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La Sainte Écriture.

Le Christ - Parole unique de l'Écriture.

Dans la condescendance de sa bonté, Dieu, pour se révéler aux hommes, leur parle en paroles humaines : « En effet, les paroles de Dieu, exprimées en langues humaines, ont pris la ressemblance du langage humain, de même que le Verbe du Père éternel, ayant assumé l'infirmité de notre chair, est devenu semblable aux hommes. » A travers toutes les paroles de l'Écriture Sainte, Dieu ne dit qu'une seule Parole, son Verbe unique en qui Il se dit tout entier. Rappelez-vous que c'est une même Parole de Dieu qui s'étend dans toutes les Écritures, que c'est un même Verbe qui résonne dans la bouche de tous les écrivains sacrés, lui qui, étant au commencement Dieu auprès de Dieu, n'y a pas besoin de syllabes parce qu'il n'y est pas soumis au temps. Pour cette raison, l'Église a toujours vénéré les divines Écritures comme elle vénère aussi le Corps du Seigneur. Elle ne cesse de présenter aux fidèles le Pain de vie pris sur la Table de la Parole de Dieu et du Corps du Christ. Dans l'Écriture Sainte, l'Église trouve sans cesse 'sa nourriture et sa force, car en elle, elle n'accueille pas seulement une parole humaine, mais ce qu'elle est réellement la Parole de Dieu. « Dans les Saints Livres, en effet, le Père qui est aux Cieux vient avec tendresse au-devant de ses fils et entre en conversation avec eux. »

Il. Inspiration et vérité de la Sainte Écriture.

Dieu est l'Auteur de l'Écriture Sainte. « La vérité divinement révélée, que contiennent et présentent les livres de la Sainte Écriture, y a été consignée sous l'inspiration de l'Esprit Saint. » « Notre Sainte Mère l'Église, de par sa foi apostolique, juge sacrés et canoniques tous les livres tant de l'Ancien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l'inspiration de l'Esprit Saint ils ont Dieu pour auteur et qu'ils ont été transmis comme tels à l'Église elle-même. Dieu a inspiré les auteurs humains des livres sacrés. « En vue de composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, Lui-même agissant en eux et par eux, ils misent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela seulement. » Les livres inspirés enseignent la vérité. « Dès lors, puisque toutes les assertions des auteurs inspirés ou hagiographes doivent être tenues pour assertions de l'Esprit Saint, il faut déclarer que les livres de l'Écriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée pour notre salut dans les Lettres sacrées. » Cependant, la foi chrétienne n'est pas une « religion du Livre ». Le Christianisme est la religion de la « Parole » de Dieu, « non d'un verbe écrit et muet, mais du Verbe incarné et vivant». Pour qu'elles ne restent pas lettre morte, il faut que le Christ, Parole éternelle du Dieu vivant, par l'Esprit Saint nous « ouvre l'esprit à l'intelligence des Écritures » (Lc 24, 45).

L'Esprit Saint, interprète de l'Écriture.

Dans l'Écriture Sainte, Dieu parle à l'homme à la manière des hommes. Afin de bien interpréter l'Écriture, il faut donc être attentif à ce que les auteurs humains ont vraiment entendu affirmer et à ce que Dieu a bien voulu nous manifester par leurs paroles. Il faut tenir compte, pour découvrir l'intention des auteurs sacrés, des conditions de leur temps et de leur culture, des « genres littéraires » en usagé à l'époque, des manières de sentir, de parler et de raconter courantes en ce temps-là. « Car c'est de façon bien différente que la vérité se propose et s'exprime en des textes diversement historiques, en des textes, ou prophétiques, ou poétiques, ou même en d'autres genres d'expression. » Mais comme l'Écriture Sainte est inspirée, il existe un autre principe de l'interprétation juste, non moins important que le précédent, et sans lequel l'Écriture demeurerait lettre morte : « La Sainte Écriture doit être lue et interprétée à la lumière du même Esprit qui la fit rédiger. » Le Concile Vatican Il indique trois critères pour une interprétation de l'Écriture conforme à l'Esprit qui l'a inspirée. 1. Porter d'abord une grande attention « au contenu et à l'unité de toute l'Écriture ». Car, aussi différents que soient les livres qui la composent, l'Écriture est une en raison de l'unité du dessein de Dieu, dont le Christ Jésus est le centre et le coeur, ouvert depuis sa Pâque. Le coeur du Christ désigne la Sainte Écriture qui fait connaître le coeur du Christ. Ce coeur était fermé avant la passion car l'Écriture était obscure. Mais l'Écriture a été ouverte après la passion, car ceux qui désormais en ont l'intelligence considèrent et discernent de quelle manière les prophéties doivent être interprétées. 2. Lire ensuite l'Fcriture dans « la Tradition vivante de toute l'Église »:Selon un adage des Pères, la Sainte Écriture se lit bien plus dans le coeur de l'Église que dans les moyens matériels de son expression. En effet, l'Église porte dans sa Tradition la mémoire vivante de la Parole de Dieu, et c'est l'Esprit Saint qui lui donne l'interprétation spirituelle de l'Écriture (« selon le sens spirituel dont l'Esprit gratifie l'Église »). 3. Etre attentif « à l'analogie de la foi ». Par « analogie de la foi » nous entendons la cohésion des vérités de la foi entre elles et dans le projet total de la Révélation.

Les sens de l'Écriture.

Selon une ancienne tradition, on peut distinguer deux sens de l'Ectiture : le sens littéral et le sens spirituel, ce dernier étant subdivisé en sens allégorique, moral et anagogique. La concordance profonde des quatre sens assure toute sa richesse à la lecture vivante de l'Écriture dans l'Église:

Le sens littéral.

C'est le sens signifié par les paroles de l'Écriture et découvert par l'exégèse qui suit les règles de la juste interprétation. « Tous les sens de la Sainte Écriture trouvent leur appui dans le sens littéral. »

Le sens spirituel.

Grâce à l'unité du dessein de Dieu,- non seulement le texte de l'Écriture, mais aussi les réalités et les événements dont il parle peuvent être des signes.

Le sens allégorique.

Nous pouvons acquérir une compréhension plus profonde des événements en reconnaissant leur signification dans le Christ ainsi, la traversée de la mer Rouge est un signe de la victoire du Christ, et par-là du Baptême.

Le sens moral.

Les événements rapportés -dans l'Eeriture doivent nous conduire à un agir juste. Ils ont été écrits « pour notre instruction » (1 Co 10, 11).

Le sens anagogique.

Il est également possible de voir des réalités et des événements dans leur signification éternelle, nous conduisant (en grec anagoge) vers notre Patrie. Ainsi, l'Église sur terre est signe de la Jérusalem céleste.

 Un distique médiéval résume la signification des quatre sens Le sens littéral enseigne les événements, l'allégorie ce qu'il faut croire, le sens moral ce qui'il faut faire, l'anagogie vers quoi il faut tendre. « Il appartient aux exégètes de s'efforcer, suivant ces règles, de pénétrer et d'exposer plus profondément le sens de la Sainte Écriture, afin que, par leurs études en quelque sorte préparatoires, mûrisse le jugement de l'Église. Car tout ce qui concerne la manière d'interpréter l'Écriture est finalement soumis au jugement de l'Église, qui exerce le ministère et le mandat divinement reçus de garder la parole -de- Dieu et de l'interpréter». » Je ne croirais pas à l'Évangile, si l'autorité de- l'Église catholique ne m'y poussait.

Le Canon des Écritures.

- C'est la Tradition apostolique qui a fait discerner à l'Église quels écrits devaient être comptés dans la liste des Livres Saints. Cette liste intégrale est appelée « Canon »des Écritures. Elle comporte pour l'Ancien Testament: 46 (45, Si l'on-compte Jr et Lm ensemble) et 27 pour le Nouveau7: Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Josué, Juges, Ruth, les deux livres de Samuel, les deux livres des Rois, les deux livres des Chroniques, Esdras et Néhémie, Tobie, Judith, Esther, les deux livres des Maccabés, Job, les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse, l'Ecclésiastique, Isaïe, Jérémie, les Lamentations, Baruch, Ezéchiel, Daniel, Osée; Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Agée, Zacharie, Malachie pour l'Ancien Testament;

les Évangiles de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean, les Actes des Apôtres, les Épîtres de S. Paul aux Romains, la première et la deuxième aux Corinthiens, aux Galates, aux Ephésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, la première et la deuxième aux Thessaloniciens, la première et la deuxième à Timothée, à Tite, à Philémon, l'Epître aux Hébreux, l'Epître de Jacques, la première et la deuxième de Pierre, les trois Epîtres de Jean, l'Epitre de Jude et l'Apocalypse pour le Nouveau Testament.

L'Ancien Testament.

L'Ancien Testament est une partie inamissible de l'Écriture Sainte. Ses livres sont divinement inspirés et conservent une valeur permanente1 car l'Ancienne Alliance n'a jamais été révoquée. En effet, « l'Economie de l'Ancien Testament avait pour principale raison d'être de préparer l'avènement du Christ Sauveur du monde ». « Bien qu'ils contiennent de l'imparfait et du provisoire », les livres de l'Ancien Testament témoignent de toute la divine pédagogie de l'amour salvifique de Dieu «En eux se trouvent de sublimes enseignements sur Dieu, une bienfaisante sagesse sur la vie humaine, d'admirables trésors de prière; en eux enfin se tient caché le mystère de notre salut. » Les chrétiens vénèrent l'Ancien Testament comme vraie Parole de Dieu. L'Église a toujours vigoureusement- repoussé l'idée de rejeter l'Ancien Testament sous prétexte que le Nouveau l'aurait rendu caduc (Marcionisme).

Le Nouveau Testament.

« La Parole de Dieu, qui est une force divine pour le salut de tout croyant, se présente dans les écrits du Nouveau Testament et sa puissance s'y manifeste de façon singulière. » Ces écrits nous livrent la vérité définitive de la Révélation divine. Leur objet central est Jésus-Christ, le Fils de Dieu incarné, ses actes, ses enseignements, sa passion et sa glorification ainsi 1que les débuts de son Église sous l'action de l'Esprit Saint. Les Évangiles sont le coeur de toutes les Écritures « en tant qu'ils constituent le témoignage par excellence sur la sis vie et sur l'enseignement du Verbe incarné, notre Sauveur ». Dans la formation des Évangiles on peut distinguer trois étapes : 1. La vie et la parole de Jésus. L'Église tient fermement que les quatre Évangiles, « dont elle affirme sans hésiter l'historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus le Fils de Dieu, durant sa vie parmi les hommes, a réellement tait et enseigné pour leur salut éternel, jusqu'au jour où Il fut enlevé au ciel. 2. La tradition orale. « Ce que le Seigneur avait dit et fait, les apôtres après son Ascension le transmirent à leurs auditeurs avec cette intelligence plus profonde des choses dont eux-mêmes, instruits par les événements glorieux du Christ et éclairés par l'Esprit de vérité, jouissaient. » 3. Les Évangiles écrits. « Les auteurs sacrés composèrent donc les quatre Évangiles, choisissant certains des nombreux éléments soit oralement Soit déjà par écrit, rédigeant un résumé des autres, ou les expliquant en fonction de la situation des Églises, gardant enfin la forme d'une prédication, de manière à nous livrer toujours sur Jésus des choses vraies et sincères. L'Évangile quadriforme occupe -dans l'Église une place unique, dont témoignent la vénération que la liturgie lui accorde et l'attrait incomparable qu'il a exercé de tout temps sur les saints Écritures. Il n'y a aucune doctrine qui soit meilleure, plus précieuse et plus splendide que le texte de l'Évangile. Voyez et retenez ce que notre Seigneur et Maître, le Christ, a enseigné par ses paroles et réalisé par ses actes. C'est par-dessus tout l'Évangile qui m'entretient pendant mes oraisons; en lui je trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre âme. J'y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieuxS.

L'unité de l'Ancien et du Nouveau Testament.

l.'Église, déjà aux temps apostoliques, et puis constamment dans sa Tradition, a éclairé l'unité du plan divin dans les deux Testaments grâce à la typologie. Celle-ci discerne dans les oeuvres de Dieu sous l'Ancienne Alliance des préfigurations de ce que Dieu a accompli dans la plénitude des temps, en la personne de son Fils incarné. Les chrétiens lisent donc l'Ancien Testament à la lumière du Christ mort et ressuscité. Cette lecture typologique manifeste le contenu inépuisable de l'Ancien Testament. Elle ne doit pas faire oublier qu'il garde sa valeur propre de Révélation réaffirmée par notre Seigneur lui-même. Par ailleurs, le Nouveau Testament demande d'être lu aussi à la lumière de l'Ancien. La catéchèse chrétienne primitive y aura constamment recours. Selon un vieil adage, le Nouveau Testament est caché dans l'Ancien, alors que l'Ancien est dévoilé dans le Nouveau « Le Nouveau se cache dans l'Ancien et dans le Nouveau l'Ancien se dévoile . » La typologie signifie le dynamisme vers l'accomplisse-ment du plan divin quand « Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 28). Aussi la vocation des patriarches et l'Exode de l'Egypte, par exemple, ne perdent pas leur valeur propre dans le plan de Dieu, du fait qu'ils en sont en même temps des étapes intermédiaires.

V. La Sainte Écriture dans la vie de l'Église.

« La force et la puissance que recèle la Parole de Dieu sont si grandes qu'elles constituent, pour l'Église, son point d'appui et sa vigueur et, pour les enfants de l'Église, la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle. » Il faut « que l'accès à la Sainte Écriture soit largement ouvert aux chrétiens ». « Que l'étude de la Sainte Écriture soit donc pour la sacrée théologie comme son âme. Que le ministère de la Parole, qui comprend la prédication pastorale, la catéchèse, et toute l'instruction chrétienne; où l'homélie liturgique doit avoir une place de choix, trouve, lui aussi, dans cette même Parole de l'Écriture, une saine nourriture et une saine vigueur. » L'Église « exhorte instamment et spécialement tous les chrétiens (...) à acquérir, par la lecture fréquente des divines Écritures, "la Science éminente de Jésus-Christ" (Ph 3, 8). "En effet, ignorer les Écritures, c'est ignorer le Christ" (S. Jérôme) . »

EN BREF

« Toute l'Écriture divine n'est qu'un seul livre, et ce seul livre c'est le Christ, car toute l'Fcriture divine parle du Christ, et toute l'Écriture divine s'accomplit dans le Christ. » « Les Saintes Écritures contiennent la Parole de Dieu et, puisqu'elles sont inspirées, elles sont vraiment cette Parole. » Dieu est l'Auteur de l'Écriture Sainte en inspirant ses auteurs humains; Il agit en eux et par eux. il donne ainsi l'assurance que leurs écrits enseignent sans erreur la vérité salutaire. L'interprétation des Écritures inspirées doit être avant tout attentive à ce que Dieu veut révéler par les auteurs sacrés pour notre salut. « Ce qui vient de l'Esprit, n'est pleinement entendu que par l'action de l'Esprit. » L'Église reçoit et vénère comme inspirés les 46 livres de l'Ancien et les 27 livres du Nouveau Testament. Les quatre Évangiles tiennent une place centrale puisque le Christ Jésus en est le centre. L'unité des deux Testaments découle de l'unité du dessein de Dieu et de sa Révélation. L'Ancien Testament prépare le Nouveau, alors que celui-ci accomplit l'Ancien; les deux s'éclairent mutuellement; les deux sont vraie Parole de Dieu. « L 'Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle l'a fait pour le Corps même du Seigneur » ces deux nourrissent et régissent toute la vie chrétienne. « Ta Parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Ps 119, 105).