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Evangéliser, c'est proclamer ce dont on a besoin
Evangéliser est la mission essentielle de l'Eglise. Pour évangéliser les hommes, l'Eglise doit commencer par s'évangéliser elle-meme. Telles sont quelques conclusions de la Semaine interdisciplinaire organisée par les étudiants de la Faculté de théologie de l'Université de Fribourg. Du 19 au 23 avril, les conférenciers se sont succédé pour présenter différentes facettes de la nouvelle évangélisation. En Suisse romande, de nombreuses initiatives ont vu le jour.
"A maintes reprises, j'ai répété ces dernieres années l'appel a la nouvelle évangélisation. Je le reprends maintenant, surtout pour montrer qu'il faut raviver en nous l'élan des origines, en nous laissant pénétrer de l'ardeur de la prédication apostolique qui a suivi la Pentecôte. Nous devons revivre en nous le sentiment enflammé de Paul qui s'exclamait: "Malheur a moi si je n'annonçais pas l'Evangile!" (1 Co 9, 16), a écrit Jean Paul II (In Novo Millennio Ineunte n. 40).
Les participants a cette Semaine interdisciplinaire ont réfléchi a cette mission essentielle de l'Eglise qu'est l'évangélisation. La premiere partie de la semaine, les conférenciers ont abordé les fondements patristiques et bibliques de l'évangélisation. Plusieurs intervenants ont présenté l'évangélisation a travers l'Histoire, dans le Nouveau Monde, en Inde, en Chine et en Afrique. Frédéric Ozanam a notamment été cité en exemple. Les perspectives contemporaines de la nouvelle évangélisation ont également été abordées. Le point culminant de la semaine a été l'évangélisation dans l'Eglise et la société.
Maintenir le cap sur l'évangile
"L'Eglise souffre davantage de ses divisions internes que de ses différences et de ses confrontations", souligne avec force Mgr Henri Brincard, éveque du Puy-en-Velay (France). Présentant le rôle de l'éveque dans la promotion de l'évangélisation, il affirme avec conviction que l'éveque doit aider son église diocésaine a maintenir le cap sur l'évangélisation. "L'Eglise doit évangéliser tout homme dans son intelligence et sa culture, mais l'Eglise doit s'évangéliser elle-meme. Les chrétiens ont tendance a proclamer un Evangile avec suffisance, comme s'ils n'en avaient pas besoin. Cette attitude choque. L'évangélisation, c'est la proclamation de quelque chose dont on a besoin", constate Mgr Brincard.
Les voies de l'évangélisation
L'éveque français présente différentes voies d'évangélisation. Il y a d'abord le témoignage, la prédication et la catéchese. Puis, il y a la transmission de personne a personne. Le pasteur, pretre ou éveque, doit faire attention a la personne qui sonne a sa porte, meme si c'est un quart d'heure avant l'heure du repas et qu'il a autre chose a faire. L'éveque releve que chacun doit se servir des situations d'évangélisation qui lui sont données constamment. Pour lui, les sacrements, spécialement celui de la réconciliation, sont une voie d'évangélisation importante. "Le sacrement de la réconciliation donne vraiment soif de l'Eucharistie, car il fait redécouvrir la miséricorde de Dieu. Il est capable de changer les cours, donc il est essentiel pour le monde d'aujourd'hui qui a besoin d'écoute."
L'éveque note qu'a travers la religiosité populaire, il faut évangéliser le sens du sacré, c'est-a-dire souffler sur la braise et non l'écraser. Derniere voie d'évangélisation, les moyens de communication. "Il faut accorder les caractéristiques de la communication a celles des Evangiles." haut de page
Aimer l'Eglise
Dans une deuxieme conférence, Mgr Henri Brincard a abordé les criteres de discernement des nouvelles initiatives d'évangélisation. Il a relevé les criteres que donne l'Eglise en précisant qu'un discernement doit se faire dans la prudence. Mgr Brincard a précisé qu'un éveque ne parle jamais en son nom, mais au nom de l'Eglise. Il doit aimer tout ce qu'aime l'Eglise. Il doit exercer son discernement dans la communion. "J'aime toutes les spiritualités, mais je n'en pratique qu'une seule." Dans le discernement, l'éveque rend attentif au fait que "l'on doit servir Dieu et non pas se servir de Dieu".
L'éveque est serviteur de l'unité dans la diversité. "Nous sommes tous appelés a la sainteté par des chemins divers. La mission est unique mais les ministeres sont divers. Personne n'a toutes les grâces, mais lorsqu'on en a une, on n'a jamais fini de l'épuiser."
Dans les communautés, Mgr Brincard pense qu'il faut favoriser la grâce de chaque ordre tel que l'Eglise l'a reconnu et chercher un retour aux sources.
Les cellules d'évangélisation
Les cellules paroissiales d'évangélisation sont un exemple de ces nouvelles initiatives pour évangéliser la société actuelle. Don Pi.Gi (Piergiorgio Perini), pretre de la paroisse Sant Eustorgio a Milan, a présenté ce systeme qui évangélise a partir de la vie quotidienne. Dans les cellules paroissiales d'évangélisation les personnes font l'expérience d'une communauté de médiation entre la famille et la paroisse. Elles redécouvrent et actualisent cet appel fondamental: partager le Christ. La cellule compte de 8 a 18 membres, au-dela la cellule doit se diviser pour se multiplier. Les cellules ont pour objectifs: de grandir dans l'intimité du Seigneur et dans l'amour réciproque, de partager avec Jésus et avec les autres, d'accomplir un ministere dans le corps mystique qui est l'Eglise, de donner et de recevoir de l'aide, de former de nouveaux responsables, d'approfondir sa propre identité de foi.
La cellule se réunit une fois par semaine dans la maison d'un de ses membres. La rencontre dure environ 90 minutes. Elle comporte des temps de prieres, des moments de partage sur l'Evangile, un enseignement, etc. Dans la paroisse du Pere Pi.Gi, les quatre premieres cellules d'évangélisation sont nées en 1998. Apres quatre ans, la paroisse compte plus de 70 cellules, comprenant environ 1000 membres. haut de page
Des initiatives romandes
Lors des tables rondes, quelques initiatives au service de l'évangélisation en Suisse romande ont été présentées. Jean-Pascal Genoud, chanoine du Grand-Saint-Bernard a parlé des missions de proximité qu'il a mises sur pied dans son secteur pastoral en Valais. Pour vivre la proximité, il a décidé avec ses confreres de s'arreter une semaine entiere dans un village. Le pretre y mendie le gîte et le couvert. La journée commence par la priere suivie de la messe. Apres le petit déjeuner, le pretre prend du temps pour accueillir les gens et les écouter. L'apres-midi, il fait des visites aux personnes malades ou dans le besoin. Des soirées de partage et de témoignages sont également organisées. La semaine se termine par l'Eucharistie du dimanche suivie d'un grand repas. Jean-Pascal Genoud constate qu'a travers cette expérience pastorale, il a découvert de grandes miseres humaines.
L'abbé Paul Frochaux a présenté le parcours "Alpha Live". Ce parcours de formation, limité dans le temps, comprend onze soirées et un week-end. Encadré par des bénévoles, il est inséré dans la paroisse. Ce cours est une occasion pour chacun d'explorer la foi chrétienne dans un encadrement amical. La rencontre commence par un repas qui permet de faire connaissance avec les autres participants. Le repas est suivi d'un exposé. Apres une pause café, les discussions se poursuivent en petits groupes sur toutes les questions soulevées par l'exposé. Selon l'abbé Frochaux, les fruits du parcours sont des redécouvertes de la foi chrétienne et de belles conversions.
La priere et la liturgie
L'abbé Jean-François Luisier a présenté le groupe des "Déjeune qui prie" né en 1997 lors de la préparation au Grand Jubilé. Les jeunes du groupe se retrouvent tous les samedis matins pour prier les laudes. Apres la priere, ils partagent a la cure un petit déjeuner. Actuellement en Valais, onze groupes de jeunes prient les laudes chaque samedi en communion de priere les uns avec les autres. Ces jeunes âgés de 17 a 30 ans ne sont pas des professionnels en Eglise, leur pratique religieuse n'a pas toujours été rectiligne, mais ils sont en quete de sens. Le groupe organise régulierement des événements et édite un journal.
La communauté des freres de Saint-Jean ouvre a Geneve dans de nombreux ministeres pastoraux. Cette communauté est a l'origine de deux manifestations biannuelles organisées avec la collaboration des paroissiens: le festival d'art sacré Agapé, et le Forum Amour et Vie.
L'expérience de Dieu au Mont Thabor
Les membres de communautés charismatiques, tel que le Verbe de Vie, les Béatitudes et Eucharistein ont expliqué leur charisme pour l'évangélisation. Ils constatent que des milliers de baptisés sont des chrétiens sociologiques ne vivant pas une relation personnelle a Jésus. Les chrétiens doivent d'abord faire une expérience personnelle avec le Christ, l'expérience du Mont Thabor. Ensuite viennent la conversion et l'approfondissement de la foi.
Les communautés charismatiques notent qu'il est faux d'opposer communautés et paroisses. Tout comme il est faux de vouloir faire des chapelles et dresser les communautés anciennes contre les communautés nouvelles. Les trésors des uns appartiennent aussi aux autres. Ils soulignent que c'est la complémentarité des charismes et des vocations qui fait vivre l'Eglise.
Les participants a la Semaine interdisciplinaire ont également entendu le témoignage du Pere Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale. Les textes des conférences et les références des intervenants de la semaine se trouvent sur le site: www.ducinaltum.ch - un site qui se veut au service de la nouvelle évangélisation.
Véronique Benz
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