747

MISERICORDE ET L'UNITÉ. (Marc BOECNER)

« Celui qui vous accueille, c'est moi qu'il accueille. »  

Un jour, je m'entretenais avec un homme que sa vie d'affaires prenait totalement; il me dit tout à coup: «Que voulez-vous? nous avons des coeurs qui n'ont plus le temps d'aimer! »

Jamais je n'ai oublié ni ne pourrai oublier ces mots. Qu'ils sont cruellement vrais! Le coeur de Dieu a toujours le temps d'aimer, de nous aimer, et c'est notre espérance, notre salut, notre vie. Mais, encombrés par la poursuite de nos ambitions, par la volonté de réussir », par la soif de l'argent, par nos rancunes ou nos jalousies, par nos passions aussi, nos coeurs n'ont pas le temps d'aimer. Et c'est là quelque chose d'atroce. Heureux, trois fois heureux ceux qui découvrent qu'aimer de l'amour dont Dieu nous aime prend du temps, et que la fidélité à un pareil amour exige que nous nous mettions et remettions sans cesse à l'école de celui qui a suivi, parmi les hommes, un chemin d'amour dont le terme a été la croix. Oserai-je dire qu'une telle méditation s'impose alors que le Concile du Vatican contraint tous ceux qui y participent, de près ou de loin, à entrevoir, peut-être même à discerner clairement déjà que ce à quoi toutes les Eglises chrétiennes doivent s'offrir, ce qu'elles doivent apprendre à demander plus que jamais ensemble, c'est l'amour, c'est le secret de l'amour qui, éclairant, brûlant de sa flamme tous ceux qui l'approchent, leur révèle la splendeur de l'amour, de la miséricorde, des compassions, du pardon de Dieu. Si tout est possible à Dieu, si les impossibilités de l'homme ouvrent la voie à ses possibilités, si nous croyons qu'il est possible à Dieu d'exaucer la prière de son Fils pour ses disciples : Qu'ils soient un comme nous sommes un, c'est parce que nous savons qu'Il est amour, l'amour patient, qui toujours recommence son labeur dans le respect des libertés que lui-même fortifie, l'amour qui souffre des divisions de l'Eglise du Christ et, seul, peut donner l'intelligence et la force des rapprochements et des réunions nécessaires, l'amour miséricordieux qui, nous enfermant dans sa miséricorde, demande aux Eglises, aux chrétiens séparés, d'exercer une miséricorde réciproque dans une commune repentance et dans une commune joie du pardon. Qu'on me permette d'attendre de la miséricorde de Dieu qu'elle aide toutes les branches de l'Eglise du Christ, les sarments du seul et unique Cep, à porter les fruits d'humilité, de paix, d'amour qui, dans l'unité redevenue visible du Corps du Christ, rendront plus assurée et plus joyeuse notre attente du royaume de Dieu. 

PRIÈRE 

Souviens-toi, Seigneur, de délivrer ton Eglise de tout mal et de la parfaire dans ton amour. Rassemble-la des quatre vents, cette Eglise sanctifiée, dans le Royaume que tu lui as préparé. A toi la puissance et la gloire dans les siècles.

 

747