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L'EGLISE, mystère d'élection et de grâce. (Louis LOCNEI)

 Le Fils de l'homme est maître du sabbat. »

La transmission des promesses faîtes à la Synagogue en faveur de l'Eglise recèle un mystère, mystère qui se trouve au centre même de la vocation de l'Eglise et de son développement. Elle livre dans l'histoire humaine, et de façon visible, un secret invisible qui dépasse de haut toute l'histoire et en donne sans doute la clé. C'est comme une mélodie qu'un musicien de génie esquisse et reprend dix fois au cours d'une symphonie pour la faire éclater enfin dans le finale en accords triomphants, parce qu'elle fait résonner au coeur l'unité totale et comme l'inspiration première de tout le morceau. Ce rythme fondamental de l'histoire, c'est la préférence donnée par Dieu à ce qui est petit sur ce qui est grand, à ce qui est pauvre sur ce qui est riche, à ce qui n'est rien sur ce qui semble quelque chose. Mélodie divine de l'histoire qui trouve une expression définitive sur les lèvres de la Vierge Marie: Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides! De là, une série de renversements mystérieux, de supplantations paradoxales des aînés par les cadets, des grands par les petits, des fécondes par les stériles. Mais ce n'est pas seulement Jacob préféré à Esati, Joseph triomphant de ses aînés, David le petit pâtre élu pour régner, Sara la stérile appelée à devenir mère de l'enfant de la Promesse; c'est encore Marie, l'humble vierge, appelée à être la mère du Messie et de l'humanité nouvelle, de préférence à toutes les femmes d'Israël, c'est l'Eglise enfin, l'assemblée des nations, pauvre de toute promesse divine et de toute domination temporelle, et cependant appelée, elle, la dernière venue, de préférence à la Synagogue et à toutes les puissances des siècles, à être la Reine de l'éternel Royaume, la mère de l'humanité a venir...

Pourquoi ce plan de Dieu? Pourquoi choisit-il sans cesse ce qui est le plus petit pour accomplir ce qui est le plus grand? Sans doute pour mieux manifester l'éclat de sa puissance, l'indépendance et la gratuité de sa miséricorde : Il ne s'agit donc, ni de vouloir, ni de courir, tout dépend de la miséricorde de Dieu. En définitive, c'est son secret:

O profondeur inépuisable de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses desseins sont impénétrables, et incompréhensibles ses voies. Avec le Christ, l'Eglise entière et l'âme de l'apôtre sympathisent à ce dessein de Dieu dont elles sont les heureux bénéficiaires. Ces perspectives éclairent de haut les exigences de leur action, les lois de leur développement et le sens de leur destinée.

Je te bénis, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l'avoir révélé aux petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir.

 

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