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Élisabeth de Hongrie (Saros 1207 - Marbourg 1231)

La reine qui servait tes mendiants

Élisabeth, l'une des saintes les plus aimées d'Allemagne, vécut une véritable tragédie.

Il fallait à la fille du toi André Il de Hongrie un mariage convenable. Il fut donc arrangé dès son enfance. C'est ainsi qu'Élisabeth fut envoyée, à l'âge de quatre ans, à la cour du landgrave Hermann 1-er de Thuringe, en tant que fiancée de son fils Louis (le futur Louis IV). Ce mariage, contracté pour raisons politiques, fut aussi un mariage d'amour, et quand il fut célébré dix ans plus tard, après la succession de Louis, il sembla être extraordinairement heureux. Les époux vécurent confortablement au château de Wartburg près d'Eisenach avec leurs trois enfants. Élisabeth construisit des hôpitaux, donna beaucoup aux pauvres et prit soin des nécessiteux, particulièrement des orphelins. Une sainte douleur

Le monde idyllique d'Élisabeth se brisa quand on lui apprit la mort de son mari parti à la croisade avec Frédéric Il, il avait attrapé la peste à Otrante. Elle avait vingt ans et fut désespérée, mais le pire était encore à venir, On dit que son beau-frère la chassa de Wartburg, en l'accusant de mal administrer les terres de son mari et de gaspiller son argent en oeuvres de charité. Alors elle assura l'avenir de ses enfants et se fit tertiaire de Saint François à Marbourg en Hesse (elle avait promis à son mari de ne jamais se remarier). Elle consacra ainsi le reste de sa vie à aider les pauvres.

Près de son humble maison, elle construisit un hôpital et y travailla sans relâche. Elle était menée par un directeur spirituel brutal, Conrad de Marbourg, qui avait appris auprès de l'Inquisition la discipline réservée aux hérétiques. Il lui imposa un régime rude et humiliant. Elle y ajoutait cependant une austérité qui lui était propre. Il lui ordonna même de se séparer des deux compagnes qui la suivaient depuis son enfance, les remplaçant par de rudes servantes. Il la giflait fréquemment et la battait.

Élisabeth refusa de retourner en Hongrie. Elle s'occupait des travaux ménagers, des vêtements des pauvres et de leur nourriture. Elle resta forte malgré le traitement sadique de Conrad (elle s'y épanouissait, disait-elle, comme l'herbe sous k pluie>. Mais sa condition physique se dégrada et elle mourut alors qu'elle n'avait que vingt-quatre ans. Elle fut canonisée peu après par Grégoire IX, en 1235, et l'année suivante ses reliques furent transférées à l'église Sainte-Elisabeth à Marbourg. Son tombeau était un lieu de pèlerinage populaire jusqu'à ce que le luthérien Philippe de Hesse y mît fin en 1539. L'histoire d'Élisabeth inspira beaucoup d'artistes.

Fête: 17 novembre  

LETTRE DE CONRAD DIRECTEUR SPIRITUEL DE STE ÉLISABETH

Élisabeth se mit alors à manifester ses vertus. Toute sa vie. elle avait été la consolatrice des pauvres; alors elle devînt entièrement le soutien des affamés elle ordonna que, près d'un château qui lui appartenait, on construisît un hôpital, où elle recueillit beaucoup de malades et d'infirmes. Là, à tous ceux qui demandaient l'aumône, elle distribua largement les bienfaits de sa charité ; et non seulement à cet endroit, mais encore dans tout le territoire placé sous la juridiction de son mari et elle épuisa si bien tous ses revenus, provenant des quatre principautés de son mari, qu'elle finit par vendre tous ses objets de luxe et tous ses vêtements de prix au profit des pauvres. Elle avait l'habitude de visiter personnellement tous ses malades deux fois par jour, le soir et le matin. Ainsi elle prenait soin elle-même des plus répugnants; elle nourrissait les uns, couchait les autres, en portait certains sur ses épaules et leur rendait beaucoup d'autres services de bienfaisance. Son mari, d'heureuse mémoire, n'a jamais manifesté de mauvaise volonté à cet égard. Enfin, après la mort de son mari, pour tendre à la plus haute perfection elle me demanda en pleurant de l'autoriser à mendier de porte en porte. Le jour du vendredi saint, comme les autels étaient dénudés, les mains posées sur l'autel d'une chapelle de sa ville, où elle avait logé des Frères Mineurs, en présence de quelques-uns d'entre eux, elle renonça à sa volonté propre, à toute vie mondaine, et à tout ce que le Sauveur dans l'évangile, nous a conseillé d'abandonner. Cela fait, voyant qu'elle pourrait être donnée par l'agitation du siècle et la gloire mondaine de cette terre, où elle avait brillamment vécu du vivant de son mari, elle me suivit malgré moi à Marbourg; là elle construisit un hôpital dans la ville, y recueillit les malades et les infirmes et accueillit à sa table les plus pauvres et les plus méprisés. Malgré ces oeuvres de la vie active, je le dis devant Dieu, j'ai rarement vu une femme plus contemplative. En effet, des religieux et des religieuses, comme elle sortait de l'oraison silencieuse, virent plus d'une fois son visage merveilleusement illuminé, et ses yeux rayonnant comme le soleil. Avant sa mort, j'entendis sa confession. Comme je lui demandais ce qu'il fallait faire de sa fortune et de son mobilier, elle répondît que tout ce qu'elle paraissait posséder encore appartenait aux pauvres. Elle me pria de le leur distribuer, excepté une tunique grossière qu'elle portait et dans laquelle elle voulait être ensevelie. Ces dispositions prises, elle reçut le corps du Seigneur. Puis, jusqu'à l'heure de vêpres, elle parlait fréquemment de ce qu'elle avait entendu de meilleur dans la prédication. Ensuite, en recommandant très pieusement à Dieu toutes les personnes présentes, elle expira très doucement, comme si elle s endormait.

 

Ses fils se lèvent pour la proclamer bienheureuse, et son mari pour faire son éloge.

EIle fait le bonheur des siens tous les jours de sa vie.

Elle étend ses mains sur le pauvre et tend les bras à l'indigent.

Force et dignité la revêtent, elle rit au jour qui vient.

Dieu qui as donné à sainte Élisabeth de Hongrie de connaître et de vénérer le Christ dans les pauvres, accorde-nous de servir avec une inépuisable charité ceux qui sont dans le besoin et l'affliction.