index L'annonce du Royaume de Dieu.

 Tous les hommes sont appelés à entrer dans le Royaume, annoncé d'abord aux enfants d'Israël, ce Royaume messianique est destiné à accueillir les hommes de toutes les nations. Pour y accéder, il faut accueillir la parole de Jésus La parole du Seigneur est en effet comparée à une semence qu'on sème dans un champ ; ceux qui l'écoutent avec foi et sont agrégés au petit troupeau du Christ ont accueilli son royaume lui-même; puis, par sa propre vertu, la semence croît jusqu'au temps de la moisson. Le Royaume appartient aux pauvres et aux petits, c'est-à dire à ceux qui l'ont accueilli avec un coeur humble. Jésus est envoyé pour « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres (Le 4, 18). Il les déclare bienheureux car « le Royaume de cieux est à eux » (Mt 5, 3); c'est aux « petits »que le Père a daigné révéler ce qui reste caché aux sages et aux habiles. Jésus partage la vie des pauvres, de la crèche à la Croix Il connaît la faim, la soif et le dénuement. Plus encore : i1 s'identifie aux pauvres de toutes sortes et fait de l'amour actif envers eux la condition de l'entrée dans son Royaume. Jésus invite les pécheurs à la table du Royaume : « Je n suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Mc 2 17): Il les invite à la conversion sans laquelle on ne peu entrer dans le Royaume, mais Il leur montre en parole et en acte la miséricorde sans bornes de son Père pour eux et l'immense « joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent » (Lc 15,7). La preuve suprême de cet amour sera le sacrifice de sa propre vie « en rémission des péchés » (Mt 26, 28). Jésus appelle à entrer dans le Royaume à travers le paraboles, trait typique de son enseignement. Par elles, Il invite au festin du Royaume, mais Il demande aussi un choix radical : pour acquérir le Royaume, il faut tout donner; les paroles ne suffisent pas, il faut des actes. Les paraboles sont comme des miroirs pour l'homme : Accueille-t-il la parole comme un sol dur ou comme une bonne terre'? Que fait-il des talents reçus? Jésus et la présence du Royaume en ce monde sont secrètement au coeur des paraboles. Il faut entrer dans le Royaume, c'est-à-dire devenir disciple du Christ pour « connaître les mystères du Royaume des cieux » (Mt 13, 11). Pour ceux qui restent « dehors » (Mc 4, 11), tout demeure énigmatique.

Les signes du Royaume de Dieu.

Jésus accompagne ses paroles par de nombreux « miracles, prodiges et signes » (Ac 2, 22) qui manifestent que le Royaume est présent en Lui. Ils attestent que Jésus est le Messie annoncé. Les signes accomplis par Jésus témoignent que le Père L'a envoyé. Ils invitent à croire en Lui. A ceux qui s'adressent à Lui avec foi, il accorde ce qu'ils demandent. Alors les miracles fortifient la foi en Celui qui fait les oeuvres de son Père; ils témoignent qu'il est le Fils de Dieu. Mais ils peuvent aussi être « occasion de chute » (Mt 574 11, 6). Ils ne veulent pas satisfaire la curiosité et les désirs magiques. Malgré ses miracles si évidents, Jésus est rejeté par certains; on L'accuse même d'agir par les démons. En libérant certains hommes des maux terrestres: de la faim , de l'injustice, de la maladie et de la mort, Jésus a posé des signes messianiques; il n'est cependant pas venu pour abolir tous les maux ici-bas, mais pour libérer les hommes de l'esclavage le plus grave, celui du péché, qui les entrave dans leur vocation de fils de Dieu et cause tous leurs asservissements humains. La venue du Royaume de Dieu est la défaite du royaume de Satan : « Si c'est par l'Esprit de Dieu que j'expulse les démons, c'est qu'alors le Royaume de Dieu est arrivé pour vous» (Mt 12, 28). Les exorcismes de Jésus libèrent des hommes de l'emprise des démons. Ils anticipent la grande victoire de Jésus sur « le prince de ce monde » (Jn 12, 31). C'est par la Croix du Christ que le Royaume de Dieu sera définitivement établi : « Dieu a régné du haut du bois. »

« Les débuts du Royaume

Dès le début de sa vie publique, Jésus choisit des hommes au nombre de douze pour être avec Lui et pour participer à sa mission. Il leur donne part à son autorité « et Il les envoya proclamer le Royaume de Dieu et guérir »(Lc 9, 2). Ils restent pour toujours associés au Royaume du Christ car Celui-là dirige par eux l'Église: Je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi; vous mangerez et boirez à la table en mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes, pour juger les douze tribus d'Israël (Lc 22, 29-30). Dans le collège des Douze, Simon Pierre tient la première place. Jésus lui a confié une mission unique. Grâce à une révélation venant du Père, Pierre avait confessé « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Notre Seigneur lui avait alors déclaré « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle » (Mt 16, 18). Le Christ, « Pierre vivante » (1 P 2, 4), assure à son Église bâtie sur Pierre la victoire sur les puissances de mort. Pierre, en raison de la foi confessée par lui, demeurera le roc inébranlable de l'Église. Il aura mission de garder cette foi de toute défaillance et d'y affermir ses frères. Jésus a confié à Pierre une autorité spécifique « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié »(Mt 16, 19). Le « pouvoir des clefs » désigne l'autorité pour gouverner la maison de Dieu, qui est l'Église. Jésus, « le Bon Pasteur » (Jn 10, 11) a confirmé cette charge après sa Résurrection « Pais mes brebis » (Jn 21, 15-17). Le pouvoir de « lier et délier » signifie l'autorité pour absoudre les péchés, prononcer des jugements doctrinaux et prendre des décisions disciplinaires dans l'Église. Jésus a confié cette autorité à l'Église par le ministère des apôtres4 et particulièrement de Pierre, le seul à qui Il a confié explicitement les clefs du Royaume.

 Un avant-goût du Royaume: la Transfiguration.

A partir du jour où Pierre a confessé que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, le Maître « commença de montrer à ses disciples qu'il Lui fallait s'en aller à Jérusalem, y souffrir (...)être mis à mort et, le troisième jour, ressusciter » (Mt 16, 21) Pierre refuse cette annonce ,les autres ne la comprennent pas davantage2. C'est dans ce contexte que se situe l'épisode mystérieux de la Transfiguration de Jésus, sur une haute montagne, devant trois témoins choisis par Lui : Pierre, Jacques et Jean. Le visage et les vêtements de Jésus deviennent fulgurants de lumière, Moïse et Elie apparaissent, Lui « parlant de son départ qu'il allait accomplir à Jérusalem » (Lc 9, 31). Une nuée les couvre et une voix du ciel dit : « Celui-ci est mon Fils, mon Elu; écoutez-Le » (Le 9, 35). Pour un instant, Jésus montre sa gloire divine, confirmant ainsi la confession de Pierre. il montre aussi que, pour « entrer dans sa gloire » (Le 24, 26), il doit passer par la Croix à Jérusalem. Moïse et Elie avaient vu la Gloire de Dieu sur la Montagne; la Loi et les Prophètes avaient annoncé les souffrances du Messie. La passion de Jésus est bien la volonté du Père: le Fils agit en Serviteur de Dieu. Là nuée indique la présence de l'Esprit Saint: « Toute la Trinité apparut le Père dans la voix, le Fils dans l'homme, l'Esprit dans la nuée lumineuse ». Tu t'es transfiguré sur la montagne, et, autant qu'ils en étalent capables, tes disciples ont contemplé ta Gloire, Christ Dieu afin que lorsqu'ils Te verraient crucifié, ils comprennent que ta passion était volontaire et qu'ils annoncent au monde que Tu es vraiment le rayonnement du Père. Au seuil de la vie publique le Baptême; au seuil de la Pâque la Transfiguration. Par le Baptême de Jésus « fut manifesté le mystère de notre première régénération »notre Baptême ; la Transfiguration « est le sacrement de la seconde régénération » : notre propre résurrection. Dès maintenant nous participons à la Résurrection du Seigneur par l'Esprit Saint qui agit dans les sacrements du Corps du Christ. La Transfiguration nous donne un avant-goût de la glorieuse venue du Christ « qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire » (Ph 3, 21). Mais elle nous rappelle aussi qu'« il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu » (Ac 14, 22): Cela Pierre ne l'avait pas encore compris quand il désirait vivre avec le Christ sur la montagne . Il t'a réservé cela, Pierre, pour après la mort. Mais maintenant il dit lui-même : Descends pour peiner sur la terre, pour servir sur la terre, pour être méprisé, crucifié sur la terre. Là Vie descend pour se faire tuer; le Pain descend pour avoir faim; la Voie descend, pour se fatiguer en chemin; la Source descend, pour avoir soif; et tu refuses de peiner?

La montée de Jésus à Jérusalem.

  « Or, comme approchait le temps où Il devait être emporté de ce monde, Jésus prit résolument le chemin de Jérusalem » (Le 9, 51). Par cette décision, Il signifiait qu'Il montait à Jérusalem prêt à y mourir. A trois reprises Il avait annoncé sa passion et sa Résurrection . En se dirigeant vers Jérusalem, Il dit : « Il ne convient pas qu'un prophète périsse hors de Jérusalem » (Le 13, 33). Jésus rappelle le martyre des prophètes qui avaient été mis à mort à Jérusalem. Néanmoins, Il persiste à appeler Jérusalem à se rassembler autour de Lui : « Combien de fois j'ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes (...) et vous n'avez pas voulu » (Mt 23, 37). Quand Jérusalem est en vue, Il pleure sur elle et exprime encore une fois le désir de son coeur : « Ah! Si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix! Mais, hélas, il est demeuré caché à tes yeux » (Le 19, 4142).

L'entrée messianique de Jésus à Jérusalem.

 Comment Jérusalem va-t-elle accueillir son Messie? Mors qu'Il s'était toujours dérobé aux tentatives populaires de le faire roi6, Jésus choisit le temps et prépare les détails de son entrée messianique dans la ville de « David, son père » (Le 1, 32). Il est acclamé comme le fils de David, celui qui apporte - le salut (Hosanna veut dire « sauve donc! », « donne le salut! »). Or le « Roi de Gloire ». Ps 24, 7-10) entre dans sa Ville « monté sur un ânon » (Za 9, 9): il ne conquiert pas la Fille de Sion, figure de son Église, par la ruse ou par la violence, mais par l'humilité qui témoigne de la Vérité'. C'est pourquoi les sujets de son Royaume, ce jour-là, sont les enfants et les « pauvres de Dieu », qui L'acclament comme les anges l'annonçaient aux bergers. Leur acclamation, « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Ps 118, 26), est reprise par l'Église dans le « Sanctus » de la liturgie eucharistique pour ouvrir le mémorial de la Pâque du Seigneur. L'entrée de Jésus à Jérusalem manifeste la Venue du Royaume que le Roi-Messie va accomplir par la Pâque de sa Mort et de sa Résurrection. C'est par sa célébration, le dimanche des Rameaux, que la liturgie de l'Église ouvre la grande Semaine Sainte.

EN BREF

« Toute la vie du Christ fut un continuel enseignement: ses silences, ses miracles, ses gestes, sa prière, son amour de l'homme, sa prédilection pour les petits et les pauvres, l'acceptation du sacrifice total sur la Croix pour la rédemption du monde, sa Résurrection sont l'actualisation de sa parole et l'accomplissement de la Révélation. »Les disciples du Christ doivent se conformer à Lui jusqu'à ce qu 'il soit formé en eux. « C'est pourquoi nous sommes assumés dans les mystères de sa vie, configurés àLui, associés à sa mort et à sa Résurrection, en attendant de l'être à son Règne. » Berger ou Mage, on ne peut atteindre Dieu ici-bas qu'en s'agenouillant devant la crèche de Bethléem et en l'adorant caché dans la faiblesse d'un enfant.Par sa soumission à Marie et Joseph, ainsi que par son humble travail pendant de longues années à Nazareth, Jésus nous donne l'exemple de la sainteté dans la vie quotidienne de la famille et du travail. Dès le début de sa vie publique, à son Baptême, Jésus est le « Serviteur », entièrement consacré à l'oeuvre rédemptrice qui s'accomplira par le « baptême » de sa passion. La tentation au désert montre Jésus, Messie humble qui triomphe de Satan par sa totale adhésion au dessein de salut voulu par le Père. Le Royaume des cieux a été inauguré sur la terre par le Christ. « il brille aux yeux des hommes dans la parole, les oeuvres et la présence du Christ. » L'Église est le germe et le commencement de ce Royaume. Ses clefs sont confiées à Pierre. La Transfiguration du Christ a pour but de fortifier la foi des apôtres en vue de la passion: la montée sur la « haute montagne » prépare la montée au Calvaire. Le Christ, Tête de l'Église, manifeste ce que son Corps contient et rayonne dans les sacrements : « l'espérance de la Gloire » (Col 1, 27)2. Jésus est monté volontairement à Jérusalem tout en sachant qu'il y mourrait de mort violente à cause de la contradiction des pécheurs. L'entré de Jésus à Jérusalem manifeste la venue du Royaume que le Roi-Messie, accueilli dans sa ville par les enfants et les humbles de coeur, va accomplir par la Pâque de sa Mort et de sa Résurrection.