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* L'APPEL DU SEIGNEUR et l'envoi en mission. (Jacques LOEW)

"Dans le monde vous aurez â souffrir, mais gardez courage, j'ai vaincu le monde. »  

C'est rarement au tout premier appel que la réponse est difficile. La difficulté vient plus tard quand les erreurs, les lassitudes, les échecs et l'usure ont envahi l'âme de l'apôtre. On était parti en flèche. Vous allez voir ce que vous allez voir. Ils, les vieux, n'y ont rien compris, mais un jour, comme le prophète Elie, on se prend à murmurer: C'en est assez maintenant, Seigneur, prends ma vie car je ne suis pas meilleur que mes pères.

Il en est de l'apôtre comme du prophète : sa vraie réponse, son vrai engagement ne viennent qu'au second temps. Loin d'être une contre-indication, l'épreuve de la découverte cuisante de une incapacité fondamentale constitue le réel point de départ : avant ce n'était qu'un galop dont l'aspect brillant masquait la fragilité.

- Mais si Dieu est présent effectivement dans ce service, ce n'est pas rare : ni l'heure, ni, sans doute, exactement de cette façon : il lui faudra plusieurs dizaines d'années d'attente, de purification au désert. Et quand Dieu, qui l'avait appelé dès le début, l'enverra, on sait l'épouvante de l'homme et le dialogue extra-ordinaire où Moïse luttera pour être délivré de ce poids apostolique : Qui suis-je pour aller trouver Pharaon? Je serai avec toi... - Soit, mais s'ils demandent quel est ton nom? - Tu diras : Le Seigneur, le Dieu de vos Pères, m'a envoyé vers vous... - Et s'ils refusent de me croire et me disent : Le Seigneur ne t'est pas apparu... Le Seigneur fait alors deux prodiges extraordinaires, mais Moïse refuse toujours : Excuse-moi, Seigneur, ma bouche est inhabile et ma langue pesante. - Qui a doté l'homme d'une bouche? Qui rend muet, sourd, clairvoyant ou aveugle n'est-ce pas moi, le Seigneur? Va donc sur l'heure je t'aiderai à parler et suggérerai ce que du devras dire. - Excuse-moi, Seigneur, charge donc qui tu voudras de cette mission.

Il est capital pour les apôtres de saisir la nécessité de cette purification : Dieu allume en nous une flamme, mais il faut qu'elle consume d'abord le plus humain de ce qui est en nous, nos attraits, notre nature, notre pente. Ce n'est pas que la nature et la pente de nos attitudes soient mauvaises, Dieu choisit ses serviteurs et les qualifie pour son service, mais il faut que tout cela disparaisse dans une alchimie mystérieuse jusqu'à n avoir plus comme seul motif d'action que l'appel de Dieu qui envoie.

 

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