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AMBROISE (Trèves vers 339 - Milan 397)

Évêque et homme d'État. Sa vaillante attitude contre l'autorité impériale et l'hérésie renforça l'Église romaine alors que l'Empire déclinait.

Ambroise, fils d'un préfet prétorien de Gaule, fut envoyé, après la mort de son père, à Rome pour y achever son éducation. Après s'être distingué dans les études de rhétorique et de poésie, il devint un avocat célèbre. Son succès lui valut vers 369, d'être envoyé en mission par l'empereur pour gouverner la Ligurie et l'Émilie. Dans Milan, sa capitale, il se montra gouverneur habile et populaire.

*L'évêque.

A la mort de l'évêque de Milan, Auxence, en 374, des troubles éclatèrent dans la ville : ariens et catholiques se disputaient sur le choix du successeur. Dans la cathédrale, la confusion était totale. Ambroise s'approcha alors et s'efforça de calmer les esprits. Une voix sortit de la foule, la voix d'un enfant, qui cria: Ambroise évêque. La foule reprit unanimement le cri. Ambroise protesta énergiquement : il était croyant certes, mais n'était pas baptisé. Cependant le peuple insistait et Ambroise dut se soumettre, l'empereur ayant confirmé sa nomination. L'édit impérial lui parvint alors que, pour se faire oublier, il s'était réfugié chez le sénateur Leannus. Celui-ci l'obligea à sortir de chez lui. Une semaine plus tard il était baptisé et consacré évêque. Conscient des lacunes de son éducation religieuse, il se lança dans une étude appliquée de la Bible et des auteurs chrétiens.

*Confrontations.

Ambroise avait fait don de la plus grande partie de ses biens et vivait simplement. Il devint vite un illustre prédicateur et le grand défenseur du catholicisme orthodoxe face à un arianisme qui remettait en question la divinité du Christ. Conseiller du jeune empereur Gratien, dont l'oncle Valens était un arien notoire, il réussit à lui faire chasser l'hérésie à l'ouest de l'Empire. Il réussit aussi à persuader Maxime, l'assassin et successeur de Gratien, de ne pas annexer le domaine italien du jeune empereur Valentinien Il. Quand on lui ordonna de laisser une église au culte arien, Ambroise refusa fermement, rappelant à Valentinien que l'empereur était dans l'Église et non au-dessus d'elle. Ce fut le principe qui orienta ses activités politiques. Il parvint aussi à empêcher le retour de l'autel de la déesse romaine de la Victoire au sénat de Rome en convainquant Valentinien de s'opposer à la pétition qui le demandait.

*La victoire de l'orthodoxie.

L'Empire romain et l'Église connurent un grand danger quand Maxime, négligeant les conseils d'Ambroise, envahit l'Italie, Valentinien Il s'enfuit et demanda la protection et l'aide de Théodose 1-er, empereur d'Orient. Ce dernier profita de l'occasion pour vaincre l'armée de Maxime, restaurer le jeune empereur et établir à son avantage une autorité de fait sur tout l'Occident. Théodose, bien qu'ayant oeuvré à la conversion des ariens, dut se soumettre à la pénitence publique après l'horrible massacre que ses troupes avaient perpétré pour venger le gouverneur de Thessalonique en 390. Ambroise et Théodose s'affrontèrent à de nombreuses reprises, mais ils étaient l'un et l'autre assez nobles pour s'estimer mutuellement. Théodose témoigna de l'honnêteté et du courage d'Ambroise en déclarant qu'il était le seul évêque qui méritât vraiment ce titre. Valentinien fut assassiné par Arbogast en 393. Ambroise refusa d'accorder son soutien à un aventurier dont l'ambition était d'étouffer le christianisme dans l'empire. La victoire de Théodose sur Arbogast près d'Aquilée porta le coup de grâce au paganisme. Quelques mois plus tard, l'empereur mourait dans les bras d'Ambroise. Ce dernier fit son oraison funèbre : malgré ses fautes, il avait rendu de si grands services à la foi chrétienne.

*Sa mort et son culte.

Ambroise mourut deux ans plus tard, dans sa cinquante-septième année, et, en 835, ses reliques furent transférées dans la basilique de Milan où le peuple les vénéra rapidement comme celles d'un saint. Il est ordinairement représenté en vêtements épiscopaux, son emblème est la ruche (on raconte qu'un essaim d'abeilles s'était posé sur lui alors qu'il n'était qu'un enfant, signalant sa future éloquence. Parfois, on le montre avec un fouet pour rappeler la pénitence imposée à Théodose. Il est souvent accompagné de Grégoire, Jérôme et Augustin, les trois autres pères de l'Église latine.

Fête : 7 décembre Patron de Milan, des apiculteurs, des ciriers et des animaux domestiques.

*Ses oeuvres et leur influence.

Évêque très aimé, Ambroise exerça une profonde influence dans l'histoire du christianisme latin sa participation à la conversion d'Augustin, qu'il baptisa en 387, y a beaucoup contribué. Mais aussi l'importance donnée aux hymnes, tant dans le culte que dans la doctrine, est devenue une règle pour l'Église latine. Certaines hymnes nous sont parvenues, ainsi que certains traités et lettres (la plus célèbre datant de 377 est écrite à Gratien pour le mettre en garde contre l'arianisme, De fide). Les formes actuelles des rites et du chant ambroisiens lui sont traditionnellement attribuées. Il n'est pas prouvé qu'elles soient de lui. Sur la suggestion de sa soeur, sainte Marceline, il rassembla ses sermons sur la virginité - un traité. Comme l'Empire romain dépendait de la croissance démographique pour la garde de ses frontières, on l'accusa de saper la base de l'État. Il objecta que la population avait plus à craindre de la guerre que de quelques vierges consacrées. Cette promotion de la chasteté rendit le monachisme populaire pendant des siècles. Une autre de ses oeuvres, De officiis ministronim, traite de morale et s'adresse au clergé. Le Credo de saint Athanase est probablement de lui.

*La vocation épiscopale.

Et le voilà assis parmi les convives du banquet céleste Veille, Seigneur, sut ton présent, aie en ta garde le don que tu m'as fait, malgré ma résistance ! Je savais que je n'étais pas digne d'être appelé à l'épiscopat, car je m'étais donné à ce monde-ci. C'est par ta grâce que je suis ce que je suis. Et je suis sans aucun doute le moindre de tous tes évêques et le plus pauvre en mérites. Mais puisque, moi aussi, j'ai entrepris quelque travail pour ta sainte Église, prends soin des fruits de ce travail. Celui que tu as appelé au sacerdoce alors qu'il était perdu, ne permets pas qu'il se perde maintenant qu'il est prêtre. " (saint Ambroise, Sur la pénitence, 2, 8, 67).

La lettre de Saint Ambroise au successeur de Saint Pierre..

 Le Seigneur commence par demander ce qu'il savait ; et non pas une fois, mais deux et trois fois : est-ce que Pierre l'aime? Et autant de fois il entend Pierre affirmer son amour, autant de fois il charge Pierre de conduire ses brebis. La triple confession compense le triple reniement, pour que la bouche ne serve pas moins à l'amour qu'à la peur, et que la mort menaçante ne paraisse pas avoir provoqué plus de paroles que la vie présente? Conduire le troupeau du Seigneur doit être la fonction de l'amour, puisque renier le berger fut l'expression de la peur. Ceux qui conduisent les brebis du Christ pour les soumettre à eux-mêmes plutôt qu'au Christ prouvent qu'ils n'aiment pas le Christ, mais eux-mêmes~ Cette parole du Christ, Si souvent répétée, met en garde contre ceux-là, dont saint Paul déplore qu'ils cherchent leur intérêt personnel, non celui de Jésus Christ Car en disant: M'aimes-tu? Sois le berger de mes brebis, il dit l'équivalent de ceci: Si tu m'aimes, ne songe pas à te nourrir, mais à nourrir mes brebis; conduis-les comme étant à moi, non à toi ; cherche en elles ma gloire, non la tienne; mon autorité, non la tienne; mon bénéfice, non le tien; ne sois pas dans la société de ceux qui appartiennent aux temps difficiles, qui s'aiment eux-mêmes, et qui ont tous les vices énumérés par saint Paul, en liaison avec ce principe de l'égoïsme. Donc, qu'ils ne s'aiment pas eux-mêmes, les bergers des brebis du Christ, qu'ils ne les nourrissent pas comme étant à eux, mais à lui. Le vice dont les bergers des brebis du Christ doivent se garder le plus, c'est de chercher leur intérêt personnel, non celui de Jésus Christ, et d'employer à servir leurs convoitises ceux pour qui le sang du Christ a été répandu. L'amour du Christ, chez le berger de ses brebis, doit se développer en une ardeur spirituelle si grande qu'elle triomphe aussi de cette peur naturelle de la mort qui nous fait refuser de mourir, même quand nous voulons vivre avec le Christ. Si grande que soit notre horreur de la mort, la puissance de l'amour doit en triompher, cet amour dont nous aimons celui qui, étant notre vie, a voulu subir la mort pour nous. S'il n'y avait aucune difficulté ou bien peu à mourir, la gloire des martyrs ne serait pas si grande. Mais le bon pasteur, qui a donné sa vie pour ses brebis, a choisi parmi elles un grand nombre de martyrs. Combien davantage doivent-ils lutter jusqu'à la mort pour la vérité, e jusqu'au sang contre le péché, ceux à qui il a confié ses brebis pour qu'ils les mènent paître, c'est-à-dire pou qu'ils les instruisent et les dirigent. Et par cet exemple de sa passion, on voit bien que les pasteurs doivent s'attacher davantage à l'imitation du Pasteur puisque même de nombreuses brebis l'ont imité. Car, sous Ambroise à Constance, ton frère dans l'épiscopat, tu as reçu la charge du sacerdoce. Assis à la poupe du navire de l'Église, tu le gouvernes au milieu des flots. Tiens la barre de la foi, afin que les dures tempêtes de ce monde ne réussissent pas à te faire dévier. La mer est grande et vaste, mais ne crains rien, car c'est le Seigneur qui a établi le monde sur les mers et l'a fondé sur les fleuves. Il n'est donc pas étonnant que, dans les remous du monde, l'Église du Seigneur demeure inébranlable, puisqu'elle est bâtie sur la pierre de l'Apôtre et qu'elle demeure sur sa fondation infrangible, malgré les assauts de la mer en furie. Les flots l'inondent sans pouvoir la secouer, et bien que les éléments de ce monde en s'entrechoquant fassent retentir souvent un grand vacarme, elle peut cependant offrir aux hommes en détresse un havre de salut parfaitement sûr. Cependant, si elle est ballottée par la mer, elle court avec les fleuves; tu comprends qu'il s'agit de ces grands fleuves dont il est dit: Les fleuves ont élevé leur voix. Ce sont en effet des fleuves qui couleront de son sein il s'agit de celui qui recevra la boisson donnée par le Christ, et qui s'abreuvera de l'Esprit Saint. Ce sont donc ces fleuves, lorsqu'ils débordent de la grâce de l'Esprit, qui élèvent leur voix. Il y a aussi un fleuve qui inonde les hommes de Dieu comme un torrent, un fleuve dont l'élan réjouit l'âme pacifique et tranquille. Celui qui bénéficie de ce fleuve abondant, comme Pierre et Paul, élève la voix; et de même que les Apôtres, par leur voix sonore, ont répandu jusqu'aux extrémités de la terre la prédication évangélique, celui-là aussi se met à annoncer la Bonne Nouvelle du Seigneur Jésus. Écoute donc la parole du Christ, pour que ta voix s'est répande. Recueille l'eau du Christ, celle qui loue le Seigneur. Rassemble l'eau qui vient d'horizons divers, et que répandent les nuées, symbole des prophètes. Celui qui recueille l'eau des montagnes, qui attire à lui ou qui boit l'eau des sources, la répand lui aussi, comme une nuée. Remplis donc de cette eau les profondeurs de ton esprit, pour que ta terre s'en imprègne et soit irriguée par ses propres sources. Donc celui qui lit et qui comprend beaucoup de choses se gorge d'eau et, une fois qu'il en est gorgé, il la déverse sur les autres; c'est pourquoi l'Écriture dit: Si les nuées sont pleines de pluie, elles la déversent sur la terre. Que tes discours soient donc abondants, qu'ils soient purs et transparents. Ainsi, dans ton enseignement moral, tu verseras dans les oreilles de tes auditeurs beaucoup de douceur, tu charmeras ton peuple par la grâce de tes paroles, et il te suivra volontiers là où tu le conduis. Que tes paroles soient pleines de sagesse. Salomon dit en effet: Les armes de l'intelligence, ce sont les lèvres du sage. Et ailleurs: Que tes lèvres s'attachent à la science, c'est-à-dire : que le sens de tes discours soit évident, que leur signification soit claire, que ta parole et ton exposé n'aient pas besoin d'être appuyés par une affirmation extérieure, mais soient garantis par leurs propres armes. Que nulle parole privée de sens ne sorte de ta bouche pour se perdre dans le vide.

 

O Christ, tu es venu dans le monde pour sauver les pécheurs.

Je rends grâce au Seigneur Jésus: il m'a jugé assez fidèle pour m'appeler à son service.

En moi la grâce du Seigneur a surabondé, avec la foi et la charité qui est dans le Christ Jésus.

 

Seigneur, tu as fait de saint Ambroise un docteur de la foi catholique et un courageux successeur des Apôtres; suscite en ton Église des hommes selon ton coeur, capables de la gouverner avec force et sagesse.