195

 Lundi, semaine I

Mc 1, 14-20

Laisser les filets.

Dès le départ de sa mission, Jésus veut des compagnons. A Simon Pierre, André, Jacques et Jean il lance joyeusement: venez, suivez-moi! Je vais vous emmener dans une grande aventure.

Pendant longtemps on a lu ce texte comme un appel très spécial qu'en appelait la « vocation » au sacerdoce, à la vie religieuse, à la vie missionnaire,

On voit mieux maintenant que ces appels particuliers ne sont que des visages d'un appel bien plus général. Ce fut la véritable révolution de Vatican Il: l'appel de tous à la sainteté.

Se dresse alors un immense obstacle: « Laissant là leurs filets, ils le suivirent. » Pour suivre le Christ faut-il tout lâcher?

Quelques-uns le font et c'est un exemple très entraînant, mais seulement le symbole de tous les possibles dépouillements. En méditant ce « Ils laissèrent leurs filets, leur père et leur barque», j 'ai pensé à d'autres dépouillements, tout aussi douloureux, et parfois davantage.

À celui qui apprend qu'il a le cancer, le sida, la maladie d'Alzheimer, à celui qu'on vient d'abandonner, le Christ dit: viens, suis-moi. Ne reste pas seul dans ta détresse, ni peux encore vivre quelque chose avec moi.

Les voeux religieux se vivent aussi en obéissant aux médecins, en vivant la pauvreté d'un corps qui se délabre, en acceptant une chasteté qu'on n'avait guère prévue, en voyant mourir celui qui était notre vie. Et même, faire taire une susceptibilité, une jalousie, une haine, c'est laisser ses filets. Le Christ passe dans notre vie et nous crie: viens, suis-moi! Pour quels filets allons-nous le laisser repartir sans nous vers l'aventure de la sainteté?

 

195