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DES CONFESSIONS DE SAINT AUGUSTIN

" En Dieu seul, le repos de mon âme». 

Où donc t'ai-je trouvé, Seigneur, pour apprendre à te connaître? Avant que je te connaisse, tu n'étais pas encore dans ma mémoire. Où donc t'ai-je trouvé, pour te connaître, si ce n'est en toi, au-dessus de moi? Aucun espace dans tout cela: nous nous éloignons, nous nous approchons de toi, rien de cela n'est dans l'espace. C'est partout, ô Vérité, que tu sièges pour tous ceux qui viennent te consulter, et tu réponds en même temps à tous ceux qui te consultent sur des questions différentes. Tu réponds clairement, mais tous ne t'entendent pas clairement. Tous te consultent sur ce qu'ils veulent, mais ils n'entendent pas toujours la réponse qu'ils veulent. Le meilleur de tes serviteurs n'est pas celui qui se soucie de t'entendre dire ce qu'il veut; c'est plutôt celui qui veut ce que tu lui dis. Je t'ai aimée bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, je t'ai aimée bien tard ! Mais voilà: tu étais au-dedans de moi quand j'étais au-dehors, et c'est dehors que je te cherchais dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n'étais pas avec toi. Elles me retenaient loin de toi, ces choses qui n'existeraient pas, si elles n'existaient en toi. Tu m'as appelé, tu as crié, tu as vaincu ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi, et tu as dissipé mon aveuglement; tu as répandu ton parfum, je l'ai respiré et je soupire maintenant pour toi je t'ai goûtée, et j'ai faim et soif de toi ; tu m'as touché et je me suis enflammé pour obtenir la paix qui est en toi. Lorsque je te serai uni par tout moi-même, il n'y aura plus pour moi de douleur ni de fatigue. Ma vie, toute pleine de toi, sera vivante. Celui que tu combles, tu l'allèges, car lorsque je ne suis pas comblé par toi, je me suis à charge à moi-même. Mes joies, dont je devrais pleurer, sont encore en lutte avec mes tristesses, dont je devrais me réjouir. De quel côté apparaîtra la victoire, je l'ignore.

 

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