1033

Le destin de Marie. (Marcel LEGAUT)

Parmi les êtres proches de Jésus qui assistèrent à son cheminement spirituel, qui y participèrent chacun à sa manière, sa Mère eut certainement une place de choix.

Marie, attachée à Israèl peut-être de façon particulière par ses ancêtres, attachée à son fils par les liens infrangibles de la maternité, inquiète pour lui de toutes manières (et elle eut l'occasion de l'être), sensible et passionnée comme toute femme, tournée instinctivement vers la sécurité des coutumes et leur sauvegarde, entourée des siens qui sans doute la chargeaient de leur incompréhension et probablement de leur jalousie à l'égard de l'un des leurs...

Marie, d'autre part, étant ce qu'elle était devenue par tout ce qu'elle avait vécu et qui se développait en elle, par sa mission dont elle prenait peu à peu conscience en suivant son enfant, proche de lui dans le silence, subissant son ascendant comme nul autre, le comprenant à moitié, lui faisait confiance pour le reste, allant avec lui jusqu'au bout, aveuglément et quelle que soit la fin.

Tel fut son destin.

Ce destin qui, après la mort de Jésus, ne fut certes pas moins lourd à porter; sachant ce que son enfant avait été, ce qu'il avait voulu, ce que maintenant se faisait et se défaisait, le grain poussait et l'ivraie, l'oeuvre des apôtres grand mais si précaire, la moisson qui s'annonçait déjà si attaquée, ce Retour qui se faisait attendre; cet avenir qu'un point final ne venait pas achever et qui s'ouvrait béant sur on ne sait quel inconcevable avenir!

Marie, par sa proximité avec Jésus, par son chement à sa race, a vécu plus que personne, la fidélité, les heures difficiles et capitales où la qui s'est substituée à l'attachement à la Loi. subsiste que si elle fait corps avec ce qu'on au-delà de toute croyance idéologique, de évidence, de toute certitude autre que celle - réalité propre. Aussi Marie est-elle, de façon éminente, quotidiennement présente à ceux qui sont les artisans, affrontés à l'impossible, d'un avenir radicalement inconnu et presque inconcevable, tant il devra être plus fidèle que le passé à ce que Jésus a été.

 

1033