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22 décembre

Lc 1, 46-56

Révolutionnaire, le Magnificat?

En Argentine, sous la dictature militaire des années soixante-dix, la Commission épiscopale de liturgie avait fait supprimer du Magnificat un verset qu'elle jugeait trop révolutionnaire: « Il renverse les puissants, chantait Marie, et il élève les humbles. »

C'est sûrement révolutionnaire, mais bien plus que ne le pensaient ces évêques argentins. Il s'agit d'un renversement total des situations. Évangéliste des pauvres, Luc reprendra ce thème, par exemple dans ses Béatitudes-malédictions: qu'ils sont heureux, les pauvres, et qu'ils sont malheureux, les riches!

De quoi faire sourire les riches? Non, le renversement que Marie évoque est bien total, au sens où l'on dépasse les situations socio-politiques pour aller jusqu'au coeur des hommes. Sinon les opprimés d'hier, on le voit dans toutes les révolutions, deviennent à leur tour des oppresseurs.

Il n'y aura salut que lorsque les coeurs seront changés, quand les puissants deviendront humbles. Rêve naïf si nous ne pensons qu'à une oeuvre humaine, mais Marie nous dit que c'est un travail de Dieu.

Marie a dû découvrir les ravages de l'orgueilleuse volonté de puissance dans l'histoire de son peuple. Nous sommes ses révolutionnaires quand nous pouvons renverser l'orgueil autour de nous, et d'abord en nous.

 

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