AMAND (Poitou vers 584 - Elnone, actuellement Saint-Amand-les-Eaux, vers 679)
*L'évêque itinérant.
Cet apôtre du nord de la France fut l'un des plus grands évêques missionnaires et aussi un grand voyageur. Il parcourut aussi la Carinthie, la Gascogne et l'Allemagne. Certaines traditions prétendent qu'il fut nommé évêque de Maastricht en 646, poste qu'il n'aurait occupé que trois ans avant de le laisser à saint Remacle et de reprendre ses voyages missionnaires. Il fonda plusieurs couvents et monastères, tels ceux de Gand, Eione (plus tard Saint-Amand) et Nivelles.
*Vaincre l'opposition.
Bien qu'Amand ait su le plus souvent gagner le respect et l'appui des rois francs, il rencontra une forte opposition. Après l'avoir banni pour la dénonciation de ses crimes, le roi Dagobert 1-er se réconcilia avec lui et le rappela quelque temps plus tard pour célébrer le baptême de son fils Sigebert ( le futur roi et saint). Il souffrit aussi beaucoup de l'hostilité des habitants de Gand, indociles et rudes dans leur façon de vivre, mais finalement sa persévérance lui permit de faire de nombreuses conversions: l'abbaye du Mont-Blandin en est la preuve.
Fête: 6 février: Patron des brasseurs, des vignerons, des hôteliers et des barmans.
*Une détermination hors du commun.
Mon père, dit-il à celui-ci qui venait le chercher, je désire uniquement servir Dieu et ne demande rien des biens dont vous me parlez laissez-moi seulement me dévouer tout entier au service de Jésus-Christ. Âgé d'une vingtaine d'années, et sans la permission de sa famille, Amand entra comme moine au monastère de l'île d'Yeux. Son père l'y découvrit après plusieurs mois de recherches et essaya de le faire revenir. Amand, insensible aux menaces, se retira près du tombeau de saint Martin, à Tours, se fit ordonner prêtre et partit vivre à Bourges en ermite enfermé dans une cellule sut les remparts de la ville pendant quinze ans, sous la direction de l'évêque Austregisille. Il devint évêque en 628 après un pèlerinage à Rome, mais sans attribution de siège. Il devait évangéliser les régions les moins favorisées du point de vue de la foi. Il voyagea donc à travers la Flandre et l'Europe du Nord et probablement
*Lettre de Martin à Amand.
Si vos travaux apostoliques sont pour nous la cause d'une abondance de joies, d'autre part nous sommes accablés par le dureté des prêtres de cette nation qui négligent le soin de leur salut, et, méprisant le service de notre Rédempteur, se chargent de vices honteux . Car on nous a représenté que des prêtres, des diacres et d'autres personnes engagées dans l'office sacerdotal se souillent après leur ordination par des actions coupables et que cette conduite afflige outre mesure votre fraternité, tellement que vous voulez renoncer au devoir pastoral à cause de leur désobéissance. Vous choisiriez volontiers d'être délivré des travaux de l'épiscopat et de vivre dans le recueillement et la solitude plutôt que de rester dans la charge qui vous a été confiée. Et cependant, le Seigneur a dit:
"bienheureux celui qui persévérera jusqu'à la fin ". Aussi, frère très cher, que l'amertume des afflictions ne vous pousse pas à renoncer au simple repos de votre âme.
* Sa mort et son culte.
Amand fut abbé de son monastère D'Elnone durant les quatre dernières années de sa vie et, durant cette période, il dicta à Baudemont, son disciple, le Testament qui nous est parvenu aujourd'hui. C'est lors de la consécration de son église d'Elnone et en présence des évêques et des abbés des environs qu'il lut ses dernières volontés. Il mourut paisiblement quelques années plus tard au milieu de ses disciples à Elnone et son culte se développa rapidement en France et en Angleterre. Il fut particulièrement vénéré dans les régions qui forment maintenant le nord de la France et la Belgique. L'association de son culte avec les grands centres de production de vins et de bières en a fait le patron des brasseurs, des producteurs et des marchands d'alcool.
LETTRE DU PAPE MARTIN I-er à S. AMAND
Frère, en recevant ta lettre, composée avec tant de zèle pour la piété, notre âme a éprouvé du réconfort. Oui, lorsque l'on méprise les attraits incertains et passagers de ce siècle, on peut désirer en toute assurance les biens éternels et sublimes que nous vaudra le service de Dieu notre Seigneur. Nous avons donc pris connaissance, par le porteur de ta lettre, et par son texte, des combats que tu souffres actuellement. C'est ainsi qu'avec des esprits humiliés et des corps broyés vous monterez vers la patrie céleste où vous seront accordées les joies futures. Les récompenses par lesquelles le Créateur rétribuera nos services sont au-delà de toute comparaison, puisque les peines que nous subissons pour l'amour de lui seront terminées après un court espace de temps. Il nous faut donc supporter de bon coeur, en considération du bonheur qui nous attend, les épreuves de la vie présente. Et c'est pourquoi nous exhortons encore ta charité, en lui proposant l'exemple de celui qui a voulu souffrir et mourir pour nous: soyez prêts à persévérer dans toutes les formes de son service. Ne craignons pas de souffrir des tourments éphémères pour le nom du Christ. Comprenons que les vexations de ce siècle, bien supportées, nous feront bénéficier de la récompense future. Car il est écrit: Que rendrai-je au Seigneur pour tous ses bienfaits? J'élèverai la coupe du salut en invoquant le nom du Seigneur. En effet, il est exigé de nous que nous accomplissions de tout notre pouvoir nos tâches de serviteurs. Nous avons prévu de vous adresser personnellement le recueil des actes du Concile, avec notre lettre d'envoi. Par tout cet ensemble vous pourrez vous informer de façon précise pour nous aider à dissiper les ténèbres de l'erreur, comme il convient à des fils de lumière.
Il n'est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime.
Vous serez mes amis, si vous faites ma volonté. Moi, le Maître et Seigneur, je vous ai donné l'exemple. Heureux serez-vous, sachant cela, si vous donnez votre vie.
Seigneur, tu as appelé nos pères à la lumière de l'Évangile par la prédication de l'évêque saint Amand; accorde-nous, à son intercession, de croître en sainteté et de connaître toujours mieux ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.