S. Boniface, évêque et martyr. (Kirron vers 680 - Dokkum 754)
L'apôtre des Germains
Un sens exacerbé de sa mission et une énergie intarissable lui permirent d'évangéliser une partie de l'Europe païenne.
Fête: 5 juin
Paysan anglo-saxon né dans le Devonshire et baptisé Wynfrith, le jeune Boniface (comme il s'appela plus tard) fréquenta l'école bénédictine d'Exeter, puis celle de Nursling dans le diocèse de Winchester. Il y devint directeur de l'école abbatiale et écrivit la première grammaire latine jamais publiée en Angleterre. Ordonné prêtre à l'âge de trente ans, il enseigna et prêcha dans la région avec beaucoup de succès pendant quelques années. Célèbre et respecté, il fut choisi comme envoyé du roi Ime du Wessex auprès de l'archevêque de Cantorbéry.
L'appel à la mission
En 716, Boniface décida de quitter l'Angleterre pour se consacrer à la mission, Il suivit Wilfrid et Willibkird en Frise, mais dut rapidement revenir en raison de l'opposition des puissantes tribus païennes. On lui offrit le poste d'abbé de Nursling en 717, mais il préféra la mission et repartit l'année suivante, avec une objectif précis et la bénédiction du pape Grégoire II.
En se dirigeant vers la Bavière et la Hesse comme on le lui avait ordonné, il s'aperçut que la situation en Frise s'était améliorée. Il y resta comme assistant de Willibrord durant trois ans, puis il continua vers la Hesse, où il prêcha avec beaucoup de succès. Il fut consacré évêque à son retour à Rome en 722 et retourna en Hesse, spécialement protégé par Charles Martel. Sa réussite fut considérable : il détruisit spectaculairement le chêne sacré de Thor à Geisman sans être l'objet de sanctions. Pour cette raison son emblème est une hache. Avec quelques moines anglais, il fonda un monastère à Ohrdruf, en Thuringe et, en 731, fut créé métropolitain de la Germanie d'au-delà du Rhin. Il établit son archevêché à Mayence et se consacra à la réforme de l'Église.
En 738, après la défaite infligée par Charles Martel aux Saxons de Westphalie, Boniface écrivit une célèbre lettre pressant les Anglais de venir l'aider dans l'oeuvre d'évangélisation, leur rappelant leurs origines germaniques.
Il continua de fonder des couvents et des évêchés, notamment en Bavière où il fut légat papal en 738. Il joua également un grand rôle dans la réforme de l'Église franque.
Alors qu'il était déjà âgé, il retourna à sa première mission en Frise et entra dans le nord-est du pays (aujourd'hui la Hollande). Le i juin, il fut assassiné par les païens. Le corps de Boniface fut ramené dans l'abbaye qu'il avait fondée à Fulda. Ce lieu est désormais le centre de son culte. Boniface est particulièrement vénéré par les Allemands et les Hollandais.
Le serment
...Je promets de plus que si je connais des évêques vivant contrairement aux antiques statuts des saints Pères, je n'aurai avec eux aucune communion ni concert bien plus, Si je pouvais empêcher leur genre de vie je m'y emploierais, sinon j'en ferais sans tarder et fidèlement rapport à mon Seigneur apostolique. Que Si, ce qu'à Dieu ne plaise, je faisais ou tentais quoi que ce soit de contraire à ces promesses, puissé-je être condamné au jour du Jugement et encourir le châtiment d'Ananias et de Saphira, qui ont osé vous tromper sur leur propre bien et vous dire des choses mensongères.
Cette formule de serment, moi, Boniface, je l'ai signée de ma main et après qu'elle a été posée sur votre corps très sacré en présence de Dieu mon témoin et mon juge, j'ai prêté le serment auquel je promets d'être fidèle.
LETTRE DE S. BONIFACE
L'Église, qui navigue comme lin grand vaisseau sur la mer de ce monde, qui en cette vie est battue par les flots d'épreuves de toute sorte, l'Église ne doit pas être abandonnée, mais gouvernée. Nous en avons l'exemple chez les premiers pères: Clément, Corneille et beaucoup d'autres à Rome, Cyprien à Carthage, Athanase à Alexandrie, qui, sous les empereurs païens, gouvernaient le navire du Christ, ou plutôt son épouse très chère, l'Église, en enseignant, en défendant la vérité, en peinant et en souffrant jusqu'à répandre leur sang. En considérant ces hommes et ceux qui leur ressemblent, je suis plein d'effroi, crainte et tremblement me pénètrent et je suis comme enveloppé par les ténèbres de mes péchés. Je voudrais bien abandonner entièrement le gouvernail de l'Église qui m'a été confié, si je pouvais trouver une approbation dans les exemples des Pères ou dans la Sainte Écriture. Aussi, puisqu'il en est ainsi et que la vérité ne peut se fatiguer, se laisser vaincre ni se tromper, que notre âme fatiguée se réfugie auprès de celui qui dit par la bouche de Salomon: Mets ta confiance dans le Seigneur de tout ton coeur et ne t'appuie pas sur ta propre sagesse. Dans toutes es démarches, pense à lui, et il dirigera tes pas. Et ailleurs: Le nom du Seigneur est une tour fortifiée. Le juste qui s'y réfugie sera sauve.
Restons fermes dans la justice et préparons nos âmes à l'épreuve, pour attendre que le Seigneur nous soutienne, t disons-lui: D'âge en âge, Seigneur, tu es resté notre refuge.
Mettons en lui notre confiance, car c'est lui qui nous a imposé ce fardeau. Ce que nous ne pouvons porter par nous-mêmes, portons-le par lui qui est tout-puissant et qui lit: Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. Restons fermes dans le combat au jour du Seigneur, Car des jours d'angoisse et d'oppression sont venus pour nous. Si Dieu le veut, mourons pour les saintes lois de nos pères, afin d'obtenir avec eux l'héritage éternel.
Ne soyons pas des chiens muets, ne soyons pas des guetteurs silencieux, ne soyons pas des mercenaires qui fuient devant le loup, mais des pasteurs attentifs, veillant sur le troupeau du Christ, prêchant aux grands et aux petits, aux pauvres et aux riches, le dessein de Dieu, aux hommes de toute condition et de tout âge, autant que Dieu nous en donnera le pouvoir, à temps et à contre-temps, ainsi que saint Grégoire nous l'a prescrit dans son livre sur la charge pastorale.
Jésus, tu es venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance.
Parole du Seigneur: J'aurai soin moi-même de mon troupeau et je le passerai en revue.
Je chercherai la brebis perdue, avec justice je ferai paître mon troupeau. Je les rassemblerai des pays étrangers et les ramènerai sur leur terre.
Permets, Seigneur, qu'à l'intercession de saint Boniface, nous puissions tenir sans défaillance et proclamer par toute notre vie la foi qu'il a lui-même enseignée et dont il sut témoigner dans le martyre.