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S. Bède le Vénérable, prêtre et docteur de l'Église.

(Northumbrie 673 - Jarrow 735)

Le père de l'Histoire anglaise

Bède a été, par ses ouvrages, un exemple et une source d'inspiration pour des générations.

Fête: 25 mai

Ma vie

Je suis né sur le territoire de ce monastère. Quand j'eus sept ans, je tus, par le soin de mes parents, placé à la charge du Révérend abbé Benoît, puis de Golfrid, afin d'être éduqué. Depuis, j'a passé toute rua vie dans ce monastère, m'employant entièrement à l'étude des Écritures et, à côté 0e l'observance de la discipline do la règle et du devoir de chanter à l'église, mon plaisir a toujours été d'apprendre, ou d'enseigner, ou d'écrire.

Les informations que nous possédons sur Bède viennent presque toutes d'une courte note autobiographique insérée a la fin de son Historia ecclesiastica gentis Anglorum et du récit de sa mort faite par le moine Cuthbert. Encore enfant, il fut envoyé aux monastères de Wearmouth et Jarrow où il étudia sous la direction de saint Benoît Biscop et saint Golfrid. Il devint moine à Jarrow en 682 et y passa le reste de sa vie, voyageant très peu et ne s'intéressant ni aux affaires d'État, ni à aucune autre, sinon celles qui concernaient les églises et les monastères de Northumbrie. C'était un frère modèle dont l'autodiscipline, la dévotion et l'application au travail étaient aussi remarquables que le fut son oeuvre d'érudition.

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Il fut ordonné par saint Jean de Beverley vers 703. Le titre de Vénérable était communément donné aux prêtres de son temps, mais les moines étaient rarement ordonnés, le titre fut donc attaché au nom de Bède comme une distinction exceptionnelle. C'était une marque particulièrement méritée par la grande érudition du saint. Elle fut d'ailleurs reconnue officiellement au concile d'Aix-la-Chapelle en 853.

 

· Ses oeuvres

Enfermé dans son monastère et attiré par les études et l'écriture, Bède produisit une remarquable collection d oeuvres vingt-cinq ouvrages de commentaires bibliques, qu'il considérait comme son travail le plus important, quelques Vies de saints, des traités scientifiques et théologiques, ainsi qu'une théorie de la musique, différentes hymnes et, enfin, des ouvrages d'orthographe et de chronologie.

Il est pourtant avant tout pour nous un historien. Son Historia ecclesiastica, terminée en 731, raconte, dans un style simple, le développement de la chrétienté en Angleterre jusqu'à son époque. C'est la source la plus fiable concernant cette période. L'approche historique en est très solide, Il cite ses sources, les présente, les compare, mesure leurs valeurs et tient compte de leurs limites. Bède fut le premier à utiliser le sigle AD, pour anno Domini, c'est-à-dire après Jésus-Christ s, Malheureusement, ses écrits et traductions en langue vernaculaire, sans doute en vieil-anglais, sont perdus.

Cuthbert raconte comment Bède accéléra sa traduction de l'Évangile de saint Jean, dictant les dernières phrases juste avant sa mort. Son culte prit naissance cinq ans plus tard. Le pape Léon XIII le déclara docteur de l'Église en 1899. Il est représenté étudiant dans ses livres, souvent éclairé par un rayon de lumière venant du ciel.

LETTRE DE CUTHBERT SUR LA MORT DE S. BÈDE

 

Lorsqu'arriva le mardi avant l'Ascension du Seigneur, Bède commença à souffrir plus violemment de suffocation et on vit apparaître une légère enflure des pieds. Il passa tout ce jour-là à enseigner et dicter avec bonne humeur. À un moment, il dit entre autres choses: « Hâtez-vous d'apprendre; je ne sais combien de temps je serai encore là, et si mon Créateur ne va pas me prendre bientôt». Il nous semblait qu'il était bien averti de sa mort. Et il passa ainsi toute la nuit sans dormir, dans l'action de grâce. Au petit jour, donc le mercredi, il ordonna d'écrire rapidement ce que nous avions commencé, et nous l'avons fait jusqu'à neuf heures. Alors nous sommes allés en procession avec les reliques des saints, selon la coutume de ce jour; mais l'un d'entre nous était resté avec lui, et lui dit:

« Maître bien-aimé, il manque un seul chapitre au livre que tu as dicté. Est-ce qu'il te semble difficile de pousser plus loin les questions?» Il répondit: « C'est facile, prends ta plume et de l'encre, et écris vite ». Ce qu'il fit. À trois heures de l'après-midi, il me dit: « J'ai dans mon coffret quelques objets précieux: du poivre, des étoles, de l'encens; cours vite, amène-moi les prêtres de notre monastère, et je leur distribuerai ces petits cadeaux, tels que Dieu me les a donnés. » Quand ils furent arrivés, il leur parla, priant chacun d'eux de célébrer des messes et de prier assidûment pour lui, ce qu'ils lui promirent de grand coeur. Tous se lamentaient et pleuraient, surtout parce qu'il avait dit qu'à son avis, ils ne verraient plus beaucoup son visage en ce monde. Ils se réjouissaient pourtant parce qu'il avait dit cette parole: « Il est temps, Si mon Créateur le juge bon, que je retourne à lui, qui m'a créé et qui, alors que je n'existais pas, m'a fait de rien. J'ai vécu longtemps, mon juge miséricordieux avait prévu pour moi une vie heureuse. Le temps de mon départ est arrivé. Car je désire disparaître pour être avec le Christ; en effet, mon âme désire voir mon Roi, le Christ, dans sa beauté. » Il dit encore beaucoup d'autres choses pour notre édification, et il passa toute la journée jusqu'au soir dans l'allégresse. L'enfant Wiberth lui dit: « Maître bien-aimé, il y a encore une phrase qui n'est pas transcrite - Écris tout de suite. L'enfant répondit: « Maintenant la phrase est transcrite.» Et lui: « Bien, tu as dit la vérité: Tout est accompli. Prends ma tête dans tes mains, car j'ai grand plaisir à être assis en face de la chapelle de mon saint, où j'avais coutume de prier, afin de pouvoir, en restant assis, invoquer mon Père. » Et ainsi, sur le pavé dé sa cellule, tandis qu'il chantait:

« Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit », il rendit le dernier soupir. Et (comme il faut le croire sans hésiter), parce qu'ici-bas il avait toujours peiné, avec beaucoup de ferveur, pour chanter les louanges de Dieu, il partit vers les joies célestes qu'il avait désirées.

Enveloppés d'une si grande nuée de témoins, fixons nos regards sur le Christ. Ils aspiraient à une patrie meilleure; c'est pourquoi Dieu n'a pas honte de s'appeler leur Dieu, car il leur a préparé une ville. En mourant ils ont salué de loin la promesse, car Dieu prévoyait pour nous un sort meilleur, aussi ne devaient-ils pas atteindre sans nous la perfection.

Dieu qui éclaires ton Église par le savoir de saint Bède le Vénérable, accorde à tes serviteurs la lumière de son enseignement et l'appui de ses mérites.