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Benoît Labre (Amettes, Pas-de-Calais, 1748 - Rome 1783)

Le vagabond de Dieu

Pauvre, vêtu de haillons, malpropre et errant a travers l'Europe, tel apparaît le pèlerin mendiant.

Benoît-Joseph Labre naquit à Amettes dans le diocèse de Boulogne-sur-Mer le 25 mai 1748. Il était l'aîné de quinze enfants. Ses parents vivaient de l'exploitation d'une petite terre et d'une boutique de mercerie. Il fut confié pour son éducation à des oncles ecclésiastiques qui lui apprirent l'abnégation. Très jeune il songea à la Trappe, mais ses parents s'y opposèrent. À dix-huit ans, il entra à la chartreuse de Val-Sainte-Aldegonde, où on ne le garda pas. Il marcha des kilomètres pour atteindre la grande Trappe on ne le reçut pas. Il réussit cependant à faire un essai de six semaines à la chartreuse de Neuville, ce fut un échec. Il fut chassé aussi de l'abbaye cistercienne de Sept-Fons. Il partit alors pour Rome.

H traversa Paray-le-Monial, où, recru de fatigue, il passa vingt jours à l'hôpital. En arrivant à Tarare, il fut pris pour un espion lyonnais et chassé par les capucins. Puis il arriva à Lorette et y resta huit jours. A Assise, il s'enrôla parmi les cordeliers. Enfin le 3 décembre 1770, il entrait dans Rome et demanda asile à l'hôpital Saint-Louis. Il visita les basiliques et suivit les offices de la semaine sainte.

Il était vêtu de haillons, portait un scapulaire de novice et un sac qui contenait toutes ses richesses, à savoir l'imitation de Jésus-Christ, un Évangile et le bréviaire qu'il récitait chaque jour.

E Rejeté mais canonisé

Incroyablement pouilleux, il ne demandait rien, n'acceptait qu'un minimum de nourriture, distribuait ce qu'il avait en trop et dormait où il pouvait. À Ban, passant devant une prison et entendant les plaintes des captifs, il s'arrêta et chanta les litanies de la Vierge. Les passants donnèrent leur obole, il recueillit le tout et le transmit aux prisonniers. Il parcourut

ainsi l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, la France, l'Espagne. A Moulins on le soupçonna d'un vol et l'accès à l'église lui fut interdit. En Gascogne, il porta secours à un blessé, fut accusé d'en être l'agresseur et mis en prison. À Aix-en-Provence il vécut dans une caverne couverte de ronces.

Il finit par s'installer dans les ruines du Colisée, à Rome, en souvenir des chrétiens qui y furent martyrisés. Il ne rougissait pas d'être le plus malpropre parmi les mendiants et d'être dévoré par la vermine. Il fut pris d'un malaise alors qu'il était en prière à Notre-Dame-des-Monts.

Il se traîna dans la rue. Le boucher Zaccarelli, le reconnaissant, l'emmena dans sa maison, il y mourut peu de temps après. Ses obsèques furent triomphales. Il fut canonisé en 1881.

Lettre à ses parents

Je vous dirai donc que je suis sorti de Sept-Fons le 2 juillet. J'avais encore la fièvre quand j'ai quitté le monastère elle ne m'a abandonné que le quatrième jour de marche. J'ai pris la route de Rome je suis ai présent bientôt à moitié chemin. Je n'ai guère avancé depuis que je suis sorti de Sept-Fons parce que, pendant le mois d'août il tait de grandes chaleurs dans le Piémont où je suis et que j'ai été retenu pendant trois semaines dans un hôpital (où j'ai été assez bien), par une petite maladie que j'ai eue. Au reste, je me suis bien porté depuis que j'en suis sorti...

Votre très affectionné fils. Benoît-Joseph Labre.

Fête: Le 16 avril