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Le corps du Christ; lui et nous. (Saint AUGUSTIN)

Dieu ne pouvait pas faire aux hommes un plus grand don que de leur donner comme tête son Verbe par lequel il a fait toutes choses, et de les rattacher à cette tête, comme des membres. Ainsi le Verbe devient-il à la fois Fils de Dieu et fils de l'homme, un seul Dieu avec son Père, un seul homme avec les hommes.

Quand donc nous présentons à Dieu nos supplications, ne nous séparons pas du Fils, et quand prie le corps du Fils, qu'il ne se sépare pas de la tête. Que lui-même, l'unique Sauveur de son corps, notre Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, en même temps, et prie pour nous, et prie en nous, et soit prié par nous.

Il prie pour nous, comme notre prêtre; il prie en nous, comme notre tête; il est prié par nous, comme notre Dieu. Reconnaissons donc, et nos paroles en lui, et ses paroles en nous.

On le prie, quand il est dans la forme de Dieu; il prie dans la forme de l'esclave. Là, il est le Créateur; ici, dans la créature, prenant en lui la créature, pour la changer, sans changer lui-même, et nous faisant devenir, avec lui, un seul et unique homme, la tête et le corps.

Nos prières donc sont vers lui, et par lui, et en lui. Nous les disons avec lui, et il les dit avec nous; nous disons en lui, et il dit en nous la prière du psaume.

Le corps entier du Christ gémit dans les épreuves, et jusqu'à la fin des siècles, jusqu'à ce que finissent les épreuves, cet homme gémit et crie vers Dieu, et chacun de nous, pour sa part, crie dans le corps de cet homme. Tu as crié durant les jours de ta vie, et tes jours se sont écoulés. Un autre, alors, t'a remplacé, et il a crié durant ses jours à lui. Toi ici, lui là, un autre ailleurs : le corps du Christ, durant tout le jour, n a cessé de crier, un membre remplaçant l'autre quand le premier se taisait.

Qu'il se lève donc, ce chantre unique! que, de notre coeur à chacun, cet homme se mette à chanter, et que chacun de nous soit cet homme! Quand chacun vous chantez un verset, puisque vous tous, vous êtes un dans le Christ, c'est un seul homme qui chante. Et l'on ne dit pas : Vers toi, Seigneur, nous avons levé nos y'eux, mais Vers toi, j'ai levé mes yeux. Vous devez penser, en effet, que chacun de vous parle, mais que, surtout, cet homme unique parle, qui est répandu sur la terre entière.

Seigneur, tu as renouvelé et rajeuni ton peuple; fais qu'il soit pour toujours dans l'allégresse ;

aujourd'hui nous sommes heureux d'avoir retrouvé notre gloire de fils de Dieu, mais affermis-nous dans l'espérance en attendant le jour de notre résurrection. 

 

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