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François d'Assise (Assise 1181 - 1226)

Le Poverello

Aujourd'hui présenté comme l'ami des animaux, François fut d'abord un homme impétueux, idéaliste, et un fondateur d'ordre.

Fête: 12 août Patron des marchands, des animaux, des sociétés protectrices des animaux et de l'écologie.

Le Cantique des créatures

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes les créatures, spécialement messire le frère soleil, qui tait le jour et par qui tu nous éclaires : et il est beau et rayonnant avec grande splendeur de toi, très haut, il porte signification. Loué Sois-tu, mon Seigneur, pour soeur-lune et les étoiles:

dans les cieux tu les as formées, claires, précieuses, belles. Loué sois-tu pour frère vent et pour l'air et le nuage et le ciel clair et tout temps...~

Tandis que Pietro di Bernardone, riche marchand de soie d'Assise, était en voyage d'affaires en France, sa femme accoucha d'un garçon qu'elle baptisa Giovanni. À son retour, le père insista pour qu'il soit renommé François, le Français ~, parce qu'il était en France lors de sa naissance et que sa mère était originaire de Provence.

 

Sa conversion

Le jeune Français voyagea assez tôt avec son père, mais il était surtout le chef d'une joyeuse compagnie de jeunes fêtards. Il fut fait prisonnier en 1202 lors de la guerre qui opposait Assise à Pérouse. Il demeura un an captif et tomba gravement malade après sa libération: ce fut une expérience importante. En 1205, il retourna au combat, et à son retour à Assise, le jeune homme n'était plus le même : sérieux et recueilli, il entra dans la petite église en ruine de Saint-Damien et, pendant qu'il priait, il eut une vision du Christ qui lui ordonna : « Répare ma demeure, qui tombe en décrépitude. Français commença aussitôt à collecter de l'argent pour payer la reconstruction. Il vendit même une balle de tissu de l'entrepôt de son père. Une dispute entre le père et le fils s'ensuivit et Français décida de renoncer à son héritage, jeta les vêtements qu'il portait et partit épouser « Dame Pauvreté

Mendiant à travers la ville, il réunit assez d'argent pour finir les travaux. Alors il vécut comme un clochard sans biens, sans logement, occupant son temps à soigner les malades et à prêcher. En quelques années, il s'attira quelques disciples. Ils s'installèrent près de la chapelle Portioncule, là où vivait une communauté de lépreux pauvre et catholique orthodoxe. Ils étendirent leur prédication dans toute la région et gagnèrent peu à peu le respect des habitants. Leur volonté d'atteindre le

bonheur par la pauvreté étonnait et lançait à tous une sorte de défi, de même que leur vie communautaire et leur solidarité. N'ayant pas beaucoup de livres, les frères étudiaient peu, ils recherchaient plus la simplicité que les connaissances. Ils étaient connus sous le nom de frères mineurs », signe de leur humilité. Français prononça ses voeux auprès du chanoine Pierre de Catane, le 16 avril 1209, et la communauté se fit connaître sous le nom d'ordre des Franciscains. L'année suivante, la règle simple de Français fut approuvée oralement par le pape Innocent III.

· La mission

En 1212, Français sentit qu'il fallait étendre son activité missionnaire. Il fonda les Pauvres Dames avec sainte Claire, une communauté de femmes vivant sous sa Règle, puis il partit vers l'Orient. Il voulait convertir les Sarrasins, mais un naufrage l'en empêcha. Il fit une nouvelle tentative l'année suivante mais il tomba gravement malade en Espagne et fut forcé de revenir en Italie. Enfin, en 1219, il s'embarqua avec un petit, groupe de frères pour la Palestine et l'Égypte, rencontra le sultan Malek al-Kamel dans la ville assiégée de Damiette. Le sultan, malgré la forte impression que fit sur lui Français, refusa de se convertir. Celui-ci fit peu après un pèlerinage en Terre Sainte, désappointé qu'il était par son échec et ayant perdu ses illusions sur les croises qui s'étaient révélés, non de saints guerriers, mais des aventuriers débauchés.

Les épisodes de la vie de saint François ont fréquemment décoré les églises depuis le x e siècle.

L'essor de l'ordre

A ce moment, le nombre des religieux avait augmenté dans des proportions considérables, les fondations s'étaient multipliées en dehors de l'Italie et des mouvements surgissaient pour adoucir la dureté de la règle originale trop simple.

François réunit le premier chapitre général à la Portioncule en 1219 pour essayer d'organiser son ordre. Cinq mille frères étaient présents ainsi que cinq cents postulants. Reconnaissant son incompétence d'administrateur, François démissionna et confia au cardinal Hugolin la protection de ses idéaux et au frère Elias de Cortone la direction de l'ordre.

Afin de mettre en forme les concessions qu'il avait dû faire à contrecoeur, mais dont il reconnaissait la nécessité, il écrivit deux nouvelles règles, plus détaillées et plus pratiques. La seconde fut remise au pape Honorius III, reçut son approbation en 1223 et est toujours en vigueur aujourd'hui. Il élabora aussi des lignes de conduite pour les tertiaires, hommes et femmes qui souhaitent vivre suivant les principes de l'ordre sans quitter la vie laïque.

En 1223, il prêcha à nouveau, en Égypte, devant le sultan qui fut Si ému qu'il lui promit d'améliorer les conditions de détention des prisonniers chrétiens et offrit à François et à ses compagnons le privilège de gardiens du Saint-Sépulcre.

Les dernières années

A la fin de sa vie, François construisit la première crèche à Greccin en 1223, coutume qui se perpétue encore aujourd'hui. Dans les montagnes de l'Alverne, en 1224, il reçut les stigmates du Christ crucifié mais il les cacha jusqu'à sa mort. Enfin, presque aveugle, il endura d'intenses souffrances dues à la fois à la maladie et aux efforts des médecins pour le guérir.

Il mourut à l'âge de quarante-cinq ans à la Portioncule, fut enterré à Saint Georges et canonisé par Grégoire IX, l'ancien cardinal Hugolin. Ses reliques furent transférées à la nouvelle basilique construite en 1230 et décorée par Giotto. Sa dépouille repose aujourd'hui dans un tombeau modeste, construit en 1931.

L'ordre fondé par François subit de nombreuses crises. Il se divisa maintes fois, ses disciples se disent franciscains, capucins, conventuels, observants.

Mais François est resté populaire. Il est aimé pour sa pauvreté, son amour de la nature, son amitié avec les animaux.

FRANÇOIS d'ASSISE

HYMNE

Béni sois-tu, ô Seigneur, pour notre soeur la terre: tu l'as faite solide et bonne, tu en as fixé toutes les mesures; tu as posé sa pierre angulaire dans le concert des astres du matin, et tu nous l'as confiée pour que nous la rendions habitable.

Béni sois-tu et loué pour notre frère soleil: c'est toi qui lui commandes. il brille sur les bons, sur les méchants; tu indiques sa place à l'aurore, elle dissipe les peurs de la nuit, et le monde se colore à nouveau dans la clarté de ton visage.

Béni sois-tu et loué pour notre soeur la mer: tes doigts l'ont retenue quand elle jaillit du chaos primordial; tu l'habilles d'un voile de nuages, tu en connais les salines cachées; tu lui parles, elle se tait; toi seul peux mater sa puissance.

 

 

LETTRE DE S. FRANÇOIS À TOUS LES FIDÈLES

 

A tous les chrétiens, religieux, clercs et laïques, hommes et femmes, à tous ceux qui habitent dans le monde entier, le frère François, leur serviteur et leur sujet: hommage et respect, vraie paix du ciel et sincère charité dans le Seigneur. Puisque je suis le serviteur de tous, je suis tenu de me mettre au service de tous, et de me faire le ministre des paroles pleines de parfum de mon Seigneur. C'est pourquoi, considérant en moi-même que je ne puis, à cause des maladies et de la faiblesse de mon corps, aller vous visiter tous et chacun, je me suis proposé de vous adresser la présente lettre et ce message, pour vous rapporter les paroles de Notre Seigneur Jésus Christ, qui est la Parole du Père, et les paroles du Saint-Esprit, qui sont Esprit et Vie. Ce Verbe du Père, Si digne. Si saint et Si glorieux, le Père très haut en annonça la venue. par son saint archange Gabriel, à la sainte et glorieuse Vierge Marie, du sein de laquelle le Verbe reçut vraiment la chair de notre humanité fragile. Lui qui était riche plus que tout, il a voulu choisir, avec sa bienheureuse Mère, par-dessus tout, la pauvreté. Proche de sa Passion, il célébra la Pâque avec ses disciples. Ensuite il pria son Père en disant: Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi! Cependant, il mit sa volonté dans la volonté de son Père. en disant: Père, que ta volonté soit faite, non comme je veux, mais comme tu veux!

Or, la volonté du Père fut que son Fils béni et glorieux, qu'il nous a donné et qui est né pour nous, s'offrît lui-même par son propre sang, en sacrifice et en victime sur l'autel de la Croix; non pour lui-même, par qui toutes choses ont été faites, mais pour nos péchés, nous laissant un exemple afin que nous suivions ses traces. Il veut que tous nous soyons sauvés par lui, et que nous le recevions d'un coeur pur et dans un corps chaste.

Qu'ils sont heureux et bénis, ceux qui aiment le Seigneur et font ce qu'il dit lui-même dans l'Évangile: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur et de toute ton âme, et ton prochain comme toi-même. Aimons donc Dieu et adorons-le avec pureté de coeur et d'esprit, car c'est là ce qu'il cherche par-dessus tout quand il dit: Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car tous ceux qui l'adorent doivent l'adorer en esprit et en vérité. Adressons-lui des louanges et des prières, jour et nuit, en disant: Notre Père qui es aux cieux. Car il nous faut toujours prier et ne cesser jamais. En outre,faisons de dignes fruits de pénitence. Puis aimons notre prochain comme nous-mêmes. Ayons donc charité et humilité: faisons des aumônes, car elles lavent les âmes des souillures de leurs péchés. En effet. les hommes perdent tout ce qu'ils laissent en ce monde ; tandis qu'ils emportent avec eux le prix de leur charité et les aumônes qu'ils ont faites: ils en recevront de Dieu la récompense et la digne rémunération. Nous ne devons être ni sages ni prudents selon la chair; mais nous devons plutôt être simples, humbles et purs.

Jamais nous ne devons désirer d'être au-dessus des autres; mais nous devons plutôt être serviteurs et soumis a toute créature humaine à cause de Dieu. Tous ceux qui agiront ainsi et persévéreront jusqu'à la fin. l'Esprit du Seigneur reposera sur eux et fera en eux habitation et demeure, et ils seront fils du Père céleste dont ils font les oeuvres: et ils seront époux, frères et mères de Notre Seigneur Jésus Christ.

La joie parfaite. (Saint FRANÇOIS d'Assise)

Un certain jour d'hiver, le bienheureux François venait de Pérouse à Sainte-Marie des Anges. Frère Léon l'accompagnait. Ils avaient beaucoup souffert du froid. Le bienheureux François fit ligne au frère Léon qui marchait devant lui et lui dit: « O frère Léon, lors même que les frères mineurs donneraient par toute la terre bon exemple de sainteté et édification, note bien et retiens que ce n'est pas la joie parfaite. » Et après avoir marché un peu, il l'appela encore et lui dit : « O frère Léon, même si le Frère Mineur rendait la vue aux aveugles, redressait les perclus, chassait les démons,... Si le Frère Mineur Savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Écritures, en sorte qu'il sût prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais aussi les secrets des consciences... même Si le Frère Mineur parlait la langue des Anges, et savait le cours des étoiles et les vertus des herbes, Si tous les trésors de la terre lui étaient révélés... alors que le frère Mineur saurait Si bien prêcher qu'il convertirait tous les infidèles à la foi du Christ, écris que là n'est pas la joie parfaite. » Après avoir subi cette manière de parler pendant deux bons milles, frère Léon, pénétré d'étonnement, demanda : « Père, je te prie de la part de Dieu de me dire où est la joie parfaite. Et Saint François lui répondit : « Quand nous arriverons à Sainte-Marie des Anges, trempés de pluie, glacés de froid, souillés de boue, épuisés de faim, nous frapperons à la porte du logis, et le portier viendra irrité et dira : Qui êtes-vous ? et nous dirons : Nous sommes deux de vos frères. Lui répondra : Vous ne dites pas la vérité, vous êtes plutôt deux ribauds qui allez trompant le monde, et volant les aumônes des pauvres; passez votre chemin. Et il ne nous ouvrira pas et nous laissera dehors dans la neige et l'eau, avec le froid et la faim jusqu'à la nuit. Alors Si nous Supportons patiemment et sans trouble et sans murmurer contre lui tant d'injures et de cruautés et tant de rebuffades, Si nous pensons charitablement et humblement que ce portier nous connaît vraiment et que c 'est Dieu qui le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. Et Si nous persévérons à frapper, il sortira très en colère, et nous chassera comme des vauriens importuns avec des outrages et des soufflets en disant : Partez d'ici, vils larrons, allez à l'hôpital, car ici on ne vous donnera ni le pain ni le gîte. Et Si nous supportons cela patiemment, avec allégresse et bel amour, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. Et si, contraints pourtant par la faim, par le froid et par la nuit, nous frappions et appelions, et priions pour l'amour de Dieu avec beaucoup de larmes, qu'on nous ouvre et nous laisse entrer, le portier de plus en plus courroucé dira : En voilà des vauriens importuns; je vais les payer comme ils le méritent. Il sortira avec un bâton noueux, nous saisira par le froc, nous jettera à terre, nous roulera dans la neige et nous frappera, noeud par noeud, avec son bâton Si nous endurons toutes ces choses patiemment et avec allégresse en pensant aux souffrances du Christ béni et que nous devons tout supporter pour son amour, ô frère Léon, écris que c'est cela qui est la joie parfaite. Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon. Au-dessus de toutes les grâces et dons de l'Esprit Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même et d'endurer volontiers pour l'amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités. Attendu qu'en tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons pas nous glorifier, car ils ne sont pas de nous, mais de Dieu comme le dit l'Apôtre Qu'as-tu que tu n'aies reçu de Dieu ? Et Si tu l'as reçu de lui, pourquoi t'en glorifier comme Si tu le tenais de toi-même? Mais dans la croix de la tribulation et de l'affliction, nous pouvons nous glorifier, parce que cela est à nous; c'est pourquoi l'Apôtre dit : Je ne veux point me glorifier, sinon dans la Croix de notre Seigneur Jésus Christ. Auquel soit toujours honneur et gloire dans tous les siècles des siècles. Amen.

PRIÈRE

Dieu qui as donné à saint François d'Assise de mener une vie humble et pauvre, toute à l'image du Christ; Fais-nous emprunter les mêmes chemins pour suivre ton Fils et vivre unis à toi, pleins de joie et de charité.