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Ste Catherine de Sienne, Vierge et docteur de l'Église.

(Sienne 1347 - Rome 1380)

L'une des plus grandes mystiques chrétiennes

Conseillère et critique des papes, son mysticisme leur apporta l'affection de son Italie natale.

Giacomo Benincasa, teinturier de Sienne, eut vingt-cinq enfants. Catherine était la plus jeune. Cette belle jeune fille se consacra à la piété, à la pénitence et refusa fermement de se marier, mal gré les supplications de ses parents. À seize ans, elle devint tertiaire dominicaine tout en vivant chez elle. Elle consacrait beaucoup de son temps à la prière et à la solitude. C'est alors que, pour la première fois, elle eut des visions certaines étaient divines elle voyait le Christ et des saints d'autres étaient diaboliques elles venaient en période d'aridité spirituelle.

 

· Soupçons et stigmates

Après cette période de préparation, elle commença à travailler dans un hôpital, s'occupant des patients atteints de lèpre ou de maladies graves. Elle attira peu à peu un groupe de disciples, mais l'attention portée à ses dons surnaturels n'avait pas que des avantages. Ainsi fut-elle tenue de comparaître une fois devant le chapitre général des dominicains à Florence et fut accusée d'être une simulatrice. Elle fut cependant acquittée.

Catherine et ses disciples voyagèrent beaucoup, demandant de répondre à l'amour de Dieu par le repentir, la conversion et l'engagement. On leur attribua des conversions spectaculaires. Afin de mieux faire connaître ses idées, Catherine, bien que simple et illettrée, dicta son Dialogue mystique et plusieurs autres ouvrages adressés au peuple.

En 1375, l'année où elle déclarait avoir reçu les stigmates au cours d'une extase, Catherine se lança dans la politique. Elle essaya sans succès de négocier la paix entre Florence et le pape. Elle convainquit Grégoire Xl de ramener sa cour d'Avignon à Rome l'année suivante. Et quand le Grand Schisme commença et qu'Urbain VI à Rome se trouva opposé à Clément Vil (en Avignon> qui avait la confiance de plusieurs souverains européens, Catherine écrivit à ces souverains, les exhortant a ne reconnaître qu'Urbain. Mais elle blâma aussi Urbain pour son insensibilité et sa dureté. Reconnaissant l'intégrité de Catherine, celui-ci l'invita à travailler pour lui et elle s'investit corps et âme pour lui obtenir des appuis.

Après une attaque de paralysie le 21 avril, elle succomba huit jours plus tard. Elle fut canonisée par le pape Pie Il en 1461. Son corps repose à Santa Maria Supra Minerva à Rome, près de celui de Fra Angelico. Elle fut déclarée docteur de l'Église par le Pape Paul VT en 1970.

Les artistes la représentent tenant un lys et un livre. Parfois elle porte une couronne d'épines.

Fête: 29 avril

Patronne de l'Italie.

DES DIALOGUES DE STE CATHERINE DE SIENNE

 

O Divinité éternelle, ô éternelle Trinité, par l'union de la divine nature tu as donné un Si grand prix au sang de ton Fils unique! Toi, éternelle Trinité, tu es comme un océan profond: plus j'y cherche et plus je te trouve; plus je trouve et plus je te cherche. Tu rassasies insatiablement notre âme car, dans ton abîme, tu rassasies l'âme de telle sorte qu'elle demeure indigente et affamée, parce qu'elle continue à souhaiter et à désirer te voir dans ta lumière, ô lumière, éternelle Trinité. J'ai goûté et j'ai vu avec la lumière de mon intelligence et dans ta lumière, éternelle Trinité, et l'immensité de ton abîme et la beauté de ta créature. Alors, j'ai vu qu'en me revêtant de toi, je deviendrais ton image, parce que tu me donnes, Père éternel, quelque chose de ta puissance et de ta sagesse. Cette sagesse est l'attribut de ton Fils unique. Quant au Saint-Esprit, qui procède de toi, Père, et de ton Fils, il m'a donné la volonté qui me rend capable d'aimer. Car toi, éternelle Trinité, tu es le Créateur, et moi la créature; aussi ai-je connu, éclairée par toi, dans la nouvelle création que tu as faite de moi par le sang de ton Fils unique, que tu as été saisie d'amour pour la beauté de ta créature. Abîme! Éternelle Trinité! Divinité! Océan profond! Et que pourrais-tu me donner de plus grand que toi-même? Tu es le feu qui brûle toujours et ne s'éteint jamais; tu consumes par ton ardeur tout amour égoïste de l'âme. Tu es le feu qui dissipe toute froideur, et tu éclaires les esprits de ta lumière, cette lumière par laquelle tu m'as fait connaître ta vérité. C est dans la foi, ce miroir de la lumière, que je te connais: tu es le souverain bien, bien qui surpasse tout bien, bien qui donne le bonheur, bien qui dépasse toute idée et tout jugement; beauté au-dessus de toute beauté, sagesse au-dessus de toute sagesse: car tu es la sagesse elle-même, tu es l'aliment des anges qui, dans l'ardeur de ton amour, s'est donné aux hommes. Tu es le vêtement qui couvre ma nudité, tu nourris les affamés de ta douceur, car tu es douce, sans nulle amertume, ô éternelle Trinité. O abîme de la sagesse et de la science de Dieu, insondables ses décrets, incompréhensibles ses voies! Mystère de Dieu, mystère du Christ, où se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance. Dieu a voulu nous faire connaître la gloire de ce mystère au milieu des nations: le Christ parmi nous, l'espérance de la gloire.

Sans relâche, Catherine priait le Seigneur de rendre la paix à son Église, alléluia.

Catherine cherchait Dieu et le trouvait: elle était unie à celui qu'elle aimait, alléluia.

«A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun. »

Lettre au pape Urbain VI. (Sainte CATHERINE de Sienne)

Très saint et très doux Père dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus Christ, je vous écris avec le désir de vous voir le vrai et légitime pasteur et chef de vos brebis. Oui, très saint Père, quand vous avez à mettre des pasteurs dans le jardin de la sainte Église, que ce soit des personnes qui cherchent Dieu, et non les honneurs; et que le chemin qu'ils prennent pour arriver soit la vérité, et non le mensonge. O très saint Père, soyez patient quand on vous dit ces choses, parce qu'elles ne sont dites que pour l'honneur de Dieu et votre salut, comme doit le faire le fils qui aime tendrement son père il ne peut souffrir qu'on fasse une chose qui serait un tort ou une honte pour son père, et il veille toujours avec elle, parce qu'il sait qu'un père qui gouverne une grande famille ne peut voir plus qu'un homme, et qu'alors, Si ses enfants légitimes ne veillaient point à son honneur et à ses intérêts, il serait bien souvent trompé. Il en est ainsi pour vous, très saint Père : vous êtes le père et le seigneur de toute la chrétienté. Nous sommes tous sous les ailes de votre Sainteté. Votre autorité s'étend à tout; mais votre vue est bornée comme celle de l'homme, et c'est une nécessité que vos enfants voient et fassent, dans la sincérité de leur coeur et sans aucune crainte servile, tout ce qui est utile à l'honneur de Dieu, au vôtre, et au salut des brebis qui sont sous votre houlette.

Je sais que votre sainteté désire ardemment avoir des auxiliaires qui puissent lui servir, mais il faut pour cela les écouter avec patience.

 

Qui de nous ne détient pas une part d'autorité? Ce texte audacieux d'une humble tertiaire au Pape (datée de juillet 1378) ne nous incite-t-il pas à nous interroger sur le sens de la responsabilité de tous dans l'Église?

 

PRIÈRE

 

Seigneur, tu as enflammé de ton amour sainte Catherine de Sienne, que par le don de ta grâce, chacun de nous, à son rang, serve ton Église avec ardeur et fidélité.