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«Le Père m'aime parce que je donne ma vie. » Sur la terre comme au ciel. (Sainte THERESE d'Avila)

Considérez, mes filles, que sa volonté se fera sur la terre çomme au ciel, que nous le voulions ou non; croyez-moi, suivez mon conseil, et faites de nécessité vertu. Avant de vous dire ce que vous gagnerez, je tiens à vous expliquer combien vous promettez; vous ne pourrez pas dire plus tard qu'il y eut méprise, et que vous n'aviez pas compris. Qu'il n en soit pas de vous comme de certaines religieuses qui font des promesses qu'elles s'excusent de ne pas tenir en disant qu'elles n'ont pas compris ce qu'elles promettaient. C'est possible car il semble très facile de dire que nous soumettrons notre volonté à quelqu'un, jusqu'à la première tentative; on comprend alors qu'il n'y a rien de plus difficile, si on s'y tient comme convenu. Je veux donc vous prévenir, et vous rappeler ce qu'est sa volonté. Ne craignez point que ce soit de vous donner richesses, délices, honneurs, ni toutes ces choses d'ici-bas; il vous aime trop, il prise trop ce que vous lui donnez, et il veut vous payer largement, puisqu'il vous donne son royaume dès cette vie. Voulez-vous savoir comment il agit envers ceux qui lui adressent une prière sincère ? Demandez-le à son glorieux Fils, qui lui a fait la même prière au Jardin des Oliviers. Comme cela fut dit avec une décision et une bonne volonté totales, considérez comment il l'a écouté en lui accordant épreuves, douleurs, injures et persécutions; enfin, jusqu'à la mort sur la Croix. Si vous l'aimez, veillez à ce que les paroles que vous adressez à ce si grand Seigneur ne soient pas de simple courtoisie. Car si vous ne lui remettez pas votre volonté tout entière, vous imitez ceux qui montrent un bijou, font le geste de le donner, prient qu'on l'accepte, mais quand on tend la~main pour le prendre, le retirent et le gardent fort bien. Ce sont là des moqueries inadmissibles àl'égard de celui qui en a déjà tant subies pour nous; n'y aurait-il pas d'autre motif, il n'est pas juste de nous moquer si souvent de lui, aussi souvent que nous disons le Pater noster. Dotitiorîs-lui une fois pour toutes ce bijou, au lieu de lutter pour le garder; à la vérité, il ne nous donne rien le premier, pour que nous lui abandonnions notre volonté. Ceux qui vivent dans le monde feront déjà beaucoup s'ils ont l'intention sincère de tenir leur promesse. Pour vous, mes filles, dire c'est agir, les mots sont des actes. Quelle force a ce don! Le moins qu'il obtienne, si nous avons la décision voulue, c'est d'amener le Tout-Puissant à ne faire qu'un avec notre bassesse, à nous transformer en Lui, à unir le Créateur avec la créature.

PRIÈRE

Seigneur, donne-nous toujours la force de te consacrer notre volonté, afin que nous soyons à ton service d'un coeur sans partage. 

 

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