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 François Xavier (Javier, Navarre, 1506 - San-chian 1552)

L'apôtre des Indes

Après saint Paul, François est probablement le plus grand missionnaire de l'histoire de l'Église catholique.

Fête: 3 décembre Patron des missions étrangères.

Né d'une riche famille basque espagnole, Francisco de Jaso, dit François Xavier partit étudier à l'université de Paris. Il y rencontra Ignace de Loyola et devint son ami. Avec cinq autres compagnons, ils furent les premiers jésuites, prononcèrent les voeux monastiques à Montmartre en 1534 et furent ordonnés prêtres ensemble trois ans plus tard à Venise.

Mission en Asie

François visita Rome en 1538. Deux ans plus tard, le pape ayant approuvé officiellement les statuts de la Compagnie de Jésus, il fut envoyé avec Simon Rodriguez dans les Indes orientales. C'était la première des innombrables missions jésuites à venir. Le voyage dura treize mois. A son

arrivée, il s'installa à Gesa et entreprit d'amener à plus de moralité des catholiques portugais renommés pour leur cruauté et leur laxisme. Ayant travaillé ainsi plusieurs mois à donner une meilleure image de la chrétienté, il vécut sept ans chez les paysans en Inde, à Ceylan et en Malaisie. Il partagea leur style de vie et réussit à évangéliser les castes les plus basses, mais il eut peu d'impact sur les brahmanes. Son succès le plus grand fut parmi les Patavas de l'Inde du Sud, qui s'accrochèrent avec ténacité à leur foi chrétienne pendant des siècles.

Vers 1548, il partit vers l'Orient, au Japon. Il écrivit et traduisit un catéchisme se rendit à Hirado, puis à Yamaguchi et dans la capitale, Miyakonojo. Il y eut malheureusement peu de succès. Retournant à Yamaguchi, François décida d'obtenir l'appui royal : il abandonna ses haillons, révéla sa nationalité portugaise et obtint la protection et le soutien financier du souverain. À son départ, il avait converti deux mille personnes, dont beaucoup subirent le martyre lors des persécutions qui suivirent.

Après être revenu pour un bref séjour à Goa, François s'embarqua pour un dernier voyage, une mission rêvée la Chine. Il n'en atteignit jamais que les rivages. Sur l'île de San-chian, près de Canton, où il attendait le bateau qui devait le déposer secrètement sur les plages de Chine, il tomba malade et mourut. Il n'y avait à ses côtés qu'un jeune Chinois chrétien de Goa, Antoine. Son corps rapporté à Goa dans une caisse de chaux vive repose encore aujourd'hui dans un tombeau où il testa longtemps intact. Ce tombeau est devenu un lieu de pèlerinage très populaire.

François Xavier fut canonisé en 1622 et déclaré patron des missions étrangères par Pie XI en 1927. Des écoles missionnaires dans le monde entier lui sont dédiées.

François-Xavier (1506-1552) fut l'un des premiers compagnons d'lgnace de Loyola.

Désigné pour la mission des Indes portugaises (1541), il annonça le Christ en Inde, a Ceylan, aux Mainques, au Japon. Il mourut aux portes de la Chine, brûlé d'une passion pour la gloire de Dieu et le salut des hommes, qu'il aurait voulu communiquer à tous les chrétiens. Voici son écrit:

Nous sommes allés à des villages de néophytes, baptisés voici peu d'années. Cette région n'est absolument pas habitée par les Portugais, car elle est très stérile et très pauvre. Les chrétiens indigènes, privés de prêtres, ne savent rien, sinon qu'ils sont chrétiens. Il n'y a personne pour leur célébrer les sacrements; personne pour leur enseigner le Symbole, le Pater, l'Ave Maria, ni les commandements de Dieu. Depuis que je suis venu ici, je n'ai pas arrêté: je parcourais activement les villages, je baptisais tous les enfants qui ne l'avaient pas encore été. Aussi ai-je régénéré un nombre immense de bébés qui, comme on dit, ne savaient pas distinguer leur droite de leur gauche. Quant aux enfants, ils ne me laissaient ni réciter l'office divin, ni manger ni me reposer tant que je ne leur avais pas enseigné une prière. Alors j'ai commencé à saisir que le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent. Aussi, comme je ne pouvais sans impiété repousser une requête aussi pieuse, en commençant par la confession de foi au Père, au Fils et à l'Esprit Saint, je leur inculquais le Symbole des Apôtres, le Pater noster et l'Ave Maria. J'ai remarqué qu'ils étaient très doués; s'il y avait quelqu'un pour les former à la foi chrétienne, je suis sûr qu'ils deviendraient de très bons chrétiens. Dans ce pays, quantité de gens ne sont pas chrétiens uniquement parce qu'il n'y a personne aujourd'hui pour en faire des chrétiens. J'ai très souvent eu l'idée de parcourir toutes les universités d'Europe, et d'abord celle de Paris, pour hurler partout d'une manière folle et pousser ceux qui ont plus de doctrine que de charité, en leur disant: «Hélas, quel nombre énorme d'âmes, exclu du ciel par votre faute, s'engouffre dans l'enfer! De même qu'ils se consacrent aux belles-lettres, s'ils pouvaient seulement se consacrer aussi à cet apostolat, afin de pouvoir rendre compte à Dieu de leur doctrine et des talents qui leur ont été confiés! Beaucoup d'entre eux, bouleversés par cette pensée, aidés par la méditation des choses divines, s'entraîneraient à écouter ce que le Seigneur dit en eux et, en rejetant leurs ambitions et leurs affaires humaines, ils se soumettraient tout entiers, définitivement, à la volonté et au décret de Dieu. Oui, ils crieraient du fond du coeur: «Seigneur, me voici; que veux-tu que je fasse? Envoie-moi n'importe où tu voudras, même jusque dans les Indes.»

 

Ouvriers de la paix, la moisson vous attend: pour réconcilier le monde, n'emportez que l'amour. À ceux qui vous accueillent, comme à ceux qui vous chassent, annoncez la nouvelle: Le Royaume de Dieu est là, tout près de vous.

Vous allez recevoir une force: l'Esprit Saint viendra sur vous.

Alors vous serez mes témoins jusqu'aux extrémités de la terre.

 

 

Tu as voulu, Seigneur, que la prédication de Saint François Xavier appelle à toi de nombreux peuples d'Orient; accorde à tous les baptisés le même zèle pour la foi et fais que ton Église se réjouisse d'avoir, partout dans le monde, de nouveaux enfants.

 

« Et voilà que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. »

 

Peu avant sa mort, survenue le 3 décembre 1552, François Xavier a débarqué à la petite île de Shang Chwan où commerçants chinois et portugais échangent leurs marchandises. Nous l'écoutons exposer ses projets dans une lettre du 22 octobre 1552

 

L'espérance missionnaire. (Saint FRANÇOIS XAVIER)

 

« Les Portugais se sont entremis avec complaisance pour voir Si quelque marchand de Canton accepterait de m'y transporter. Tous se sont excusés, car, disaient-ils, ils risquaient fort d'y perdre la vie et la fortune, Si le gouverneur de Canton venait à l'apprendre... Il a plu à Dieu notre Seigneur qu'un honorable marchand de Canton s'offre à m'y transporter, pour deux cents cruzados, dans une petite embarcation qui n'aurait d'autre équipage que ses fils et ses serviteurs... ainsi n'y aurait-il aucun marin pour dénoncer au gouverneur de Canton le marchand responsable de mon arrivée. Il s'est offert en outre à me tenir caché dans sa maison pendant trois ou quatre jours, puis à me déposer un jour avant l'aube à la porte de la ville, avec mes livres et autres affaires. De là, j 'irai immédiatement à la maison du gouverneur; je lui exposerai que nous sommes venus pour nous rendre auprès du roi de Chine, lui montrerai la lettre de Monseigneur l'évêque pour le roi de Chine dont nous sommes porteurs, et lui déclarerai que nous sommes envoyés par Son Altesse le roi de Portugal, exerçant la responsabilité que lui a confiée le Pape par l'institution du « patronat » pour prêcher la loi de Dieu. Le péril que nous courons est double, au dire des gens du pays. Le premier, c'est que notre transporteur, après avoir encaissé les deux cents cruzados, ne nous abandonne sur quelque île déserte ou ne nous jette à la mer, pour n'être pas dénoncé au gouverneur de Canton. Quant au second, c'est que, une fois parvenus à Canton et menés en présence du gouverneur, celui-ci n'ordonne de nous maltraiter ou de nous emprisonner, tant est inouïe notre démarche. De nombreux décrets interdisent en effet d'entrer en Chine sans une autorisation du roi, et le roi prohibe absolument la venue des étrangers sur son territoire.

Il existe d'autres périls, bien plus grands, qui passent inaperçus pour les gens du pays... En premier lieu, la perte de l'espoir et de la confiance en Dieu, quand c'est pour son amour et service que nous allons faire connaître sa loi et Jésus Christ, son Fils, notre Rédempteur et Seigneur, comme il le sait bien. Puisque, par sa sainte miséricorde, il nous a communiqué ces désirs, manquer maintenant de confiance en sa miséricorde et son

pouvoir, vu les périls que nous pouvons courir pour son service, est un péril incomparablement supérieur aux maux que peuvent nous causer tous les ennemis de Dieu; Si cela importe à son plus grand service, Dieu nous gardera de tous les périls de cette vie, et sans son autorisation et permission, les démons et leurs ministres ne peuvent en rien nous nuire. Aussi bien, nous avons pour sécurité la parole du Seigneur: «Celui qui aime sa vie en ce monde, la perdra; et celui qui la perdra pour Dieu, la trouvera. » Et cette autre, semblable : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière, n'est pas apte au Royaume de Dieu. »

Et moi, en quoi ai-je mis ma sécurité?

 « Dans la mesure où vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous. »

La mission suppose une délicate fidélité à Dieu. Elle exige un vrai discernement des motivations qui nous déterminent. Écrivant à des séminaristes qui se préparent à partir au Japon, François Xavier les provoque à cet examen et à cette authenticité (5 novembre 1549).

Réalisme spirituel du missionnaire. (Saint FRANÇOIS XAVIER)

 

Disposez-vous à acquérir une grande humilité. Avec toutes les forces que Dieu vous donne, travaillez à vous connaître intérieurement pour ce que vous valez, car de la défiance de soi-même naît la confiance en Dieu, la véritable confiance. Par cette voie, vous atteindrez à l'humilité intérieure dont, en tout pays, spécialement ici, vous avez davantage besoin que vous ne pensez. Veillez à ne pas vous appuyer sur la bonne opinion qu'on a de vous, Si ce n'est pour votre confusion. Je vous supplie de vous établir totalement en Dieu pour toutes vos affaires, sans vous fier à votre pouvoir ou savoir, ni à l'opinion humaine. À cette condition, je vous tiens pour armés contre toutes les grandes adversités spirituelles et corporelles, qui peuvent vous survenir. Les plus grandes peines que vous avez expérimentées jusqu'à présent, sont minces en comparaison de celles où vous vous verrez, vous qui viendrez au Japon. Croyez-moi, vous qui viendrez en ces régions, vous aurez occasion d'éprouver ce que vous valez. Je ne vous parle pas ainsi pour vous donner à penser qu'il est pénible de servir Dieu et que le joug du Seigneur n'est ni léger ni suave; car 51 les hommes se disposaient à chercher Dieu, et prenaient et embrassaient les moyens nécessaires à cette fin, ils trouveraient à le servir une telle suavité et consolation que toute répugnance sentie à se vaincre eux-mêmes leur serait facile à combattre. Je crains que l'ennemi n 'inquiète certains d'entre vous, en les faisant rêver d'oeuvres grandes et ardues pour le service de Dieu. Vous les feriez, suggère-t-il, si vous vous trouviez ailleurs que vous n'êtes actuellement. C'est une tentation claire, manifeste et commune à beaucoup de ceux qui désirent servir Dieu. À cette tentation, je vous supplie instamment de résister, car elle est si nuisible à l'esprit et à la perfection, qu'elle empêche d'aller de l'avant et conduit à rétrograder avec beaucoup de sécheresse et de désolation spirituelle. Croyez-moi, il y a bien des espèces de ferveurs, et pour mieux dire, de tentations. Entre autres, certains s'occupent à imaginer les moyens et les façons d'échapper à un petit bout de croix, sous couleur de piété et de zèle des âmes. Pour ne pas renoncer à leur volonté en exécutant ce que l'obéissance leur prescrit, ils désirent faire d'autres choses plus importantes, sans remarquer que Si l'on manque de vertu pour les petites choses, on en aura encore moins pour les grandes. En effet, quand ils se lancent dans des choses grandes et difficiles, avec peu d'abnégation et de force d'âme, ils en viennent à reconnaître leurs ferveurs pour des tentations, car ils se trouvent alors débiles.

Je crains - ce qui est possible - que certains ne viennent de Coïmbre avec ces ferveurs, et qu'au milieu des tempêtes de la mer ils ne souhaitent peut-être davantage se trouver dans la sainte Compagnie de Coïmbre que sur le bateau. Ainsi y a-t-il certaines ferveurs qui s'éteignent avant de débarquer en Inde. D'autres, une fois débarqués, à peine aux prises avec de grandes adversités, à peine mêlés aux infidèles, s'ils manquent de racines profondes, leur ferveur tombe. Habitant l'Inde, ils vivent du désir du Portugal. Il pourrait en aller de même pour vous. Voyez à quoi aboutissent les ferveurs qui jaillissent avant le temps, comme elles sont dangereuses Si elles ne reposent sur des bases solides! Je ne vous écris pas cela pour détourner vos coeurs des entreprises les plus ardues. Je le dis seulement pour que, dans les choses petites, vous vous montriez grands, que vous progressiez beaucoup dans la connaissance des tentations et de votre valeur propre, et que vous mettiez toute votre force en Dieu. Si vous persévérez dans cette voie, je ne doute pas que vous ne fassiez beaucoup de fruit dans les âmes, vivant dans la paix et la Sécurité partout où vous vous trouverez, et que vous ne croissiez continuellement en humilité et vie intérieure.

PRIÈRE

Tu as voulu, Seigneur, que la prédication de saint François Xavier appelle à toi de nombreux peuples d'Orient; accorde à tous les baptisés le même zèle pour la foi et fais que ton Église se réjouisse d'avoir, partout dans le monde, de nouveaux enfants. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu, qui règne avec toi et le Saint-Esprit,

maintenant et pour les siècles des siècles.