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Claire (Assise 1194 - 1253)

Fondatrice des clarisses

Née dans la noble famille Offreducto, Claire consterna ses parents quand elle refusa de se marier à douze ans, et les horrifia six ans plus tard quand, après avoir écouté un sermon de saint François, elle s'enfuit pour prendre le voile à Portioncule, renonçant à tous ses biens. François la confia aux bénédictines du couvent Saint-Paul à Bastia. Les efforts acharnés de sa famille pour la persuader de revenir à la maison se révélèrent inutiles, et même, peu de temps après qu'elle se fut retirée à Sant Angelo in Panso, Claire fut rejointe par sa jeune soeur Agnès, qui prit aussi le voile suivant l'idéal de saint François. On raconte que leur père envoya douze hommes pour ramener Agnès de force, mais les prières de Claire rendirent sa soeur si lourde qu'ils ne purent la déplacer.

· La communauté de la pauvreté

En 1215, François offrit à Claire une maison près de l'église Saint-Damien à Assise et elle devint l'abbesse de la première communauté de femmes vivant sous la règle de saint François, faite essentiellement de pauvreté et d'austérité. Après la mort de son père, sa mère la rejoignit, ainsi qu'une autre de ses soeurs, Béatrice, et des membres de la riche famille Ubaldini de Florence. Elle obtint une dispense spéciale du pape Innocent III qui lui permettait la pauvreté absolue sans la possession d'aucune terre ni d'aucun bâtiment et une vie faite uniquement d'aumônes.

L'ordre de Claire se développa rapidement en Europe (surtout en Espagne>. Différentes maisons acceptèrent un voeu de pauvreté modifié selon des formes acceptées par le pape Urbain IV en 1263 et permettant la possession de terres. Elles furent connues sous le nom d'« urbanistes ». Claire, de son côté, resta inflexible. Elle passa sa vie entière au couvent d'Assise, célèbre pour sa sainteté, ses heures de contemplation et sa sagesse. Elle fut la conseillère de nombreux princes de l'Église.

Après la mort de saint François elle continua à faite connaître son idéal. Elle sauva par deux fois Assise des armées de l'empereur Frédéric Il elles s'enfuirent à la vue de Claire tenant le Saint Sacrement du haut des murs de la ville. De nombreuses représentations la montrent tenant un ostensoir, ou piétinant un turban ou un cimeterre (les armées vaincues comptaient quelques Sarrasins dans leurs rangs). Après une vie difficile, Claire mourut en 1253 et fut canonisée deux ans plus tard par Alexandre IV. Son ordre fut réformé par sainte Colette au XV-e siècle.

Fête: 1l août

LETTRE À LA BIENHEUREUSE AGNÈS DE PRAGUE

Heureux celui qui obtient de participer au banquet sacré afin de s'unir du fond de son coeur à celui dont toutes les bienheureuses troupes du ciel admirent continuellement la beauté, dont l'amour est blessure et la contemplation nourriture, dont la bonté nous rassasie. dont la douceur nous enivre, dont le souvenir est une douce lumière, dont le parfum fait revivre les morts, dont la vue dans la gloire rendra bienheureux tous les citoyens de la Jérusalem d'en haut. Puisque cette vue est un reflet de la lumière éternelle, un miroir sans tache, regarde chaque jour ce miroir, o reine, épouse de Jésus Christ, pour y regarder continuellement ton visage ainsi tu pourras t'embellir tout entière, à 'intérieur et à l'extérieur, revêtir des habits brodés, te parer des ornements et des fleurs de toutes les vertus. comme il convient à la fille et à l'épouse très chaste du souverain Roi. Dans ce miroir resplendit la bienheureuse pauvreté, la sainte humilité. l'inexprimable charité, que tu pourras contempler, par la grâce de Dieu, comme dans un miroir parfait. Regarde donc comment ce miroir a commencé la pauvreté de celui qui a été déposé dans une mangeoire, enveloppé de langes. O étonnante humilité! O stupéfiante pauvreté! le Roi des anges, le Seigneur du ciel et de la terre est couché dans une mangeoire. Au centre du miroir, considère l'humilité, ou du moins la bienheureuse pauvreté, les labeurs et les peines innombrables qu'il a supportés pour la rédemption du genre humain. Et à l'extrémité de ce miroir, contemple l'inexprimable charité dont il a voulu mourir sur arbre de la croix, et y mourir du genre de mort le plus honteux. Ainsi ce miroir, placé sur le bois de la croix, avertissait les passants de considérer tout cela, en leur lisant : Vous tous qui passez sur le chemin, regardez et voyez, s'il est une douleur comparable à ma douleur. À celui qui crie et se lamente ainsi, répondons d'une seule voix, un seul esprit : Je m'en souviendrai toujours, et mon âme faillira en moi. Consume-moi donc de ce feu d'amour, toujours plus fortement, ô reine, épouse du roi céleste. Contemple aussi ses indicibles délices, ses richesses et ses honneurs sans fin ; et en soupirant à cause du désir et de l'amour intenses de ton coeur, proclame Entraîne-moi sur tes pas, courons à l'odeur de tes parfums, époux céleste. Je courrai sans m'arrêter, jusqu'à ce que tu m'introduises dans le cellier, que ton bras gauche soulève ma tête que ton bras droit m'étreigne pour mon bonheur et que tu me baises du baiser délicieux de ta bouche. Lorsque tu seras établie dans cette contemplation, souviens-toi de ta pauvre petite mère. Sache que moi-même j'ai inscrit ton cher souvenir ineffaçablement, sur les tablettes de mon coeur, car personne ne m'est plus cher que toi.

Pareille aux lis des champs que Dieu revêt de sa beauté, Claire a fleuri au grand Soleil; pure simplicité, elle chante et s'émerveille. Béni sois-tu, Seigneur, de m'avoir créée

Terre de vérité, l'Évangile m'a nourrie de sagesse profonde.