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S. Charles Borromée, évêque

(Arona 1538 - Milan 1584)

Le modèle des prélats

Une figure clé de la Contre-Réforme, dont l'attachement au siège de Milan émut le peuple.

Charles, fils du comte Gilbert Borromée, naquit le 2 octobre dans le château familial d'Arona, sur le lac Majeur. Il reçut sa première instruction à l'abbaye bénédictine d'Arona avant de partir àParis et à Milan pour parfaire ses études. Malgré quelques difficultés d'expression, il se montra un élève travailleur et intelligent. À vingt-deux ans, titulaire d'un doctorat en droit civil et en droit canon, il fut nommé secrétaire d'État, administrateur de Milan et cardinal par son oncle, Pie IV il n'était pourtant pas prêtre. Comme la plupart de ses charges nécessitaient sa présence à Rome, Borromée nomma un suppléant pour gouverner Milan. Il remplit la fonction de légat pour Pie IV à de nombreuses occasions et, pour garder son rang dans la société, il employait de nombreux domestiques. Cela le gênait et il pensa un moment démissionner et devenir moine. On le convainquit d'attendre.

Pendant ce temps, il fut, parmi d'autres, l'artisan des décisions prises lors de la tenue finale du concile de Trente, qui fut suspendue en 1552. Son influence est nette dans certains décrets et réformes qui y furent pris, et particulièrement dans le Catéchisme romain à la rédaction duquel

il prit une grande part. En 1563, il fut ordonné et consacré évêque de Milan, mais il retarda son départ, s'estimant trop engagé dans les réformes du catéchisme et de la liturgie.

 

Les réformes à Milan

Enfin Pie V, successeur de Pie IV, l'autorisa à partit en 1566. En arrivant dans son diocèse, il constata la nécessité des réformes décidées à Trente. Il corrigea les règles morales et éducatives du clergé, vivant lui-même humblement et distribuant ses biens aux pauvres. Il réorganisa l'administration, fit des visites pastorales régulières et inventa l'école du dimanche pour l'éducation religieuse des laïcs. Il

fonda de nombreux séminaires comme celui du Collège suisse en 1570. La même année survint une famine, suivie six ans plus tard par la peste. Charles organisa l'aide aux victimes.

 

· Sa mort et son culte

Le zèle réformateur de Chartes lui suscita de nombreux ennemis, mais toutes les tentatives pour le faire abandonner, pour le faire partir et même pour l'assassiner échouèrent. Il continua de travailler sans relâche jusqu'à épuisement. Il succomba le 3 novembre, à quarante-six ans. Il fut enterré dans la cathédrale et canonisé en 1610. Il était aimé et respecté pour son amour du savoir et des arts, pour son humilité et sa bonté.

Fête: 4 novembre

HOMÉLIE DE S.CHARLES BORROMÉE PRONONCÉE À SON DERNIER SYNODE

Nous sommes tous faibles, je le reconnais, mais le Seigneur Dieu nous a donné des moyens où nous pouvons facilement trouver du secours Si nous le voulons. Voici un prêtre qui voudrait mener la vie irréprochable à laquelle il se sait obligé, qui voudrait être chaste et avoir la conduite digne des anges qui lui convient; mais il ne décide pas d'employer les moyens voulus: le jeûne, la prière, la fuite des relations mauvaises, des familiarités nuisibles et dangereuses. Cet autre, lorsqu'il entre au choeur pour la psalmodie ou lorsqu'il va célébrer la messe, se plaint de ce que mille pensées se présentent aussitôt à son esprit et le distraient de Dieu. Mais avant d'aller au choeur ou de célébrer la messe, qu a-t-il fait à la sacristie, comment s'est-il préparé, quels moyens a-t-il pris pour maîtriser son attention? Veux-tu que je t'enseigne comment progresser sans cesse de vertu en vertu et, Si déjà tu étais attentif au choeur, comment tu pourras l'être davantage une autre fois pour que tes hommages plaisent à Dieu encore plus? Écoute-moi bien. Si un petit feu d'amour divin est déjà allumé en toi, ne le montre pas tout de suite, ne l'expose pas au vent; garde fermée la porte du four, pour ne pas laisser perdre la chaleur. Cela veut dire: fuis, autant que possible, les distractions, demeure recueilli en Dieu, évite les conversations frivoles. Tu as la charge de la prédication et de l'enseignement? Etudie, applique-toi à tout ce qui est nécessaire pour bien exercer cette charge. Soucie-toi d'abord de prêcher par ta vie et tes moeurs; évite qu'en te voyant dire une chose et en faire une autre, les gens ne se moquent de tes paroles en hochant la tête. Tu as charge d'âmes? Ce n'est pas une raison pour négliger la charge de toi-même et pour te donner si généreuse-ment aux autres qu'il ne reste plus rien de toi-même pour toi. Tu dois te souvenir des âmes dont tu es le supérieur, sans t'oublier toi-même. Comprenez, mes frères, que rien n'est aussi nécessaire, pour des hommes d'Église, que l'oraison mentale qui doit précéder toutes nos actions, les accompagner et les suivre. Je chanterai, dit le Prophète, et je serai attentif. Si tu administres les sacrements, mon frère, pense à ce que tu fais; si tu célèbres la messe, pense à ce que tu offres; Si tu psalmodies au choeur, réfléchis à qui tu parles et à ce que tu dis; si tu diriges les âmes, songe au sang qui les a lavées; ainsi faites tout avec amour. C'est ainsi que nous pourrons vaincre facilement les innombrables difficultés que nous rencontrons nécessairement chaque jour. du fait de notre position. C'est ainsi que nous aurons la force d'engendrer le Christ en nous et chez les autres.

 

Ceux qui sèment dans les larmes, moissonnent en chantant.

Qui sème dans sa chair moissonnera de sa chair la destruction.

Qui sème dans l'Esprit moissonnera de l'Esprit la vie éternelle.

La chair ne sert de rien, c'est l'Esprit qui vivifie.

 

Maintiens dans ton peuple, Seigneur, l'esprit qui animait saint Charles Borromée ; ainsi Ion Eglise, sans cesse renouvelée et toujours plus fidèle à l'Évangile, pourra montrer au monde le vrai visage du Christ. Lui qui règne.