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I. Vie morale et Magistère de l'Église

L'Église, « colonne et soutien de la vérité » (1 Tm 3, 15), a reçu des apôtres le solennel commandement du Christ de prêcher la vérité du salut ». « Il appartient à l'Église d'annoncer en tout temps et en tout lieu les principes de la morale, même en ce qui concerne l'ordre social, ainsi que de porter un jugement sur toute réalité humaine, dans la mesure où l'exigent les droits fondamentaux de la personne et le salut des âmes . » Le Magistère des pasteurs de l'Église en matière morale s'exerce ordinairement dans la catéchèse et dans la prédication, avec l'aide des oeuvres des théologiens et des auteurs spirituels. Ainsi s'est transmis de génération en génération sous l'égide et la vigilance des pasteurs, le «dépôt » de la morale chrétienne, composé d'un ensemble caractéristique de règles, de commandements et de vertus procédant de la foi au Christ et vivifiés par la charité. Cette catéchèse a traditionnellement pris pour base, à côté du Credo et du Pater, le Décalogue qui énonce les principes de la vie morale valables pour tous les hommes. Le pontife romain et les évêques en « docteurs authentiques, pourvus de l'autorité du Christ, prêchent au peuple à eux confié la foi qui doit être crue et appliquée dans les moeurs ». Le Magistère ordinaire et universel du Pape et des évêques en communion avec lui enseigne aux fidèles la vérité à croire, la charité à pratiquer, la béatitude à espérer. Le degré suprême dans la participation à l'autorité du Christ est assuré par le charisme de l'infaillibilité. Celle-ci s'étend aussi loin que le dépôt de la Révélation divine ; elle s'étend encore à tous les éléments de doctrine, y compris morale, sans lesquels les vérités salutaires de la foi ne peuvent être gardées, exposées ou observées. L'autorité du Magistère s'étend aussi aux préceptes spécifiques de la loi naturelle, parce que leur observance, demandée par le Créateur, est nécessaire au salut. En rappelant les prescriptions de la loi naturelle, le Magistère de l'Église exerce une part essentielle de sa fonction prophétique d'annoncer aux hommes ce qu'ils sont en vérité et de leur rappeler ce qu'ils doivent être devant Dieu. La Loi de Dieu, confiée à l'Eglîse est enseignée aux fidèles comme chemin de vie et de vérité. Les fidèles ont donc le droit d'être instruits des préceptes divins salutaires qui purifient le jugement et, avec la grâce, guérissent la raison humaine blessée. Ils ont le devoir d'observer les constitutions et les décrets portés par l'autorité légitime de l'Église. Même si elles sont disciplinaires, ces déterminations requièrent la docilité dans la charité. Dans l'oeuvre d'enseignement et d'application de la morale chrétienne, l'Eglîse a besoin du dévouement des pasteurs, de la science des théologiens, de la contribution de tous les chrétiens et des hommes de bonne volonté. La foi et la mise en pratique de l'Évangile procurent à chacun une expérience de la vie « dans le Christ », qui l'éclaire et le rend capable d'estimer les réalités divines et humaines selon l'Esprit de Dieu. Ainsi l'Esprit Saint peut se servir des plus humbles pour éclairer les savants et les plus élevés en dignité. Les ministères doivent s'exercer dans un esprit de service fraternel et de dévouement à l'Église, au nom du Seigneur. En même temps, la conscience de chacun, dans son jugement moral sur ses actes personnels, doit éviter de s'enfermer dans une considération individuelle. De son mieux elle doit s'ouvrir à la considération du bien de tous, tel qu'il s'exprime dans la loi morale, naturelle et révélée, et conséquemment dans la loi de l'Église et dans l'enseignement autorisé du Magistère sur les questions morales. Il ne convient pas d'opposer la conscience personnelle et la raison à la loi morale ou au Magistère de l'Église. Ainsi peut se développer parmi les chrétiens un véritable esprit filial à l'égard de l'Église. Il est l'épanouissement normal de la grâce baptismale, qui nous a engendrés dans le sein de l'Église et rendus membres du Corps du Christ. Dans sa sollicitude maternelle, l'Église nous accorde la miséricorde de Dieu qui l'emporte sur tous nos péchés et agit spécialement dans le sacrement de la Réconciliation. Comme une mère prévenante, elle nous prodigue aussi dans sa liturgie, jour après jour, la nourriture de la Parole et de l'Eucharistie du Seigneur.

Il. Les commandements de l'Église.

Les commandements de l'Église se placent dans cette ligne d'une vie morale reliée à la vie liturgique et se nourrissant d'elle. Le caractère obligatoire de ces lois positives édictées par les autorités pastorales a pour but de garantir aux fidèles le minimum indispensable dans l'esprit de prière et dans l'effort moral, dans la croissance de l'amour de Dieu et du prochain. Le premier commandement (« Les Dimanches Messes entendras et les Fêtes pareillement ») demande aux fidèles de participer à la célébration eucharistique où se rassemble la Communauté chrétienne, au jour qui commémore la Résurrection du Seigneur. Le deuxième commandement (« Tous tes péchés confesseras à tout le moins une fois l'an ») assure la préparation à l'Eucharistie par la réception du sacrement de la Réconciliation, qui continue l'oeuvre de conversion et de pardon du Baptême. Le troisième commandement (« Ton Créateur tu recevras au moins à Pâques humblement ») garantit un minimum dans la réception du Corps et du Sang du Seigneur en liaison avec les fêtes Pascales, origine et centre de la liturgie chrétienne. Le quatrième commandement (« Les Fêtes tu sanctifieras qui te sont de commandement ») complète l'observance dominicale par la participation aux principales fêtes liturgiques, qui honorent les mystères du Seigneur, la Vierge Marie et les Saints. Le cinquième commandement (« Le jeûne prescrit garderas et l'abstinence également ») assure les temps d'ascèse et de pénitence qui nous préparent aux fêtes liturgiques; ils contribuent à nous faire acquérir la maîtrise sur nos instincts et la liberté du coeur. Les fidèles ont encore l'obligation de subvenir, chacun selon ses capacités, aux nécessités matérielles de l'Église.

III. Vie morale et témoignage missionnaire.

La fidélité des baptisés est une condition primordiale pour l'annonce de l'Évangile et pour la mission de l'Église dans le monde. Pour manifester devant les hommes sa force de vérité et de rayonnement, le message du salut doit être authentifié par le témoignage de vie des chrétiens. « Le témoignage de la vie chrétienne et les oeuvres accomplies dans un esprit surnaturel sont puissants pour attirer les hommes à la foi et à Dieu. » Parce qu'ils sont les membres du Corps dont le Christ est la Tête, les chrétiens contribuent par la constance de leurs convictions et de leur moeurs, à l'édification de l'Église. L'Église grandit, s'accroît et se développe par la sainteté de ses fidèles7, jusqu'à ce que « soit constitué l'homme parfait, dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ »(Ep 4, 13). Par leur vie selon le Christ, les chrétiens hâtent la venue du Règne de Dieu, du « Règne de la justice, de la vérité et de la paix ». Ils ne délaissent pas pour autant leurs tâches terrestres; fidèles à leur Maître ils les remplissent avec droiture, patience et amour.

EN BREF

La vie morale est un culte spiritueL L'agir chrétien trouve sa nourriture dans la liturgie et la célébration des sacrements. Les commandements de l'Église concernent la vie morale et chrétienne unie à la liturgie et se nourrissant d'elle. Le Magistère des pasteurs de l'Église en matière morale s'exerce ordinairement dans la catéchèse et la prédication, sur la base du Décalogue qui énonce les principes de la vie morale valables pour tout homme. Le pontife romain et les évêques, en docteurs authentiques, prêchent au Peuple de Dieu la foi qui doit être crue et appliquée dans les moeurs. Il leur appartient aussi de se prononcer sur les questions morales qui sont du ressort de la loi naturelle et de la raison. L'infaillibilité du Magistère des pasteurs s'étend à tous les éléments de doctrine y compris morale sans lesquels les vérités salutaires de la foi ne peuvent être gardées, exposées ou observées.