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S. Bonaventure, évêque et docteur de l'Église. (Bagnoregio, Toscane, 1221 - Lyon 1274)

Le docteur séraphique

L amour et le bon sens dont il fit preuve dans la réforme de l'ordre des Franciscains le firent considérer comme un second fondateur.

Fête: 15 juillet

D'après la légende, Giovanni di Fidanza, né près d'Orvieto en Toscane d'un père médecin de petite noblesse, fut nommé Bonaventure par François d'Assise qui l'avait miraculeusement guéri quand il était enfant.

Il entra chez les franciscains en 1243 et fut reconnu très rapidement comme l'un des novices les plus prometteurs. On l'envoya étudier à l'université de Paris et il y devint maître de l'École franciscaine en 1253. Sa théologie doit moins à Aristote que celle de Thomas d'Aquin son contemporain. Il insiste sur l'aspect sensible de la foi plus que sur l'aspect rationnel (il est, dit-on, plus mystique que dogmatique). Tous deux furent reçus docteurs en théologie en 1257. Ils furent aussi l'un et l'autre impliqués dans la défense des ordres mendiants et c'est en grande partie grâce au traité de Bonaventure, Sur la pauvreté du Christ, que ceux-ci reçurent l'approbation et la protection du pape Alexandre IV en 1256.

 

 

Un portrait

A une heure matinale du 15 juillet mourut le frère de glorieuse mémoire Bonaventure, évêque d'Albano, qui fut un homme d'une science et d'une éloquence éminentes. Homme remarquable par Sa sainteté, sa vie, sa conduite et ses moeurs bon, affable, pieux et miséricordieux, plein de vertus, aimé de Dieu et des hommes.

Il fut enterré, en ce dimanche, en l'église des frères mineurs de Lyon. Le seigneur pape assista à ses obsèques avec tous les cardinaux et à peu près tous les prélats qui étaient au concile et toute la Curie. Le frère Pierre de Tarentaise, cardinal-évêque d'Ostie, célébra la messe et prêcha sur le thème: DoIeo super te, frater mi, Jonathan. Il y eut beaucoup de larmes et de gémissements. Dieu, en effet, lui avait donné une telle grâce que quiconque le voyait était incontinent gagné dans son coeur ai l'aimer.

 

La réforme et le concile de Lyon

Bonaventure n'était âgé que de trente-six ans quand il fut élu général des franciscains. La crise était grande dans l'ordre, désorganisé et souffrant de divisions internes. Une administration prudente et une grande modération lui permirent d'obtenir un succès Si durable qu'il est considéré comme le second fondateur de l'ordre. Il refusa de placer la pauvreté au-dessus de tout et insista, plus que ne le fit François, sur l'importance de l'étude et donc sur la légitimité de posséder des livres. Mais il conserva dans leur intégralité les idéaux franciscains : détachement, simplicité, pauvreté et travail.

Il refusa sa nomination à l'archevêché d'York par Clément IV en 1265, mais il fut contraint d'obéir en 1273 quand Grégoire X le choisit comme cardinal-évêque d'Albano il finissait de laver la vaisselle au monastère quand le légat du pape arriva. Grégoire lui demanda de faire l'ordre du jour du 14e concile général de Lyon et il y joua un rôle important, permettant la réunion des Églises grecque et latine. Il prêcha à la messe de réconciliation, mais mourut peu après, le 15 juillet, et ne vit pas la nouvelle rupture.

L'héritage intellectuel de Bonaventure est considérable : 55 Vie de saint François en fait le biographe officiel de l'ordre, mais il écrivit aussi de nombreux traités Commentaires sur les sentences, le Breviloquium et l'itinéraire de l'esprit vers Dieu, un commentaire biblique et des centaines de sermons. Il fut canonisé en 1482 et nommé docteur de l'Église en 1587.

L'ITINÉRAIRE DE L'ÂME VERS DIEU PAR S. BONAVENTURE

 

Le Christ est le chemin et la porte, l'échelle et le véhicule il est le propitiatoire posé sur l'arche de Dieu et le mystère caché depuis le commencement. Celui qui tourne résolument et pleinement ses yeux vers le Christ en le regardant suspendu à la croix, avec foi, espérance et charité, dévotion, admiration. exultation, reconnaissance, louange et jubilation, celui-là célèbre la Pâque avec lui, c'est-à-dire qu'il se met en route pour traverser la mer Rouge grâce au bâton de la croix. Quittant l'Égypte, il entre au désert pour y goûter la manne cachée et reposer avec le Christ au tombeau, comme mort extérieurement mais expérimentant dans la mesure où le permet l'état de voyageur - ce qui a été dit sur la croix au larron compagnon du Christ Aujourd'hui avec moi tu seras dans le paradis. En cette traversée, si l'on veut être parfait, il importe de laisser là toute spéculation intellectuelle. Toute la pointe du désir doit être transportée et transformée en Dieu. Voilà le secret des secrets, que personne ne connaît sauf celui qui le reçoit, que nul ne reçoit sauf celui qui le désire, et que nul ne désire, sinon celui qui au plus profond est enflammé par l'Esprit Saint que le Christ a envoyé sur la terre. Et c'est pourquoi l'Apôtre dit que cette mystérieuse sagesse est révélée par l'Esprit Saint. Si tu cherches comment cela se produit, interroge la grâce et non le savoir, ton aspiration profonde et non pas ton intellect, le gémissement de ta prière et non ta passion pour la lecture interroge l'Époux et non le professeur, Dieu et non l'homme, l'obscurité et non la clarté; non point ce qui luit mais le feu qui embrase tout l'être et le transporte en Dieu avec une onction sublime et un élan plein d'ardeur. Ce feu est en réalité Dieu lui-même dont la fournaise est à Jérusalem. C'est le Christ qui l'a allumé dans la ferveur brûlante de sa Passion. Et seul peut le percevoir celui qui dit avec Job: Mon âme a choisi le gibet, et mes os, la mort. Celui qui aime cette mort de la croix peut voir Dieu; car elle ne laisse aucun doute, cette parole de vérité: L'homme ne peut me voir et vivre. Mourons donc, entrons dans l'obscurité, imposons silence à nos soucis, à nos convoitises et à notre imagination. Passons avec le Christ crucifié de ce monde au Père. Et quand le Père se sera manifesté, disons avec Philippe: Cela nous suffit. Écoutons avec Paul: Ma grâce te suffit. Exultons en disant avec David: Ma chair et mon coeur peuvent défaillir. le roc de mon coeur et mon héritage, c'est Dieu pour toujours. Béni soit le Seigneur pour l'éternité.

L'Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière.

Tout ce qu'il entendra, il vous le dira. L'Esprit scrute tout, jusqu'aux profondeurs divines.

Accorde-nous, Dieu tout-puissant, tandis que nous célébrons l'anniversaire de saint Bonaventure, de mettre à profit les richesses de son enseignement, et de prendre en exemple sa brûlante charité.