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BERNARDIN DE SIENNE

Bernardin de Sienne (Massa Marittima 1380 - Aquila 1444)

Le prédicateur

Ami des foules, il transforma profondément l'ordre des Franciscains

Bernardin était d'une noble famille siennoise, les Albizzeschi. Son père était gouverneur de la cité. Orphelin à l'âge de sept ans, il fut élevé par sa tante. En 1400, quand Sienne fut touchée par la peste, Bernardin et ses amis suppléèrent au personnel défaillant à l'hôpital local La Scala. Après l'épidémie, il prit soin de sa tante, alitée et malade, jusqu'à sa mort.

Un prédicateur redoutable.

Vers 1404, Bernardin choisit d'entrer chez les franciscains, d'abord comme ermite à Colombaio, près de Sienne et à Fiesole près de Florence, puis comme prédicateur. Parti de Milan en 1417, il traversa toute l'Italie à pied pour porter son message passionné. Ses longs sermons poussaient les fidèles à faire pénitence, à vivre dans la pauvreté et à vénérer le saint nom de Jésus. I~ les pressait d'abandonner les jeux d'argent et la débauche. Sa voix, au début faible, se développa rapidement et prit une résonance extraordinaire qui faisait éprouver aux foules des émotions extrêmes. Bernardin attribuait ce don à la Vierge qu'il invoquait très souvent contre l'enrouement.

Les sermons de Bernardin se terminaient habituellement par un appel à la dévotion au saint nom de Jésus. Il arborait un insigne portant les lettres IHS (forme grecque du nom de Jésus). On dit qu'un fabricant de cartes à jouer, ruiné par la condamnation du jeu par Bernardin, retrouva la prospérité en imprimant des copies de cet insigne. Il est maintenant considéré comme le patron de la publicité. La théologie de Bernardin fut sévèrement critiquée par des jaloux et même par l'université de Bologne, mais il fut défendu par le pape Martin V.

En 142?, on lui offrit l'évêché de Sienne et plus tard ceux de Ferrare et d'Urbino. Il les refusa tous, mais accepta de devenir vicaire général des franciscains en 1438. Il rappela aux religieux l'observance de

la règle et fonda des écoles de théologie à Pérouse et Monteripido pour promouvoir une doctrine saine et une discipline solide. Les Statuts qu'il écrivit vers 1440 codifiaient les pratiques proposées et organisaient ceux qui les observaient.

Bernardin préférait la vie de prédicateur itinérant. Il démissionna de son poste en 1443. Il voyageait en direction de Naples quand, à Aquila dans les Abruzzes, ses forces faiblirent. Il mourut le 20 mai et fut canonisé par le pape Nicolas V en 1450. Son culte, propagé par ~s frètes observants, devint vite populaire en Europe, Il est représenté en franciscain âgé, petit de taille et arborant son insigne, IHS. Il a trois mitres à ses pieds pour symboliser les évêchés refusés.

Fête: 20 mai Patron des publicitaires, il est invoqué contre l'envoûtement.

SERMON DE S. BERNARDIN SUR LE NOM DE JÉSUS

 

Le nom de Jésus est la gloire des prédicateurs, parce qu'il fait annoncer et entendre sa parole dans une gloire lumineuse. Comment crois-tu que se soit répandue dans le monde entier une clarté de foi Si grande, Si rapide et Si fervente, sinon parce qu'on a prêché Jésus? N'est-ce pas par la clarté et la saveur de ce nom que Dieu nous a appelés à son admirable lumière? À ceux qui ont été illuminés et qui voient la lumière dans cette lumière, l'Apôtre peut bien dire: Autrefois, vous n'étiez que ténèbres; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière; vivez comme des fils de la lumière. Par conséquent, il faut faire connaître ce nom pour qu'il brille, et ne pas le passer sous silence. Cependant, il ne doit pas être proclamé dans la prédication par un coeur impur ou une bouche souillée, mais il doit être conservé puis proclamé par un « vase choisi». C'est pourquoi le Seigneur dit au sujet de saint Paul: Cet homme est le vase que j'ai choisi afin qu'il porte mon Nom auprès des nations païennes, auprès des rois, et des fils d'Israël. Le vase que j'ai choisi, dit-il, est celui où se montre un liquide très doux et de grand prix, pour qu'on ait envie de le boire parce qu'il brille et resplendit dans des vases de choix: afin qu'il porte mon nom, dit le Seigneur. Lorsqu'on allume un feu pour nettoyer les champs, les buissons et les épines, sèches et stériles, se mettent à brûler; lorsque les ténèbres sont chassées par les rayons du soleil levant, les voleurs, les vagabonds nocturnes, les cambrioleurs vont se cacher. C'est ainsi que la prédication de saint Paul, comme un fracas de tonnerre, comme un incendie violent, comme le soleil à son aurore, faisait disparaître l'incroyance, dissipait l'erreur, mettait en lumière la vérité, à la manière dont la cire se liquéfie sous un feu intense. En effet, il mettait partout le nom de Jésus: dans ses paroles, ses lettres, ses miracles et ses exemples. Il louait le nom de Jésus continuellement, il le chantait dans son action de grâce. De plus, l'Apôtre portait ce nom auprès des rois, des nations païennes et des fils d'Israël, comme une lumière dont il illuminait les nations du monde, et partout il s'écriait: La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on fait en plein jour. Il montrait à tous la lampe ardente, posée sur le lampadaire, annonçant en tout lieu Jésus, le crucifié. Aussi l'Église, épouse du Christ, toujours appuyée sur son témoignage, exulte-t-elle en disant avec le Prophète : Mon Dieu, tu m'as instruit dès ma jeunesse et je redirai tes merveilles jusqu'à présent, c'est-à-dire toujours. Le prophète y exhorte aussi en disant: Chantez le Seigneur en bénissant son nom, de jour en jour proclamez son salut, c'est-à-dire Jésus le Sauveur.

Je veux te rendre grâce et te louer, je veux bénir ton nom, Seigneur Jésus. Sans me lasser, je ferai l'éloge de ton nom, je te chanterai dans l'action de grâce. Le nom de Jésus, le crucifié, ressuscité, est le seul qui puisse nous sauver. Au nom de Jésus, que toute langue proclame: il est Seigneur, à la gloire du Père.

Dieu qui as mis au coeur de saint Bernardin de Sienne un amour admirable pour le nom de Jésus, permets qu'à sa prière et par ses mérites le feu de ta charité nous envahisse.