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Le commandement nouveau. (Saint AUGUSTIN)

Je vous donne un commandement nouveau, c'est de vous aimer les uns les autres. Est-ce que ce commandement n'existait pas dans l'ancienne Loi de Dieu, où il est écrit Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Pourquoi donc le Seigneur appelle-t-il nouveau un commandement Si nettement ancien? Ne serait-ce pas un commandement nouveau en ce sens qu'il nous dépouille du vieil homme pour nous revêtir de l'homme nouveau? En effet celui qui entend ce commandement ou plutôt celui qui obéit se trouve renouvelé, non par un quel-conque amour, mais par cet amour que le Seigneur distingue de l'amour charnel, quand il ajoute : comme je vous ai aimés. Car ils s'aiment, les maris et leurs femmes, les parents et leurs enfants, et tous ceux qu'unit une amitié humaine, pour ne rien dire de ceux qu'unit un amour coupable et criminel et des crimes honteux qui déshonorent la vie humaine. Le commandement nouveau que nous donne le Christ, c'est que nous nous aimions les uns les autres, comme il nous a aimés. Cet amour-là nous renouvelle et fait de nous des hommes nouveaux, héritiers de la nouvelle alliance, chantres d'un cantique nouveau. Cet amour, frères très chers, a renouvelé les justes des temps les plus anciens, les patriarches et les prophètes, que, plus tard, les bienheureux apôtres. Cet amour renouvelle encore les nations et tout le genre humain répandu sur la terre : de tous, en réunissant, il fait un peuple nouveau, le corps cette nouvelle épousée du Fils unique de Dieu. Voilà pourquoi, dit saint Paul, tous les membres souci les uns des autres; si un membre souffre, les membres souffrent avec lui; si un membre est glorifié, tous se réjouissent avec lui. Tous s'aiment parce qu'ils sont tous des dieux et des fils du Très-Haut, pour devenir ainsi les frères du Fils unique de Dieu, en s'aimant mutuellement de cet amour dont il les aima lui-même et qui doit les amener à cette fin, seule suffisante, où il rassasiera de biens tous les désirs. A qui l'entend bien, chacun des deux commandements se retrouve dans l'autre. Car celui qui aime Dieu ne peut pas mépriser Dieu qui commande d'aimer le prochain; et celui qui aime saintement, spirituellement son prochain, qu'aime-t-il en lui si ce n'est Dieu? Voilà l'amour, que le Seigneur a spécifié en ajoutant : comme je vous ai aimés. Qu'a-t-il aimé en nous si ce n'est Dieu ? non pas Dieu que nous avions, mais afin que nous l'ayons pour nous amener là où Dieu est tout en tous. C'est dans ce sens que l'on dit avec raison que le médecin aime ses malades : et qu'aime-t-il en eux ? la santé qu'il désire leur rendre et non la maladie dont il veut les délivrer.

PRIÈRE

Ouvre nos coeurs à ce mystère qui nous enveloppe: tu nous as aimés le premier et avec toi nous pouvons être heureux.

 

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