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Mercredi de l'Avent I

Mt 15, 29-37

Les entrailles de Dieu.

Jésus des foules! Dans cette masse qui l'assaille, il discerne les misères et inlassablement il guérit les estropiés, les aveugles et les muets.

Mais voilà trois jours que, fascinés par sa parole et les guérisons, les gens oublient tout, et même de manger. Jésus est bouleversé. Ce n'est pas suffisant de traduire ce qui se passe en lui par: «J'ai pitié de cette foule. » En réalité il dit: «Je suis pris aux entrailles.» C'est l'émotion d'amour du père de l'enfant prodigue. Jamais Jésus ne s'est mieux révélé comme divin qu'en s'exclamant: «Je suis pris aux entrailles pour cette foule. »

Il est le Compatissant, image de la compassion du Père. Tant pis pour -les vieilles conceptions d'un Dieu qui serait forcément impassible. Ne laissons pas à la philosophie le droit de glacer l'Evangile. Oui, Jésus a pitié, mais divinement pitié, c'est une pitié affectueuse et agissante: il guérit la foule et il la nourrit. Quand nous voyons comme il regarde cette foule, nous savons avec quel amour Dieu nous regarde: «Qui me voit voit Dieu. »

Mais comme c'est bien difficile en ce moment de croire à l'amour efficace de Dieu, laissons se réveiller notre foi au cri de l'évangile d'aujourd'hui: «Je suis pris aux entrailles pour cette foule. »

Qu'est-ce que cela change aux famines, aux violences, aux horreurs de la leucémie, du sida, de la maladie d'Alzheimer? Je ne le sais pas. Je sais seulement qu'on nous demande de croire, malgré tout, que Jésus veut nous guérir et nous nourrir. Nous sommes devenus les chrétiens du «malgré tout».

 

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