Etienne de Muret (Thiers 1045/1050 - Muret 1124)
L'ermite d'Auvergne
Son exemple permît la fondation d'un ordre religieux d'une grande sévérité.
Fête: 8 février
Etienne naquit de parents nobles. Dès son jeune âge il fut emmené dans le sud de l'Italie chez un parent, Milon, archevêque de Bénévent, pour y être éduqué et formé à la vie religieuse. Sans doute y rencontra-t-il d'austères ermites calabrais, nombreux à cette époque. Il fit aussi un séjour de quatre ans à Rome, où il demanda au pape Grégoire VII d'approuver sa volonté de mener une vie semblable à celle de ceux qu'il avait connus en Calabre. Il revint en Auvergne. Il était diacre, il ne sera jamais prêtre.
Cherchant un lieu de solitude, il décida de se fixer vers 1076 à Muret. Son ermitage était situé à quatre cents mètres d'altitude, près du bourg d'Ambazac où existe un prieuré de bénédictins. Il y vécut en ermite pendant quarante-six ans : il cultivait des céréales, portait un cilice,
dormait peu et à même le sol. Il priait surtout, méditant, psalmodiant, se prosternant. Pourtant, cette vie sainte et recluse se fit connaître. Des disciples accoururent, humbles et notables. Ils lui apportèrent des offrandes, écoutaient sa parole qu'ils faisaient entendre dans le monde, jusqu'à ce que deux cardinaux de passage à Limoges apportent la caution officielle de l'Église à la vie qu'Etienne menait.
Un ordre érémitique
Quelques jours plus tard, il mourait, mais son rayonnement ne faisait que commencer. Autour d'Hugues Lacerta, des disciples se regroupèrent. Ils montèrent un peu au-dessus de Muret, à Grandmont, pour ne pas être influencés par les bénédictins tout proches. Ils y menèrent une vie strictement érémitique. Vers 1150-1160, le quatrième prieur, Etienne de Liciac, s'inspirant des exemples et des enseignements du fondateur, établit une règle d'une grande sévérité : pas de propriétés, pas de bétail, pas de revenus fixes, pas le droit de se plaindre. Les frères convers possédaient toute autorité d'ordre temporel, le domaine du prieur n'était que d'ordre spirituel.
En 1166, une grande église est élevée à Grandmont pour recevoir les restes d'Étienne de Muret. L'expansion de l'Ordre fut rapide au cours du XII-e siècle. Il y eut plus de cent cinquante maisons en France et en Angleterre. Mais dès 1185, les dissensions commencèrent les frères convers, détenteurs du pouvoir temporel, se révoltèrent et provoquèrent des interventions papales qui supprimèrent partiellement l'originalité de la règle grammontaine. Un regain de vitalité se manifesta au XVII-e siècle grâce à l'appui de Richelieu. Mais la suppression, au XVIII-e siècle, de ce qui restait d'originalité à l'ordre amena sa disparition complète. Les bâtiments de Grandmont furent détruits en 1817.