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EZÉKIEL

Au bord des fleuves de Babylone Dieu choisit Ezékiel pour être son prophète.

Au bord des fleuves de Babylone. Le « trou noir ». Nous connaissons, ou bien nous le connaîtrons peut-être un jour. Nous connaissons des hommes et des femmes qui sont dans cette situation critique où la vie perd tout son sens et qui se demandent : « Quand tout est perdu, Dieu nous a-t-il perdus ?»

Le temps de l'exil à été pour le peuple de Dieu, le temps du « trou noir».

La déportation massive du peuple à Babylone a été une épreuve terrible, car maintenant Israël croit que Dieu est avec lui : alors pourquoi ? Dieu aurait-il abandonné son peuple ? C'est incroyable si Dieu est vraiment Dieu. Le peuple serait-il le coupable ? Serait-il châtié à cause de ses fautes, de son péché ? Le péché de l'homme serait-il plus tort que l'amour de Dieu ? C'est insupportable... Israël se débat avec ces questions douloureuses tout au long de son exil, comme dans un « trou noir ».

Des voix s'élèvent pourtant dans ce silence de Dieu, dans son absence, elles seront comme des lumières d'espérance. Ce sont les voix des prophètes. Parmi eux nous nous arrêterons surtout à la figure d'EZÉKIEL.

EZÉKIEL comme ses « collègues-prophètes » - affirme que Dieu est fidèle à son Alliance, il dénonce aussi les infidélités du peuple, mais surtout il annonce que Dieu est capable de plus encore et de mieux. Non seulement il sera avec son peuple, auprès de lui comme un compagnon fidèle, mais il sera plus intime à l'homme que lui-même : son Esprit, coeur nouveau de l'homme.

Ezékiel et les prophètes annoncent la nouvelle de NOËL : non seulement Dieu avec nous, mais Dieu comme nous, Dieu l'un de nous.

OBJECTIF

Faire connaissance avec Ezékiel et les autres prophètes de la Bible.

Faire découvrir que le peuple de Dieu est souvent infidèle à l'Alliance.

Ezékiel lui apporte une parole d'espérance.

Dieu est celui qui continue de l'aimer ; il lui promet une Alliance Nouvelle qui se réalise avec la venue de Jésus-Christ : Noël.

Faire découvrir aux enfants que le peuple de Dieu à eu beaucoup de mal à être fidèle à l'Alliance. Le Seigneur à le souci de l'aider en lui envoyant des prophètes.

- Pourquoi Dieu dit-il « mon peuple à le coeur dur» ?

Il à accepté l'Alliance mais il n'y est pas fidèle. Il oublie de remercier Dieu... Il se tourne vers des dieux fabriqués.

Que fait Dieu pour montrer qu'il n'abandonne pas son peuple ? C'est toujours Dieu qui revient vers son peuple. Il envoie des prophètes pour l'aider. Il ne l'oubliera jamais.

Prendre connaissance plus précisément des difficultés vécues par le peuple juif au moment où Ezékiel intervient. Bien remarquer tous les repères auxquels se référaient autrefois les Juifs la Terre promise (signe de l'Alliance), le Roi (lieutenant du Seigneur), le Temple (qui matérialise la présence de Dieu au milieu de son peuple). Insister sur le désarroi des Juifs déportés qui n 'ont plus de repères, qui ne savent plus ce qu'il faut croire et qui se demandent quelle est la bonne religion ?

Découvrir avec les enfants que le prophète Ezékiel est bien porte-parole du Seigneur, qu'il est imprégné, nourri de sa Parole et envoyé au peuple d'Israël.

Prendre conscience avec les enfants, que les grandes épreuves peuvent aveugler et laisser croire que nous sommes abandonnés de tous, même du Seigneur... d'autant plus que la présence du Seigneur n'est pas évidente : il reste discret, sans s'imposer. Pourtant, sa grande tendresse est annoncée par Ezékiel.

Aider à découvrir que nous nous posons les mêmes que celles du peuple de Dieu quand nous souffrons et que Dieu n'a pas l'air de répondre,

· Lire la parole du Seigneur : Ezékiel 34, 11-13,

· laisser aux enfants le temps de recevoir le message d'espérance

apporté par ce texte d'Ézékiel et de chercher dans ce texte ce qu'ils

découvrent de Dieu.

Comme un berger attentif, qui aime ses brebis, le Seigneur s'occupe lui-même de ceux qui sont dispersés, qui sont perdus et n 'y voient plus clair (dans le brouillard et l'obscurité). Il les rassemblera chez eux c'est-à-dire près de lui.

L'animateur lit le poème avec les enfants. Il lit lui-même ce qui concerne la Parole de Dieu, les enfants lisent ce qui concerne le peuple. Le poème peut être repris personnellement pour permettre à chacun de s'impliquer, de découvrir que cette parole le rejoint.

Découvrir jusqu'où va l'amour de Dieu pour son peuple qui doute de lui.

L'introduction au texte d'Ézékiel rappelle combien il est difficile de vivre l'Alliance avec le Seigneur, quand la confiance est entamée.

Le peuple d'lsraël est tenté d'abandonner le Seigneur et d'aller vers les dieux de Babylone; c'est vraiment le coeur de son peuple que le Seigneur doit refaire.

Le message d'Ézékiel invite à regarder en quoi le peuple de Dieu n'est pas fidèle à l'Alliance

· il oublie de rendre grâce pour ce que Dieu lui a donné,

· il adore les dieux fabriqués,

· il se révolte contre Dieu.

Et les promesses que Dieu à faites à son peuple pour lui redonner confiance

« je viendrai moi-même », « je les délivrerai », « je les rassemblerai », « je mettrai en eux mon Esprit... »

D'autres prophètes ont été les porte-parole du Seigneur, pour annoncer la nouvelle Alliance et préparer le Peuple à la rencontre du Fils de Dieu.

Ils annoncent sa venue dans notre monde.

En lisant ce que disaient les prophètes, nous comprenons qu'il s'agit de Jésus qui vient dans notre monde.

Faire découvrir aux enfants qu'ils sont, eux aussi, envoyés par le Seigneur pour rappeler l'Alliance avec Dieu. Ils sont, à leur manière d'enfants, prophètes pour d'autres.

Entrer dès maintenant dans la fête de Noël pour accueillir le Seigneur annoncé par les prophètes.

Situer Marie dans l'histoire du peuple de Dieu et de montrer comment elle accueille Dieu qui intervient dans sa vie.

Être attentif à souligner que la venue du Seigneur est encore actuelle, pour nous, cette année, et qu'elle n'est pas seulement l'anniversaire du passé: le Seigneur qui a guidé son peuple par les prophètes, vient lui-même. Il est avec nous.

LIRE ET COMPRENDRE

EZÉKIEL 2, 8-10 et 3, 1-2, 3 b-4

1. LA COMPOSITION DU TEXTE

a) Le récit consiste dans un ordre du Seigneur adressé à Ezékiel : « Ouvre la bouche, et mange » (v. 8), suivi de son exécution : « J'ouvris la bouche, il me fit manger » (v. 2).

b) Ce qu'il s'agit de manger n'est pas une nourriture ordinaire, mais un livre qui se présente sous la forme d'un rouleau : on collait, à l'époque, des feuilles de cuir ou de papyrus les unes à la suite des autres pour former un long ruban que l'on enroulait. Le texte insiste sur cette manducation : le verbe manger est répété 5 fois, le mot rouleau 4 fois.

c) L'ordre de manger le rouleau est associé à celui de « parler à la maison d'Israèl » (v. i et 4). Or pour parler, comme pour manger, il faut ouvrir la bouche, pour faire entrer les aliments ou pour laisser sortir les paroles.

d) Le texte qui nous est présenté comporte une inclusion remarquable : il débute et s'achève par la mention de la parole du Seigneur.

2. CE QUE LE TEXTE VEUT FAIRE SAISIR

a) Les prophètes bibliques ne sont pas les devins qui annoncent l'avenir, mais des « porte-parole » du Seigneur : ils transmettent au peuple le message du Seigneur, et non leurs propres idées. Personne n'est donc prophète parce qu'il le décide, mais parce qu'il y est appelé par le Seigneur. Aussi les prophètes nous racontent-ils, de manière très imagée, comment s'est passé cet appel, leur « vocation » à être prophètes. C'est ce que fait Ezékiel dans ce texte.

b) C'est une tâche difficile que d'être prophète, personne ne se sent à la hauteur. Moïse, que la Bible considère comme le premier des prophètes, avait dit : « Qui suis-je pour aller trouver Pharaon ? » (Exode 3, 11); Isaïe (6, 5) et Jérémie (1, 6) ont réagi pareillement. Tous savent aussi qu'ils vont rencontrer des difficultés auprès de leur peuple : les gens n'apprécient pas une parole de Dieu qui les dérange, qui dénonce leurs injustices, leur manque de foi ou d'espérance ; ils se « rebellent », ils font la sourde oreille et souvent veulent faire taire de force le prophète. C'est pourquoi le Seigneur invite Ezékiel à ne pas être « rebelle » comme l'est le peuple, mais à écouter ce qu'il va lui dire (v. 8).

c) Il lui demande de manger - c'est un geste symbolique - le rouleau qu'il lui tend, c'est-à-dire de consommer, d'assimiler et faire siennes les paroles qu'il le charge d'annoncer à son peuple. Ces paroles sont Si nombreuses que le rouleau en est écrit des deux côtés. Elles consistent en chants de deuil, plaintes et lamentations : ce sont celles que le peuple déporté à Babylone fait entendre, celles aussi que le Seigneur va faire entendre à son peuple qui a oublié d'être fidèle à son alliance et s'est rebellé contre son Dieu.

d) Après s'être ainsi assimilé les paroles du Seigneur, Ezékiel doit à nouveau ouvrir la bouche pour les transmettre à son peuple : « mange... et va parler à la maison d'Israël. C'est une manière très concrète et imagée de signifier que les paroles qui sortiront de la bouche d'Ézékiel sont celles mêmes que le Seigneur à préalablement mises en lui. Le prophète n'est que le porte-parole de Dieu.

e) Les paroles du Seigneur qu'Ézékiel a assimilées sont dans sa bouche douces comme le miel tant elles le comblent de joie et d'espérance pour son peuple. Le seront-elles pour ses auditeurs, lorsqu'elles sortiront de sa bouche ?

Remarque

Ezékiel est très souvent interpellé par le titre « fils d'homme ». En hébreu l'expression « fils de... » désigne quelqu'un qui appartient à un groupe ou à une corporation; ainsi, « fils d'lsraël» est celui qui appartient au peuple d'Israël, un Israélite : « fils des orfèvres » et « fils des parfumeurs » (Néhémie 3, 8) sont ceux qui appartiennent à ces corporations, un orfèvre ou un parfumeur. « Fils d'homme » désigne un membre de l'humanité, un humain. C'est à ce « fils d'homme », Ezékiel, fragile comme tous les humains, que le Seigneur confie ses paroles pour son peuple.

L'expression « fils d'homme» sera reprise par le prophète Daniel pour désigner les Israélites victorieux de la persécution (Daniel 7, 13-27). Au premier siècle de notre ère, elle sera parfois donnée comme titre au Messie. Jésus le revendiquera en se nommant « le Fils de l'homme».

L'hébreu utilise souvent le mot maison pour désigner ceux qu'elle contient: la maisonnée. « Maison d'Israël » désigne alors la famille des Israélites, comme « maison de David » désigne sa dynastie, sa descendance.

A PROPOS D'EZÉKIEL 34, 11-13

Depuis longtemps, dans la Bible et chez les peuples voisins, on avait comparé le roi à un berger. On attendait du souverain qu'il gouverne son peuple avec autant d'attention qu'un berger en porte à ses brebis : ramener celle qui s'est égarée, soigner celle qui est malade, prendre soin des petits, protéger le troupeau contre les bêtes sauvages.

Selon le prophète Ezékiel, les rois du peuple de Dieu n'ont pas gouverné ainsi. Ils sont les premiers responsables de la catastrophe de l'exil à Babylone. C'est pourquoi le Seigneur décide d'être lui-même le vrai berger de son peuple qu'il délivrera et ramènera dans son pays.

Dieu est souvent comparé à un berger dans la prière des psaumes (Psaumes 22.79) et chez les prophètes (Isaïe 40, 11; Jérémie 23, 1-4). Jésus se présentera comme le vrai berger qui va jusqu'à donner sa vie pour sauver tous les hommes (Jean 10, 1-16).

LIRE ET COMPRENDRE

EZÉKIEL 36, 23-28

1. LA COMPOSITION DU TEXTE

a) Le texte se présente comme un discours du Seigneur aux Israélites déportés dans toutes les nations, tous les pays » (v. 24). Il leur promet de les faire revenir d'exil : «je vous ramènerai sur votre terre » (v. 24), « vous habiterez le pays que j'ai donné à vos pères » (v. 28).

b) Cette promesse des v. 24 et 28 enserre une autre : ceux que le Seigneur ramènera d'exil, il les transformera totalement (v. 25-27). Ainsi deviendront-ils son peuple, et lui, leur Dieu (v. 28).

c) Cependant cet agir du Seigneur ne concerne pas seulement son peuple, mais aussi les nations qui découvriront ainsi le Seigneur comme le Dieu Saint, Tout-Autre que les divinités qu'ils honorent (v. 23).

2. CE QUE LE TEXTE VEUT FAIRE SAISIR

a) Aux Israélites en exil, qui se découragent et désespèrent, le prophète Ezékiel annonce une intervention du Seigneur en leur faveur : il les ramènera sur leur terre. Cet événement, qui aura lieu en 536 avant J.-C., ne manquera pas de frapper l'esprit des nations alentour : le Dieu de ces déportés ne les a donc pas oubliés.

b) Mais le Seigneur veut faire davantage : de ce retour d'exil, il fera un retour » vers lui, il ramènera à lui le coeur de son peuple. C'est là le centre du message d'Ézékiel (v. 25-27).

c) Dans ce but, il purifiera d'abord son peuple des souillures des idoles. A l'époque on obtenait cette purification en aspergeant d'eau pure la personne ou l'objet rendu impur : «je verserai sur vous une eau pure » (V. 25).

d) Mais surtout, le Seigneur transformera de l'intérieur chaque Israélite. Il lui donnera un coeur nouveau : à la place de son coeur de pierre, c'est-à-dire obstiné et rebelle au Seigneur (voir Ez 2, 8), il mettra un coeur de chair, docile et obéissant à sa voix. Il mettra en lui un esprit nouveau : à la place de son esprit incapable d'accomplir la volonté de Dieu, le Seigneur mettra son esprit, c'est-à-dire sa force pour désirer et observer ses commandements. Cette transformation sera telle qu'alors les Israélites observeront les exigences de l'Alliance qu'ils avaient acceptées au 5mai (Ex 19, 8). C'est pourquoi Ezékiel termine son discours en reprenant la formule de l'Alliance : « vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu » (voir Ex 19, 5).

e) Les nations qui auront été témoins que le Seigneur à libéré son peuple de l'exil constateront aussi ce renouvellement radical : le Seigneur se montrera saint à leurs yeux en faisant de son peuple un peuple saint ( « par vous »). Comme la bénédiction d'Abraham (Genèse 12, 3), l'Alliance de Dieu avec Israël concerne toutes les nations. Par l'histoire du Seigneur avec son peuple, nous apprenons, nous aussi, qui est le Seigneur pour nous.

Remarque

Ezékiel emprunte le mot « nouveau » (coeur nouveau, esprit nouveau) au prophète Jérémie. Celui-ci, constatant l'incapacité du peuple à observer les exigences de l'Alliance, avait annoncé que le Seigneur conclurait avec son peuple une Alliance Nouvelle (Jérémie 31, 31-34). Au lieu d'une loi proposée de l'extérieur comme celle reçue au Sinaï, le Seigneur écrira sa loi à l'intérieur de chaque Israélite, Si bien que tous, petits et grands, le connaîtront, l'aimeront et feront ce qui lui plaît. En prenant le relais de Jérémie, Ezékiel montre combien cette transformation du coeur des hommes, promise par le Seigneur, était attendue et désirée. Jésus Christ réalise cette Nouvelle Alliance. Par lui, c'est l'Esprit même de Dieu qui nous est donné au baptême (« je verserai sur vous une eau pure »); c'est l'Esprit qui nous réunit en un seul Corps par l'Eucharistie (« le sang de l'Alliance Nouvelle ») et qui fait de nous les témoins du Seigneur pour nos frères, les hommes («par vous je me montrerai saint »).

 

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