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ANTOINE LE GRAND (Qeman, Égypte, 251 - mont Qolzum 356)

*Le fondateur du monachisme. À la recherche d'une vie de solitude, il fonda le modèle même de la vie monastique. Né en Haute Égypte de riches parents chrétiens, Antoine fit à leur mort, vers 269, le don de tous ses biens aux pauvres et plaça sa soeur dans un couvent. Il demeura quelque temps auprès d'un vieil ermite avant de vivre solitaire dans un cimetière voisin. Il y connut une vie austère, faite de prières, de travail manuel et de pénitence, subissant ~s célèbres tentations et épreuves de la chair, mais les surmontant toutes. Sa renommée commença à s'étendre et, quinze ans plus tard, il s'installa dans un fort abandonné de Pispir où il vécut vingt ans de complète solitude, mangeant seulement ce qu'on lui jetait par-dessus le mur.

*Le premier monastère.

Peu à peu, des disciples se réunirent près de sa retraite. Il en sortit en 305 et organisa la communauté. Chaque moine vivait dans h prière et la pénitence sous l'autorité générale d'Antoine et tous se rassemblaient pour le culte et le travail collectif. En 311, il partit pour Alexandrie afin d'y encourager les chrétiens persécutés. À son retour, il fonda un autre monastère à Pispir, puis se retira dans la solitude du mont Qolzum près de la mer Rouge. Cette fois, il prit avec lui un jeune disciple, Macaire.

*Sa mort et son culte.

A son retour au mont Qolzum, Antoine resta dans une cave jusqu'à sa mort, le 1? janvier. Suivant ses volontés, il fut enterré en secret et ses reliques ne furent découvertes qu'en 561. On les transféra la même année à Alexandrie. Certains prétendent qu'elles sont à Constantinople ou à La-Motte-Saint-Didier (aujourd'hui Saint-Antoine dans le Dauphiné). Cette dernière ville est le lieu d'origine de l'ordre hospitalier des Antonins, fondé vers 1100. L'emblème du cochon et de la cloche, associé traditionnellement à Antoine, vient de cet ordre. Leurs cochons, portant au cou de petites clochettes, avaient le privilège de courir librement dans les rues pour recevoir leur nourriture des habitants.

*Influence et iconographie.

Il reçut durant sa vie beaucoup de visites de curieux et de fidèles. Il sut éviter le fanatisme et les excès de beaucoup de pères du désert. Il est le modèle des ermites et des moines. Nombre d'artistes ont illustré de manière spectaculaire les légendes de ses tentations.

Fête : 17 janvier. Patron des vanniers. Il est invoqué contre l'ergotisme (le feu de Saint-Antoine).

*Antoine et Athanase.

En 355, il repartit pour Alexandrie afin de combattre l'arianisme, collaborant avec son ami Athanase, qui est notre principale source d'information sur Antoine.

*Les démons.

Quand les démons ne peuvent égarer le coeur par le plaisir manifeste et impur, ils forment des apparitions, tachent d'effrayer. Tels ils nous trouvent, tels ils se font eux-mêmes avec nous, et aux pensées qu'ils trouvent en nous, ils adaptent leurs prestiges. S'ils nous trouvent joyeux dans le Seigneur, pendant aux biens futurs, méditant dans notre coeur les choses du Seigneur et réfléchissant que tout est aux mains du Seigneur et que le démon n'a aucune force contre les chrétiens, ils battent alors en retraite honteusement

(saint Antoine, Lettre III).

*La Tentation de saint Antoine. Dans un admirable poème philosophique en prose, Gustave Flaubert a évoqué les tentations de saint Antoine, celle de la sensualité, de la science, des hérésies, etc.

VIE DE S. ANTOINE. PAR S. ATHANASE: LA VOCATION D'ANTOINE

A la mort de ses parents, Antoine resta seul avec une jeune soeur. Ayant alors entre dix-huit et vingt ans, il prit soin de la maison et de sa soeur. Moins de six mois après le décès de ses parents, il se rendait comme d'habitude à l'église en méditant; il considérait comment les Apôtres avaient tout quitté pour suivre le Sauveur; quels étaient les hommes qui, dans les Actes des Apôtres, vendaient leurs biens et en déposaient le produit aux pieds des Apôtres pour que ceux-ci les distribuent aux nécessiteux; et aussi quelle grande espérance leur était ainsi réservée dans le ciel. En pensant à tout cela, il entre dans l'église au moment de la lecture de l'Évangile, et il entend le Seigneur qui disait à un riche Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres; puis viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux. Antoine eut l'impression que Dieu lui adressait cet évangile et que cette lecture avait été faite pour lui. Il sortit aussitôt de l'église et donna aux gens du village ses propriétés familiales, quinze arpents d'une terre fertile et excellente, pour que lui-même et sa soeur n'en aient plus l'embarras. Après avoir vendu tous ses biens mobiliers. il distribua aux pauvres la grosse somme d'argent qu'il en avait retirée, en ne mettant de côté qu'une petite part pour sa soeur. Une autre fois qu'il était entré à l'église, il entendit le Seigneur dire dans l'Évangile: Ne vous faites pas de souci pour demain. Ne supportant plus d'avoir gardé quelque chose, il distribua cela aussi aux plus pauvres. Il confia sa soeur à des vierges dont il connaissait la fidélité et la mit dans leur monastère pour qu'elle y fasse son éducation. Quant à lui, il se consacra désormais, près de sa maison, au labeur de la vie ascétique. Vigilant sur soi-même, il persévérait dans une vie austère. Aussi travaillait-il de ses mains, car il avait entendu cette parole: Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. Il achetait son pain avec une part de ce qu'il gagnait et il distribuait le reste aux indigents. Il priait sans cesse, parce qu'il avait appris qu'il faut prier sans relâche en privé. Il était si attentif à la lecture qu'il ne laissait rien perdre des Écritures mais en retenait tout et que, dans la suite, sa mémoire pouvait remplacer les livres. Tous les habitants du village et les gens de bien qui le fréquentaient habituellement, en le voyant vivre ainsi, l'appelaient ami de Dieu. Les uns l'aimaient comme leur fils, et les autres comme leur frère.

 Va, pèlerin, donc poursuis ta quête; va ton chemin, que rien ne t'arrête. Prends ta part de soleil et ta part de poussière; le coeur en éveil oublie l'éphémère. Tout est néant, rien n'est vrai que l'amour. N'attache pas ton coeur à ce qui passe. Ne dis pas: j'ai réussi, je suis payé de ma peine. Ne te repose pas dans tes oeuvres: elles vont te juger. Garde en ton coeur la Parole: voilà ton trésor.

Dieu qui as donné à saint Antoine de mener dans la solitude une vie héroïque, accorde-nous, par son intercession, de renoncer à nous-mêmes pour t'aimer sans cesse et plus que tout.