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Sous la conduite de l'Esprit. (Yves de MONTCHEUIL)

Le premier travail, le travail fondamental de vie chrétienne, c'est de nous laisser guider

tout par l'Esprit du Christ. Ce n'est pas une réunion de nous-mêmes qui nous est demandée, mais un abandon à cette impulsion divine. Abandon qui n'a rien, du reste, d'une paresse ou d'une passivité, au sens où l'on emploie généralement ce mot. Il y a des forces égoistes et troubles qui résistent en nous et c'est à elles que la capitulation de la volonté livre l'âme. Il ne s'agit pas de nous conduire, mais d'être conduits par le Christ.

De quelles voies faut-il nous détourner, ou : quelles voies faut-il désirer marcher pour rester sous la direction du Christ ? Pour le savoir, nous n'avons pas à compter seulement sur une sorte d'illumination intérieure. Il y a une vie véritablement humaine où nous pouvons contempler dans un modèle parfait ce que doit être notre conduite : c'est la vie du Christ lui-même. Il nous montre par son exemple ce que c'est qu'une vie d'homme toujours pénétrée de l'Esprit. Sans doute il ne s'agira pas de la copier matériellement et servilement, car nous ne nous trouvons pas exactement dans les mêmes circonstances, nous n'avons pas la même tâche extérieure à remplir. Mais dans les actes du Christ, aussi bien que dans ses paroles, se révèlent les principes qui inspirent son action, les jugements de valeur qui dictent son attitude et commandent ses réactions.

C'est cela que nous devons faire nôtre, incorporer progressivement à la substance de notre être. Plus nous le ferons, plus nous agirons spontanément comme le Christ, plus nous serons aussi sous la conduite de l'Esprit. Plus nous serons, dans les circonstances où Dieu nous a placés, d'autres Christs, c'est-à-dire des chrétiens. C'est pourquoi la méditation de l'Évangile n'est pas un exercice facultatif pour ceux qui veulent vivre leur incorporation au Christ. C'est là qu'ils en puiseront les moyens.

Ajoutons-le, ce n'est pas seulement un exercice provisoire et qui n'aurait qu'un temps. Sans doute rien ne demande qu'il soit exclusif, encore qu'en un sens tout s'y rapporte : car le reste devra servir, d'une manière ou d'une autre, à éclairer, à interpréter l'exemple du Christ. Mais nous aurons toujours à le pénétrer davantage.

Il faut déjà commencer, si peu que ce soit, à posséder l'esprit du Christ pour comprendre la vie du Christ, en sorte qu'elle ne soit pas seulement devant nos yeux comme une série de faits, mais que nous ayons l'intelligence de sa signification. Réformer notre conduite d'après ce que nous aurons compris nous pénétrera davantage de l'Esprit du Christ, car on obtient cet Esprit, non par la force de la raison, mais par la fidélité dans l'action aux lumières reçues. Revenant alors à l'Évangile, nous en pénétrerons mieux le sens. Et une nouvelle fidélité nous permettra de nouveau une intelligence plus profonde des leçons évangéliques.En cette matière, pour comprendre, il faut agir selon ce qu'on a compris. Mener une vie médiocre, c'est se condamner à l'inintelligence.

Dieu de miséricorde éternelle, toi qui dans les célébrations pascales, ranimes la foi de ton peuple, fais grandir la grâce que tu lui as donnée pour que nous comprenions mieux quel baptême nous a purifiés, quel esprit nous a fait renaître et quel sang nous a rachetés.

« Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé. »

 

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