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BRUNO (Cologne vers 1030 - en Della Terre 1101)

Fondateur de l'ordre des Chartreux

Bruno, bien que de petite taille, contribua beaucoup à la réforme spirituelle à travers l'Ordre fondé par de l'Europe.

Fête: 6 octobre

Issu d'une noble famille de Cologne, Bruno fut envoyé à la célèbre école de la cathédrale de Reims. Il retourna à Cologne après ses études, fut ordonné prêtre et nommé chanoine de Saint Cunibert vers 1055. Il repartit l'année suivante pour Reims en tant que professeur de théologie et de grammaire. Il y resta presque vingt ans et enseigna à des élèves qui deviendront illustres, tel le pape Urbain II.

Le départ pour Grenoble

En 1074, l'archevêque Manassès le nomma au poste de chancelier de l'évêché. Mais deux ans plus tard Bruno fut des membres du conseil des clercs qui dénoncèrent Manassès comme indigne en raison de sa vie dissolue. Devant la colère de l'archevêque, Bruno quitta prudemment la ville. Alors que le peuple de Reims voulait faire de lui le nouvel archevêque, il choisit la solitude et devint ermite sous l'autorité de saint Robert de Molesmes (qui fondera plus tard Cîteaux). Vers 1084, il partit avec six compagnons pour fonder un monastère à Grenoble : recherchant la solitude, l'austérité, le travail de la terre, ils s'installèrent dans les montagnes sauvages de la Grande Chartreuse sur une terre donnée par l'évêque saint Hugues de Grenoble. Cette fondation est à l'origine du nom donné à toutes les communautés de chartreux. Les moines passaient beaucoup de temps en prière, en pénitence, et à traduire les livres saints. Bruno devint plus tard le confesseur de Hugues et les principes simples de la vie qu'il menait attirèrent beaucoup de monde et le rendirent célèbre dans la région.

 

La vie de solitude

 

Ce que la solitude et la silence du désert apportent d'utilité et de divine jouissance à ceux qui les aiment, ceux-là seuls le savent qui on ont fait l'expérience.

Là, en effet, les hommes forts peuvent se recueillir autant qu'ils le désirent, demeurer en eux-mêmes, cultiver assidûment les germes des vertus, et se nourrir avec bonheur des fruits du paradis.

Là on s'efforce d'accueillir cet oeil dont le clair regard blesse d'amour le divin époux et dont la pureté donne de voir Dieu.

Là on s'adonne ai un loisir bien rempli et l'on s'immobilise dans une action tranquille.

Là Dieu donne ai ses athlètes, pour le labeur du combat, la récompense désirée une paix que le monde ignore et la joie de l'Esprit Saint.

 

Bruno avait tant de succès qu'en 1090, il fut demandé à Rome par Urbain Il qui projetait d'en faire son conseiller pour les affaires de l'Église et la réforme du clergé. Urbain lui offrit même l'archevêché de Reggio, mais Bruno réussit a convaincre son ancien élève de le rendre à la solitude, qui lui manquait. Il quitta Rome l'année suivante avec la bénédiction papale et fonda la communauté Sainte-Marie, à Della Terre en Calabre. Bruno s'était lié d'amitié avec Robert Guiscard, un comte de Sicile dont le frère Roger avait donné la terre de Della Terre. Il ne revint jamais en France mais le prieur de la Grande Chartreuse, Landuin, vint le voir pour rédiger les règles de l'ordre.

Bruno mourut à Della Terre le 6 octobre. Il n'a jamais été canonisé c'est contraire à l'esprit chartreux. Mais, en 1514, le pape Léon X fit célébrer sa fête. L'emblème par lequel les artistes le distinguent est un rayon de lumière qui illumine le saint et le livre qu'il tient.

LETTRE DE S. BRUNO À SES FILS CHARTREUX

 

J'ai appris, par les récits détaillés et si consolants de notre bienheureux frère Landuin, avec quelle inflexible rigueur vous suivez une observance sage et vraiment digne d'éloges: il m'a parlé de votre saint amour, de votre zèle infatigable pour tout ce qui touche la pureté du coeur et la vertu: mon esprit en exulte dans le Seigneur. Oui, vraiment j'exulte et je me sens porté à la louange et aux actions de grâce envers le Seigneur, et cependant je soupire amèrement. J'exulte certes - cela est juste - à voir croître les fruits de vos vertus, mais je déplore et je rougis de rester inerte et négligent dans la misère de mes péchés. Réjouissez-vous donc, mes frères très chers, pour votre bienheureux sort et pour les largesses de grâce que Dieu répand sur vous. Réjouissez-vous d'avoir échappé aux flots agités de ce monde, où se multiplient les périls et les naufrages. Réjouissez-vous d'avoir gagné le repos tranquille et la sécurité d'un port caché: beaucoup désirent s'y rendre, beaucoup font même un effort pour l'atteindre et n'y parviennent point. Beaucoup même, après en avoir joui, en ont été rejetés, parce qu'aucun d'eux n'en avait reçu la grâce d'en haut. Aussi, mes frères, tenez-le pour certain et prouvé : personne, après avoir joui d'un bien si désirable, ne vient de quelque manière à le perdre sans en éprouver un regret continuel, s'il prend à coeur le salut de son âme. De vous, mes bien-aimés frères convers, je dis: mon âme glorifie le Seigneur, car je considère la magnificence de sa miséricorde sur vous, d'après l'exposé de votre prieur et père très aimant, qui est rempli de joie et de fierté à votre sujet. Je me réjouis moi aussi, car bien que vous n'ayez pas la science des lettres, le Dieu tout-puissant grave de son doigt dans vos coeurs non seulement l'amour, mais la connaissance de sa loi sainte: vous montrez en effet par vos oeuvres ce que vous aimez et ce que vous connaissez. Car vous pratiquez avec tout le soin et le zèle possibles la véritable obéissance. Il est par là évident que vous recueillez avec sagesse le fruit excellent et vivifiant des divines Écritures.

 

Dans un lieu perdu, ils ont cherché la source où renaît la soif; dans un lieu caché, ils suivaient en pauvres le Christ pauvre. Avec une humble patience, ils attendaient l'heure où d'autres viendraient se joindre à leur quête.

Tes amis te cherchaient, Seigneur: ils nous guident vers toi. À nous maintenant de les suivre vers cette obscurité où nous guettons le reflet de ta gloire. Ils ont maintenant rejoint ton visage: leur chemin demeure celui que tu nous traces.

Dieu qui as appelé saint Bruno à te servir dans la solitude, accorde-nous, par son intercession, qu'au milieu de l'agitation de ce monde nous sachions rester libres pour te suivre.