviter la
moindre transgression,
-j'avais toujours peur de l'ombre
même d'un péché
qui pourrait momentanément se
présenter à mon esprit.
Je ressentais tant de dégoût et
d'embarras pour les péchés de mon passé que je croyais être la
pire de toutes les pécheresses.
Aussi, quand apparut mon Jésus, je
n'ai fait que
-lui demander plus de souffrances
pour mes péchés
-ainsi que l'actualisation de sa
promesse de crucifixion.
Un matin, alors que je ressentais
d'une manière plus aiguë que d'habitude le désir de toujours
souffrir davantage, mon très aimable Jésus vint. Il m'attira
hors de mon corps et transporta mon âme vers un homme qui, à
l'aide d'un fusil, venait d'être attaqué, et était sur le point
de mourir et de perdre son âme.
Alors
Jésus me fit pénétrer en lui en me faisant comprendre le chagrin de
son Coeur pour la perte appréhendée de cette âme.
Si on savait à quel point
Jésus souffre pour la perte d'une âme, je suis sûre qu'on
ferait tout son possible pour en sauver une de la damnation
éternelle.
Alors que j'étais avec Jésus pendant
cette rafale de balles, il me serra très fort sur lui et
murmura à mon oreille:
«Mon épouse, veux-tu
-t'offrir comme victime pour le salut
de cette âme et
-prendre sur toi toutes les
souffrances qu'il mérite pour ses graves péchés?»
Je
répondis: «Très certainement, mon Jésus.
Place sur moi tout ce qu'il mérite,
pourvu qu'il soit sauvé et que tu le ramènes à la vie.»
Ensuite Jésus me fit revenir à
mon corps et je me suis sentie immergée dans des souffrances si
grandes que je ne pouvais pas comprendre comment je pouvais survivre.
Après être restée dans
cet état de souffrances pendant plus d'une heure, Jésus fit en sorte
que mon confesseur vienne à moi et me réanime.
Quand il me demanda ce qui m'avait
causé cette grande souffrance,
je lui ai raconté tout ce que j'avais
vu et vécu pendant ce temps très court et j'ai
pointé la partie de la ville où
le meurtre s'était produit.
Il me confirma par la suite que ce
meurtre avait bel et bien eu lieu à l'endroit exact que je lui
avais indiqué et m'a dit que tous croyaient l'homme mort.
Je lui ai dit qu'il ne pouvait pas
être mort, parce que Jésus m'avait promis qu'il épargnerait son
âme et le garderait en vie.
En vérité, j'ai intercédé fortement
auprès de Dieu pour qu'il empêche que son esprit quitte
son corps. Il fut confirmé plus tard qu'il avait survécu et que
lentement il avait recouvré la santé. Il vit maintenant. Que Dieu
soit béni!
En ce qui a trait à mon très
grand désir d'être crucifiée avec Jésus, par amour pour lui et
pour l'expiation pour mon passé, Jésus vint à moi et, comme
précédemment, il fit sortir mon âme de mon corps.
Il
me transporta à la place sainte où il souffrit sa
douloureuse Passion et Il me dit:
«Mon
épouse, si chacun savait
-l'incommensurable bien qu'est la
Croix et
-comment elle rend l'âme précieuse,
chacun désirerait ce bien et le
considérerait comme indispensable, comme un joyau d'une valeur
inestimable.
Quand
je suis descendu du Ciel sur la terre, je n'ai pas choisi les
richesses du monde. Mais j’ai considéré plus digne et plus
méritoire de choisir les soeurs de la Croix: -la pauvreté,
-l'ignominie et-la souffrance la plus brutale.
Et pendant que je les portais,
-je désirais ardemment que le temps
de ma Passion et de ma Mort arrive au plus tôt, puisque par elles
j'allais opérer le salut des âmes.»
Pendant
qu'il me parlait, Jésus me fit ressentir la joie qu'il éprouvait en
souffrant. Ses paroles allumèrent dans mon coeur un ardent
désir de souffrir.
Je ressentis un saint transport
d'émotion et un désir d'être semblable à lui, le
Crucifié.
Avec le peu de voix et de force que
j'avais en moi, je le suppliais en disant:
«Saint Époux, donne-moi la
souffrance et donne-moi ta Croix pour que je puisse mieux connaître
combien tu m'aimes.
Autrement je serai toujours dans
l'incertitude par rapport à ton Amour pour moi. J'ai renoncé à
tout pour toi!»
Par la suite, dans la joie plus que
jamais à cause de ma supplication, Jésus me permit de
m'étendre sur une des croix qui se trouvaient là.
Quand je fus prête, je l'ai
supplié de me crucifier.
Affectueusement il prit un clou et
commença à l'enfoncer dans ma main. De temps en temps,
il me demandait:
«Est-ce que ça fait trop
mal? Veux-tu que je continue?»
«Oui, oui, continue Bien-Aimé,
malgré ma douleur. Je suis tellement contente que tu me crucifies.»
Quand il commença à
clouer mon autre main, le bras de la croix s'avéra trop court, alors
qu'avant il était de la bonne longueur.
Alors Jésus enleva le clou déjà
enfoncé et dit:
«Mon épouse, nous devons
trouver une autre croix. Repose-toi et rafraîchis- toi.»
Je suis incapable de décrire la
mortification que j'ai ressentie à ce moment. Ainsi donc, je
n'étais pas digne de cette souffrance!
Ces blagues furent répétées plusieurs
fois. Quand les bras de la croix furent appropriés, la longueur de la
croix ne l'était pas.
À
une autre occasion, pour que Jésus n'ait pas à me crucifier,
quelque chose manquait pour ma crucifixion.
Jésus trouvait toujours quelque
prétexte pour la reporter à une autre fois.
Oh! quelle amertume mon âme
expérimentait de ces conflits répétés avec mon Jésus. Plusieurs fois,
j'étais justifiée de me plaindre à lui, parce qu'il
me refusait la
vraie souffrance.
À
plusieurs occasions, d'un ton amer, je lui ai dit:
«Mon Bien-Aimé, il semble que
tout finit à la blague.
Par exemple, tu m'as dit plusieurs
fois que tu m'amènerais dans le Paradis une fois pour toute.
Mais, à chaque fois tu m'as fait revenir sur terre pour
habiter mon corps à nouveau. Tu m'as dit que tu aimerais me
crucifier pour que je puisse faire ce tu as fait.
Toutefois, tu n'as jamais permis que
j'atteigne une complète crucifixion. Et Jésus disait: «Oui,
je le ferai bientôt. N'en doute pas. Ce sera fait.»
Finalement, un matin, au jour de
l'Exaltation de la Sainte Croix (13), Jésus apparut et rapidement me
transporta encore une fois à la sainte place de Jérusalem.
Il m'a fait contempler plusieurs
choses ayant trait au mystère et aux vertus de la croix.
Après, il me dit tendrement:
«Mon amour, veux-tu être
belle?
Médite sur la Croix et elle te
donnera les plus beaux traits que l'on puisse trouver au Paradis et
sur la terre.
Alors tu te feras aimer de Dieu, lui
qui possède en lui-même la Beauté infinie. En toi s'est
développé le désir de posséder le Paradis avec toutes ses richesses.
Veux-tu être remplie d'immenses
richesses, pas pour un court temps, mais pour l'éternité?
Sois toujours amoureuse de la
Croix. Elle te fournira toutes les richesses,
-du plus petit sou, que représente la
moindre des souffrances,
-aux plus incalculables sommes qui
sont obtenues des croix les plus lourdes.
Cependant,
-alors que l'homme est devenu avide
de se procurer le plus petit profit d'une simple monnaie temporelle,
qu'il devra rapidement abandonner,
-il n'a pas une seule pensée pour
acquérir un sou des biens éternels.
Et parce que
j'ai compassion de l'irréflexion de
l'homme en regard de son bien éternel,
tendrement je lui offre de l'aider.
Lui, plutôt que d'en être
reconnaissant,
-il se rend indigne de mes dons et
-il m'offense par son obstination.
Vois-tu, mon enfant, combien il y a
d'aveuglement dans cette pitoyable humanité?
La Croix, cependant, amène
-tous les triomphes,
-les plus grandes acquisitions et
-les plus grandes victoires.
C'est pourquoi tu ne dois avoir
aucun autre but que la Croix.
Cela sera suffisant pour pourvoir à
tout.
Et,
aujourd'hui, je veux te faire plaisir en te crucifiant complètement
sur la croix, laquelle, jusqu'à ce moment, ne t'allait pas
parfaitement.
Tu dois savoir que cette croix est
celle
-qui t'a attirée à mon Amour
et
-qui m'induit à te crucifier
sur elle complètement. La croix que tu as eue jusqu'à
maintenant,
je l'apporterai au Paradis comme un
signe de ton amour.
Je la montrerai à la Cour
céleste comme un témoignage de ton amour pour moi.
À sa place, j'en ai une plus
pesante et plus douloureuse que je t'amène
-pour répondre à ton désir de
souffrance et
-pour permettre à mon Dessein
éternel sur toi de se réaliser.»
Après
avoir dit cela, Jésus m'apparut devant la croix que j'avais eue
jusque là. Moi, dans un plein bonheur, je suis allée vers
elle, je l'ai couchée par terre et je me suis étendue dessus.
Et
pendant que j'étais là, prête à la crucifixion,
les cieux s'ouvrirent.
Saint Jean l'Évangéliste vint,
apportant la croix dont Jésus m'avait parlé.
Ensuite la Vierge Marie arriva
entourée d'une phalange d'anges.
Ils me tirèrent de ma croix et
m'installèrent sur la plus grande apportée par saint Jean.
Un frisson froid et mortel s'empara
de moi.
Cependant je sentais encore une
flamme d'amour dans mon coeur, qui me fit avoir hâte de souffrir sur
cette croix.
Au signal de Jésus, un ange s'empara
de la première croix et l'amena avec lui au Paradis.
Pendant ce temps, Jésus, de ses
propres mains et assisté par la Vierge Marie, commença à
me crucifier.
Debout, les anges et saint Jean
présentaient les clous et les autres objets nécessaires à
ma crucifixion.
Pour
l'acte de ma crucifixion,
-mon très tendre Jésus
montrait tant de joie et de bonheur
-que j'aurais souffert pas une, mais
un millier de crucifixions,
aussi bien que d'autres souffrances
pour augmenter sa douce Satisfaction.
À ce moment, il semblait que
les Cieux étaient décorés pour une nouvelle fête de gloire pour
moi:
-pour
avoir fait plaisir à Jésus,
-pour avoir libéré, par des prières
abondantes, des âmes du Purgatoire,
-pour avoir intercédé pour des
pécheurs mal disposés et pour la conversion de plusieurs autres.
Mon bien-aimé Jésus les fit tous
participer au bien qui fut produit par mon ardente disposition envers
les souffrances inhérentes à la crucifixion.
Quand
tout fut terminé, je me sentis comme si je nageais dans une mer de
contentement mêlée à une mer de souffrances inouïes.
La Reine Mère se tourna vers
Jésus et dit:
«Mon Fils, aujourd'hui est un
jour de gloire.
A cause de tes propres souffrances et
pour l'achèvement de tout ce qui a été fait avec Luisa,
-j'aimerais
que tu transperces son coeur d'une lance et
-que tu lui mettes une couronne
d'épines sur la tête.»
Répondant au désir de sa Mère,
Jésus prit une lance et transperça mon coeur de part en part.
Au même moment, les anges présentèrent une couronne
d'épines à la Très Sainte Vierge.
Elle,
avec mon consentement et avec la plus grande satisfaction, la plaça
tendrement sur ma tête. Quel jour mémorable ce fut pour moi!
On
peut dire que, vraiment, ce fut un jour de souffrances inouïes
et de joies ineffables. Et, pour mon plaisir et pour supporter ma
fragilité naturelle, Jésus resta à mon côté tout le jour.
À cause de la sévérité de la
souffrance, la crucifixion aurait échoué sans sa grâce.
À ma grande joie, Jésus permit
à de nombreuses âmes du Purgatoire de rentrer au Paradis
conséquemment à mes souffrances.
Elles descendaient du Paradis
accompagnées d'anges.
Elles entouraient mon lit et me
rafraîchissaient avec leurs chants célestes. C'étaient des cantiques
de joie et des hymnes de louanges à la magnificence de Dieu.
Après cinq ou six jours de
souffrances intenses,
je remarquai à mon vif regret
que, de jour en jour, ma souffrance diminuait.
Elle se serait arrêtée
complètement si je n'avais pas insisté auprès de mon
Époux Jésus -de s'en tenir à diminuer leur intensité, -sans
tout arrêter.
Je ressentais en moi le désir très
fort de ces douces souffrances.
Et je le fis connaître à mon
bon Jésus en le priant de renouveler la crucifixion que j'avais déjà
vécue.
Jésus, sans s'opposer, était
satisfait de moi.
De temps en temps, il me faisait
plaisir en transportant mon âme de nouveau aux Saints Lieux, à
Jérusalem.
Et là il me faisait plus ou
moins prendre part aux souffrances qu'il expérimenta durant sa
Passion.
Parfois, il me faisait souffrir la
flagellation, parfois le couronnement d'épines,
parfois le portement de la Croix, ou
encore la crucifixion.
Il plaisait à Jésus de me
faire souffrir l'un ou l'autre de ces mystères. Parfois aussi,
en un jour, il me faisait souffrir son entière Passion,
en me donnant plus de douceur et
en même temps plus
de souffrance.
Mon
coeur tombait en agonie
-quand c'était Jésus lui-même
qui souffrait la Passion et
-que moi je n'avais pas à la
souffrir avec lui.
J'étais agitée et anxieuse si je ne
pouvais pas au moins entrer en partie dans sa souffrance.
Je me retrouvais souvent avec la
Vierge Marie
-à regarder Jésus subir les
souffrances les plus sévères à cause des offenses
perpétrées par des hommes sauvages, plus sauvages que les soldats qui
se saisirent de Jésus et qui le mirent à mort.
C'est alors que je devins convaincue
que pour celui qui aime,
-il est plus facile de souffrir
lui-même
-que de voir souffrir la personne
aimée.
Je me sentais stimulée par mon amour
envers mon bien-aimé Jésus. Je le suppliais de renouveler souvent,
très souvent, mes crucifixions, afin qu'au moins partiellement
je puisse alléger ses souffrances.
Jésus
me disait souvent:
«Ma bien-aimée,
-la Croix convenablement embrassée et
désirée,
-distingue le prédestiné du réprouvé,
lequel est opiniâtrement opposé à la souffrance.
Sache
qu'au jour du Jugement universel, celui qui fut fidèle et
persévérant
-sentira la caresse de la Croix et
sera extasié quand il la verra apparaître. alors que le réprouvé sera
saisi d'une horrible peur.
Mais, actuellement, ma bien-aimée,
-personne ne peut dire avec assurance
-si celui-ci ou celui-là sera
sauvé ou éternellement perdu.
«Par exemple si, quand se
présente la Croix,
-quelqu'un l'embrasse avec
résignation et patience,
-la baise de temps en temps,
-remercie celui qui la lui envoie et
me suit,
c'est un signe évident et quasi
certain qu'il sera parmi les sauvés.
Si, d'un autre côté, quand la croix
se présente,
-quelqu'un en devient irrité, la
méprise et
-essaie d'y échapper à tout
prix,
alors on peut voir là un signe
qu'ils se dirige vers l'enfer.
Si, pendant sa vie, une personne
m'injurie quand elle regarde la Croix,
--alors au jour du Jugement elle me
maudira,
puisque la vue de la Croix la
conduira à une éternelle terreur.
Elle distingue clairement et sans
déconvenue
-le saint du pécheur,
-le parfait de l'imparfait,
-le fervent du tiède.
Elle donne la lumière au
bien-pensant. Elle distingue le bon du mauvais.
Elle révèle jusqu'à un
certain point
-qui devrait être dans le
Paradis et
-qui devrait y occuper une place
prééminente.
Toutes les vertus deviennent modestes
et respectueuses devant la Croix.
Et sais-tu quand les vertus
acquièrent le plus de luminosité et de splendeur? C'est quand
elles sont bien greffées à la Croix.»
Comment
pourrais-je décrire la profusion de flammes d'amour pour la Croix que
Jésus infusa dans mon coeur par ces Paroles.
Je fus saisie par un engouement si
grand de souffrir que
si Jésus n'avait pas contenté mon
coeur en renouvelant souvent -- très souvent --
ma crucifixion,
j'aurais certainement été tourmentée
par des élans incontrôlables d'amour.
Parfois, après avoir renouvelé
ma crucifixion, Jésus disait:
«Bien-aimée de mon Coeur,
-puisque tu désires ardemment la
fragrance que mes souffrances dégagent à partir de la Croix,
-je
satisfais tes désirs en crucifiant ton âme et
-en te communiquant chacune de mes
souffrances.
Mais si tu n'étais pas si peu
disposée à démontrer à chacun combien tu m'aimes ,je
voudrais aussi sceller ton corps de mes Plaies sanglantes et
visibles.
Je veux dans ce but t'enseigner la
prière suivante à dire pour obtenir cette grâce:
«Ô Très Sainte
Trinité,
baignée dans le Sang de
Jésus-Christ, je me prosterne devant ton Trône.
Dans une profonde adoration,
je te supplie par les sublimes
vertus de Jésus, de m'accorder la grâce d'être
toujours crucifiée.»
Malgré le fait que
j'ai toujours eu une grande aversion
-- que j'ai encore --
pour tout ce qui pourrait paraître à
la vue des autres,
je consentis à ce que Jésus
m'infuse un plus grand désir d'être crucifiée selon sa Volonté.
Et
ne voulant pas m'opposer à ce qu'il crucifie mon corps et mon
âme, j'ai rapidement renouvelé mon acceptation avec ardeur et
détermination.
Par la suite, je lui ai dit:
«Saint Époux, les signes
extérieurs n'apparaissent jamais sur moi.
Si, occasionnellement et sans penser,
j'ai pu sembler accepter ces signes, je n'ai vraiment pas voulu
consentir à cela.
Tu
sais comment j'ai toujours aimé que ma vie soit cachée.
Puisque tu veux renouveler ma
crucifixion, alors je te supplie
de me donner la souffrance permanente
sans allègement d'aucune sorte. Mais je désire seulement une
chose: je ne veux pas de signe extérieur qui m'amènerait à
l'embarras et la gêne.»
Je n'étais
pas seulement tourmentée par le fait
que quelque signe extérieur aurait pu se manifester sur mon corps,
puisque, sans penser, j'avais
implicitement consenti à la Volonté de Jésus en ce
sens,
-mais j'étais aussi tourmentée par la
pensée de mes péchés passés. J'ai souvent demandé à Jésus la
contrition et la grâce de leur rémission.
Je lui ai ensuite dit que je ne serai
en paix et contente que quand j'aurai entendu de sa
Bouche: «Tes péchés sont pardonnés.»
Mon bien-aimé Jésus,
-qui ne nous refuse jamais rien
concernant notre progrès spirituel,
-me dit un jour d'une manière
qui était plus condescendante qu'à l'accoutumée:
«Aujourd'hui
je veux agir moi-même comme ton confesseur. Tu me confesseras
tous tes péchés.
Et
pendant que tu le feras, je te ferai voir
toutes les offenses que tu as
commises et
toutes les souffrances qu'elles
m'ont causées.
Tu comprendras ce qu'est le péché,
selon la capacité de l'intelligence humaine. Et tu préféreras mourir
plutôt que de m'offenser à nouveau.
Attentive
à cela, anéantis-toi et médite un peu:
«Celle qui n'est rien a du
ressentiment envers Celui qui est Tout. Le Tout aurait pu faire
disparaître le rien de la face de la terre.
Le rien est assez infâme pour se dire
contrarié par son Créateur,
-malgré le fait qu'il a été plus que
toléré, -mais aimé.
Reviens de ton néant, et avec des
sentiments d'amour récite le confiteor.»
En entrant dans mon néant,
j'ai découvert toute ma misère
et tous mes péchés.
Me retrouvant en la Présence royale
du Christ, mon Juge, j'ai commencé à trembler comme une
feuille.
Je
n'avais pas assez de force pour prononcer les paroles du confiteor.
Je serais restée dans cette grande
confusion, incapable de dire un mot,
si mon Seigneur Dieu, Jésus-Christ,
n'avait pas infusé en moi une nouvelle force et un nouveau courage en
me disant:
«Enfant de mon Amour, n'aie
pas peur.
Car même si actuellement
je suis ton Juge, je suis aussi ton Père. Prends courage et
allons de l'avant.»
Confuse et humiliée, j'ai récité le
confiteor
Me voyant complètement
couverte par le péché,
-j'ai saisi la gravité de mon affront
à mon Seigneur
-pour avoir entretenu en moi des
pensées de vrai orgueil.
Je lui ai dit:
«Seigneur, je m'accuse devant
ta Majesté du péché d'orgueil.»
Alors
Jésus dit:
«Viens près de mon Coeur
amoureux et écoute.
Ressens le tourment cruel que, par
ton orgueil, tu as causé à mon Coeur généreux.»
Et
moi, tremblante, j'écoutai son Coeur.
Comment décrire ce que j'ai entendu
et compris en seulement quelques instants! Mon Coeur, tremblant
d'amour, battait avec tant de force que je pensais qu'il allait
éclater.
En
fait, plus tard, il m'a semblé que mon coeur avait été brisé par le
chagrin, déchiré en morceaux et détruit.
Après avoir expérimenté tout
cela, je me suis exclamée plusieurs fois:
«Oh! comme l'orgueil humain est
cruel!
Il est si cruel que s'il en avait le
pouvoir, il irait jusqu'à détruire l'Être Divin!»
Ensuite, j'ai imaginé l'orgueil
humain comme un ver très laid aux pieds du grand Roi.
Il
se lève et se gonfle de manière à se faire
croire qu'il est quelque chose. Dans sa grande audace,
-il commence petit à petit à
ramper et à monter sur le costume du Roi,
-jusqu'à ce qu'il atteigne sa
Tête.
Voyant la couronne d'or du Roi, il
veut la lui prendre et la placer sur sa propre tête. Il veut
ensuite
-enlever au Roi son vêtement
royal,
-le détrôner, et
-utiliser tous les moyens pour lui
enlever la vie.
Le ver ne sait même pas quel
genre d'être il est. Dans son orgueil, il ne sait pas que le
Roi pourrait
le détruire, l'écraser sous
ses pieds,
-détruire ses rêves dorés d'un
simple souffle.
Les orgueilleux sont des effrontés,
des présomptueux et des ingrats. Victimes de sottes illusions et avec
leur tête gonflée par l'orgueil,
ils s'insurgent avec indignation
et passion
contre ceux qui sont moins
orgueilleux qu'eux.
C'est moi que j'ai vu dans ce ver
laid et misérable aux pieds du divin Roi.
J'ai senti mon âme chanceler dans la
confusion et la peine,
à cause de l'affront que je
lui avais fait. Mon coeur expérimenta l'agonie terrible que Jésus
souffrit à cause de mon orgueil.
Après
cela, Jésus me laissa seule.
Je continuai à méditer sur la
laideur du péché d'orgueil.
Je ne peux pas décrire la grande
souffrance que cela me causa.
Quand
j'eus bien réfléchi sur ce que Jésus m'avait dit, il revint et me fit
continuer ma confession.
Tremblante plus qu'avant, je
confessai les pensées et les paroles
que j'avais entretenues contre ses
désirs exprimés, et
aussi mes péchés d'omission.
J'ai confessé tout cela avec tant de
chagrin et d'amertume d'âme que j'étais terrifiée
-de ma petitesse et
-de mon audace d'avoir offensé un
Dieu si bon qui, malgré mes offenses, m'avait aidée, préservée et
nourrie.
S'il ressentait de l'indignation
envers moi, c'était à cause de sa haine du péché, et rien
d'autre. Au contraire, sa Bonté envers moi, une pécheresse, a
toujours été très grande.
Il me fit pardonner même quand,
devant la Justice divine, il exposa mes faiblesses et mes fragilités.
En échange, il me donna plus de grâces et de force avec lesquelles
fonctionner.
C'était comme s'il avait ôté le
mur qui séparait mon âme de Dieu à cause
du péché.
Si les gens comprenaient la Bonté de
Dieu et la laideur du péché, ils banniraient complètement le
péché de la terre.
Ils seraient saisis par de grands
remords et par la contrition pour leurs péchés, ou ils mourraient.
S'ils
savaient l'infinie Bonté de Dieu, ils se rendraient à elle.
Et les choisis trouveraient auprès
de Dieu une immense fontaine de grâces dédiées à leur
sanctification et à leur béatification.
Quand Jésus vit que je ne pouvais
plus porter l'angoisse et l'amertume du péché, il se retira, me
laissant plongée dans mes réflexions sur le mal fait par le péché.
Dans sa Bonté de toujours, il me
préserva du Jugement de son Père et il me donna des grâces
nouvelles.
Après un long intervalle,
Jésus revint de nouveau pour me permettre de continuer ma confession
qui, quoique interrompue par moments, dura environ sept heures.
Quand
le très aimable Jésus eut fini d'entendre ma confession, il
quitta sa position de Juge et assuma celle d'un Père aimant.
J'étais habitée par la constatation
inexorable que mon chagrin, pourtant grand, était insuffisant à
me faire expier comme je le méritais pour mes offenses perpétrées
contre mon Dieu.
Jésus, pour me dérider, dit:
«Je veux ajouter un supplément.
Je vais appliquer les mérites de mes souffrances du Jardin de
Gethsémani à ton âme.
Cela suffira à satisfaire à
la Justice divine.»
Je me sentis alors mieux disposée à
recevoir l'absolution de Jésus pour mes péchés.
Aussi, prosternée à ses pieds,
pleinement humiliée et confondue, je lui ai dit:
«Dieu Très Grand,
j'implore ta Miséricorde et ton Pardon pour mes péchés si nombreux et
graves.
Je désirerais que mes capacités
soient multipliées à l'infini pour que je puisse adéquatement
faire l'éloge de ton infinie Miséricorde.
Ô Père Céleste, pardonne le
grand affront que je t'ai fait en péchant contre toi, et daigne me
donner ton paternel pardon.»
Il me dit alors: «Promets-moi
de ne plus jamais pécher. Tiens-toi loin de l'ombre même du
péché.»
Je répondis: «Oh! oui! je le
promets un millier de fois et je désire mourir plutôt que d'offenser
mon Créateur, mon Rédempteur et mon Sauveur. Jamais!
Jamais plus!»
Sur quoi Jésus leva sa Main droite,
prononça les paroles de l'absolution, et permit à une
rivière de son Sang Précieux de couler sur mon âme.
Après que Jésus eut lavé mon
âme par son Précieux Sang et qu'il m'eut donné son Absolution, je me
suis sentie renaître à une vie nouvelle et inondée plus que
jamais de la plénitude de la grâce.
Cet événement créa en moi une
impression que je n'oublierai jamais.
Chaque fois qu'il revient à ma
mémoire, une joie singulière monte dans mon âme et un
tressaillement envahit tout mon être. Et je le revis dans les
plus petits détails, comme s'il était en train de se produire.
Remplie des souvenirs du passé,
j'étais envahie d'élans anxieux de correspondre, dans la mesure du
possible-,
aux grâces singulières que le
Seigneur continuait de m'accorder,
-soit en me revigorant et me ramenant
à l'état de victime,
-soit en me disposant plus
particulièrement à vivre dans sa Divine Volonté, ce qui
commandait
-les plus grandes grâces divines et
-la plus grande participation de ma
part. (14)
Et puisque je ne suis rien, je devais
tout recevoir de Dieu.
Puis je devais travailler à
infuser chez d'autres les grâces reçues,
-un peu comme un médecin qui, avec le
sang d'un autre,
-entreprend une transfusion sur
quelqu'un pour l'aider à recouvrer la santé. Et je devais
soigneusement veiller à ce que tout retourne à Dieu.
Dans ce but, mon bien-aimé Jésus
commença par m'attirer hors de mon corps, en me coupant de
tout ce qui pouvait me séparer de lui, et
en me réduisant à l'état de
victime permanente.
Le très patient Jésus voulait
que je sois toujours prête quand il voudrait me donner une part
de ses travaux ou de ses souffrances.
Il faisait cela
pour satisfaire à la Justice
divine offensée par les continuelles aberrations du genre humain,
ou pour prévenir ou arrêter la
flagellation impitoyable qu'on lui fait subir.
Pour renouveler mes énergies perdues,
Jésus me donnait souvent des grâces
particulières,
l'une de celles-ci étant l'absolution
mentionnée plus haut, qui me fut conférée plusieurs fois.
Parfois, quand je me confessais à
un prêtre,
j'expérimentais des effets différents
et inhabituels sur mon âme. Et quand la confession était terminée,
Jésus
lui-même se substituait au confesseur.
Il prenait l'apparence du confesseur,
et moi, croyant que je parlais à mon confesseur,
-j'ouvrais mon coeur et
-je dévoilais l'état de mon âme, ses
peurs, ses doutes, ses souffrances, ses anxiétés et ses besoins.
Mais,
-par les réponses que je recevais et
-par la gentillesse de la Voix, qui
parfois alternait avec celle de mon confesseur, je découvrais qu'il
s'agissait de nul autre que Jésus. Il était si affable!
Et les effets intérieurs que
j'expérimentais n'étaient pas ordinaires. Parfois c'était Jésus dès
les débuts:
-il entendait ma confession, qu'elle
soit ordinaire ou extraordinaire,
-et il me donnait l'absolution.
Si je voulais raconter tout ce qui se
passa entre Jésus et moi, ça prendrait beaucoup de temps et ça
pourrait être considéré comme une fable.
Aussi, je passerai à quelque
chose de plus facile à accueillir.
Neuf mois avant que la chose ne soit
arrivée,
Jésus m'avait avisé de la deuxième
guerre entre l'Italie et l'Afrique. Et voici comment:
Mon Jésus béni, m'avait fait sortir
de mon corps.
Alors que, transformée, je le
suivais, il me fit parcourir un long chemin parsemé de cadavres
humains baignant dans leur sang. Cela m'était montré comme une
rivière inondant la route.
À ma grande horreur, Jésus me
fit voir les corps abandonnés et exposés à une température peu
clémente aussi bien qu'à la rapacité d'animaux carnivores,
puisqu'il n'y avait personne pour s'occuper des enterrements.
Terrifiée, je demandai à
Jésus:
«Saint Époux, qu'est-ce que
tout cela signifie?
Et Jésus me répondit: «Sache
que dans l'année qui vient, il y aura la guerre. L'homme s'abandonne
à tous les vices et aux passions charnelles.
Je
veux ma revanche sur la chair qui pue le péché.»
Je ne doutais pas de ce que Jésus
disait. Mais j'espérais néanmoins
-que
dans les prochains neuf mois, l'homme charnel mettrait un frein à
ses passions et
-que, à la vue de sa
conversion, Jésus suspendrait la guerre prévue.
Mais
que dire de ceux
-qui se vautrent dans la boue de
leurs passions et
-qui, plutôt que de se convertir, s'y
enfoncent davantage.
Et
c'était arrivé précédemment que l'Italie et l'Afrique parlèrent
d'abord de guerre.
Puis, tôt après, ils
s'engagèrent dans une dure guerre résultant en beaucoup de
souffrances et de dommages des deux côtés.
Alors, plus que jamais, je m'offris
moi-même à mon bon Jésus, pour qu'il diminue le nombre
des victimes de cette guerre. Je m'offris pour les âmes qui, malgré
mes prières et mes supplications envers la Miséricorde de
Dieu, ne seraient pas en état de grâce et seraient jetées dans
l'enfer quand elles paraîtraient devant Dieu.
Mais Jésus ne m'écouta pas. Une fois
de plus, il me fit sortir de mon corps. Le suivant, je fus à
Rome en un instant. Là j'entendis beaucoup de voix et j'appris
la situation décrite plus haut. Jésus me fit pénétrer avec lui dans
le parlement, dans la salle du conseil, où les députés se
livraient à un chaud débat sur la manière de mener la
guerre pour être sûrs de la victoire.
La discussion se poursuivait avec
beaucoup de mots pompeux, d'orgueil et de fanatisme pitoyables. Mais
ce qui fit la plus grande impression sur moi, c'est qu'ils étaient
tous sectaires et agissaient sous la pression du démon, à qui
ils avaient vendu leur âme dans le but d'avoir une fin de guerre
victorieuse.
J'étais horrifiée d'apprendre cela et
je me disais en moi-même:
«Que d'hommes tristes et
sauvages; que de tristes temps, plus tristes encore que ceux qui y
vivent!»
Il me semblait que Satan régnait
parmi eux, puisque leur entière confiance était placée en lui
plutôt qu'en Dieu. Et c'était du démon qu'ils attendaient la
victoire.
Pendant
qu'ils étaient engagés dans un débat chaud et rigoureux, ils
s'éloignaient les uns des autres, même s'ils voulaient unir
leurs différences. Jésus, sans être vu, était au milieu d'eux.
Entendant leurs tristes propositions,
il pleurait sur leurs misérables propos. Après qu'ils eurent
fait leurs plans pour mener leur guerre sans Dieu, ils se vantaient
très présomptueusement, se disant plus que jamais sûrs
de la victoire.
Alors,
comme s'ils étaient encore là pour l'écouter, Jésus dit d'un
ton de voix menaçant: «Vous avez une grande confiance en
vous-mêmes, mais je vous humilierai; et alors vous mesurerez la
grandeur de vos pertes pour ne pas avoir invoqué l'aide et
l'intervention de Dieu qui est l'auteur de tout bien.
Cette fois, l'Italie ne sera pas
victorieuse. Elle expérimentera plutôt une défaite totale.»
Comment décrire combien mon coeur
souffrit de ces paroles de Jésus, et de combien de manières
j'essayais de pacifier mon aimable Jésus, pour qu'au
moins la guerre ne soit pas si
meurtrière.
Comme toujours, je m'offris comme
victime d'expiation et je demandai au Seigneur de m'accorder les plus
grandes souffrances et d'épargner l'Italie d'une telle flagellation.
Mais
Jésus me dit:
«Je resterai ferme pour que
l'Afrique soit victorieuse sur l'Italie. Et je t'accorderai seulement
ceci:
l'Afrique
victorieuse n'envahira pas le sol italien pour y continuer la guerre.
La punition est juste, puisque l'Italie la mérite
-pour son mode de vie licencieux,
-pour sa foi perdue et
-parce qu'elle met sa confiance dans
le démon plutôt qu'en Dieu.»
Tout ce qui me fut dit à ce
moment-là, ou en d'autres circonstances, je l'ai expliqué à
mon confesseur sous l'obéissance.
Et il me dit: «Il ne me semble
pas vraisemblable que l'Italie sera vaincue par l'Afrique, puisque la
civilisation moderne de l'Italie possède toutes sortes d'armes
offensives et défensives que ne possède pas l'Afrique.»
Quand les Paroles de Jésus se
confirmèrent, mon confesseur me dit: «Mon enfant, il n'y
a pas de plan, pas de sagesse et pas de force qui aient un peu de
valeur, s'ils n'originent pas de Dieu.»
J'aurais pu terminer ici ce récit des
plus importantes choses qui me sont arrivées avec Jésus à
compter de l'âge de 16 ans à venir jusqu'à aujourd'hui,
si mon confesseur ne m'avait pas obligé de raconter les diverses
manières utilisées par Jésus pour communiquer avec moi.
Elles sont variées, mais je les
réduirai à quatre.
Jésus fait connaître à
l'âme ce qu'il veut faire et il fait sortir l'âme de son corps.
Ceci peut arriver en un instant.
L'âme sort du corps d'une manière si soudaine que le corps
lève pour suivre l'âme mais reste finalement comme s'il était
mort. L'âme, quant à elle, suit Jésus dans sa course et voyage
dans l'univers: terre, mers, montagnes et cieux, et elle termine dans
les régions du Purgatoire ou dans l'éternelle Demeure de Dieu.
Quelquefois l'âme sort du corps plus
calmement. En fait, c'est comme si le corps se reposait en étant
insensible et absorbé en Dieu. Ensuite, quand Jésus part, l'âme
essaie de le suivre partout où il va. Dans chaque cas le corps
reste comme pétrifié et ne sent rien du monde extérieur, même
si le monde entier devait être secoué ou si le corps était
transpercé, brûlé ou coupé en pièces.
Je peux dire que pour les deux
manières, j'étais hors de mon corps et loin de l'endroit où
Jésus m'avait prise. Quand j'étais loin des limites de la terre, au
Purgatoire ou au Paradis, et que je voyais mon confesseur venir chez
moi pour me réanimer, alors, en un clin d'oeil et au commandement de
Jésus, je me retrouvais dans mon corps.
Jésus voulait ma parfaite obéissance
à mon confesseur.
Les premières fois que cela
arriva, je m'inquiétais, je m'agitais et j'étais anxieuse de revenir
à mon corps à temps pour être disponible à
mon confesseur quand il voudrait me réveiller.
Et je devais être obéissante!
Je confesse que je n'étais jamais en
retard pour rentrer dans mon corps quand le confesseur m'attendait à
mon petit lit.
Toutefois, si Jésus ne s'était pas
hâté de ramener mon âme à mon corps, j'aurais avec entêtement
résisté à la voix du confesseur, puisque j'avais le choix de
laisser Jésus, mon plus grand Bien ou de me soumettre à la
voix de mon confesseur.
Je disais à Jésus: «Je
vais à mon confesseur qui m'appelle à l'obéissance,
mais je reviendrai rapidement à mon Bien-Aimé, aussitôt qu'il
sera parti.
Je te supplie de ne pas me faire
attendre longtemps.»
Dans les deux cas, Jésus n'avait pas
à parler à mon âme pour que je le comprenne.
À cause de la lumière
qu'il communique à mon esprit, il me faisait comprendre
directement ce qu'il voulait me signifier. Oh! combien nous nous
comprenons quand nous sommes ensemble!
Ce type de communication
intellectuelle par laquelle Jésus se fait comprendre est très
rapide. Beaucoup de choses sublimes sont apprises en un clin d'oeil
-- plus qu'on pourrait apprendre en lisant des livres le temps d'une
vie.
Cette communication est si élevée et
sublime qu'il est impossible à l'intelligence humaine
d'exprimer en mots tout ce qu'une âme peut ainsi recevoir en un
simple instant.
Oh! quel sage et ingénieux professeur
qu'est Jésus!
En un clin d'oeil il fait apprendre
beaucoup de choses que d'autres n'arriveraient pas à faire
apprendre en plusieurs années.
C'est
parce que les enseignants de la terre n'ont pas cette puissance de
communiquer leur science.
Pas plus qu'ils ne peuvent maintenir
l'attention de leurs disciples sans qu'il y ait effort et fatigue.
Les voies de Jésus sont si douces,
tendres et gentilles qu'aussitôt que l'âme découvre cela,
-elle
se sent attirée à lui; et
-elle ne peut rien faire d'autre que
de courir derrière lui à la vitesse maximum.
Sans le réaliser, l'âme se trouve
transformée en lui de telle manière qu'elle ne peut pas faire
la différence entre elle-même et l'Essence divine.
Qui pourrait décrire ce que l'âme
apprend dans ce moment de transformation.
Cela peut être décrit
-seulement par Jésus ou
-par une âme qui a subit cette
transformation pendant sa vie et qui est parvenue à l'état de
gloire parfaite.
Même si une âme revenue à
son corps
-possédait la lumière divine
et
-se sentait complètement
absorbée en Dieu,
elle aurait beaucoup de difficultés à
dire comment on se sent quand on revient à son corps, plongé
dans la plus sombre noirceur.
Son essai serait difficile et
imparfait, sinon tout à fait impossible. Imaginons, par
exemple, un aveugle de naissance qui, un beau jour, reçoit
subitement la faculté de voir, et qui, dans un court laps de temps,
voyage à
travers l'univers et voit les choses les plus merveilleuses: les
minéraux, les végétaux, les animaux et les voûtes célestes
parsemées d'étoiles.
Et supposons qu'après
seulement quelques minutes, il est ramené à sa condition
d'aveugle.Pourrait-il vraiment communiquer, dans un langage
approprié, ce qu'il a vu?
Ne risquerait-il pas de se couvrir de
ridicule
si, plutôt que de donner un bref
aperçu de ce qu'il a vu,
il essayait d'en donner une
description détaillée.
Cette situation est similaire à
celle d'une âme qui a voyagé partout sur la terre et au Paradis et
qui, revenant à son corps, se sent comme notre aveugle
retourné à sa cécité.
Elle préfère se réfugier dans
le silence plutôt que de parler, parce qu'elle a peur d'apparaître
ridicule.
L'âme qui revient dans son corps est
triste et inconsolable Elle se sent dans la situation d'un
prisonnier.
Elle languit de s'élancer vers son
plus grand Bien et elle est plus malheureuse que celui qui a perdu
l'usage de la vue.
Elle aspire seulement à être
unie à Dieu et n'a aucun désir de parler gauchement et d'une
manière désordonnée de choses qui dépassent ses capacités
humaines et charnelles.
À cause de l'obéissance et au
risque de faire des erreurs, j'expliquerai maintenant, du mieux que
je peux, une autre manière dont Jésus parle à l'âme.
Alors que l'âme est dans son
corps, elle voit la Personne de Jésus apparaître
comme un enfant ou un jeune homme, ou encore dans son état de
Crucifié. Et les Paroles qu'il dit atteignent l'entendement de l'âme.
L'âme, à son tour, parle à
Jésus. Tout se passe à la manière d'une conversation
entre deux personnes.
Les Paroles de Jésus sont alors rares
et d'à peine quatre ou cinq mots. Très rarement
parle-t-il longtemps.
Une simple Parole de Jésus produisait
une Lumière intense en moi et laissait mon âme absorbée par
une vérité qui devenait mienne. C'était un peu comme de voir un petit
ruisseau qui rapidement devient une vaste mer.
Si les sages du monde pouvaient
entendre une simple Parole de Jésus, sûrement qu'ils
resteraient stupéfaits, muets, confus et incapables de savoir quoi
répondre. Quand Jésus veut manifester une Vérité à un être,
il se sert d'un langage approprié à l'intelligence de cet
être. Il n'est pas nécessaire de chercher des mots spéciaux
pour pouvoir communiquer des Paroles de Jésus à d'autres
personnes.
On peut se servir des mêmes
mots que lui.
D'un autre côté, l'âme se trouve
embarrassée quand elle essaie de communiquer verbalement aux autres
les vérités qu'elle a apprises par des communications
intellectuelles. Jésus s'adapte à la nature humaine. En
choisissant ses mots, il s'ajuste au langage et la capacité de chaque
âme. Quant à moi, une petite créature, je ne peux pas
adéquatement communiquer ces pensées à d'autres sans risque
d'errance.
Bref,
Jésus agit comme un enseignant très sage et très doué
qui possède des connaissances supérieures dans toutes les
sciences.
Il utilise le langage compris et
parlé par l'élève et, puisqu'il cherche la vérité
scientifique, il enseigne pour être compris. Sinon, il
enseignerait d'abord le langage et, par la suite, les sciences qu'il
veut communiquer.
Jésus, qui est toute bonté et toute
sagesse, s'adapte à la capacité de l'âme d'une façon
qui ne méprise ni n'humilie la personne.
À l'ignorant qui veut
apprendre, il enseigne la vérité nécessaire pour atteindre la vie
éternelle.
Et au savant il communique ses
Vérités d'une façon plus élaborée, son seul but étant d'être
connu, apprécié et de ne priver personne de ses Vérités.
Une
autre manière que Jésus utilise pour faire comprendre ses
Vérités à l'âme,
c'est par la participation à son Essence.
Nous savons que Dieu créa le monde de
rien et, à sa Parole, toutes les choses vinrent à
l'existence. Puis, comme cela avait été prévu de toute éternité, la
création fut mise en ordre par une autre Parole toute-puissante du
Créateur.
Ainsi,
quand Jésus parle de vie éternelle à une âme, alors, dans le
même acte, il infuse dans l'âme cette vérité.
S'il veut que l'âme devienne
amoureuse de sa Beauté, il lui demande: «Veux-tu savoir à
quel point je suis beau? Peu importe comment tes yeux scrutent toutes
les belles choses répandues sur la terre et dans les cieux, tu ne
verras jamais de beauté comparable à la mienne.»
Pendant que Jésus lui dit cela, l'âme
sent que quelque chose de divin entre en elle.
Et elle veut être près
de lui parce qu'elle est attirée par sa Beauté qui surpasse toute
beauté. En même temps, elle perd tout désir pour les choses
belles de la
terre, parce que peu importe combien
ces choses peuvent être belles et précieuses, elle voit la
différence infinie entre Jésus et ces choses. Ainsi elle se donne à
Dieu et est transformée en lui.
Elle pense continuellement à
lui parce qu'elle est complètement enveloppée par lui, aimée
par lui, pénétrée par lui. Et si Dieu ne faisait pas un miracle,
l'âme cesserait de vivre: son coeur se transformerait en pur amour à
la vue de la Beauté de Jésus et elle voudrait s'envoler vers lui pour
jouir de sa Beauté.
Même si j'ai expérimenté toutes
ces émotions, y inclus le magnétisme de la Beauté de Jésus, je ne
sais pas comment décrire ces choses. Mes paroles ne peuvent donner
que des mauvaises descriptions. Néanmoins, je dois admettre qu'une
empreinte surnaturelle est restée en moi qui fait adhérer mon esprit
à ces réalités.
Comparée à mon très
aimable Jésus, chaque belle chose de la terre est éclipsée comme une
étoile devant au soleil. Ainsi j'en suis venue à considérer
toutes les beautés terrestres comme des vétilles ou des jouets. Ce
que j'ai dit de la Beauté de Jésus, je pourrais aussi bien le dire de
sa Pureté, de sa Bonté, de sa Simplicité et de toutes les autres
vertus et attributs de Dieu, parce que, quand il parle à
l'âme, il lui communique ses Vertus de même que ses Attributs.
Un jour, Jésus me dit: «Vois-tu
comme je suis pur? Je veux aussi cette pureté en toi.» J'ai
senti que par ces mots Jésus avait transfusé sa Pureté en moi, et
j'ai commencé à vivre comme si je n'avais pas de corps. Je me
sentais comme assoupie et grisée par la céleste fragrance de sa
Pureté.
Mon corps, qui participait maintenant
à sa Pureté, devint très simple. La rectitude de Jésus
et son dégoût pour l'impureté me possédaient à un tel
point que, si je percevais une impureté, même à
distance, mon estomac se rebellait avec de forts épisodes de
vomissements.
En résumé, l'âme à qui Dieu a
parlé de pureté en devient toute transformée. Elle vit et agit
seulement en Jésus, puisqu'il a établi sa résidence permanente en
elle.
Je dois ici souligner que ce que j'ai
dit de la Beauté et de la Pureté de Jésus, et de ce qui a été
transformé en moi, est une simple approximation, puisque l'habileté
et l'intelligence humaine sont incapables d'exprimer en langage
humain ce qui est sublime et angélique.
C'est ainsi qu'il m'est impossible de
bien décrire les perceptions que j'ai eues de la Pureté, de la
Beauté, et des autres vertus et divins attributs que mon bon
Jésus communiquait de temps en temps
à mon âme.
Comme il est désirable de participer
aux vertus et aux attributs de Dieu que Jésus communique à
l'âme d'une manière aussi originale!
En ce qui me concerne, je donnerais
tout ce qui existe en échange d'un simple moment d'une telle
communication, par laquelle l'âme devient plus près de lui et
est amenée à la compréhension des choses divines à la
manière des anges et des saints du Paradis.
Une autre façon utilisée
par Jésus pour parler à l'âme est par une communication
coeur à coeur.
Et puisque l'âme est l'hôte du Coeur
de Jésus, elle est toujours très attentive à procurer à
Dieu le plus grand plaisir.
Intérieurement, Jésus est au repos,
mais il est toujours vigilant dans l'abri intime du coeur. Puisque
les deux coeurs sont fondus et ne font qu'un, il rappelle à
l'âme son devoir sans articuler un mot. Pour se faire comprendre
intérieurement à l'âme, il lui est suffisant de faire un
simple geste. En d'autres mots, il utilise des paroles audibles par
le coeur.
Cette manière de parler à
l'âme qui fait de Jésus l'absolu propriétaire du coeur, survient
quand il a pris la direction de l'âme. S'il la voit déficiente dans
l'exercice de ses devoirs ou si, par négligence, elle a laissé
échapper quelque chose, il la réveille en lui rafraîchissant
doucement la mémoire.
S'il la voit angoissée, triste,
bouger lentement, manquer de charité ou autres, il la réprimande.
Ses
Paroles suffisent pour que, rapidement, l'âme rentre en elle-même
pour se concentrer davantage sur Dieu et accomplir sa Sainte Volonté.
Je veux ici poursuivre ce récit des
grâces que mon très aimable Jésus m'accorda généreusement, à
moi, la moindre de ses servantes, au cours d'à peu près
16 ans de ma vie, commençant au moment où je me suis
proposée de faire la neuvaine préparatoire à la fête de
Noël, avec neuf méditations par jour sur les grands mystères
de l'Incarnation.
Quand j'ai commencé à rédiger
ce manuscrit, mon confesseur vint me voir, et, concernant cette
neuvaine, je lui ai dit: «Ainsi j'ai fait une deuxième
heure de méditation, puis une troisième, jusqu'à neuf,
lesquelles je passe sous silence pour ne pas être ennuyeuse.»
Cependant il m'avait ordonné de tout
écrire en détails. Ainsi donc, je dois obéir - même à
l'encontre de mon propre raisonnement. Sans plus m'en faire et en
faisant confiance à Jésus, je poursuis donc ma narration de ce
que Jésus m'a fait vivre pendant cette neuvaine.
De la deuxième méditation,
j'ai rapidement passé à la troisième.
Au commencement de cette méditation,
la voix à l'intérieur de moi se fit entendre et me dit:
«Mon enfant, mets ta tête
sur le sein de ma Mère et médite sur ma petite Humanité qui se
trouve là.
Ici, mon Amour pour les créatures me
dévore littéralement. L'immense feu de mon Amour, les océans d'Amour
de ma Divinité, me réduisent en cendres et excèdent toute
limite. Et ainsi mon Amour couvre toutes les générations.
Actuellement, je suis encore dévoré
par le même Amour. Sais-tu ce que mon Amour éternel veut
dévorer? Ce sont toutes les âmes! Mon enfant, mon Amour sera
satisfait seulement quand il les aura toutes dévorées. Puisque je
suis Dieu, je dois agir comme un Dieu en embrassant chaque âme qui
est venue, vient ou viendra à l'existence, parce que mon Amour
ne me donnerait aucune paix si j'en excluais une seule.
Oui, mon enfant, regarde bien dans le
Sein de ma Mère et place ton regard sur mon Humanité
fraîchement conçue. Là tu trouveras ton âme conçue
aux côtés de la mienne, entourée des flammes de mon Amour. Ces
flammes cesseront seulement quand elles t'auront consumée, toi avec
moi!
Combien je t'ai aimée, je t'aime et
je t'aimerai éternellement!»
En entendant ces Paroles, je devins
comme noyée dans tout cet Amour de Jésus, et je n'aurais pas su
comment y répondre si une voix intérieure ne m'avait secouée et dit:
«Mon enfant, cela n'est rien comparé à ce que mon Amour
peut faire.
Presse-toi plus près de moi,
donne tes mains à ma chère Mère, de telle
manière que tu puisses te tenir toute proche de son Sein
maternel. Et en même temps, attarde-toi encore à ma
petite Humanité, conçue là pour concevoir les âmes pour
l'éternité. Cela te donnera une occasion de méditer sur le quatrième
excès de mon Amour.»
«Mon enfant, si tu veux passer
de mon Amour dévorant à mon Amour agissant, tu me découvriras
dans un abîme sans fond de souffrances. Considère que chaque
âme conçue en moi m'apporte le fardeau de ses péchés, de ses
faiblesses et de ses passions.
Mon Amour m'amène à
porter le fardeau de chacun, parce que, après avoir conçu
son âme en moi, j'ai aussi conçu la contrition et la
réparation qu'il aura à offrir à mon Père.
Aussi, ne t'étonne pas si ma Passion fut également conçue à
ce moment-là.
Regarde-moi bien dans le sein de ma
Mère et tu découvriras combien j'y vis de souffrances.
Regarde bien ma petite Tête
entourée d'une couronne d'épines, lesquelles, pendant qu'elles
percent cruellement ma peau, me font verser des rivières de
chaudes larmes.
Oui, sois émue de pitié pour moi et,
de tes mains qui sont libres, sèche mes larmes.
«Cette
couronne d'épines, mon enfant, n'est autre qu'une couronne cruelle
que les créatures tressent pour moi avec les pensées mauvaises qui
remplissent leur esprit. Oh! comme ces pensées me transpercent
cruellement -- un long couronnement de neuf mois!
Et comme si ce n'était pas assez,
elles crucifient mes Mains et mes Pieds afin que soit satisfaite la
Justice divine pour ces créatures, elles qui circulent sur des
chemins pervers, qui commettent toutes sortes d'injustices et
empruntent des voies illégales pour leur profit.
Dans
cet état, il ne m'est pas possible de bouger, même une Main, un
Doigt ou un Pied. Je reste immobile, soit à cause de l'atroce
crucifixion que je subis ou à cause de l'espace réduit dans
lequel je suis.
Et j'ai vécu cette crucifixion
pendant neuf mois!
Sais-tu, mon enfant, pourquoi le
couronnement d'épines et la crucifixion sont
renouvelés en moi à chaque
moment?
C'est que le genre humain ne cesse de
concevoir des desseins cruels qui, comme des épines ou de clous,
transpercent sans cesse mes Tempes, mes Mains et mes Pieds.»
Jésus continua ainsi de raconter ce
que sa petite Humanité souffrit dans le sein de sa Mère.
J'en
passe pour ne pas être trop longue et parce que mon coeur n'a
pas le courage de tout raconter ce que Jésus souffrit par amour pour
nous.
Et moi je ne pouvais rien faire
d'autre que de verser un flot de larmes. Cependant il me secoua et,
d'une voix faible, il me dit dans l'intérieur de mon coeur:
«Mon
enfant, j'ai hâte de t'embraser et de te retourner l'amour que tu me
donnes.
Mais je ne peux pas encore le faire,
parce que, comme tu le vois, je suis enfermé dans cet endroit qui me
garde immobile.
J'aimerais venir à toi, mais
j'en suis incapable puisque je ne peux pas encore marcher.
Premier enfant de mon Amour
souffrant, viens souvent m'embrasser.
Plus tard, quand j'émergerai des
entrailles de ma Mère, je viendrai à toi pour
t'embrasser et pour rester avec toi.»
Dans ma fantaisie, je m'imaginais
être avec lui dans le sein de sa Mère et je l'embrassais
et le serrais sur mon coeur.
Dans son affliction il me fit une
fois encore entendre sa voix et me dit: «Mon enfant, c'est
assez pour le moment.
Va maintenant méditer sur le
cinquième excès de mon Amour qui, malgré qu'il est
rejeté, ne se retirera pas ni ne s'arrêtera.
Plutôt il surmontera tout et
continuera d'avancer.»
Entendant l'appel de Jésus à
méditer sur le cinquième excès de son Amour, j'ai prêté
l'oreille de mon coeur pour entendre intérieurement sa faible voix me
dire:
«Observe qu'aussitôt que je fus
conçu dans le sein de ma Mère, j'ai conçu la
grâce pour toutes les créatures
humaines en même temps, pour qu'elles puissent grandir comme
moi en sagesse et en vérité.
C'est pourquoi j'aime leur compagnie,
je veux rester en correspondance continuelle d'Amour avec elles, et
très souvent je leur manifeste mon Amour palpitant.
«Avec elles, je veux être
continuellement en réciprocité d'Amour et partager à chaque
jour mes joies et mes peines. Je languis pour qu'elles reconnaissent
que la seule raison pour laquelle je suis venu du Ciel sur la terre,
c'est de les rendre heureuses.
Et
comme un petit frère, je souhaite rester avec elles et parmi
elles pour recueillir leurs bons sentiments et leur amour.
Je languis de redonner à
chacune mes Biens et mon Royaume, même au coût du plus
grand des sacrifices: ma Mort pour leur vie.
Bref, je languis de jouer avec elles
et de les couvrir de baisers et de caresses amoureuses.
«Cependant, en échange de mon
Amour, je ne récolte hélas que des chagrins. En fait, il y a celles
qui écoutent mes Paroles sans bonne volonté, qui méprisent ma
Compagnie, qui se détachent de mon Amour, qui essaient de m'échapper
ou qui jouent aux sourds.
Pire, il y a celles qui dédaignent et
abusent.
Les premières ne sont pas
intéressées à mes Biens ni à mon Royaume; elles
reçoivent mes Baisers et mes Étreintes dans l'indifférence.
La
joie que je devrais goûter avec elles se change en silences et
en rejets.
Les autres, en plus grand nombre,
font que mon Amour pour elles résulte pour moi en larmes abondantes,
lesquelles servent d'issue naturelle à mon Coeur si méprisé et
outragé.
«Ainsi, alors que je suis parmi
elles, je suis toujours seul.
Comme elle est pesante cette solitude
forcée résultant de leur abandon. Elles font la sourde oreille à
tous les appels de mon Coeur!
Elles ferment toute avenue à
mon Amour.
Je suis toujours seul, triste et
silencieux!
Oh! mon enfant, paie-moi de retour
pour mon Amour en ne me laissant pas dans cette solitude!
Permets-moi de te parler, et
écoute attentivement mes Enseignements.
-Sache que je suis le Professeur des
professeurs.
-Si tu veux m'écouter, tu apprendras
beaucoup de choses
En même temps, tu m'aideras
à cesser de pleurer et tu jouiras de ma Présence.
Dis-moi, aimerais-tu jouer avec moi?»
Je me suis alors abandonnée à
Jésus en manifestant mon désir de toujours lui être fidèle
et de l'aimer dans la tendresse et la compassion.
Mais, malgré son désir de vouloir se
réjouir avec moi, il est demeuré seul, sans soulagement.
Pendant
que je passais ainsi ma cinquième heure de méditation, la voix
intérieure me dit:
«Assez de cela. Médite
maintenant sur le sixième excès de mon Amour.»
«Mon enfant, que mon Intimité
soit avec toi! Viens plus près de moi et prie ma chère
Mère pour qu'elle te fasse une petite place dans son Sein,
pour que tu puisses observer dans quel état de douleurs j'y suis.»
En pensées, je m'imaginais que ma
Mère Marie voulait me démontrer sa grande affection en me
laissant rejoindre le doux et affable Jésus dans son Sein. Je
m'imaginais que j'étais là dans son Sein très près
du mon aimable Jésus. Mais comme la noirceur y était grande, il
m'était impossible de voir ses Traits et je ne pouvais que sentir la
chaleur de son Souffle d'Amour.
À l'intérieur de moi il me
dit:
«Mon enfant, médite sur une
autre manifestation de la surabondance de mon Amour.
Je suis la Lumière éternelle
et il n'y a pas hors de moi de lumière qui soit plus
resplendissante.
Le soleil avec toute sa splendeur
n'est qu'une ombre à côté de ma Lumière éternelle.
Cependant, celle-ci s'est entièrement
éclipsée
-quand, par amour pour les créatures,
-j'ai embrassé la nature humaine.
Vois-tu la sombre prison dans
laquelle l'Amour m'a conduit?
Oui, c'est par amour pour les
créatures que je me suis confiné à ce réduit et que j'ai
attendu là après quelque rayon de lumière. J'ai
attendu patiemment dans la grande noirceur, dans une nuit sans étoile
ni repos, la lumière du soleil qui n'apparaissait pas encore.
«Quelle souffrance j'y ai
endurée! Les murs étroits de cette prison ne me donnaient aucun
espace pour remuer, et engendraient en moi de terribles angoisses.
Le manque de lumière
-m'empêchait de voir et me
coupait le souffle,
-un souffle que je devais recevoir
lentement par la respiration de ma Mère.
Sais-tu ce
-qui m'a amené à cette
prison,
-qui m'a enlevé ma Lumière
et m'a fait lutter pour ma respiration?
C'est l'Amour que je ressens pour les
créatures confronté à la noirceur de leurs péchés. Chacun de
leurs péchés est une nuit pour moi. Je suffoque de ressentir leurs
coeurs sans repentir et ingrats. Ils produisent un abîme sans fond
d'obscurité qui me paralyse.
Ô excès de mon Amour, tu m'as
fait partir d'une plénitude de Lumière pour m'amener à
la plus noire des nuits dans un étroit réduit qui annihile la liberté
de mon Coeur.»
Pendant
qu'il disait cela, Jésus gémissait péniblement à cause du
manque d'espace. Pour l'aider, je voulais lui donner un peu de
lumière par mon amour.
À travers sa souffrance, il me
fit entendre sa douce Voix et me dit:
«Assez pour l'instant; passons
au septième excès de mon Amour.»
Jésus ajouta: «Mon enfant, ne
me laisse pas dans une telle solitude et une telle obscurité! Ne
quitte pas le Sein de ma Mère et arrête-toi au septième
excès de mon Amour. Écoute bien:
«J'étais parfaitement heureux
dans le Sein de mon Père. Il n'y avait aucun bien
que je ne possédais: joie, félicité,
etc. Les anges m'offraient le culte de la plus grande adoration et
étaient attentifs à chacun de mes Désirs. Mais l'excès
de mon Amour pour le genre humain me fit changer de condition.
Je me suis dépouillé de ces joies,
ces félicités et ces biens célestes pour me revêtir des
infirmités des créatures, afin de leur amener mon éternel bonheur,
mes joies et mes avantages célestes.
«Cet échange aurait été facile
pour moi si je n'avais pas trouvé chez l'homme l'ingratitude plus
monstrueuse et la haine la plus obstinée.
Oh! comme mon Amour éternel fut déçu
par une telle ingratitude!
Je souffre beaucoup de la méchanceté
de l'homme, qui est pour moi la plus grande et la plus pointue des
épines.
Observe bien mon petit Coeur et vois
les nombreuses épines qui le recouvrent. Observe les blessures qu'y
font les épines et les rivières de Sang qui s'en échappent.
«Mon enfant, ne sois pas
ingrate toi aussi, parce que l'ingratitude est ce qu'il y a de plus
dur pour ton Jésus. L'ingratitude est pire que de claquer la porte de
mon Coeur.
Elle me garde dehors, sans amour et
dans la froideur.
Malgré la perversité du coeur de
l'homme, mon Amour jamais ne cesse.
Et il assume une attitude plus élevée
m'amenant à supplier et à languir après lui.
Et ceci, mon enfant, est le huitième
excès de mon Amour.»
«Mon enfant, ne me laisse
pas seul.
Continue de reposer ta tête sur
la poitrine de ma Mère et tu entendras mes gémissements et
mes supplications.
Tu
verras que ni mes gémissements ni mes supplications n'amènent
les créatures ingrates à ressentir de la pitié pour mon Amour
bafoué.
Ainsi
tu me verras, encore bébé, tendre la main comme le plus pauvre des
mendiants et demander la pitié et un peu de charité pour les âmes.
J'espère de cette façon attirer les coeurs gelés par
l'égoïsme.
«Mon enfant, mon Coeur veut
gagner le coeur de l'homme à tout prix.
Aussi j'ai décidé que si, après
le septième excès de mon Amour, ils font encore la
sourde oreille en se montrant désintéressés de Moi et de mes Biens,
alors je vais aller plus loin.
Mon Amour aurait dû s'arrêter
après tant d'ingratitude. Mais non.
Il veut dépasser ses limites et faire
qu'à partir des entrailles de ma Mère, ma Voix
suppliante atteigne chaque coeur.
Pour toucher les fibres du coeur
humain, j'utilise les méthodes les plus expressives, les mots les
plus doux et les plus efficaces, ainsi que les prières les
plus émouvantes. Je leur dis:
«Mes enfants, donnez-moi vos
coeurs, qui sont miens.
En échange, je vous donnerai tout
ce que vous voudrez, y compris Moi- Même.
Au
contact de mon Coeur, je réchaufferai vos coeurs.
Je les ferai éclater dans les flammes
de mon Amour et je détruirai en eux ce qui n'est pas du Paradis.
Sachez que mon but en quittant le
Paradis pour m'incarner dans le Sein de ma Maman, était que vous
puissiez entrer dans le Sein de mon Père Éternel.
Oh! ne trompez pas mes espérances!
«En voyant les créatures
résister à mon Amour et s'éloigner de moi, j'ai essayé de les
retenir.
Les Mains jointes et avec mes plus
tendres supplications, j'ai essayé de les gagner en disant d'une voix
sanglotante:
«Voyez,
mes enfants, le petit Mendiant que je suis, qui ne fait que réclamer
vos coeurs. Ne pouvez-vous pas comprendre que cette façon
d'agir m'est dictée par les excès de mon Amour?»
«Pour
attirer les créatures à son Amour, le Créateur a pris la forme
d'un petit bébé, afin de ne pas faire peur.
Quand il voit que la créature est
récalcitrante et obstinée et ne se rend pas à sa requête,
il insiste, se plaint et pleure.
Ceci ne t'amène-t-il pas à
la compassion? N'attendrit-il pas ton coeur?
«Mon enfant, ne semble-t-il pas
que les créatures raisonnables ont perdu la raison.
Alors qu'elles devraient se réjouir
d'être submergées et réchauffées par les flammes de mon Amour
divin, elles essaient de s'en détacher en allant à la
recherche d'amours bestiaux aptes à les conduire dans le chaos
infernal pour y pleurer éternellement.»
À ces Paroles de Jésus, je me
sentis fondre. J'étais terrifiée.
Je tremblais en pensant aux dommages
irréparables entraînés par l'ingratitude des hommes et à leurs
éternelles conséquences.
Et,
alors que j'étais plongée dans ces considérations, la Voix de Jésus
se fit entendre à nouveau dans mon coeur:
«Et toi, mon enfant, ne
veux-tu pas me donner ton coeur?
Faut-il que je pleure, me lamente,
et te supplie pour obtenir ton amour?»
Pendant que Jésus me disait cela, mon
coeur était saisi d'une ineffable tendresse pour lui.
Et sanglotant d'un vif amour jamais
ressenti auparavant, je dis:
«Mon bien-aimé Jésus, ne pleure
plus.
Oui, oui! Je te donne non seulement
mon coeur, mais je me donne moi-même.
Je n'hésite pas à tout te
donner.
Mais pour que mon don soit plus beau,
je veux enlever de mon coeur tout ce qui n'est pas de toi. Aussi,
s'il te plaît, donne-moi cette grâce efficace pour rendre mon coeur
comme le tien, pour que tu puisses y trouver une demeure stable et
permanente.»
«Mon enfant, mon état devient
toujours plus douloureux.
Si tu m'aimes, garde ton regard fixé
sur moi, de sorte que tu puisses bien apprendre tout ce que je
t'enseignerai.
Offre à ton petit Jésus un
sursis pour ses pleurs et ses profondes afflictions -- un mot
d'amour, une caresse, un baiser affectueux -- pour que mon Coeur
puisse être réconforté par le sentiment d'un retour d'amour.
«Vois, mon enfant, après
avoir pris connaissance des preuves de mon Amour décrites par les
huit excès mentionnés jusqu'ici, l'homme devrait s'être
incliné devant mon vrai et sublime Amour.
Plutôt,
il le reçoit mal et me fait passer à un autre excès
qui, s'il ne trouve pas de
retour, sera encore plus douloureux
pour moi.
«Jusqu'ici, l'homme n'a pas
capitulé. C'est pourquoi je poursuis avec mon neuvième excès
d'Amour, qui est mon très vif désir de m'échapper du Sein
maternel pour me mettre à la poursuite de l'homme. Et après
l'avoir stoppé sur les pentes du mal, je languis de l'étreindre et de
le baiser -- lui si ingrat pour mon Amour -- pour le rendre amoureux
de ma Beauté, de ma Vérité et de mon éternelle Bonté.
«Ce
grand dessein réduit ma petite Humanité qui n'a pas encore vu le jour
à un état d'agonie suffisant pour mettre un terme à ma
Vie. Si je n'étais pas aidé et soutenu par ma Divinité, inséparable
de mon Humanité à cause de l'union hypostatique, sûrement
que c'est ce qui m'arriverait. Ma Divinité me communique des
fontaines de Vie nouvelle et fait que ma petite Humanité résiste à
l'agonie continuelle de ces neuf mois où elle se sent plus
près de la mort que de la vie.
«Mon enfant, ce neuvième
excès de mon Amour n'est autre qu'une agonie continuelle qui a
débuté à l'instant où ma Divinité a pris la forme
humaine dans le Sein maternel, cachant ainsi son Essence divine.
Si je n'avais pas ainsi caché ma
divinité, j'aurais provoqué la peur plutôt que l'amour chez les
créatures, qui n'auraient alors pas voulu s'abandonner à mon
Amour.
Quelle
souffrance ce fut pour moi d'attendre là pendant neuf mois! Si
ma Divinité n'avait pas donné à mon Humanité son soutien et sa
force, mon Amour pour les créatures m'aurait dévoré.
Mon Humanité aurait été réduite en
cendres. J'aurais été consumé par mon Amour actif qui me fit prendre
sur moi l'énorme fardeau de la punition que se sont mérité les
créatures.
«C'est pourquoi ma vie dans les
entrailles de ma Maman fut si douloureuse: je ne me sentais plus
capable de rester loin des créatures.
Je languissais après elles
pour qu'à tout prix elles viennent dans ma poitrine pour
sentir mes palpitations brûlantes.
Je languissais de les embrasser de ma
tendre et pure affection, de telle manière qu'elles deviennent
éternellement seigneurs de mes Biens.
Sache que si je n'avais pas été aidé
par toi avant qu'il n'ait été le temps pour
moi d'émerger à la lumière
du jour, j'aurais été consumé par ce neuvième excès
d'Amour.
«Regarde-moi attentivement
dans les entrailles maternelles. Vois combien je suis devenu
pâle.
Écoute
ma Voix angoissée qui faiblit de plus en plus.
Sens les palpitations de mon Coeur
qui, ayant déjà été vives, sont maintenant presque éteintes.
Ne me quitte pas des yeux.
Regarde-moi
bien, parce que je suis mourant, oui, mourant de pur Amour!»
À ces mots je me sentis
défaillir d'amour pour Jésus.
Et il se fit un profond silence entre
nous deux, un silence sépulcral.
Mon sang se glaça dans mes
veines et je ne sentis plus mon coeur battre. Ma respiration s'arrêta
et, tremblante, je me suis écrasée sur le sol.
Dans ma stupeur je balbutiai:
«Mon Jésus, mon Amour, ma Vie,
mon Tout, ne meurs pas.
Je t'aimerai toujours, et je ne te
laisserai jamais, peu importe le sacrifice qu'il pourrait m'en
coûter.
Donne-moi toujours la flamme de
ton Amour afin que je t'aime toujours et que, le plus tôt
possible, je sois consumée d'amour pour toi, mon éternel Bien.»
Je me suis alors sentie comme morte.
Jésus
était déjà né à notre vie mortelle pour nous amener à
la mort de notre propre volonté et, plus tard, nous donner la vie
éternelle.
Puis Jésus me toucha et me réveilla
de l'assoupissement dans lequel j'étais plongée.
Doucement
il me dit: «Ma fille, renée de mon Amour, lève-toi.
Élève-toi à la vie de ma Grâce et de mon Amour.
Imite-moi en tout.
Comme
tu m'as tenu compagnie pendant les neuf méditations sur les excès
de mon Amour, dans cette longue neuvaine de ma Nativité, fais les
autres vingt- quatre considérations sur ma Passion et ma Mort, en les
distribuant parmi les vingt-quatre heures de la journée.
En elles tu discerneras d'autres
sublimes excès de mon Amour, et tu seras un continuel
soulagement pour moi dans mes grands chagrins provenant des
créatures ingrates. (15)
Dans la vie, tu seras la
toute-aimante de ma sépulture.A à ta mort, tu auras la part
optimum de ma Gloire. (16)
Luisa a écrit le présent tome 1 du
«Livre du Ciel» à la même époque que le tome
2, et que peut-être d'autres textes. Ce tome 1 nous fournit des
précisions biographiques intéressantes sur la préparation
exceptionnelle dont elle fut gratifiée en vue de sa mission comme
messagère de la Divine Volonté sur la terre.
Au
début, les vomissements venaient à tous les trois ou
quatre jours.
Par la suite, ce sera continuel:
quelques minutes après avoir pris de la nourriture, Luisa
vomissait tout. Ainsi, elle vivra dans un jeûne total jusqu'à
sa mort, sauf pour une petite exception (cf. Tome 2, 29 septembre
1912).
Pensez à quoi peut ressembler
le fait d'être alitée pendant soixante-quatre années, sans
plaie de lit, sans aucune maladie de cause naturelle.
Ceci était attaché à
l'obéissance volontaire de Luisa, ce qu'elle appelait son état usuel.
Et Jésus tint Parole, comme
l'attestera Luisa 15 ans plus tard (cf. Tome 4, 16 novembre 1902).
Ces lignes font penser à celle
du Cantique des Cantiques de l'Ancien Testament.
Le véhément et innocent amour de
Luisa pour Jésus incite ce dernier à lui donner un avant-goût
des chastes intimités qui seront vécues dans le Ciel.
Dans le Tome 9 (cf. 1 er octobre
1909), Luisa dit que, dans les années précédentes, Jésus avait voulu
la «prendre» quatre ou cinq fois, mais que son confesseur
avait intercédé pour qu'il laisse la victime sur la terre.
Dans les missels de l'époque, cette
date est le 16 octobre. C'était en 1888.
Luisa avait 23 ans.
Sainte Catherine de Sienne, mystique
italienne, membre du tiers ordre de Saint-Dominique et docteur
de l'Église.
On ne peut déterminer à quelle
période elle fait allusion.
Il ne s'agit pas du temps où
elle était confinée au lit, puisqu'après seulement une
année d'alitement interrompu, elle
vivait son mariage mystique, et onze mois plus tard la ratification
de celui-ci dans le Ciel.
Le 7 septembre 1889. Luisa avait
24 ans.
Dans cette comparaison, le feu
lui-même pourrait désigner la charité. Sans la charité, il n'y
a ni la foi, ni l'espérance.
C'était
le 8 septembre 1889. Luisa avait 24 ans. Cette date est d'autant plus
importante
qu'elle est celle où le Don de
la Divine Volonté lui fut accordé.
C'était un 14 septembre,
vraisemblablement en l'année 1890.
Viennent ici des remarques et des
explications sur ce que veut dire «vivre
dans la Divine Volonté».
C'est alors que Luisa commença
l'exercice des «Heures de la Passion» que,
32 ans plus tard, par obéissance, elle mettra sur papier.
À l'instar de sainte
Marie-Madeleine, dont Luisa porta le nom en tant que membre du tiers
ordre de Saint-Dominique.
Luisa
commence à
écrire 3
Neuvaine
préparatoire à la fête de Noël.
3
Premier excès d'Amour.
4
Deuxième excès d'Amour.
4
Fin
de la Neuvaine
5
Jésus agit dans
l'âme de Luisa, la détachant du monde extérieur.
6
Je serai avec
toi partout où tu iras pour observer toutes tes actions et
diriger et
unifier tous les mouvements et les désirs de ton coeur.»
7
Tout ce qui
était dit rappelait Dieu. Tout ce qui était fait était pour Dieu et
se rapportait à
lui. Ne peux-tu pas en faire
autant?» 8
Il m'enseignait
aussi comment aimer les créatures sans me séparer de lui,
en voyant
chaque personne comme une image de
Dieu 9
Jésus continue
son travail dans l'âme de Luisa, la dégageant
d'elle-même
et purifiant son Coeur
9
La première
chose dont il me parla, fut la nécessité de purifier
l'intérieur de
mon coeur et de m'anéantir, afin d'acquérir l'humilité
10
Jésus amène
Luisa à la conscience de son néant
11
L'âme doit
être contrite de ses péchés. Jésus ne veut pas qu'elle
s'attarde au passé
13
La créature
doit garder son regard fixé sur Jésus, et n'agir qu'avec lui
et que pour
lui. 14
La créature
doit mourir à elle-même et ne vivre que pour Dieu. Pour
cela, elle a
besoin d'esprit de charité et d'esprit de mortification
16
L'âme doit
totalement mourir à elle-même. On doit mortifier sa
volonté dans
tous ses choix
17
«La
première chose que tu dois faire est de mortifier ta volonté
et de détruire
ton ego qui désire tout, sauf le bien. »
18
Il m'attirait
alors vers la prière et me tenait complètement
absorbée par
la
contemplation des nombreuses grâces accordées par lui aux créatures
19
Jésus essayait
de tuer ma volonté, même dans les plus petites choses, pour
que je vive seulement en lui.
20
La première
vision de Jésus souffrant
22
Si une
personne entreprend quelque chose et elle ne ressent pas un transport
d'amour pour ce qu'elle entreprend, elle ne peut être motivée
pour
accomplir son travail.
23
L’
immersion dans la Passion de Jésus me fera comprendre clairement la
patience et l'humilité, l'obéissance et la charité de Jésus, et tout
ce qu'il
endura par
Amour pour moi 24
Jésus alluma
tant d'amour en moi pour sa douce souffrance que c'était plus
dur pour moi de ne pas souffrir
25
Jésus prive
Luisa de toute consolation sensible pour qu'elle apprenne
la résignation et l'humilité
25
Parce que
Jésus avait été mon Tout, sans lui je n'avais maintenant plus aucune
consolation. Tout autour de moi se changeait subitement en
amer chagrin
27
Par elle-même,
l'âme n'est capable de rien. Elle doit tout à Jésus
28
Mon seul
réconfort était de le recevoir dans le Saint Sacrement.
Parce que,
comme je l'espérais, je le trouverais là.
29
Ne savais-tu
pas que je suis l'Esprit de Paix. La première chose que
je t'avais
recommandée n'était-elle pas que ton coeur ne
soit pas angoissé?
30
Offre-moi tes
désappointements, tes ennuis et tes détresses en sacrifice de
louange, de satisfaction et de réparation pour les offenses qui me
sont faites
30
Ce que je te
fais souffrir à la Sainte Communion n'est qu'une ombre comparé
à ma souffrance à Gethsémani.
31
La privation
de moi est par elle-même la douleur la plus dure et la
plus amère
que je puisse infliger aux âmes qui me sont chères
32
Quiconque le
veut, peut revenir à moi à travers les sacrements
32
Je veux que tu
me visites trente-trois fois par
jour 33
Ta dernière
pensée et affection de la soirée sera celle de recevoir
ma Bénédiction,
pour que tu puisses te reposer en moi, avec moi et pour moi
34
Jésus insiste
pour que l'âme s'embellisse et s'enrichisse toujours davantage,
et qu'elle s'unisse intimement à lui pour soutenir la terrible
lutte contre les démons
35
Tu seras comme
un roi victorieux, tout décoré de médailles, retournant glorieusement
dans son royaume et rapportant d'immenses richesses
36
«Je suis ta servante, fais
de moi selon
ta Volonté, qui est Vie éternelle.» 37
Les démons
craignent beaucoup l'âme entraînée dont le courage est basé
sur moi. Supportée par moi, elle devient invincible contre tout démon
qui se
présente à elle.
39
À ces
paroles infernales, je me suis sentie envahie par un
inexprimable mépris
de Dieu et par un extrême désespoir pour mon salut
40
Les pauvres
démons ne pouvaient pas voir à l'intérieur de mon âme.
Là
j'étais toujours unie à Jésus
40
À
d'autres moments, je me sentais fortement incitée au suicide.
41
Mais par mes
invocations à Jésus, ils me laissèrent libre
et sans mal
42
L'hostilité
des démons par rapport à la Sainte Communion
43
Après
la Sainte Communion, je recevais d'indescriptibles et
mortelles souffrances.
Je récupérais immédiatement quand j'invoquais
le
nom de Jésus
43
Pour ceux qui
croient et veulent savoir comment mener ces luttes,
je dirai que
Dieu, à la Sainte Communion, m'enseigna comment combattre
ces esprits infernaux
44
Ce qui vous
est permis par le Dieu Tout-Puissant est pour mon bien
45
Mais cela
n'arrêtait pas les démons. Ils se servaient de toutes les
ruses possibles
pour m'inciter au désespoir
46
A la suite de
leurs tentations et pièges,
mon âme semblait acquérir un amour
plus ardent pour Dieu et mon prochain
47
Luisa voit
Jésus-Souffrant pour la deuxième fois
47
« Médite
sur les offenses énormes que commettent les hommes en traitant
Dieu de cette manière ainsi qu'aux terribles punitions
que Dieu
leur Père
ne manquera pas de leur donner.»
48
Viens avec moi
et offre-toi toi-même. Viens devant la Justice divine comme
victime de réparation
49
Cet immense
bien te semble-il petit ? Essaie-le et tu te retrouveras
élevée
au-dessus de tous les mortels
50
La victime
poursuit sa mission en participant aux souffrances de Jésus couronné
d'épines, pour réparer pour les péchés, spécialement ceux
d'orgueil.
Début du jeûne de Luisa
51
Souffrances de
Luisa provenant de sa famille. Sa grande répugnance à
ce que quelqu'un remarque ce qui lui arrivait. Jésus voit à ce
que rien
ne
soit remarqué 53
Jésus se
montra à moi entouré d'innombrables ennemis qui lui hurlaient
toutes sortes d'insultes. Quelques-uns le piétinaient, d'autres
lui tiraient
les cheveux, -d'autres encore le blasphémaient avec des
sarcasmes diaboliques
54
Maintenant que
tu m'as vu souffrir, ne t'inquiète pas des blessures
qui te
viennent de ta famille. Il y a des insultes bien plus grandes
55
Sache que tout
ce que je permets qu'il t'arrive, soit par les démons, soit
par les créatures, ou sous mon action directe, est pour ton bien.
Tout est fait
pour guider ton âme vers cet état final que j'ai prévu pour toi
56
Ô mon
bien-aimé Jésus, comme il m'est devenu difficile de supporter
ma famille
57
Souviens-toi
que j'ai souffert par rapport à toutes sortes de personnes
58
Pendant sa vie
sur la terre, il était pénible également pour Jésus que
ses
souffrances soient connues par d'autres
58
J'ai dit à
mon Père: «Père Saint, accepte ma confusion et ma
disgrâce en
réparation des nombreux péchés commis effrontément en public et
qui sont
parfois de grands scandales pour les petits enfants. Pardonne à
ces pécheurs
et donne-leur la lumière céleste pour qu'ils puissent
réaliser la
laideur du
péché et revenir dans la voie de la vertu.»
59
Luisa doit
rester au lit pendant de longues périodes. Son impossibilité de
manger devient plus manifeste. Appelé pour une première
fois, son
confesseur la
libère de son état de pétrification
60
Une nouvelle
et très lourde croix pour Luisa: l'obligation, en tant
que victime,
de se soumettre aux prêtres.
62
De cet
événement, je compris deux choses: ce n'est pas seulement la sainteté
des prêtres qui réanime mes sens, mais le pouvoir de Dieu lié
au sacerdoce
de ses ministres. Deuxièmement, je compris que le dessein
de Dieu sur
moi était de me soumettre à la subjectivité de ses ministres
63
Mais qui peut
résister à Dieu, quand il veut un sacrifice
inconditionnel. 64
Les prêtres
de ce temps me soumettaient à de très pénibles épreuves
65
Alors, avec
ses séductions et ses caresses très douces, mon aimable Jésus
me persuadait d'accomplir sa Sainte Volonté.
66
Mais, même
si une créature propose, Dieu, dans son impénétrable sagesse
accomplit ce qu'il a préparé pour
elle 67
«As-tu
oublié que je veux de toi une imitation de ma
vie? 67
Est-ce que je
pouvais m'objecter à ces justes Paroles de Jésus?
C'est pourquoi
j'ai accepté l'état de victime qu'il voulait pour moi
68
Changement de
confesseur. Il exige que Luisa ne se soumette comme victime
que sous son autorisation.
69
Si tu ne rives
pas tes yeux seulement sur moi, tu boiteras toujours. L’influence
de ma grâce ne pourra pas être complète en toi.
70
La peur qu'il
m'abandonne me faisait atrocement souffrir. Cependant, j'arrivais
à surmonter les difficultés. J'étais très
dure pour moi-même.
71
Jésus demande
à Luisa de s'offrir comme victime perpétuelle et lui
ouvre la voie
à de nouvelles grâces de sanctification.
72
J'essayais
d'apaiser le Seigneur par toutes sortes de supplications
73
«Enfant
bien-aimée, si tu veux volontairement t'offrir pour souffrir,
pas sporadiquement
comme par le passé, mais continuellement, j'épargnerai sûrement
les hommes. Je te placerai entre les deux, entre ma Justice
et l'iniquité des
hommes 74
Jésus mon
Époux est crucifié en moi. Et moi son épouse, je suis crucifiée
en lui. Il en
sera bien ainsi, parce qu'il n'y aura plus rien qui te
fasse dissemblable de
moi. 75
Le Seigneur
m'a donné de la connaître durant les douze dernières années.
Victime permanente, Luisa est continuellement alitée.
76
«Si tu
veux faire le sacrifice volontaire de toi-même en te
donnant comme
victime d'amour, d'expiation et de réparation, je promets de ne pas
laisser passer
un jour sans que tu aies une
visite 77
«Maintenant
que toute autre chose t'est étrangère et que nous
sommes devenus
familiers, je veux t'identifier à moi-même, afin que ton
corps aussi bien
que ton âme puissent être à ma disposition pour être
un perpétuel holocauste
devant moi. 78
Sais-tu
comment je me conduirai envers toi?
79
Jésus appelle
l'âme de Luisa à se perfectionner conformément à
sa Volonté. Il
veut qu'elle soit dans la plus complète pauvreté,
absolument détachée de tout
80
Une nouvelle
croix pour Luisa: elle vomit toute nourriture et souffre de
la faim. Son
confesseur lui défend de poursuivre dans son état de victime...81
Parce qu'elle
n'a pas le consentement de son confesseur, Luisa résiste
à
Jésus. Jésus fournit la preuve que tout vient de lui
83
Jésus prépare
Luisa pour le mariage mystique déjà promis
87
Jésus montre à
Luisa la divine beauté de sa très sainte
Humanité 89
L'âme de Luisa
se détache de son corps une première fois.
Souffrances
que Jésus lui transmet dans cet état
92
Jésus
communique à Luisa ses souffrances inouïes pour
les péchés
des hommes
94
Jésus permet à
Luisa de participer à son ineffable douceur en lui
montrant des
scènes consolantes des saints mystères de la foi
97
De la Sainte
Messe et de la Résurrection des Corps
98
Dernières
préparations de Luisa pour le mariage mystique.
101
Le mariage mystique.
104
Jésus donne à
Luisa cinq règles de vie.
105
Les
impressions de Luisa après avoir contemplé la gloire des anges
et des saints
dans le Ciel. 108
L'amertume
insupportable de Luisa d'avoir encore à vivre dans la
prison de son
corps, exilée de sa patrie céleste.
111
L'héroïsme
de Luisa d'accepter de revenir dans son corps après
avoir visité
le Ciel plusieurs fois
112
« La
souffrance est la voie la plus puissante pour satisfaire la
Justice divine
et faire accepter la grâce de la conversion par le pécheur.»
113
Jésus prépare
Luisa pour le renouvellement de son mariage mystique dans
le Ciel avec la sanction de la Sainte Trinité. Il lui parle des
vertus théologales
115
Pour avoir la
foi, trois choses sont nécessaires: avoir sa semence
en soi, que
cette semence soit de bonne qualité, et qu'elle se développe.
117
Les trois
vertus théologales (suite): l'espérance
117
Les trois
vertus théologales (suite): la
charité. 119
Préparation
finale pour le mariage mystique: l'anéantissement de soi
et le désir
de toujours souffrir davantage.
122
Renouvellement
au Ciel du mariage mystique de Luisa en présence
de la
Très Sainte Trinité
122
Les trois
Personnes Divines établissent leur résidence permanente
dans l'âme de
Luisa et lui font cadeau de la Divine
Volonté. 124
Un deuxième
mariage pour Luisa: son mariage avec la
Croix 126
Jésus
explique à Luisa le vrai sens des souffrances endurées pour
les péchés
129
Les
souffrances de Luisa sauvent un homme de la mort et la
damnation 130
La valeur
précieuse de la Croix. Jésus renouvelle plusieurs fois
la crucifixion pour Luisa.
132
Les
récompenses de la croix. À la place de la croix qu'elle avait
reçue,
Luisa en reçut une autre, plus grande.
134
Nouvelle
participation de Luisa à la Passion de Jésus
137
La sagesse
de la Croix 138
109 . La
Croix est la marque du vrai chrétien. Comme un livre ouvert,
elle dit tout
139
Luisa
confesse ses péchés à Jésus
141
Les effets de
la confession faite à Jésus. Cette expérience fut
renouvelée plusieurs fois
145
Fin de la
narration. Une nouvelle guerre entre l'Italie et l'Afrique
147
Les
différentes manières utilisées par Jésus pour parler à Luisa
149
Luisa revient
sur la neuvaine de Noël dont il fut question au début
155
Troisième excès d'Amour.
156
Quatrième excès d'Amour.
157
Cinquième excès d'Amour.
158
Sixième excès d'Amour.
160
Septième
excès d'Amour
161
Huitième excès d'Amour
162
Neuvième excès d'Amour.
164
Explications
167
Luisa
Piccarreta (1865-1947) et
la vie dans la Divine Volonté
(où
l'on peut notamment écouter les 36 volumes de l'oeuvre du Livre du
Ciel en audio donnée par Notre Seigneur Jésus)
Luisa
Piccarreta est née un dimanche peu après Pâques, dans le
village de Corato, en Italie, le 23 avril 1865. Elle fut baptisée le
même jour. Elle a vécu toute sa vie à cet endroit, sauf
les mois où chaque année, au temps où elle était jeune,
sa famille vivait à la ferme. Luisa est décédé en odeur de
Sainteté peu avant d'atteindre ses 82 ans, le 4 mars 1947 ; après
une vie tout à fait extraordinaire.
Luisa
n'avait pas de frère, mais quatre soeurs. Son père se
nommait Vito Nicola Piccarreta et sa mère Rosa Tarantini, tous
deux de Corato. Très jeune, Luisa était timide et très
peureuse. Ella avait souvent des cauchemars qui la rendaient très
craintive du démon. Et souvent, dans ses rêves, elle voyait la
Vierge Marie chasser le démon loin d'elle.
A ce
sujet, Jésus a précisé à Luisa que le démon avait discerné que
Dieu avait des vues très spéciale sur elle, qu'elle
apporterait une très grande gloire à Dieu, et qu'elle
serait une importante cause de défaite pour lui. Quelle que soit la
façon dont il s'y prit , il ne parvint jamais à faire
pénétrer en elle des affections ou des pensées impures, parce que
Jésus y avait fermé toutes les portes à Satan. C'est pour cela
qu'il était si furieux et essayait de la térifier par des rêves
effrayants, cherchant par tous les moyens à lui faire du mal.
A
l'âge de 9 ans, elle fit sa première communion et, le même
jour, reçut le sacrement de confirmation. L'Eucharistie devint
sa passion prédominate ; elle y concentrait toutes ses affections.
Dès cet âge, elle pouvait rester dans l'église, agenouillée et
immobile, pendant quatre heures, dans la contemplation.
A 11
ans, elle devint "fille de Marie". A 12 ans, elle cormmença
à entendre intérieurement la voix de Jésus, tout
particulièrement quand elle communiait. Jésus devint son
précepteur sur les choses de Dieu, la corrigeant et lui apprenant la
manière de méditer. Et il lui donnait des leçons au
sujet de la Croix, de la douceur, de l'obéissance et de sa vie cachée
sur la terre. Cette voix intérieure amena Luisa au détachement
d'elle-même et de toute chose.
Un
jour à l'âge de 13 ans, durant qu'elle travaillait dans sa
maison et réfléchissait sur la plus triste partie de la Passion de
Jésus, elle devint tellement accablée qu'elle était sur le point de
perdre le souffle. Elle se rendit alors sur le balcon du deuxième
étage de la maison. Comme elle regardait en bas, elle vit au milieu
de la rue une foule immense conduisant le doux Jésus avec sa Croix
sur l'épaule, le tirant d'un côté et de l'autre. Jésus avait le
visage tout ensanglanté et se débattait pour respirer. Il faisait
pitié à ramollir les pierres. Alors, levant les yeux vers
elle, Jésus lui dit : "âme, aide-moi !" . Il est impossible
de décrire la tristesse qu'elle ressentit et l'impression déchirante
que cette scène produisit en elle. Elle retourna rapidement à
sa chambre, complètement sidérée, ne sachant plus où
elle se trouvait, le coeur brisé de tristesse. Elle y pleura à
torrents sur les grandes souffrances de Jésus.
A
partir de ce moment, elle fut profondément inclinée à souffrir
par amour pour Jésus. Vers cette époque aussi, commencèrent
ses premières souffrances physiques, quoique cachées, ainsi
que de grandes souffrances morales et spirituelles. Au bout de 3 ans,
les assauts diaboliques tirèrent à leur fin. Quand elle
eut 16 ans, alors qu'elle était à la ferme, les démons lui
donnèrent un dernier assaut, si violent et pénible qu'elle en
perdit l'usage des sens. Dans cet état, elle eut une nouvelle vision
de Jésus souffrant. Mue intérieurement par de douces et amoureuses
invitations de la grâce, Luisa s'abandonna totalement à la
Divine Volonté et accepta le rôle de victime, pour lequel Jésus et la
Douloureuse Mère la conviaient.
A
l'âge de 17 ans, Luisa commença à vomir sa nourriture
et fut obligée de garder le lit par intermittence. Tout ceci était
inexplicable pour sa famille, les prêtres et les médecins. Plus
tard, après beaucoup de souffrances morales venant de sa
famille et des prêtres, on réalisa que son état résultait d'une
maladie mystique correspondant à sa situation de victime
volontaire en regard de la mission à laquelle Dieu l'avait
appelée. A partir de cette époque et jusqu'à sa mort, quelque
65 années plus tard, Luisa vécut sans nourriture et sans eau. Sa
nourriture consistait en la Divine Volonté et en la Sainte Communion.
A
partir de 22 ans, elle dut garder le lit en permanence. Le 16 octobre
1888, à l'âge de 23 ans, Luisa fut unie à Jésus par les
"épousailles mystiques". 11 mois plus tard, en présence de
la Très Sainte Trinité et de toute la Cour céleste, son union
avec Jésus fut ratifiée ; elle fut liée à Lui par le "mariage
mystique".
En
cette journée bénie, se produisit aussi le "prodige des
prodiges" : Luisa, qui avait alors 24 ans, reçut le
Cadeau de la Divine Volonté ! C'est le plus grand cadeau que Dieu
puisse offrir à une créature, la grâce des grâces, beaucoup
plus encore que le mariage mystique. A ce moment, le Troisième
Fiat de Dieu (celui de la Sanctification) prenait forme sur la terre.
Il se développera silencieusement, petit à petit, dans les
âmes préparées par Marie, la Mère et Reine de la Divine
Volonté.
En
février 1899, par obéissance à son Seigneur et à son
confesseur, Luisa commençait à écrire. Elle le fera
durant 40 ans, mettant sur papier les plus sublimes secrets du
mystère de la Divine Volonté. Le reste de sa vie fut un
mélange de joies et de souffrances, d'écriture, de couture,
d'obéissance, de prières, et d'aide aux autres avec beaucoup
de sagesse et de tendres conseils. Jésus, le seul en qui elle pouvait
avoir confiance, était sa seule consolation. Quand elle était privée
de sa présence sensible, ses agonies pour les âmes étaient si
profondes qu'elles surpassaient parfois les souffrances du
Purgatoire.
Luisa
fut admise de façon permanente dans les splendeurs éternelles
le 4 mars 1947. Il y eut une incertitude au sujet du moment de sa
mort durant 4 jours, vu que son corps n'était pas soumis à la
rigidité habituelle. Cependant, il fut impossible de redresser son
dos. Et ont dut fabriquer une tombe spéciale lui permettant d'y
garder la position assise, la même qu'elle avait gardée pendant
ses 64 années d'alitement.
47
ans plus tard, au début de 1994, le Vatican demanda à
l'Archevêque de son diocèse natal de mettre en marche le
processus pour sa béatification. Sa cause fut officiellement
introduite le jour de la fête du Christ Roi, le 20 novembre
1994.
Source
: http://spiritualitechretienne.blog4ever.xyz/la-servante-de-dieu-luisa-piccarreta
La
servante de Dieu Luisa Piccarreta
La
Servante de Dieu Luisa Piccareta
"Fille
de la Divine Volonté"
1865-1947
La
vie de Luisa Piccareta
Naissance
Luisa
Piccarreta est née dans une famille pauvre à Corato près
de Bari dans le Sud de l'Italie, le 23 avril 1865, soit le
Dimanche après Pâques. À l'occasion de la
canonisation de Soeur Faustine Kowalska, le 30 avril 2000, le Pape
Jean-Paul II a nommé officiellement en Église, ce Dimanche après
Pâques, « le dimanche de la Miséricorde », selon les
désirs de Jésus exprimés à soeur Faustine. Jésus voulait
ainsi souligner que Luisa était celle choisie par Dieu de toute
éternité pour nous apporter ce Don de la Divine Volonté, fruit par
excellence de sa Divine Miséricorde.
Sa
famille
Les
deux parents de Luisa étaient de Corato. La famille comptait
cinq filles et ils vivaient de l'agriculture. Tous les deux,
son père et sa mère sont décédés en mars 1907, à
dix jours d'intervalle. Luisa était alors âgée de 42 ans.
Luisa décrit ses parents comme étant des anges de pureté; ils
faisaient bien attention à ne pas laisser leurs enfants
entendre n'importe quoi. Le mensonge, l'hypocrisie, la
fausseté n'avaient pas de place en leur foyer. Les parents étaient
vigilants envers leurs enfants et ne les présentaient jamais à
qui que ce soit, gardant toujours la famille ensemble.
Amour
jaloux pour Jésus
Jésus,
dans son amour jaloux, expliqua par la suite à Luisa, qu'Il
l'avait dotée d'une grande timidité et l'avait gardée à
l'écart d'autrui, ne voulant que rien ne la touche, ni les
choses, ni les personnes. Jésus la voulait étrangère à
tout et à tous et n'ayant de plaisir qu'en Lui-même.
Baptême
Luisa
fut baptisée l'après-midi même de sa naissance.
Première
Communion, Confirmation
À
l'âge de neuf ans, Luisa fait sa première Communion ainsi
que sa Confirmation le Dimanche après Pâques, soit le
Dimanche de la Miséricorde. Dès son jeune âge, elle nourrit
un grand amour pour l'Eucharistie et passe des heures à
l'église, agenouillée et immobile, toute absorbée, en contemplation
devant le Très Saint Sacrement.
Voix
intérieure de Jésus
Peu
après sa première Communion, Luisa commence à
entendre la voix de Jésus à l'intérieur de son âme.
Jésus lui enseignait des méditations sur la Croix, l'obéissance, Sa
Vie cachée à Nazareth, les vertus et plusieurs autres
sujets, la dirigeant et la corrigeant quand il le jugeait
nécessaire.
Détachement
total
Graduellement,
Jésus l'amena à un détachement d'elle-même et de
tout. Dès son plus jeune âge Jésus lui enseigna
l'immense valeur de la souffrance acceptée volontairement et celle
de la prière d'intercession pour autrui.
Luisa
console Jésus
Luisa
aimait vénérer les Plaies de Jésus et désirait souffrir pour Lui.
Il lui arrivait de baiser les Saintes Plaies de Ses pieds, de Ses
mains, de Son Côté et alors les Plaies disparaissaient; de cette
manière Jésus lui faisait part du soulagement et du
réconfort qu'elle pouvait lui procurer face à Ses
souffrances.
Fille
de Marie
Durant
son enfance, Luisa était plutôt gênée et peureuse, mais aussi
vive et joyeuse. A l'âge de onze ans, elle est
reçue « Enfant de Marie ». Plus tard,
Luisa demeurera petite de taille et toujours sereine avec de grands
yeux pénétrants et animés.
Première
vision
Un
jour, à peine âgée de treize ans, Luisa travaillait
chez elle tout en méditant intérieurement sur la Passion de Jésus.
Soudainement, elle devint oppressée et sortit sur le balcon au
deuxième étage de la maison pour prendre un peu d'air.
C'est alors qu'elle eut une première vision en regardant en
bas dans la rue; elle vit une foule immense et, au milieu de la
foule, Jésus transportant péniblement Sa Croix. La foule le
poussait et le maltraitait de tous côtés. Jésus
aussi cherchait son souffle, Il avait le visage tout couvert de
sang, dans une attitude qui faisait pitié à voir.
"Ame,
aide-Moi!"
Soudainement,
Jésus la regarda et lui dit: « Âme, aide-Moi ». C'est
alors que l'âme de Luisa fut remplie de compassion pour Jésus. Elle
revint à sa chambre et pleura abondamment. Elle dit alors à
Jésus qu'elle voulait souffrir Ses peines afin de Le soulager parce
que ce n'était pas juste que Jésus souffrit autant par amour pour
elle, pauvre pécheresse et qu'elle ne souffre rien pour l'amour de
Lui.
Bataille
féroce contre les Démons
Alors
commencèrent ses premières souffrances physiques de
la Passion de Jésus, quoique cachées. De treize ans à
seize ans, Luisa livra une bataille féroce contre les démons,
luttant contre leurs suggestions infernales, leurs railleries,
leurs tentations... Luisa résista vaillamment à leurs
attaques. Malgré leurs bruits effrayants, elle réussit à
ignorer toutes ses peurs en gardant son regard fixé sur Jésus comme
la Vierge Marie le lui avait appris.
L'assaut
final des Démons
De
santé fragile, Luisa passait ses étés à la ferme familiale
nommée « Desperate Tower » à quelques
vingt sept kilomètres de Corato.
Deuxième
vision
C'est
là que Luisa souffrit l'assaut final des démons à
l'âge de seize ans. L'attaque fut si violente qu'elle en
perdit connaissance. C'est alors qu'elle eut une seconde
vision de Jésus souffrant qui lui dit : «
Viens avec Moi et offre-toi à Moi. Viens devant la
Justice Divine comme "victime de réparation" » pour
les nombreux péchés commis contre Elle, en sorte que Mon Père
puisse être apaisé et qu'Il puisse accorder la conversion aux
pécheurs ».
Un
choix
Et
Jésus ajouta ceci : "Deux
choix s'offrent à toi : Des souffrances sévères
ou des souffrances plus légères. Si tu refuses la forme
sévère, tu ne pourras participer aux grâces pour lesquelles
tu as combattu si bravement. Mais, si tu acceptes, Je ne te
laisserai jamais seule et Je viendrai vivre en toi pour souffrir
tous les outrages commis contre Moi par les hommes. Ceci est
une grâce très particulière qui n'est donnée qu'à
quelques personnes parce que la majeure partie n'est pas préparée à
entrer dans le champs de la souffrance. Deuxièmement,
Je te permets de t'élever à autant de gloire que de
souffrances communiquées à toi, à travers Moi.
Et enfin, Je te donnerai l'assistance, le soutien et le réconfort
de ma Très Sainte Mère, à qui fut accordé le
privilège de te prodiguer toutes les grâces nécessaires
selon ta docilité et ta réciprocité".
Victime
de réparation
Alors
Luisa s'offrit généreusement à Jésus et à Notre-Dame
des Douleurs, prête à se soumettre à tout ce
qu'Ils voudraient d'elle.
Couronne
d'épines
Quelques
jours plus tard, Luisa reçu de Jésus la couronne d'épines
qui lui causa des spasmes douloureux, l'empêchant de prendre
et d'avaler toute nourriture.
Abstinence
de nourriture
Dès
lors, Luisa vécut dans une abstinence presque totale de nourriture
jusqu'à sa mort, ne se nourrissant que de l'Eucharistie et
de la Volonté Divine.
Persécutions
Luisa
dut subir beaucoup d'incompréhension et de persécutions de la part
de sa famille et de nombreux prêtres.
Mort
apparente
À
cause des souffrances de plus en plus fortes de la Passion de
Jésus, Luisa perdait souvent conscience. Son corps devenait
rigide, quelquefois durant plusieurs jours jusqu'à ce qu'un
prêtre la ramène de son état de mort apparente.
La
sainte obéissance
Par
la bénédiction du prêtre et au nom de la Sainte Obéissance,
Luisa revenait à elle.
Tertiaire
Dominicaine
À
l'âge de dix-huit ans, Luisa devint Tertiaire Dominicaine et prit
le nom de Soeur Madeleine.
Souffrances
continuelles
À
vingt-deux ans, Jésus lui dit: « Bien-aimée de Mon
Coeur, si tu acceptes de souffrir, non plus par intervalles comme
dans le passé, mais continuellement, J'épargnerai l'humanité .
Je te placerai entre Ma Justice et l'iniquité des humains.
Quand J'exercerai, Ma Justice, en envoyant une multitude de
catastrophes sur eux, te trouvant au milieu, c'est toi qui sera
touchée et eux seront épargnés. Autrement, Je ne pourrai pas
retenir le bras e la Justice de Dieu plus longtemps ».
Clouée
au lit pendant plus de 64 ans
Luisa
accepta et c'est ainsi qu'elle fut alitée pour le reste de sa vie,
soit plus de soixante-quatre ans. C'est sa soeur cadette
Angela demeurée célibataire, qui prit soin de Luisa durant toute sa
vie.
Vomissements
répétés
À
cette époque, Luisa prenait encore un peu de nourriture qu'elle
vomissait aussitôt. Mais, chose extraordinaire, la nourriture
réapparaissait toute entière dans l'assiette et plus belle
qu'auparavant.
Douleurs
spirituelles indescriptibles
Luisa
souffrit également des douleurs spirituelles indescriptibles,
surtout l'absence de Jésus qu'elle ressentait péniblement.
Aucune
escarre durant 64 ans
Son
cinquième et dernier confesseur, Don Benedetto Calvi
certifie un autre phénomène extraordinaire: « Durant
les soixante-quatre ans qu'elle fut alitée, jamais elle n'eut
d'escarre ».
Mariage
mystique
Luisa
ne s'est jamais mariée. A vingt-trois ans, elle reçut
la grâce du Mariage Mystique le 16 octobre 1888. Épouse
crucifiée, Luisa ne devint jamais religieuse comme elle le
désirait, mais Jésus lui dit qu'elle était « la vraie
religieuse de Son Coeur ».
Don
de la Divine Volonté
Le
8 septembre 1889, onze mois plus tard, ce Mariage fut renouvelé au
Ciel en présence de la Très Sainte Trinité. C'est à
cette occasion que Luisa reçut pour la première fois
le Don de la Divine Volonté.
Mariage
de la Croix
Peu
de temps après avoir rencontré Luisa, le Bienheureux
Annibale Di Francia, son confesseur extraordinaire et censeur de
ses travaux, écrivit à son sujet: « Même
si elle ne possède aucune science humaine,
(Luisa savait à peine lire et écrire) elle
est dotée de beaucoup de sagesse entièrement céleste, et de
la science des Saints. Sa façon de parler irradie la
lumière et console; ingénieuse de nature, les
études formelles qu'elle a effectuées dans sa jeunesse se limitent
à une première
année ».
Seule,
cachée, inconnue
Parmi
ses traits de caractère, il faut noter que Luisa aimait la
discrétion et l'effacement et possédait une grande prédisposition à
l'obéissance.
Le
Bienheureux Annibale Di Francia ajoute:
« Elle veut être seule, cachée, inconnue.
Pour rien au monde Luisa n'aurait voulu que son intimité et ses
communications avec le Seigneur Jésus soient révélées publiquement,
surtout de son vivant. Si Jésus Lui-même ne l'avait
exigé. Elle a toujours fait preuve de la plus grande
obéissance, d'abord à Jésus et ensuite à l'égard de
ses confesseurs que Jésus Lui-même lui assignaient. » Cette
disposition lui fit traverser des périodes pénibles au cours
desquelles elle sentait cruellement le conflit entre son
inclination naturelle et les exigences de sa mission, telle que
voulue par Jésus. On peut dire que pendant quarante ans, elle s'est
fait violence sur ce point, tout en partageant les souffrances de
Jésus pour sauver des âmes, faisant preuve d'une générosité
exceptionnelle, presqu'inhumaine, à tout le moins
incompréhensible. Il est difficile de concevoir un oubli de
soi poussé plus loin que celui de Luisa.
Cinq
confesseurs
Dès
son adolescence et tout au long de sa vie, Luisa se vit assigner
cinq confesseurs nommés par différents Archevêques de son
diocèse et qui se succédèrent auprès d'elle
jusqu'à sa mort. Don Gennaro Di Gennaro, Curé de la paroisse
Saint Joseph fut son troisième confesseur de l898 à
l922. C'est lui qui lui ordonna, par obéissance d'écrire au
fil des jours, tout ce qui se passait entre Jésus et elle. Chaque
jour, la Messe était célébrée dans la chambre de Luisa, ce qui
était vraiment exceptionnel à cette époque. C'est le
Pape Pie X qui lui octroya cette permission. Les rideaux
restaient fermés autour de son lit durant plus de deux heures après
la communion, alors qu'elle accomplissait son Action de grâces.
Mort
de Luisa
Luisa
rentra à la Maison du Père à l'âge de 81 ans,
le 4 mars 1947, suite à une pneumonie qui dura quinze
jours. Ce fut la seule maladie dont elle souffrit durant sa
longue vie. Sa mort fut marquée de phénomènes
extraordinaires. A cause des si nombreuses expériences de
sorties hors-corps de son âme durant toute sa vie, les médecins
mirent quatre jours avant de la déclarer réellement décédée. Comme
à l'ordinaire Luisa était assise droite dans son lit avec
quatre oreillers derrière elle. Luisa ne s'appuyait
jamais sur ceux-ci parce qu'elle n'avait pas besoin de sommeil.
Il fut impossible de l'allonger même avec l'aide de plusieurs
personnes; seule sa colonne vertébrale était rigide. Il
fallut donc construire une tombe spéciale en forme de "L".
Contrairement à la rigidité habituelle de son corps
lorsqu'elle voyageait la nuit avec Jésus à travers le monde
et les siècles, voilà que maintenant son corps était
flexible. Les médecins pouvaient bouger sa tête dans toutes
les directions sans aucun effort, lever ses bras, plier ses
poignets et ses doigts demeurés souples. Ils levaient ses
paupières et constataient que ses yeux étaient toujours
brillants et non voilés. Luisa semblait encore en vie ou simplement
endormie. Après de nombreux examens, les médecins
finirent par constater son décès. Elle demeura ainsi durant
quatre jours sur son lit de mort sans aucun signe de décomposition
bien qu'elle n'ait été aucunement embaumée. Nous
pourrions ajouter beaucoup d'autres faits extraordinaires qui ont
caractérisé la vie de Luisa Piccarreta et qui confirment d'une
façon éloquente les nombreuses grâces spéciales qu'elle a
reçues pour accomplir sa mission unique et exceptionnelle,
dépassant l'entendement humain.
Fiat
!
Historique
des écrits de Luisa Piccareta
Don
Gennaro Di Gennaro, troisième confesseur de Luisa Piccarreta
resta vingt -quatre ans à son service. Percevant les
merveilles du Seigneur sur son âme, il ordonna à Luisa
de mettre par écrit tout ce que la grâce de Dieu opérait en elle.
Toutes les raisons d'échapper à cette obligation d'écrire
furent vaines pour Luisa; même ses capacités littéraires
limitées ne furent pas un motif suffisant pour la dispenser
d'écrire. C'est ainsi que le 28 février de l'année 1899, Luisa
commença à rédiger son journal. Le
dernier cahier fut achevé le 28 décembre 1938. date à
laquelle son cinquième et dernier confesseur, Don
Benedetto Calvi lui ordonna de cesser d'écrire. Pendant quarante
ans, Luisa écrivit en tout trente six volumes qui constituent
fondamentalement son journal autobiographique, dont le titre fut
donné par Jésus Lui-même:
"Le
Royaume du Fiat au milieu des créatures, Le Livre du Ciel"
Et,
Jésus ajouta un sous-titre en disant au confesseur extraordinaire
de Luisa, le Bienheureux Annibale Di Francia: « Mon
fils, le titre que tu donneras au livre que tu feras imprimer
concernant Ma Volonté Divine sera: "Le rappel des
créatures à l'ordre, au rang et au but pour lesquels elles
ont été créées par Dieu." »
Ces
trente-six volumes constituent un enseignement complet sur la
Divine Volonté, nous révélant la vie intérieure de Jésus dans Son
Humanité, le but de la création, le rôle de la Rédemption, le
retour de l'homme à son état originel et l'Amour infini de
Dieu envers ses créatures... Ces écrits constituent de véritables
catéchèses mystiques et acétiques conformes au Magistère
de l'Eglise. Ces enseignements explicitent et éclairent d'une
lumière nouvelle le contenu des Évangiles sans en modifier
le sens profond. Le pilier central sur lequel ils reposent est le
"NOTRE
PÈRE ...
que Ton Règne vienne, que Ta Volonté soit faite sur la terre
comme au ciel" tel que Jésus l'a enseigné. Le
premier volume raconte la vie de Luisa jusqu'au moment où
elle reçut l'ordre d'écrire. Il fut complété en 1926
par « Notes
des souvenirs de son enfance. » De
plus, Luisa écrivit un très grand nombre de prières,
neuvaines selon l'enseignement reçu de Jésus pour nous
apprendre à prier dans la Divine Volonté, c'est-à-dire
en laissant Jésus prier en nous comme Il le faisait dans Son
Humanité. À la demande du Bienheureux Annibale Di Francia
vers l'année 1913 ou bien 1914, elle écrivit les "Heures
de la Passion" auxquelles
elle ajouta des réflexions pratiques quelques années plus
tard. Ces heures furent publiées une première fois en
1915. Il y eut six éditions publiées en Italien qui reçurent
l'Imprimatur. Luisa écrivit aussi trente-une méditations pour le
mois de mai ayant pour titre: "La
Vierge Marie dans le Royaume de la Divine Volonté". Elle
compléta ces méditations le 6 mai 1930. Cet ouvrage parut en
Italien sous le titre de: "La
Regina Del Cielo Nel Regne Della Divina Volontà: Meditazioni
da farsi, nel mese di maggio. per la Casa della Divina
Volontà." Luisa
écrivit également plusieurs lettres et elle entretint surtout dans
les dernières années de sa vie, une importante
correspondance avec des âmes pieuses qui profitèrent de ses
conseils et des lumières qu'elle avaient reçues de
Jésus pour apprendre la façon de vivre et de prier dans la
Divine Volonté. En 1926, les dix-neuf premiers volumes (seuls
écrits disponibles à ce moment-là) reçurent
l'Imprimatur de l'Archevêque Mgr. Guiseppe Leo et le "Nihil
Obstat" du Bienheureux Annibale Di Francia,
Censeur Ecclésiastique nommé par l'Archevêque de Trani;
en d'autres termes, les écrits sont considérés par l'Eglise comme
étant exempts d'erreurs concernant la foi et la morale telles
qu'interprétées par l'Eglise Catholique. Après la mort de
Luisa, le 4 mars 1947, il s'écoula une vingtaine d'années durant
lesquelles ses écrits rencontrèrent peu d'intérêt et
furent mis en veilleuse. Cependant, les témoins qui l'avait connue
personnellement et avaient été touchés par les écrits, ne perdaient
pas leur ferveur. Ils attestèrent avec conviction
comment leur vie fut changée par les écrits et la vie
exemplaire de Luisa. Une nouvelle montée d'intérêt commença
à poindre vers la fin des années 1960. Bien que le
Bienheureux Annibale Di Francia, fondateur des Pères
Rogationnistes du Sacré-Coeur et des Filles du Divin Zèle,
voulait publier les dix-neuf premiers volumes du "Livre
du Ciel",
il mourut avant d'avoir accompli ce travail. C'est l'Association de
la Divine Volonté à Milan, Italie qui en fit la publication
dans les années 1970. Par la suite, ils furent traduits en
Espagnol , certains en Anglais et en d'autres langues. Une
version française pro-manuscrite (non officielle) de
certains volumes existe présentement au Québec depuis 1999. En 1994
, avant l'ouverture du procès de béatification de Luisa
Piccarreta, un tribunal fut établi pour investiguer sur sa vie et
une équipe de théologiens pour scruter ses écrits. Les
« avocats du Diable » dont la tâche est de
présenter des arguments contre la personne en cause de
béatification ont été incapables d'évoquer une seule objection
contre Luisa et ses écrits. Le 28 mars 1994 , les écrits reçurent
le "Non Obstare" du Cardinal Ratzinger, Préfet de la
Congrégation de la Doctrine de la Foi. De plus, le Cardinal Angelo
Felici, Préfet de la Sacré Congrégation de la Cause des Saints,
donna également le "Non Obstare". Il signa une
lettre Historique (officielle) envoyée à l'Archevêque
Carmelo Cassatio de l'Archidiocèse de Trani où Luisa
vivait, lui précisant qu'il était heureux de lui faire part qu'il
n'y avait aucune objection de la part du Vatican pour l'ouverture
officielle de la Cause de béatification de Luisa Piccarreta et par
conséquent de commencer les procédures. Le 20 novembre 1994, en la
fête du Christ-Roi, l'Archevêque Carmelo Cassatio
ouvrit donc officiellement le procès de béatification. Le 8
juin 1995, la première version anglaise des dix-neuf
premiers volumes, (écrite aux États-Unis par Thomas Fahy,
Président du Centre de la Divine Volonté à Jacksonville,
Floride), reçue l'équivalent d'un imprimatur de Mgr.
Guiseppe Carata (Trani, Italie). En Janvier 1996, le Cardinal
Ratzinger fit sortir les trente-quatre volumes du "Livre
du Ciel"
qui était retenu aux Archives du Vatican depuis cinquante-huit ans
et, des photocopies furent remises à l'Archevêque
Carmelo Cassatio de l'Archidiocèse de Trani et Président du
Tribunal pour la Cause de béatification de Luisa Piccarreta.
Les volumes trente-cinq et trente-six (écrits plus tard) lui furent
également remis. En 1997, à l'intérieur du procès de
béatification en cours, deux théologiens hautement qualifiés,
nommés par l'Eglise pour la révision des écrits de Luisa ont soumis
leurs rapports attestant qu'ils n'avaient trouvé en ces écrits rien
qui fut contraire à la foi et la morale catholique. En
résumé, le dossier complet concernant les écrits de Luisa
Piccarreta est manifestement net de tout soupçon.
N'importe qui peut les livre avec une conscience claire et demeurer
en paix. Que Dieu reçoive toute la Gloire qui Lui
revient, qu'Il a prévu recevoir de toute sa Création, sujet qui
nous est superbement révélé dans le "Livre
du Ciel". Suite
au Congrès international de Corato en octobre 2002, la
Postulation pour la Cause de Béatification de Luisa a formé un
comité d'assistance à la Cause, principalement dans le but
d'aider la Postulation à produire la version officielle et
autorisée des écrits de Luisa en anglais et en espagnol et pour
produire des notes théologiques explicatives dans ces deux langues
ainsi qu'en italien. Ce comité spécial qui a une très grande
responsabilité inclus le Père Pablo Martin, le Père
Carlos Massieu, Marianela Perez, Alejandra Acuña (pour la
version espagnole), M. Stephen Patton (expert théologien), M.
Thomas Fahy (pour la version anglaise). Ce travail gigantesque est
présentement en cours.
Source
: http://spiritualitechretienne.blog4ever.xyz/la-servante-de-dieu-luisa-piccarreta-suite
La
servante de Dieu Luisa Piccarreta, suite
La servante de
Dieu Luisa Piccarreta, suite et fin
La
Cause de Béatification de Luisa
Déjà
de son vivant Luisa était connue comme "La Santa".
Quelques années avant sa mort, le Bienheureux Annibale Di Francia
écrivit ce bel éloge sur Luisa : «Il
semble que Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lui qui multiplie toujours
plus les merveilles de son Amour ait voulu former en cette vierge
(dont Il disait qu'elle était la plus petite qu'Il ait pu trouver
sur cette terre, dépourvue de toute instruction ) , un
instrument adapté pour accomplir une mission si unique et si
sublime qu'elle ne peut être comparée à aucune autre,
à savoir le Règne de la Divine Volonté sur la terre
comme au ciel. »
C'est
Jésus Lui-même qui l'affirma par ces Paroles: "Ta
mission est grande, parce qu'il ne s'agit pas seulement de ta
sainteté personnelle, mais d'embrasser tous et tout afin d'étendre
le Royaume de Ma Volonté à toutes les générations." Luisa
était donc la première nouvelle née de la Divine Volonté,
le Chef de file de la "seconde génération des enfants de la
Lumière: les fils et filles de la Divine Volonté", la
maîtresse de la science la plus sublime qui soit: la Divine
Volonté, la secrétaire et l'écrivaine de Jésus. Elle-même
signait ses lettres : "la
petite fille de la Divine Volonté",
titre qui est inscrit sur sa tombe dans la Paroisse Santa Maria
Grecia à Corato. La mission de Luisa sur la terre fut
toujours subordonnée à l'Église officielle. Un grand
nombre de témoignages très fiables ont été rendus concernant
Luisa. On compte parmi ces personnes des religieux et des
prêtres, des théologiens, des professeurs, quelques futurs
Évêques et Cardinaux et même un Bienheureux dont nous
avons déjà fait mention le Père Annibale Di Francia.
Funérailles
Le
7 mars 1947, trois jours après sa mort, sa dépouille
mortelle fut exposée pendant encore quatre jours à la
vénération des fidèles venus de partout à travers le
monde par milliers rendre un dernier hommage à Luisa
"La Santa", Ses funérailles furent un vrai triomphe; tout
le Clergé séculier et religieux accompagna sa dépouille jusqu'en
l'église-mère où la Liturgie funèbre fut
célébrée. Dans l'après-midi Luisa fut enterrée dans la
chapelle de la noble famille des Calvi. Le 3 juillet 1963 sa
dépouille fut transférée à l'église Santa Maria Grecia de
Corato.
Association
Luisa Piccarreta
En
1980, l'Archevêque Giuseppe Carata et Soeur Assunta
Marigliano fondèrent l'Association Luisa Piccarreta à
Corato, Italie avec le Siège Social dans le même
édifice où Luisa avait vécu une bonne partie de sa vie.
L'Archevêque écrivit fréquemment et fit plusieurs voyages au
Vatican pour plaider la cause des écrits et de Luisa. Son
successeur l'Archevêque Carmelo Cassati qui devint
responsable de l'Archidiocèse où Luisa avait vécu,
poursuivit ces efforts auprès de Rome ainsi que dans son
diocèse.
Une
année sainte
En
1993, à la fête du Christ-Roi, il inaugura une année
sainte de prières pour la venue du Royaume de la Divine
Volonté. A cette occasion une messe solennelle fut célébrée
dans la chapelle de l'Association située au premier étage du Siège
Social International près du Centre de Corato.
Ouverture
de la Cause de Béatification
Le
28 mars 1994, l'Église, après des réunions au plus
haut niveau , ordonna au Cardinal Felici, Préfet de la Congrégation
Sacrée sur les Causes des Saints, d'envoyer une lettre officielle à
son Excellence l'Archevêque Carmelo Cassatio déclarant que,
de la part de Rome, il n'y avait aucun obstacle à
l'ouverture de la Cause de la Béatification de Luisa Piccarreta et
par conséquent de commencer les procédures. En mai 1994, suivant le
protocole requis, l'Association Luisa Piccarreta avec la signature
de Soeur Assunta Marigliano demanda par une pétition à
l'Archevêque Carmelo Cassatio de commencer la Cause de
Béatification de Luisa. Un postulant et des vice-postulants pour la
Cause furent choisis pour former une Commission Officielle sous
l'autorité de l'Église. Les remarques de l'Archevêque
concernant Luisa indiquaient qu'elle avait été victime de l'Amour,
victime de l'Obéissance avec pour seule préoccupation le Règne
de la Volonté Divine. Le postulant, Msgr. Felice Posa est un
avocat de Droit Canon hautement qualifié dans le
domaine de la Loi Canonique. Des visiteurs de plusieurs pays
assistèrent à la Messe d'ouverture de la Cause et à
la mise en place du Tribunal officiel. Environ soixante personnes
venues des États-Unis, deux de Costa Rica, d'autres du Mexique, de
l'Équateur, d'Espagne, d'Italie et du Japon assistèrent à
cette Messe d'ouverture de la Cause ainsi que plusieurs prêtres
bien informés sur la spiritualité du Don de la Divine Volonté.
Notons parmi eux la présence des Pères John Brown, Carlos
Masseu, Thomas Celso et Michaël Adams et certaines personnes
qui avaient connu Luisa de son vivant.Des descendants de la soeur
de Luisa étaient également présents à la Messe.
L'église était complètement remplie. Le 20
novembre 1994, la Messe fut célébrée dans l'ancienne église mère
de Corato en la fête du Christ-Roi.
Tribunal
officiel
L'Archevêque
Carmelo Cassatio, à la tête du Tribunal, procéda à
l'assermentation officielle et l'installation des six membres du
Tribunal : l'Archevêque Cassatio, Msgr. Felice Posa, Msgr.
Pietro Ciraselli, Padre G. Bernardino Bucci, le Père John
Brown et Mr. Cataldo Lurillo. En mars 1997, à l'occasion du
cinquantième anniversaire de la mort de Luisa, il fut
annoncé publiquement que le Tribunal responsable de la Cause de
Luisa avait déterminé unanimement qu'elle avait vécu une vie
d'héroïque vertu et que ses expériences mystiques étaient
authentiques. Le 2 février 1998, Mgr. Carmelo Cassatio a établi la
Commission Diocésaine "La servante du Seigneur Luisa
Piccarretta" et l'Office diocésain pour la Cause de
Béatification de la servante du Seigneur Luisa Piccarreta dont les
tâches sont décrites dans les statuts appropriés et qui ont aidé à
faire avancer la Cause de Béatification et la Version Officielle
des écrits de Luisa Piccarreta. Cette Commission Diocésaine a été
dissoute lors de la fermeture de la Cause de Béatification au
niveau diocésain.
Transfert
de la cause de Béatification à Rome
Du
27 au 29 0ctobre 2005 s'est tenu à Corato le 3ième
Congrès International sur la Divine Volonté au cours duquel
a eu lieu la fermeture de la Cause de Béatification de Luisa
Piccarreta au niveau de l'Archidiocèse de
Trani-Barletta-Bisceglie et le transfert de sa Cause de
Béatification à Rome. Durant ce Congrès, le Maire de
la ville de Corato fit une cérémonie solennelle pour changer le nom
de la rue où Luisa vécut la majeure partie de sa vie. Le nom
de la rue qui portait antérieurement le nom de « Via N.
Suaro » fut changé pour : « Via Luisa
Piccarreta, Serva de Dio (Servante de Dieu) ». La
cérémonie de clôture eut lieu en l'Église Mère de Corato là
où Luisa avait été baptisée le dimanche 23 avril 1865.
L'Archevêque Pichierri était le célébrant principal de
la Messe solennelle après laquelle il présida à
l'application officielle des sceaux sur les boîtes de bois
contenant les documents concernant la Cause de Béatification et les
écrits de Luisa et qui devaient être envoyés à Rome.
Quelques jours plus tard, suite à l'arrivée à Rome de
ces boîtes scellées, un nouveau postulateur pour la Cause de
Béatification fut nommé. Il s'agit d'une femme Madame Silvia Monica
Corrales, née en Argentine. Il n'y a désormais plus aucun tribunal
pour la Cause de Luisa dans son Diocèse. Tout ce qui
concerne la Cause de Béatification de Luisa relève
maintenant de Rome et sa Cause est tout particulièrement
dans les mains de Dieu qui désire plus que tout que le Royaume de
sa Divine Volonté règne enfin sur la terre comme au Ciel
comme c'était le cas à l'origine dans le Jardin d'Éden.
Prions avec ferveur et persévérance pour la Béatification de Luisa
ce qui ouvrirait grandes les portes de l'Église pour que ce Don de
la Vie dans la Divine Volonté soit reconnu et enseigné au sein même
de l'Église par ses pasteurs et ainsi hâterait la venue de ce
Royaume de la Divine Volonté sur notre terre, un Royaume de Paix,
de Sagesse, de Lumière et d'Unité.
Assistance
de Luisa
Depuis
l'ouverture de sa Cause de Béatification, Luisa donne tous les
signes de son assistance sur la terre. On rapporte plusieurs
miracles survenus grâce à son intercession dans plusieurs
pays et qui ont été soumis au Tribunal pour investigation. Un choix
de prières pour faire une neuvaine à Luisa Piccarreta
en vue d'obtenir une faveur particulière est inclus
ci-après. Pour toute faveur obtenue par l'intercession de
Luisa, veuillez aviser l'Association Franco-Canadienne Luisa
Piccarreta dont les coordonnées sont inscrites sous le thème :
Association Franco-Canadienne Luisa Piccarreta.
Il
est demandé par les responsables de la Cause à Rome de ne
pas écrire de lettres au Vatican pour montrer votre support à
la Cause de Béatification de Luisa. Toute lettre ne ferait que
retarder le processus de la Cause de Béatification et ne serait
d'aucune influence sur le Vatican parce que le Vatican a ses
propres critères et procédures déjà établis et
inchangeables et que par politesse les responsables doivent
répondre à toutes ces lettres ce qui enlève du temps
précieux pour l'avancement de la Cause. L'unique critère par
lequel l'Église juge en fin de compte les mérites d'un candidat à
la sainteté est celui qui se réfère aux deux « I ».
Le premier « I » est l'imitation de
Jésus-Christ et le second « I » est
l'intercession. Cela signifie que l'Église regarde les preuves de
la puissante intercession de cette âme après sa mort. Les
autres critères tels les stigmates, la bilocation, la
lecture dans les âmes et d'autres phénomènes mystiques ne
font pas partie du critère pour la sainteté.
Pèlerinages
De
plus en plus de personnes viennent visiter le Siège Social
de l'Association Luisa Piccarreta qui se trouve dans la maison où
Luisa vécue et où commença sur la terre le
troisième Fiat de Dieu, le Fiat de la Sanctification.
Prière
pour obtenir une faveur et implorer la Béatification de
Luisa
Piccarreta
Ô
Coeur Sacré de mon Jésus, qui a choisi ton humble servante Luisa
comme messagère du règne de la Volonté Divine et
comme ange de réparation pour les innombrables fautes qui affligent
ton Divin Coeur, je te prie humblement de m'accorder la grâce que
j'implore de ta Miséricorde par son intercession, afin qu'elle soit
glorifiée sur la terre comme tu l'as déjà récompensée au
Ciel, Amen.
Pater,
Ave, Gloria
Ô
Coeur Divin de mon Jésus, qui a donné à ton humble servante
Luisa, victime de ton Amour, la force de souffrir pendant toute sa
vie les affres de ta douloureuse Passion, fais en sorte que, pour
ta plus grande gloire, resplendisse bientôt sur son front l'auréole
des bienheureux. Et, par son intercession, accorde-moi la
grâce qu'humblement je te demande.
Pater,
Ave, Gloria
Ô
Cœur Miséricordieux de mon Jésus qui, pour le salut et la
sanctification de tant d'âmes, a daigné garder sur la terre pendant
de longues années ton humble servante Luisa,la Petite Fille de la
Divine Volonté, exauce ma priêre : qu'elle soit bientôt
glorifiée par ta Sainte Église et, par son intercession,
accorde-moi la grâce qu'humblement je te demande.
Pater,
Ave, Gloria.
Ô
Très Sainte Trinité, Notre Seigneur Jésus-Christ nous a
enseigné que, lorsque nous prions, nous devons demander que le nom
de notre Père du Ciel soit toujours glorifié, que sa Volonté
soit faite sur la terre et que son Royaume vienne parmi nous. Dans
notre grand désir de faire connaître son Royaume d'Amour, de
Justice et de Paix, nous vous demandons humblement de glorifier
votre servante Luisa, la Petite Fille de la Volonté Divine qui, par
ses prières constantes et ses grandes souffrances, a
ardemment intercédé au salut des âmes et de la venue du Royaume de
Dieu en ce monde. À son exemple, nous vous prions, Père,
Fils et Esprit Saint, de nous aider à embrasser joyeusement
nos croix sur cette terre de telle manière que, nous aussi,
nous glorifiions le Nom de notre Père du ciel et entrions
dans le Royaume de la Volonté Divine. Amen.
Pater,
Ave, Gloria.
Nulla
osta pour l'impression, Trani, 27 novembre 1948
Fr.
Reginaldo ADDAZI O.P. Archevêque
Texte
extrait du site www.luisapiccarreta.ca
Saint
Jean-Paul II avait annoncé le déploiement de la Sainteté dans la
Divine Volonté pour notre temps
Source
: http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/en/letters/1997/documents/hf_jp-ii_let_19970516_rogazionisti.html
Dieu
Lui-même avait prévu de provoquer cette “nouvelle et
divine” sainteté avec laquelle l'Esprit Saint désire enrichir
les Chrétiens à l'aube du troisième millénaire, dans le
dessein de “faire du Christ le coeur du monde”
Extrait
du § 6 du message aux Pères Rogationistes à
l'occasion du premier centenaire de la fondation de la Congrégation
des Pères Rogationistes du Coeur de Jésus (1897-1997)
Source
: http://sainterosedelima.com/le-royaume-de-la-divine-volonte/#benoit-xvi-et-la-volonte-de-dieu
Benoît
XVI et la Volonté de Dieu
«
L’amitié n’est pas seulement connaissance, elle est
surtout communion du vouloir. Elle signifie que ma volonté grandit
vers le « oui » de l’adhésion à la sienne.
Sa volonté, en effet, n’est pas pour moi une volonté externe et
étrangère, à laquelle je me plie plus ou moins
volontiers, ou à laquelle je ne me plie pas. Non, dans
l’amitié, ma
volonté en grandissant s’unit à la sienne, sa volonté
devient la mienne et ainsi, je deviens vraiment moi-même »
(BENOÎT XVI 29 juin 2011) « Là
où se fait la Volonté de Dieu se trouve le ciel, parce que
l’essence du ciel c’est de ne faire plus qu’une
seule chose avec la Volonté de Dieu »
(Jésus de Nazareth).
« Il
y a la troisième expression de la prière de Jésus et
c’est elle qui est décisive, là où la volonté
humaine adhère pleinement à la volonté divine. Jésus,
en effet, conclut en disant avec force : « Cependant, non pas
ce que je veux, mais ce que tu veux ! »
(Mc 14, 36c). Dans
l’unité de la personne divine du Fils, la volonté humaine
trouve sa pleine réalisation dans l’abandon total du Moi au Toi
du Père, appelé Abba. Saint
Maxime le Confesseur affirme qu’à partir du moment de la
création de l’homme et de la femme, la volonté humaine est
orientée par la volonté divine et c’est précisément dans le «
oui » à Dieu que la volonté humaine est pleinement libre
et trouve sa réalisation. Malheureusement, à cause du péché,
ce « oui » à Dieu s’est transformé en
opposition : Adam et Eve ont pensé que le « non » à
Dieu était le sommet de la liberté, signifiait être pleinement
soi-même. Jésus sur le Mont des Oliviers ramène la
volonté humaine au « oui » total à Dieu ; en Lui
la volonté naturelle est pleinement intégrée dans l’orientation
que lui donne la Personne Divine. Jésus vit son existence selon le
centre de sa Personne : le fait d’être Fils de Dieu. Sa
volonté humaine est attirée dans le Moi du Fils, qui s’abandonne
totalement au Père. Ainsi, Jésus nous dit que ce n’est
que dans la conformation de sa propre volonté à celle de Dieu,
que l’être humain arrive à sa hauteur véritable,
devient « divin » ; ce n’est qu’en sortant de
lui, ce n’est que dans le « oui » à Dieu que
se réalise le désir d’Adam, de nous tous, celui d’être
complètement libres. C’est ce que Jésus accomplit au
Gethsémani : en transférant la volonté humaine dans la volonté divine
naît l’homme véritable, et nous sommes rachetés »
(Audience générale du 1 février 2012).
La
Divine Volonté dans la liturgie de la Sainte Eglise
Nous
pouvons lire à l'oraison des vêpres du samedi de la
première semaine de l'Avent, (semaine I du psautier), le 7
décembre 2019, jour où nous fêtions Saint Ambroise,
évêque et docteur de l'Eglise :
«
Seigneur tout-puissant et miséricordieux, ne laisse pas le souci de
nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de
ton Fils ; mais éveille en nous cette intelligence du coeur qui nous
prépare à l'accueillir et nous
fait entrer dans sa propre vie ».
Consécration
à la Divine Volonté de Luisa
« Ô
adorable et Divine Volonté, me voici devant l’immensité de ta
Lumière. Que ton éternelle Bonté m’ouvre les portes et
me fasse entrer en Toi pour y vivre ma vie. Ô adorable Volonté, je me
prosterne devant ta Lumière, moi, la dernière de toutes
les créatures, pour que Tu me places toi-même dans le petit
groupe des filles et des fils de ton suprême Fiat.
Ô Divine Volonté,
prosternée dans mon néant, je demande tes Lumières et Te
supplie de me plonger en Toi et d’écarter de moi tout ce qui
n’est pas de Toi. Tu seras ma vie, le centre de mon
intelligence, le ravissement de mon cœur et de tout mon être.
Je ne veux plus
que la volonté humaine vive dans mon cœur. Je vais la rejeter
loin de moi et ainsi construire en moi le nouveau Paradis de paix, de
bonheur et d’amour. Là, je serai toujours joyeuse.
J’aurai une force singulière et une sainteté qui
sanctifiera toutes choses et les amènera à Toi.
Prosternée devant
Toi, ô Divine Volonté, je demande l’aide de la très
Sainte Trinité afin que je puisse vivre dans ton cloître d’Amour
et que soit rétablie en moi l’ordre premier de la Création,
comme à l’origine, Ô Maman céleste, Reine du Royaume du
Divin Fiat, prends ma main et introduis-moi dans la Lumière de
la Divine Volonté. Ma très tendre Maman, tu seras mon guide et
tu m’enseigneras comment vivre dans cette Volonté, et comment y
demeurer à tout jamais.
Céleste Maman, je
me consacre entièrement à ton Cœur Immaculé, Tu
m’enseigneras la doctrine de la Volonté Divine et j’écouterai
très attentivement tes enseignements. Tu me couvriras de ton
manteau afin que le serpent infernal n’ose pas pénétrer dans
cet Éden sacré pour m’entraîner et me ramener dans le
labyrinthe de la volonté humaine.
Jésus, Cœur
de la très Sainte et Divine Volonté, Tu me donneras ton Feu
pour qu’il me brûle, me consume, me nourrisse, et que
soit consolidée en moi la Vie dans la Divine Volonté. Saint Joseph,
tu seras mon protecteur, le gardien de mon cœur, et tu
conserveras dans tes mains les clés de ma volonté. Tu garderas mon
cœur jalousement et ne me le remettras plus jamais afin que je
ne puisse jamais quitter la Divine Volonté. Mon Ange Gardien
garde-moi, défends-moi et aide-moi en tout afin que mon éden puisse
fleurir et attirer tous les hommes dans le Royaume de la Divine
Volonté. Amen. Fiat ».
TOURNEE DE LA
CREATION
Dans
la Sainte Divine Volonté, j'entre en vous Seigneur Jésus et je me
transforme en vous Seigneur Jésus. Pendant cette fusion, j'entre dans
la vie de chaque homme, d'Adam jusqu'au dernier, et je lie ma prière
à chacun d'eux. Je lie aussi ma prière à tout ce
qui suit :
1. Au
soleil et à tous les corps célestes de l'univers.
2. A
chaque photon d'énergie et de lumière de tous les soleils de
l'univers qui ont existé, existent ou existeront.
3. A
chaque plante qui a existé, existe ou existera.
4. A
chaque fleur qui a existé, existe ou existera.
5. A
chaque brin d'herbe et à chaque feuille qui ont existé,
existent ou existeront.
6. A
chaque goutte d'eau qui a existé, existe ou existera.
7. A
chaque molécule d'air qui a existé, existe ou existera.
8. A
chaque animal, oiseau, poisson et insecte qui ont existé, existent ou
existeront.
9. A
chaque mouvement de chaque créature qui a existé, existe ou existera.
10.
Au son fait par chaque créature qui a existé, existe ou existera.
11. A
chaque molécule de la Création qui a existé, existe ou existera.
12. A
chaque respiration de chaque créature qui a existé, existe ou
existera.
13. A
chaque battement de coeur de chaque créature qui a existé, existe ou
existera.
14. A
chaque ouvrage de chaque créature qui a existé, existe ou existera.
15. A
chaque pensée de chaque créature qui a existé, existe ou existera.
16. A
chaque pas de chaque créature qui a existé, existe ou existera.
17. A
chaque prière qui a été dite, est dite ou sera dite.
18.
Aux réparations liées à tout ce qui est mentionné ci-dessus.
19.
Au Fiat de Dieu à tout ce qui est mentionné ci-dessus.
20.
Au fiat de Luisa à tout ce qui est mentionné ci-dessus.
De
plus, ô Père :
21.
Je joins un je
t'aime avec ta Volonté à
chaque chose mentionnée ci-dessus.
22.
Je joins une prière de contrition à chaque chose
mentionnée ci-dessus.
23.
Je joins une prière d'intercession pour la conversion des
pécheurs à chaque chose mentionnée ci-dessus.
24. A
chaque chose mentionnée ci-dessus, je joins le voeu que se manifeste
tout ce qui manque à la gloire de Dieu à cause de la
volonté humaine.
25.
J'offre tous mes battements de coeur et respirations d'aujourd'hui
pour le salut des âmes.
26.
Je lie ma prière à chaque proton, neutron et électron
de la Création.
27.
Je lie ma prière au vent qui souffle et répand la divine
fraîcheur.
TOURNEE DE LA
REDEMPTION
Dans
la Sainte Divine Volonté, j'entre en vous Seigneur Jésus et je me
trnasforme en vous Seigneur Jésus. Pendant cette fusion, j'entre dans
la vie de chaque homme, d'Adam jusqu'au dernier, et je lie ma prière
à chacun d'eux. Je lie aussi ma prière à tout ce
qui suit :
1.
Aux respirations de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph
sur la terre.
2.
Aux soupirs de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph sur
la terre.
3.
Aux pas de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph sur la
terre.
4.
Aux regards de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph sur
la terre.
5.
Aux battements de coeur de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
6.
Aux larmes de joie de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
7.
Aux larmes d'amertume de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
8.
Aux prières de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
9.
Aux pensées de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph sur
la terre.
10.
Aux souffrances de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph
sur la terre.
11. A
chaque molécule de chair de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
12. A
chaque parole de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph sur
la terre.
13. A
chaque languissement de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint
Joseph sur la terre.
14. A
chaque particule de nourriture consommée par Notre-Seigneur,
Notre-Dame et Saint Joseph sur la terre.
15. A
toutes les souffrances de Notre-Seigneur, Notre-Dame pendant que
Notre-Seigneur était dans le sein de sa Mère.
16. A
chaque acte de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de Saint Joseph sur
la terre.
17. A
tous les échanges faits par Notre-Seigneur, Notre-Dame et Saint
Joseph durant leur vie terrestre.
18. A
chaque acte divin accompli par Notre-Seigneur et Notre-Dame durant
leur vie terrestre.
19. A
chaque acte maternel accompli par Notre-Dame durant sa vie terrestre.
20. A
chaque molécule de sang et de chair répandue par Notre-Seigneur
Jésus-Christ pendant sa Passion.
21.
Aux fruits de la Résurrection, de l'Ascension et de la Pentecôte pour
les chrétiens.
22. A
la gloire attachée à la vie publique de Notre-Seigneur.
23. A
toutes les souffrances cachées de la Passion de Notre-Seigneur.
24. A
tous les actes intérieurs de la vie cachée de Notre-Seigneur.
25. A
toutes les communications effectuées entre Jésus et les hommes.
26.
Aux réactions émotives à la Passion vécues par les créatures
depuis Adam jusqu'au dernier homme.
27.
Aux réactions émotives à la Passion vécues par les créatures
célestes.
28.
Aux réparations pour les méfaits des ennemis de Notre-Seigneur sur la
terre.
29. A
chaque son de voix émis par Notre-Seigneur, Notre-Dame et Saint
Joseph sur la terre.
30.
Aux réparations des temps passés, présents et futurs pour les
moqueries subies par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
31.
Au Fiat de Marie associé à tout ce qui est mentionné
ci-dessus.
32.
Au Fiat de Luisa associé à tout ce qui est mentionné
ci-dessus.
33.
Aux fruits des prières de Notre-Seigneur pendant ses nuits
terrestres.
34.
Aux prières de toutes les créatures vivant dans la Divine
Volonté qui ont été, sont ou seront.
35. A
tous les actes humains tranformés en actes divins dans la Divine
Volonté.
36. A
chaque mort mystique vécue par Notre-Seigneur durant sa vie cachée.
37. A
chaque goutte de sang versée par Notre-Seigneur quand il fut
circoncis.
38. A
chaque larme versée par Notre-Seigneur, Notre-Dame et Saint Joseph
pendant la ciconcision.
39. A
toutes les vies divines formées par les actes de Notre-Dame durant sa
vie terrestre.
40. A
toutes les vies divines formées par les actes des enfants de la
Divine Volonté qui ont été, sont ou seront.
Ô
Seigneur Jésus :
41.
Je vous dis un je
vous aime avec votre Volonté pour
chaque chose mentionnée ci-dessus.
42.
Je greffe une prière de contrition à chaque chose
mentionnée ci-dessus.
43.
Je vous rends grâce pour votre Fiat prononcé en faveur des hommes.
44.
Je vous offre réparation pour le rejet de votre Volonté par les
hommes qui agissent avec leur propre volonté.
45.
Je réclame une âme à chacun des battements de mon coeur et à
chacune de mes respirations de ce jour.
46.
Que cette prière répare pour tous les péchés commis contre
vous.
47.
Honneur et gloire à la Divine Volonté pour chaque chose
mentionnée ci-dessus.
«
Oh ! la fécondité de tous ces actes ! Pas même la créature qui
les fait peut l'évaluer »
(Notre-Seigneur
Jésus à Luisa, le 25 avril 1922)
TOURNEE DE LA
SANCTIFICATION
Dans
la Sainte Divine Volonté, j'entre en vous Seigneur Jésus et je me
trnasforme en vous Seigneur Jésus. Pendant cette fusion, j'entre dans
la vie de chaque homme, d'Adam jusqu'au dernier, et je lie ma prière
à chacun d'eux. Je lie aussi ma prière à tout ce
qui suit :
1. Au
sacrement du Baptême et aux saintes pratiques s'y rattachant
qui auraient dû être observées, l'ont été, le sont ou le
seront.
2. Au
sacrement de la Confirmation et aux saintes pratiques s'y rattachant
qui auraient dû être observées, l'ont été, le sont ou le
seront.
3. Au
sacrement du Mariage et aux saintes pratiques s'y rattachant qui
auraient dû être observées, l'ont été, le sont ou le
seront.
4. Au
sacrement de l'Eucharistie et aux saintes pratiques s'y rattachant
qui auraient dû être observées, l'ont été, le sont ou le
seront.
5. Au
sacrement de l'Ordre et aux saintes pratiques s'y rattachant qui
auraient dû être observées, l'ont été, le sont ou le
seront.
6. Au
sacrement de la Réconciliation et aux saintes pratiques s'y
rattachant qui auraient dû être observées, l'ont été, le
sont ou le seront.
7. Au
sacrement des malades et aux saintes pratiques s'y rattachant qui
auraient dû être observées, l'ont été, le sont ou le
seront.
8.
Aux interventions passées, présentes ou futures de l'Esprit Saint.
9. A
chaque mot de chaque messe qui aurait dû être dite, l'a
été, l'est actuellement ou le sera.
10.
Au Fiat de Marie relié à tout ce qui est mentionné ci-dessus.
11.
Au Fiat de Luisa relié à tout ce qui est mentionné ci-dessus.
Ô
Seigneur Jésus :
12.
J'associe un je
vous aime avec votre Volonté pour
chaque chose mentionnée ci-dessus.
13.
J'associe une prière de contrition à chaque chose
mentionnée ci-dessus.
14.
Honneur et gloire à la Divine Volonté pour chaque chose
mentionnée ci-dessus.
15.
Je fais une prière de réparation et de contrition pour chaque
avortement qui a été, est ou sera perpétré.
16.
Je réclame des âmes à chacun des battements de mon coeur et à
chacune de mes respirations de ce jour.
Je
répare pour :
17.
Les abus reliés au sacrement du Baptême qui ont été commis,
sont commis actuellement ou le seront.
18.
Les abus reliés au sacrement de la Confirmation qui ont été commis,
sont commis actuellement ou le seront.
19.
Les abus reliés au sacrement du Mariage qui ont été commis, sont
commis actuellement ou le seront.
20.
Les abus reliés au sacrement de l'Eucharistie qui ont été commis,
sont commis actuellement ou le seront.
21.
Les abus reliés au sacrement de l'Ordre qui ont été commis, sont
commis actuellement ou le seront.
22.
Les abus reliés au sacrement de la Réconciliation qui ont été commis,
sont commis actuellement ou le seront.
23.
Les abus reliés au sacrement des malades qui ont été commis, sont
commis actuellement ou le seront.
24.
Les fautes contre les dix commandements de Dieu qui ont été commises,
sont commises actuellement ou le seront.
Révélations
de Notre Seigneur Jésus sur Sa Sainte Humanité
Notre
Seigneur Jésus n'avait ni la foi ni l'espérance, mais seulement
l'Amour
«
Je n'avais ni
la foi ni l'espérance parce
que j'étais Dieu ; Je
n'avais que l'Amour » (6
novembre 1906, tome 7, page 53).
La
souffrance infinie de l'Homme-Dieu
«
Regarde en moi combien de millions de croix contient mon Humanité.
Ainsi, les croix reçues de ma Volonté furent incalculables, ma
souffrance était infinie , je gémissais sous le poids d'une
souffrance infinie. Cette
souffrance infinie avait
un tel pouvoir qu'elle me donnait la mort à tous les instants
en me donnant une croix pour chaque acte de la volonté humaine
opposée à la Volonté Divine.
La
croix provenant par ma Volonté n'est pas faite de bois, laquelle ne
nous fait ressentir que son poids et sa souffrance, elle est plutôt
une croix de lumière et de feu, qui brûle, consume et
s'implante de telle manière à ne former qu'un avec
celui qui la reçoit » (28
novembre 1923, tome 16, pages 64 et 65).
Notre
Seigneur Jésus à la servante de Dieu Luisa Piccarreta, dont
les écrits reçurent le « Non Obstare » (ne pas
empêcher) du Cardinal Ratzinger (devenu le Pape Benoît XVI),
alors Préfet de la Congrégation de la Doctrine de la Foi le 28 mars
1994 :
Le
grand bien que le Royaume du divin Fiat apportera. Comment il sera le
préservateur de tous les maux, de toute maladie.
Les
corps ne seront plus sujets à la décomposition, mais resteront
composés dans leur sépulcre.
Tout
comme la Vierge, qui n’a accompli aucun miracle, a fait le
grand miracle de donner un Dieu aux créatures, celle qui doit faire
connaître le Royaume accomplira le grand miracle de donner une Divine
Volonté
(22
octobre 1926)
Je
pensais au saint et divin Vouloir, et je me disais : « Mais,
quel sera le grand bien de ce Royaume du Fiat suprême ? »
Et Jésus, interrompant ma pensée, bougea rapidement en moi et me dit
:
Ma
fille, quel sera le grand bien ? ! Quel sera le grand bien ? ! Le
Royaume de mon Fiat contiendra tous les biens, tous les miracles,
tous les prodiges les plus sensationnels ; plus encore, il les
surpassera tous ensemble. Et
si un miracle signifie rendre la vue à un aveugle, redresser
un infirme, guérir un malade, ressusciter un mort, etc., le
Royaume de ma Volonté aura l’aliment préservateur, et pour
toutes les créatures qui y entreront, il n’y aura aucun risque
de devenir aveugle, infirme ou malade. La
mort n’aura plus aucun pouvoir sur l’âme ; et si elle
l’aura encore sur le corps, ce ne sera plus une mort, mais un
passage.
Sans la nourriture du péché et une volonté humaine dégradée qui
produisaient la corruption, et, avec l’aliment préservateur de
ma Volonté, les
corps ne seront plus sujets à la décomposition et à
devenir horriblement corrompus au point de semer la peur,
même parmi les plus forts, comme c’est maintenant le cas
; mais
ils resteront composés dans leur sépulcre en attendant le jour de la
résurrection de tous. Crois-tu
que c’est un plus grand miracle de donner la vue à un
aveugle, de redresser un infirme, de guérir un malade, ou bien
d’avoir un moyen de préservation de sorte que l’œil
ne puisse jamais perdre la vue, qu’on puisse toujours marcher
bien droit, être toujours en bonne santé ? Je crois que le
miracle de préservation est plus grand que le miracle qui survient
après un malheur.
Voilà
la grande différence entre le Royaume de Rédemption et le Royaume du
Fiat suprême : dans le premier, le miracle était pour les
pauvres créatures à qui, comme aujourd’hui, il arrive un
malheur ou un autre ; et c’est pourquoi j’ai donné
l’exemple, extérieurement, d’opérer différentes sortes de
guérisons qui étaient un symbole des guérisons que je donnais aux
âmes, lesquelles retourneront facilement à leur infirmité. Le
second sera un miracle de préservation, parce que ma Volonté possède
le pouvoir miraculeux, et celles qui se laissent dominer par lui ne
seront plus sujettes au mal. Par conséquent, il ne sera pas
nécessaire de faire des miracles parce que toutes seront toujours
gardées en bonne santé, belles et saintes – dignes de cette
beauté sortie de nos mains créatrices en créant la créature.
Le
Royaume du divin Fiat fera le grand miracle du bannissement de tous
les maux, de toutes les misères, de toutes les peurs, parce
qu’il n’accomplira pas un miracle selon le temps et les
circonstances, mais gardera les enfants de son Royaume en lui-même
avec un acte de miracle continuel, et pour les préserver de tous les
maux en faisant d’eux les enfants de son Royaume. Cela, dans
les âmes ; mais il y aura aussi de nombreuses modifications dans les
corps, parce que c’est toujours le péché qui est la nourriture
de tous les maux. Le péché enlevé, il n’y aura plus d’aliment
pour le mal ; de plus, comme ma Volonté et le péché ne peuvent
coexister, la nature humaine aura également ses effets bénéfiques.
Ma
fille, ayant à préparer le grand miracle du Royaume du Fiat
suprême, je fais avec toi, fille première-née de ma
Volonté, ce que j’ai fait avec la Reine souveraine, ma Maman,
quand j’ai dû préparer le Royaume de Rédemption. Je
l’ai attirée tout près de moi. Je l’ai gardée si
occupée dans son intérieur afin de pouvoir former avec elle le
miracle de la Rédemption pour lequel il y avait un si grand besoin.
Il y avait tant de choses que nous devions faire, refaire, et
compléter ensemble, que j’ai dû cacher dans son apparence
extérieure tout ce qui pourrait être appelé miracle, à
l’exception de sa parfaite vertu. En cela, je l’ai rendue
plus libre afin de lui laisser traverser la mer infinie du Fiat
éternel, et qu’elle puisse avoir accès à la
divine Majesté pour obtenir le Royaume de Rédemption.
Qu’est-ce
qui serait le plus grand : que la céleste Reine eût rendu la
vue aux aveugles, la parole aux muets, et ainsi de suite, ou est-ce
le miracle de faire descendre le Verbe éternel sur la terre ? Les
premiers auraient été des miracles accidentels, passagers et
individuels ; le second est un miracle permanent – il est là
pour toutes celles qui le veulent. Par conséquent, les premiers
auraient été comme des riens par rapport au second. Elle était le
vrai soleil, celui qui, éclipsant toutes choses, éclipsant le Verbe
même du Père en elle-même, tous les biens, tous
les effets et les miracles que la Rédemption a produits, a fait
germer d’elle la lumière. Mais, comme le soleil, elle
produisit des biens et des miracles sans se laisser voir elle-même
ni désigner comme la cause première de toute chose. En fait,
tout le bien que j’ai fait sur la terre, je l’ai fait
parce que l’Impératrice du ciel est parvenue au point d’avoir
son empire dans la Divinité ; et par son empire, elle m’attira
du ciel pour me donner aux créatures. Je fais maintenant la même
chose avec toi pour préparer le Royaume du Fiat suprême.
Je
te garde avec moi, je te fais traverser sa mer infinie pour te donner
accès au Père céleste afin que tu puisses le prier, le
conquérir, avoir sur lui son empire pour obtenir le Fiat de mon
Royaume. Et afin de remplir et de consumer en toi toute la puissance
miraculeuse nécessaire pour former un Royaume si saint, je te garde
continuellement occupée dans ton intérieur par l’œuvre de
mon Royaume ; je t’envoie continuellement faire des rondes afin
de refaire, de compléter tout ce qui est nécessaire, et que toutes
devraient faire pour former le grand miracle de mon
Royaume. Extérieurement,
je ne laisse rien de miraculeux apparaître en toi, sinon la lumière
de ma Volonté. Certains
pourraient dire : ‘Comment cela se peut-il ? Jésus béni
manifeste tant de prodiges à cette créature concernant son
Royaume du divin Fiat, et les biens qu’il apportera
surpasseront la Création et la Rédemption, mieux encore, ce sera la
couronne de l’un et de l’autre ; mais
malgré un si grand bien, rien de miraculeux ne peut se voir en elle,
extérieurement, en confirmation du grand bien de ce Royaume du Fiat
éternel, alors que les autres saints, sans le prodige de ce grand
bien, ont fait des miracles à tous les pas.’ Mais s’ils
considèrent ma chère Maman, la plus sainte de toutes
les créatures, et le grand bien qu’elle avait en elle à
apporter aux créatures, personne ne peut se comparer à elle
qui opéra le grand miracle de concevoir en elle le Verbe divin, et le
prodige de donner Dieu à chaque créature.
Et
devant ce grand prodige jamais encore ni vu ni entendu, de pouvoir
donner le Verbe éternel aux créatures, tous les autres miracles mis
ensemble sont comme de petites flammes devant le soleil. Celui qui
peut le plus, peut le moins. De la même manière, face au
miracle du Royaume de ma Volonté restauré chez les créatures, tous
les autres miracles seront de petites flammes devant le grand Soleil
de ma Volonté. Toute parole, vérité et manifestation sur ce Royaume
est un miracle sorti de ma Volonté en préservateur de tous les maux ;
c’est comme attacher les créatures à un bien infini, à
une très grande gloire et à une nouvelle beauté –
pleinement divins.
Chaque
vérité sur mon Fiat éternel contient plus de puissance et de
prodigieuse vertu que si un mort était ressuscité, un lépreux guéri,
un aveugle recouvrait la vue ou un muet pouvait parler. En
fait, mes paroles sur la sainteté et la puissance de mon Fiat vont
faire revenir les âmes à leur origine ; elles les guériront de
la lèpre de la volonté humaine. Elles
leur donneront la vue pour voir les biens du Royaume de ma Volonté,
car jusqu’à maintenant, elles étaient aveugles. Elles
rendront la parole à beaucoup de créatures muettes qui, si
elles pouvaient dire beaucoup d’autres choses, étaient comme
beaucoup sans paroles seulement pour ma Volonté ; et elles opéreront
le grand miracle de pouvoir donner à chaque créature une
Divine Volonté qui contient tous les biens. Que
ne leur donnera pas ma Volonté lorsqu’elle sera en possession
de tous les enfants de son Royaume ? C’est pourquoi je veux que
tu continues à œuvrer en vue de mon Royaume – et
il y a beaucoup à faire pour préparer le grand miracle que ce
Royaume du Fiat soit connu et possédé. Par
conséquent, sois attentive en traversant la mer infinie de ma
Volonté, afin que soit établi l’ordre entre le Créateur et la
créature ; ainsi, à travers toi, je serai capable de faire le
grand miracle du retour vers moi de l’homme – vers son
origine.’
Je
pensais alors à ce qui est écrit ci-dessus, spécialement que
chaque parole et manifestation sur la suprême Volonté est un
miracle. Et
Jésus, pour me confirmer dans ce qu’il avait dit, ajouta : Ma
fille, quel est selon toi le plus grand miracle lorsque je suis venu
sur terre : ma parole, l’Évangile que j’ai annoncé, ou le
fait que j’aie rendu la vie aux morts, la vue aux aveugles,
l’ouïe aux sourds, etc. ? Ah
! ma fille, ma parole, mon Évangile, fut un plus grand miracle ;
d’autant plus que les miracles eux-mêmes sont sortis de
ma parole. Le fondement, la substance de tous les miracles sortit de
ma parole créatrice. Les Sacrements, la Création elle-même,
miracles permanents, avaient la vie de ma parole ; et mon Église
elle-même a ma parole, mon Évangile, comme régime et comme
fondement.
Ainsi,
ma parole, mon Évangile, était un plus grand miracle que les miracles
eux-mêmes qui n’avaient la vie qu’à cause de
ma parole miraculeuse. Par conséquent, sois certaine que la parole de
ton Jésus est le plus grand miracle. Ma
parole est comme un vent puissant qui court, martèle l’ouïe,
entre dans les cœurs, réchauffe, purifie, illumine, passe de
nation à nation ; il couvre le monde entier et parcourt tous
les siècles.
Qui
pourrait tuer et enterrer une seule de mes paroles ? Personne. Et
s’il semble parfois que ma parole soit silencieuse et comme
cachée, elle ne perd jamais la vie. Lorsqu’on s’y attend
le moins, elle sort et se fait entendre partout. Des
siècles vont passer durant lesquels tout – les hommes et
les choses – sera englouti et disparaîtra, mais ma parole ne
passera jamais parce qu’elle contient la Vie – le pouvoir
miraculeux de Celui d’où elle est sortie. Par
conséquent, je confirme que chaque parole et manifestation que tu
reçois sur mon Fiat éternel est le plus grand des miracles qui
servira le Royaume de ma Volonté. Et
c’est pourquoi je te presse tellement et que je tiens tant à
ce que chacune de mes paroles soit manifestée et écrite –
parce que j’y vois un miracle qui me revient et qui apportera
tant de bien aux enfants du Royaume du Fiat suprême.
Au
moment du passage dans l'éternité, Dieu fait une dernière
surprise d'Amour au moment de la mort, en donnant une heure de Vérité
afin que l'âme fasse au moins un mouvement de contrition pour être
sauvée
Notre
Seigneur Jésus à Luisa Piccarreta le 22 mars 1938, volume 36
« Notre
Bonté et notre Amour sont si grands que Nous utilisons tous les
moyens pour sortir la créature de son péché – pour la sauver ;
et si
Nous ne réussissons pas durant sa vie, Nous
faisons une dernière Surprise d’Amour au moment de sa
mort.
Tu dois savoir qu’à ce moment, Nous donnons le dernier
signe d’Amour à la créature en lui accordant avec nos
Grâces, Amour
et Bonté, en témoignant des Tendresses d’amour propres à
adoucir et à gagner les cœurs les plus durs. Lorsque
la créature se trouve entre la vie et la mort – entre le temps
qui est sur le point de finir et l’Éternité qui est sur le
point de commencer – presque dans l’acte de quitter son
corps, ton Jésus se fait voir avec une Amabilité qui ravit, avec une
Douceur qui enchaîne et adoucit les amertumes de la vie, spécialement
en ce moment extrême.
Puis, il y a Mon regard... Je la regarde avec tant d’Amour pour
faire sortir de la créature un acte de contrition – un acte
d’amour, un acte d’adhésion à ma Volonté.
En
ce moment de désillusions, en voyant – en touchant de ses mains
combien Nous l’aimions et l’aimons encore, la créature
ressent une si grande souffrance qu’elle se repent de ne pas
Nous avoir aimés; elle reconnaît notre Volonté comme principe et
accomplissement de sa vie et, en satisfaction, elle accepte sa mort
pour accomplir un acte de notre Volonté. Car
tu dois savoir que si la créature n’accomplissait pas même
un seul acte de la Volonté de Dieu, les portes du Ciel ne
s’ouvriraient pas; elles ne seraient pas reconnues comme
héritière de la Patrie Céleste et les Anges et les Saints ne
pourraient pas l’admettre parmi eux – et elle-même
ne voudrait pas entrer, étant consciente que cela ne lui appartient
pas. Sans
notre Volonté, il n’y a ni Sainteté ni Salut. Combien
de créatures sont sauvées en vertu de ce signe de notre Amour, à
l’exception des plus perverties et des plus obstinées ;
même si suivre le long chemin du Purgatoire serait plus
convenable pour elles. Le moment de la mort est Notre prise
quotidienne – la découverte de l’homme perdu.
Puis
Il ajouta : Ma fille, le moment de la mort est le temps de la
désillusion. À ce moment, toutes les choses se présentent les
unes après les autres pour dire : « Adieu, la terre est
finie pour toi ; maintenant commence l’Éternité. » C’est
pour la créature comme si elle était enfermée dans une chambre et que
quelqu’un lui dise : «
Derrière cette porte, il y a une autre chambre dans laquelle
se trouvent Dieu, le Ciel, le Purgatoire, l’Enfer ; en somme,
l’Éternité » Mais
la créature ne peut voir aucune de ces choses. Elle
les entend affirmer par d’autres ; et ceux qui les lui disent
ne peuvent pas les voir non plus, de sorte qu’ils parlent
presque sans même trop y croire ; sans accorder beaucoup
d’importance au fait de donner à leurs paroles le ton de
la réalité – comme quelque chose de certain.
Alors,
un jour, les murs tombent et la créature peut voir de ses propres
yeux ce qu’on lui avait dit avant. Elle
voit son Dieu et son Père qui l’aimait d’un grand
Amour; elle voit les dons qu’Il lui a faits, un par un ; et
tous les droits d’amour qu’elle lui devait et qui ont été
brisés. Elle voit que sa vie appartenait à Dieu, et non à
elle-même. Tout
passe devant elle : Éternité, Paradis, Purgatoire, et Enfer –
la terre qui s’en va;
les plaisirs qui lui tournent le dos. Tout disparaît; la seule chose
qui lui reste présente dans cette pièce aux murs abattus
: l’Éternité.
Quel changement pour la pauvre créature !
Ma
Bonté est si grande, voulant sauver tout le monde, que
Je permets la chute de ces murs lorsque les créatures se trouvent
entre la vie et la mort – au moment où l’âme
quitte le corps pour entrer dans l’Éternité – afin
qu’elles puissent faire au moins un acte de contrition et
d’amour pour Moi, en reconnaissant sur elles mon Adorable
Volonté. Je
peux dire que Je leur donne une heure de Vérité afin de les
sauver. Oh!
Si toutes connaissaient les industries d’amour que j’utilise
au dernier moment de leur vie pour les empêcher d’échapper
à Mes mains plus que paternelles – elles n’attendraient
pas ce moment, elles m’aimeraient toute leur vie ».
Indications
et moyens donnés par Notre Seigneur Jésus à Luisa pour grandir
dans la vie spirituelle ou en repérer les écueils, afin de vivre dans
la Divine Volonté
Sur
l'humilité
- La
croix seule est nourriture pour l'humilité (24 juin 1900, tome 3,
page 86),
L'âme
craintive ou l'âme qui n'a peur de rien
- Si
l'âme est craintive, c'est un signe qu'elle se fie beaucoup à
elle-même. Ne trouvant en elle que faiblesses et misères,
alors, naturellement et justement, elle craint. Si, d'autre part,
l'âme n'a peur de rien, c'est un signe qu'elle met toute sa confiance
en Dieu. Ses misères et faiblesses se perdent en Dieu ; elle
se sent revêtue de l'Etre divin. Ce n'est plus l'âme qui
travaille, mais Dieu dans l'âme. Que peut-elle craindre ? La vraie
confiance en Dieu reproduit la Vie divine en l'âme (3 janvier 1907,
tome 7, page 61).
Sur
le trouble
-
Etre affecté par quelque trouble, est le signe que l'on s'éloigne
quelque peu de Dieu, parce que se mouvoir en lui et ne pas avoir une
paix parfaite est impossible (17 juin 1900, tome 3, page 83),
-
Pour ne pas être troublée, l'âme doit se trouver bien en Dieu,
elle doit tendre totalement vers lui comme vers un point unique et
elle doit regarder toute autre chose d'un oeil indifférent. Si elle
fait autrement, dans chaque chose qu'elle fait, voit ou entend, elle
est investie d'une inquiétude comme une fièvre lente qui la
rend épuisée et troublée, incapable de se comprendre (23 mai 1905,
tome 6, page 85).
-
Dans le trouble, c'est l'amour propre qui veut se manifester pour
régner ou c'est l'ennemi qui veut nuire (22 juillet 1905, tome 6,
page 91),
- Si
l'âme se trouble à tout propos, c'est signe qu'elle est rempli
d'elle-même. Si elle se trouble pour une chose et non pour une
autre, c'est signe qu'elle a quelque chose de Dieu, mais qu'elle a
beaucoup de vide à combler. Si rien ne la trouble, c'est signe
qu'elle est totalement remplie de Dieu (9 août 1905, tome 6,
page 92),
-
Celui qui n'aime pas la vérité est troublé et tourmenté par elle (16
janvier 1906, tome 6, page 109).
Sans
les signatures de la résignation de l'humilité et de l'obéissance,
l'âme sera contrainte à rester dans l'inquiétude, la peur et
les dangers et
aura comme Dieu son propre ego en étant courtisée par l'orgueil et la
rébellion
-
Sans l'obéissance, la résignation et l'humilité sont sujettes à
l'instabilité. D'où la stricte nécessité de la signature de
l'obéissance pour que soit validé le passeport permettant de passer
dans le royaume de la félicité spirituelle dont l'âme peut jouir
ici-bas.
Sans
les signatures de la résignation, de l'humilité et de l'obéissance,
le passeport sera sans valeur et l'âme sera toujours éloignée du
royaume de la félicité ; elle sera contrainte à rester dans
l'inquiétude, la peur et les dangers. Pour sa propre disgrâce, elle
aura comme dieu son propre ego et elle sera courtisée par l'orgueil
et la rébellion (16 avril 1900, tome 3, page 63).
Penser
à soi-même
-
Penser à soi-même, c'est comme sortir de Dieu et revenir
en soi. Penser à soi-même n'est jamais une vertu, mais
toujours un vice, même si cela revêt l'aspect du bien (23
août 1905, tome 6, page 94).
Se
préoccuper de se sanctifier
-
L'âme qui se préoccupe surtout de se sanctifier vit aux dépens de sa
propre sainteté, de sa propre force et de son propre amour (15
novembre 1918, tome 12, page 71).
Perdre
humainement pour gagner divinement
- Ma
Fille, qui perd gagne et qui gagne perd (16 octobre 1918, tome 12,
page 68).
Sur
la Confession
- La
chose principale qui renouvelle l'homme et en fait un vrai catholique
est la confession (14 mars 1900, tome 3, page 55).
Qui
parle beaucoup est vide de Dieu
- Si
quelqu'un parle beaucoup, c'est signe qu'il est vide dans son
intérieur, tandis que celui qui est rempli de Dieu, trouvant plus de
plaisir dans son intérieur, ne veut pas perdre ce plaisir et ne parle
que par nécessité. Et même quand il parle, il ne quitte jamais
son intérieur et tente, en ce qui le concerne, de graver dans les
autres ce qu'il ressent en lui. Par contre, celui qui parle beaucoup
est non seulement vide de Dieu mais, par ses nombreuses paroles, il
tente de vider les autres de Dieu (8 mai 1909, tome 9, page 7).
Voici
comment reconnaître que l'on vit pleinement dans la Divine Volonté à
partir des précisions données par Notre Seigneur Jésus à Luisa
En
fait, il ne faut plus rien en l'âme qui soit de l'ordre de l'humain,
c'est à dire tout ce que connaît l'être humain dès
sa naissance intérieurement. Il faut mourir à tout en
nous. Pour cela, nous avons seulement à
donner notre Oui à l'Amour et c'est Dieu qui fait le reste, en
demandant d'échanger notre volonté humaine par la Volonté Divine.
Voici
détaillé par Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même les
caractéristiques propres liées à la vie dans la Divine
Volonté, avec la mention de la date du message et la référence dans
l'oeuvre du Livre
du Ciel :
-
union de la volonté de la créature à celle du Créateur,
dissolution dans la Volonté éternelle (26 décembre 1919, tome 12,
page 134), ainsi aucune possibilité de choix n'est possible, surtout
pas de choisir quelque chose de négatif, de commettre un péché
intérieurement, puisqu'il n'y a plus de volonté humaine, il n'y a
plus de mal en l'âme,
-
inexistence de tout désir et affection (20 mai 1918, tome 12, page
53),
-
tout doit être silencieux dans l'âme : l'estime des autres, la
gloire, les plaisirs, les honneurs, les grandeurs, la volonté propre,
les créatures, etc. (2 janvier 1919, tome 12, page 76),
- la
souffrance de privation de la présence de Jésus - afin que soit
procuré aux âmes la lumière et la vie divine - (4 janvier
1919, tome 12, page 77), est "une mort impitoyable" qui
"tue" Luisa, qui dit que toutes les "autres
souffrances ne sont que des sourires et des baisers de Jésus" en
comparaison (24 mai 1919, tome 12, page 121),
Jésus
rajoute en expliquant la raison de cette privation : "chaque
fois que tu es privée de moi, c'est une mort que tu ressens et tu
répares ainsi les morts que les âmes me donnent par leur péchés"
(16 juin 1919, tome 12, pages 123 et 124). Le Ciel semble fermé pour
Luisa et inexistence du contact avec la terre en elle (3 novembre
1919, tome 12, page 130),
-
absence de la crainte, du doute et de la peur, notamment de l'Enfer
avec le bienfait majeur de la sécurité (15 octobre 1919, tome 12,
page 130),
-
perte de son propre ressenti (19 janvier 1912, tome 10, page 57),
-
dépouillement des goûts matériels et spirituels (6 décembre
1904, tome 6, page 73),
-
privation de tout moyen humain, où dans cet état, la personne
ne peut ni se plaindre, ni se défendre, ni se libérer de ce qui est
pour elle une infortune (24 juin 1900, tome 3, page 85),
-
mort à sa propre vie, plus de désir, d'affection, ni d'amour,
tout dans l'intérieur est comme mort, et le signe le plus sûr
que les enseignements de Jésus ont porté du fruit dans l'âme est que
l'on ne sent plus rien de soi-même, sachant que la vie dans la
Divine Volonté consiste à se dissoudre en Jésus (13 septembre
1919, tome 12, page 128),
Caractéristiques
et conséquences de la vie dans la Divine Volonté
-
Vivre dans la Divine Volonté est une communion éternelle, ce qui est
plus grand que de recevoir la communion sacramentelle (23 mars 1910,
tome 9, page 32),
- La
vraie sainteté consiste à vivre dans la Divine Volonté,
sachant que cette sainteté a des racines tellement profondes qu'il
n'y a aucun danger qu'elle vacille. L'âme qui a cette sainteté est
ferme, non sujette aux inconstances et aux défauts volontaires. Elle
est attentive à ses devoirs. Elle est sacrifiée et détachéee
de tout et de tous, même des directeurs spirituels. Elle
grandit au point que ses fleurs et ses fruits atteignent le Ciel !
Elle est si cachée en Dieu que la terre ne voit que peu ou rien
d'elle. La Divine Volonté l'a absorbée. Jésus est sa vie, l'artisan
de son âme et son modèle. Elle n'a rien en propre, tout étant
en commun avec Jésus (14 août 1917, tome 12, page 28),
- La
sainteté dans la Divine Volonté n'est pas une sainteté humaine mais
Divine.
-
Vivre dans la Divine Volonté conduit à la plus grande sainteté
à laquelle la créature puisse aspirer (20 janvier 1907, tome
7, page 64),
- Qui
vit dans la Divine Volonté est toujours en paix, en parfait
contentement et ne s'inquiète de rien du tout (24 mai 1910,
tome 9, page 34),
-
L'âme qui vit dans la Divine Volonté fait ce que Dieu veut et Dieu
fait ce qu'elle veut, au point que cette âme atteint le point
d'affaiblir et de désarmer Dieu comme il lui plaît par cette union
suprême (1 er novembre 1910, tome 9, page 51),
-
L'âme qui vit dans la Divine Volonté est le Paradis de Notre Seigneur
Jésus sur la terre (3 novembre 1910, tome 9, page 52), la Volonté de
Dieu est le paradis de l'âme sur la terre et l'âme qui vit dans la
Divine Volonté est le Paradis de Dieu (3 juillet 1910, tome 7, page
29),
- En
vivant dans la Divine Volonté, l'âme acquiert l'amour le plus parfait
; elle réussit à aimer Jésus avec Son propre Amour ; elle
devient tout amour ; elle est en contact continuel avec Jésus (6
novembre 1906, tome 7, page 53),
- La
vie dans la Divine Volonté implique que l'âme soit toute
spiritualisée, et en venir à être comme un pur esprit,
comme si la matière n'existait plus en elle, ainsi les
volontés (humaine et Divine) peuvent parfaitement ne faire qu'un (21
mai 1900, tome 3, page 73),
-
Agir en Dieu et rester dans la paix, c'est la même chose. En
Dieu, tout est paix (17 juin 1900, tome 3, page 83), la paix est le
signe le plus sûr qu'on souffre et travaille pour moi, elle est
un avant-goût de la paix dont mes enfants jouiront avec moi au
Ciel (29 juillet 1909, tome 9, page 13),
La
vie dans la Divine Volonté et les trois puissances de l'âme :
l'intelligence, la mémoire et la volonté
Du
tome 12 de l'oeuvre «
Le Livre du Ciel »,
extrait du message donné le 8 mai 1919, page 116 :
C'est
dans l'intelligence, la mémoire et la volonté (les 3 puissances de
l'âme), partie la plus noble de l'être, qu'est imprimé l'image
divine.
La
douleur qui affligea le plus Notre Seigneur Jésus au cours de Sa
Passion fut l'hypocrisie des pharisiens
Du
tome 13 de l'oeuvre «
Le Livre du Ciel »,
message donné le 22 novembre 1921, pages 60 et 61 :
« Ma
fille, la douleur qui m'affligea le plus au cours de ma Passion fut
l'hypocrisie des pharisiens ; ils feignaient la justice alors qu'ils
étaient les plus injustes. Ils
simulaient la sainteté, la rectitude et l'ordre, alors
qu'ils étaient les plus pervertis,
en dehors de toute règle et dans un total désordre. Pendant
qu'ils feignaient d'honorer Dieu, ils s'honoraient eux-mêmes,
soignaient leurs propres intérêts, leur propre confort.
La
lumière ne pouvait entrer en eux, car leur hypocrisie avait
fermé toutes les portes. Leur
vanité était la clé qui, à double tour, les enfermait dans
leur mort et arrêtait même toute faible lumière. Même
l'idolâtre Pilate a trouvé plus de lumière que les pharisiens,
car tout ce qu'il a fait et dit découlait non d'une prétention, mais
de la peur.
Je
me sens plus attiré par le pécheur, même le plus pervers, s'il
n'est pas fourbe, que par ceux qui sont meilleurs mais hypocrites. Oh
! Comme me dégoûte celui qui fait le bien en surface, prétend
être bon, prie, mais en qui le mal et l'intérêt égoïste
sont camouflés ; pendant que ses lèvres prient, son coeur est
loin de moi.
Au moment où il fait le bien, il pense à satisfaire ses
passions brutales. En dépit du bien qu'il accomplit en apparence et
des paroles qu'il prononce, l'homme
hypocrite ne peut pas apporter la lumière aux autres parce
qu'il en a verrouillé les portes.
Il
agit comme un démon incarné qui, sous le déguisement du bien, tente
les créatures.
Voyant quelque chose de bon, l'homme est attiré. Mais lorsqu'il est
au plus beau du chemin, il se voit entraîné dans les péchés les plus
graves. Oh ! Combien les tentations qui se présentent sous
l'apparence du péché sont moins dangereuses que celles qui se
présentent sous l'apparence du bien ! Il
est moins dangereux de traiter avec des personnes perverses qu'avec
celles qui semblent bonnes mais sont hypocrites. Que
de poisons ces dernières cachent ! Combien
d'âmes n'ont-ils pas empoisonnées ?
Si
ce n'était pas de ces simulations et si tous me connaissaient pour ce
que je suis, les racines du mal seraient enlevées de la surface de la
terre et tous seraient détrompés ».
Celui
qui vit dans la Divine Volonté ne peut aller au Purgatoire
Du
tome 11 de l'oeuvre «
Le Livre du Ciel »,
extrait du message donné le 8 mars 1914, page 73 :
« Ma
fille, l'âme qui vit dans ma Volonté ne peut aller au purgatoire, cet
endroit où les âmes sont purifiées de tout.
Après
l'avoir gardée jalousement dans ma Volonté pendant sa vie, comment
pourrais-je permettre au feu du purgatoire de la toucher ?
Au
plus, il lui manquera quelques vêtements, mais
ma Volonté la vêtira de tout ce qu'il faut avant de lui
dévoiler la Divinité.
Ensuite,
je me révélerai moi-même ».
Petit
nombre des saints de la Divine Volonté car il faut se dépouiller de
tout
Du
tome 12 de l'oeuvre «
Le Livre du Ciel »,
extraits du message donné le 15 avril 1919, pages 112 et 113 :
« Ma
fille, seulement ma Volonté apporte le vrai bonheur. Elle seule
procure tous les biens à l'âme, la faisant reine du vrai
bonheur. Seules
les âmes qui auront vécu dans ma Volonté seront reines auprès
de mon trône parce qu'elles seront nées de ma Volonté. Je
dois te signaler que les personnes de mon entourage n'étaient
généralement pas heureuses [...].
Les
saints dans ma Volonté, symbolisés par mon Humanité ressuscitée,
seront peu nombreux [...].
La
sainteté dans ma volonté n'a rien qui soit propre à l'âme,
mais tout lui vient de Dieu.
Etre
disposé à se dépouiller de tout est très exigeant ; en
conséquence, il n'y aura pas beaucoup d'âmes qui y parviendront.
Toi tu es du côté du petit nombre ».
L'âme
doit mourir à sa propre vie pour pouvoir vivre de la vie même
de Jésus
Du
tome 12 de l'oeuvre «
Le Livre du Ciel »,
message donné le 13 septembre 1919, page 128 :
« Mon
amertume augmentait et je me plaignais à mon toujours aimable
Jésus en lui disant : "Pitié, mon Amour, pitié ! Ne vois-tu pas
à quel point je suis anéantie ? Je
me sens comme si je n'avais plus de vie, ni de désir, ni d'affection,
ni d'amour ; tout dans mon intérieur est comme mort.
Ah ! Jésus ! Où sont en moi les fruits de tous tes
enseignements ?". Pendant que je disais cela, j'ai senti Jésus
tout près de moi qui m'attachait et me rattachait avec de
fortes chaînes. Il me dit :
"Ma
fille, le signe le plus sûr que mes enseignements ont produit
du fruit en toi est que tu ne sens plus rien de toi-même. La
vie dans ma Volonté ne consiste-t-elle pas à se dissoudre en
moi ?
Pourquoi cherches-tu donc tes désirs, tes affections, etc. si tu les
as dissous dans ma Volonté ? Ma Volonté est immense et ça
demande trop d'effort pour la cerner. Pour
vivre en moi, il vaut mieux ne plus vivre de sa propre vie ;
autrement, on montre qu'on n'est pas heureux de vivre de ma vie et
d'être complètement dissous en moi ».
Pour
que l'âme ne se reconnaisse qu'en Dieu, tout ce qu'elle tient d'elle
même doit être réduit à néant
Du
tome 3 de l'oeuvre «
Le Livre du Ciel »,
message donné le 27 juin 1900, pages 87 et 88 :
« Ma
fille, ce que je veux de toi, c'est que tu te reconnaisses en moi, et
non en toi-même. Ainsi, tu ne te souviendras plus de toi, mais
de moi seul.
T'ignorant
toi-même, tu ne reconnaîtras que moi. Dans
la mesure où tu t'oublieras et te détruiras toi-même, tu
avanceras dans ma connaissance, tu te reconnaîtras uniquement en moi.
Quand
tu feras ainsi, tu ne penseras plus avec ton cerveau, mais avec le
mien. Tu ne regarderas plus avec tes yeux, tu ne parleras plus avec
ta bouche, les battements de ton coeur ne seront plus les tiens, tu
ne travailleras plus avec tes mains, tu ne marcheras plus avec tes
pieds.
Tu regarderas avec mes Yeux, tu parleras avec ma Bouche, tes
battements de coeur seront les miens, tu travailleras avec mes mains,
tumarcheras avec mes Pieds.
Et
pour que cela se produise, c'est à dire que l'âme ne se
reconnaisse qu'en Dieu, elle doit retourner à ses origines,
c'est à dire à Dieu, de qui elle vient. Elle doit se
conformer entièrement à son créateur ; tout
ce qu'elle tient d'elle-même et qui n'est pas en conformité
avec ses origines, elle doit le réduire à néant.
De
cette manière seulement, nue et dépouillée, elle pourra
retourner à ses origines, se reconnaître uniquement en Dieu et
travailler en accord avec la fin pour laquelle elle a été créée. Pour
se conformer complètement à moi, l'âme doit devenir
invisible comme moi ».
