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LETTRE DE SAINT AUGUSTIN À PROBA SUR LA PRIÈRE

«L'Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse». 

Tout homme qui demande au Seigneur cette seule chose, et qui la cherche, la demande avec certitude et sécurité ; il ne craint pas qu'elle ne lui nuise, quand il l'aura reçue; car, sans elle, tout ce qu'on peut recevoir d'autre, cri le demandant comme il le faut, n'est d'aucun profit. Cette chose unique, c'est la seule et véritable vie bienheureuse, qui consiste à contempler l'amabilité de Dieu pour toujours, cri étant devenus immortels de corps et d'esprit. C'est pour elle seule que nous recherchons tout le reste et que nous le demandons comme il convient. L'homme qui la possédera possédera tout ce qu'il veut, et alors il ne pourra ni vouloir ni posséder quelque chose qui ne conviendrait pas. C'est bien là que se trouve la source de vie, dont il faut que nous ayons soif maintenant dans la prière, aussi longtemps que nous vivons dans l'espérance et que nous ne voyons pas encore ce que nous espérons. Nous sommes cachés à l'ombre de ses ailes; devant luii est tout notre désir nous voulons nous ennivrer des richesses de sa maison, nous abreuver au torrent de ses délices; parce qu'en lui est la source de joie et que dans sa lumière nous verrons la lumière. Alors notre désir sera rassasié de bonheur et nous n'aurons plus rien à chercher en gémissant, puisque nous le posséderons dans la joie. Cependant, comme c'est là une paix qui surpasse toute intelligence, même lorsque nous la réclamons dans la prière, nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut. Une chose que nous ne pouvons pas concevoir telle qu'elle est, il est évident que nous ne la savons pas. Et tout ce qui se présente à notre esprit, nous le repoussons, nous le rejetons, nous le réprouvons, nous savons que ce n'est pas ce que nous cherchons, quoique nous ne sachions pas encore en quoi consiste ce que nous cherchons.Il y a donc en nous, pour ainsi dire, une savante ignorance, mais savante par l'Esprit de Dieu qui vient au secours de notre faiblesse. Car l'Apôtre avait dit : Nous qui espérons ce que nous n'ayons pas, nous l'attendons avec perérance. Et il ajoute : Pareillement, l'Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut. L'Esprit lui-même intervient pour nous par des gémissements inexprmiables. Et Dieu, qui sonde le fond des coeurs, connaît les intentions de l'Esprit, car il intervient pour les croyants selon ce que Dieu veut. Celà, nous ne devons pas l'entendre en ce sens que l'Esprit de Dieu interviendrait pour les croyants comme quelqu'un qui ne serait pas Dieu, alors qu'il est, dans la Trinité, immuable, un seul et même Dieu avec le Père et son Fils, Jésu-Christ. Cet intervention de l'Esprit Saint doit se comprendre ainsi: Dieu vous met à l'épreuve pour savoir si vous l'aimez, c'est-à-dire pour vous le faire savoir. C'est ainsi qu'il fait intervenir les croyants par des gémissements inexprimables, en leur inspirant le désir d'une si grande chose, encore inconnue jusqu'ici, que nous attendons avec persévérance. Comment, en effet, « exprimer», quand on désire ce qu'on ignore? Car si l'on ignorait totalement, on ne désirerait pas; et en revanche, si l'on voyait, on ne désirerait pas et on ne chercherait pas avec des gémissements. 

Viens, Esprit Saint, viens au secours dc notre faiblesse.

Vous avez reçu un esprit dc fils adoptifs, par qui nous crions: Abba, Père.

L'Esprit lui-même intercède pour nous cri des gémissements ineffables.

Dieu qui sonde les coeurs, connaît les désirs de l'Esprit.

Dieu éternel et tout-puissant, dirige notre vie selon ton amour, afin qu'au nom de ton Fils bien-aimé, nous portions des fruits en abondance.

 

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