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Benoît d'Aniane (vers 750 - monastère d'Incle, près d'Aix-la-Chapelle, 821)

Il quitta la solitude et l'austérité pour entreprendre une réforme monastique qui intégrait les idéaux communautaires à ceux du savoir et de l'art.

Fête: 11 février

La réforme

Depuis au moins deux siècles, les autorités séculières et religieuses travaillaient à unifier les multiples monastères dispersés à travers le pays et qui se réglaient chacun à sa façon. Saint Benoît d'Aniane présenta au bon moment et réussit à imposer à tous sa réforme, sans doute grâce à Louis le Pieux et à sa propre ténacité.

Durant sa jeunesse, Benoît, fils d'Aigulphe de Maguelone, vit comme échanson à la cour de Pépin, puis à celle de Charlemagne. Il combattit dans l'armée de Lombardie jusqu'à sa conversion au christianisme : il avait vingt ans environ. Quittant la cour, il se fit moine bénédictin à Saint-Seine, près de Dijon, mais il y trouvait la façon de vivre trop relâchée pour lui. Il en partit donc au bout de trois ans pour s'installer en ermite sur les berges de la rivière Aniane en Languedoc.

· Une force réformatrice

Peu a peu, Benoît attira un grand nombre

de disciples et fonda une communauté, où la vie était centrée sur le travail manuel, la transcription des manuscrits, la pauvreté, l'austérité et la solitude. Il respectait en cela la règIe bénédictine traditionnelle et travaillait en étroite collaboration avec Louis le Pieux qui favorisait une réforme semblable a travers toute la France. Louis lui construisit un monastère a Inde (appelé plus tard Cornelimünster), près d'Aix-la-Chapelle, et le nomma directeur du monachisme on Europe.

 

La suite d'une réforme

La réforme réalisée par Benoît disparut peu après lui, étouffée par les guettes fratricides des fils de Louis le Pieux et les invasions normandes. Tout aussitôt, d'ailleurs, après la mort du réformateur, les monastères secouèrent le joug d'une uniformité trop rigide.

De l'oeuvre de Benoît survécurent toutefois plusieurs éléments généraux: une tendance vers une certaine centralisation, le besoin de décisions déclaratoires de la règle, un ensemble de pratiques qui formèrent la base des coutumes monastiques pendant les siècles suivants un développement de la liturgie qu'ignorait la simplicité primitive de la conception de saint Benoît de Nurcie. Cluny surtout héritera de ces legs, car Cluny, par Bernon, son premier abbé, ancien supérieur de Baume, était greffé sur Aniane ' (Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, tome 8, Letouzey et Ané, 1935).

 

En 817, Benoît présida à Aix-la-Chapelle un concile des abbés qui codifia la réforme : ce sera le Capitulaire des moines. Complément de la règle do saint Benoît, il s'imposera désormais à tous les monastères de l'Empire. Il insistait sur la nécessité de la pauvreté, de la chasteté et de l'obéissance, précisait la forme de l'office divin et les conditions de vie des moines. Il établissait les règles de nomination dos abbés qui devaient être choisis parmi les moines et non parmi les laïcs, comme c 'était l'habitude à l'époque.

Benoît considérait que les moines devaient étudier, enseigner et écrire, laissant les tâches domestiques à des serviteurs. Il insistait sur la place centrale de la liturgie, l'importance de la messe quotidienne. Mais le plan qu'il présenta à Aix-la-Chapelle, qui imposait une sotte d'uniformité aux monastères, se révéla impraticable. Nombre de détails durent être abandonnés pour assurer l'adoption de la règle sur toute l'étendue de l'empire. Il semble que l'austérité d'origine on fut très atténuée.

Ses oeuvres et sa mort

Benoît mourut après une longue maladie à son monastère d'Inde. Ce « restaurateur du monachisme occidental « compila toutes les règles monastiques dans son Codex regularum, montra la primauté de la règle de saint Benoît et sa conformité avec l'enseignement des Pères de l'Église dans son Concordia regularum.