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« D'où Il viendra juger les vivants et les morts »

 I. Il reviendra dans la gloire

 Le Christ règne déjà par l'Église...

« Le Christ est mort et revenu à la vie pour être i Seigneur des morts et des vivants » (Rm 14, 9). L'Ascension du Christ au Ciel signifie sa participation, dans son humanité, à la puissance et à l'autorité de Dieu Lui-même Jésus-Christ est Seigneur :11 possède tout pouvoir dans les cieux et sur la terre. Il est « au-dessus de toute autorité, pouvoir, puissance et souveraineté », car le Père « a tout mis sous ses pieds » (Ep 1, 20-22). Le Christ est le Seigneur du cosmos et de l'histoire. En Lui, l'histoire de l'homme t même toute la création trouvent leur « récapitulation » (E 1, 10), leur achèvement transcendant. Comme Seigneur, le Christ est aussi la Tête de l'Église qui est son Corps. Elevé au ciel et glorifié, ayant accompli pleinement sa mission, Il demeure sur la terre dans son Église. La Rédemption est la source de l'autorité que le Christ, en vertu de l'Esprit Saint, exerce sur l'Église. « Le règne du Christ est déjà mystérieusement présent dans l'Église », « germe et commencement de ce Royaume sur la terre ». Depuis l'Ascension, le dessein de Dieu est entré dans son accomplissement. Nous sommes déjà à « la dernière heure » (1 Jn 2, 18). « Ainsi donc déjà les derniers temps sont arrivés pour nous. Le renouvellement du monde est irrévocablement acquis et, en toute réalité, anticipé dès maintenant : en effet, déjà sur la terre l'Église est parée d'une sainteté imparfaite mais véritable3. » Le Royaume du Christ manifeste déjà Sa présence par les signes miraculeux qui accompagnent son annonce par l'Église.

En attendant que tout Lui soit soumis.

Déjà présent dans son Église, le Règne du Christ n'est cependant pas encore achevé « avec puissance et grande gloire » (Lc 21, 27) par l'avènement du Roi sur la terre. Ce Règne est encore attaqué par les puissances mauvaises, même si elles ont été déjà vaincues à la base par la Pâque du Christ. Jusqu'à ce que tout Lui ait été soumis , « jusqu a l'heure où seront réalisés les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite, l'Église en pèlerinage porte dans ses sacrements et ses institutions, qui relèvent de ce temps, la figure du siècle qui passe; elle vit elle-même parmi les créatures qui gémissent présentement encore dans les douleurs de l'enfantement et attendent la manifestation des fils de Dieu ». Pour cette raison les chrétiens prient, surtout dans l'Eucharistie, pour hâter le retour du Christ, en Lui disant « Viens, Seigneur » (1 Co 16, 22; Ap 22, 17.20) Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n'était pas encore l'heure de l'établissement glorieux du Royaume messianique attendu par Israël'2 ~u3i devait apporter à tous les hommes, selon les prophètes , l'ordre définitif de la justice, de l'amour et de la paix. Le temps présent est, selon - Seigneur, le temps de l'Esprit et du témoignage, mais aussi un temps encore marqué par la « détresse » (17, 26) et l'épreuve du mal, qui n'épargne pas l'Église et inaugure les combats des derniers jours. C'est un temps d'attente et de veille.

L'avènement glorieux du Christ, espérance d'Israël.

Depuis l'Ascension, l'avènement du Christ dans la gloire est imminent même s'il ne nous « appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité » (Ac 1, 7).Cet avènement eschatologique peut s'accomplir à tout moment, même s'il est «retenu», lui et l'épreuve finale qui le précédera. La venue du Messie glorieux est suspendue à tout moment de l'histoire à sa reconnaissance par « tout Israël, (Rm 11, 26; Mt 23, 39) dont « une partie s'est endurcie» (Rm 11,25) dans « l'incrédulité » (Rm 11,20) envers Jésus. S. Pierre le dit aux juifs de Jérusalem après la Pentecôte: Repentez-vous et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés et qu'ainsi le Seigneur fasse venir le temps d~ répit. Il enverra alors le Christ qui vous est destiné, Jésus celui que le Ciel doit garder jusqu'au temps de la restauration universelle dont Dieu a parlé dans la bouche de ses saints prophètes » (Ac 3, 19-21). Et S. Paul lui fait écho: « Si leur mise à l'écart fut une réconciliation pour le monde que sera leur assomption, sinon la vie sortant des morts? (Rm 11, 15). L'entrée de « la plénitude des juifs » (Rm 1l ,12) dans le salut messianique, à la suite de « la plénitude des païens » (Rm 1l, 25), donnera au Peuple de Dieu de « réaliser la plénitude du Christ » (Ep 4, 13) dans laquelle Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 28).

L'Epreuve ultIme de l'Église.

Avant l'avènement du Christ, l'Église doit passer par un épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants~ La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre1 dévoilera le « mystère d'iniquité » sous la forme d'un imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l'apostasie de I vérité. L'imposture religieuse suprême est celle de l'Ant Christ, c'est-à-dire celle d'un pseudo-messianisme où l'homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair. Cette imposture antichristique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l'on prétend accomplir dans l'histoire l'espérance messianique qui ne peut s'achever qu'au delà d'elle à travers le jugement eschatologique même sous sa forme mitigée, l'Église a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme, surtout sous la forme politique d'un messianisme sécularisé, « intrinsèquement perverse. L'Église n'entrera dans la gloire du Royaume qu'à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection. Le Royaume ne s'accomplira donc pas par un triomphe historique de l'Église selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal, qui fera descendre du Ciel son Epouse. Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du Jugement dernier, après l'ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe.

Il. Pour juger les vivants et les morts.

A la suite des prophètes et de Jean-Baptiste, Jésus a annoncé dans sa prédication le Jugement du dernier Jour. Alors seront mis en lumière la conduite de chacun et le secret des coeurs. Alors sera condamnée l'incrédulité coupable qui a tenu pour rien la grâce offerte par Dieu. L'attitude par rapport au prochain révélera l'accueil ou le refus de la grâce et de l'amour divin. Jésus dira au dernier jour : «Tout ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25, 40). Le Christ est Seigneur de la vie éternelle. Le plein droit de juger définitivement les oeuvres et les coeurs des hommes appartient à Lui en tant que Rédempteur du monde. Il a « acquis » ce droit par sa Croix. Aussi le Père a-t-il remis « le jugement tout entier au Fils » (Jn 5, 22). Or, le Fils n'est pas venu pour juger, mais pour sauver et pour donner la vie qui est en Lui2. C'est par le refus de la grâce en cette vie que chacun se juge déjà lui-même, reçoit selon ses oeuvres et peut même se damner pour l'éternité en refusant l'Esprit d'amour.

EN BREF

Le Christ Seigneur règne déjà par l'Église, mais toutes choses de ce monde ne lui sont pas encore soumises. Le triomphe du Royaume du Christ ne se fera pas sans un dernier assaut des puissances du mal. Au Jour du Jugement, lors de la fin du monde, le Christ viendra dans la gloire pour accomplir le triomphe définitif du bien sur le mal qui, comme le grain et l'ivraie, auront grandi ensemble au cours de l'histoire. En venant à la fin des temps juger les vivants et les morts, le Christ glorieux révélera la disposition secrète des coeurs et rendra à chaque homme selon ses oeuvres et selon son accueil ou son refus de la grâce.