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Ste Françoise Romaine, religieuse (Rome 1384 - 1440)

La pieuse matrone

Elle lutta pour l'établissement d'une communauté religieuse agissant non à l'extérieur mais à l'intérieur de la société.

Née de riches parents chrétiens du Transtevere, Françoise Romaine voulait devenir religieuse dès l'enfance. Mais à l'âge de treize ans, elle se soumit à la volonté de ses parents et se maria avec Lorenzo Ponziani. Une fois mariée, elle se dévoua corps et âme à sa mission de femme au foyer et, en compagnie de Vanozza, la femme du frère de son mari, à des actions charitables à travers la ville. Les événements qui se déroulèrent à Rome durant cette période mirent à rude épreuve sa compassion : de multiples épidémies de peste et le déclenchement de la guerre civile rendirent plus lourde la tâche de Françoise et Vanozza dans les hôpitaux de la ville et auprès des pauvres.

Quand Ladislas de Naples prit Rome en 1408, les Ponziani et leurs biens furent réellement menacés. Ils avaient effectivement ouvertement pris parti pour le pape. Lorenzo fut obligé de s'enfuir et Françoise prit le gouvernement de la maison tout en gardant les activités charitables qu'elle refusait d'abandonner. Lorenzo revint en 1414 : ses biens avaient souffert et sa santé était chancelante. Françoise ajouta à ses responsabilités les soins à donner à son mari. Elle resta d'humeur égale face à d'autres tragédies familiales : son fils Evangelist mourut de la peste en 1401 et sa soeur Agnès mourut deux ans plus tard.

· La fondation

L'exemple de Françoise attira un grand nombre de Romaines qui s'appliquèrent à vivre une vie de charité au sein de la société plutôt que dans une communauté religieuse. En 1425, Françoise organisa ses disciples au sein d'une société qui, sans prononcer de voeux, suivait approximativement la règle de saint Benoît. Tout d'abord appelées les « oblates de Marie>, elles furent connues plus tard sous le nom d'« oblates de Tor de Specchi », puis devinrent une communauté associée aux bénédictines du mont Oliveto.

Lorenzo mourut en 1436. On dit que le couple ne se querella jamais en quarante années de mariage. Françoise entra dans la communauté qu'elle avait créée, en fut nommée supérieure et y vécut le reste de sa vie. Ses biographes lui attribuent de nombreuses expériences mystiques. La plus célèbre étant la vision d'un ange gardien qui l'aurait guidée pendant vingt-trois ans, invisible à toute autre personne. La maison Ponziani est devenue un centre de pèlerinage. Françoise fut canonisée en 1608 par Paul V et nommée patronne des automobilistes par Pie XI, peut-être en raison de l'ange gardien qu'elle voyait à ses côtés.

Fête: 9 mars

VIE DE STE FRANÇOISE ROMAINE

 

Dieu n'a pas éprouvé la patience de Françoise seulement dans les biens extérieurs de la fortune, il a voulu aussi l'éprouver dans son corps par les maladies longues et pénibles qu'elle eut à souffrir. Pourtant on n'a jamais observé en elle aucun mouvement d'impatience, aucun mécontentement des traitements parfois absurdes qu'on lui appliquait. Les morts précoces de ses enfants, qu'elle aimait tendrement, ont prouvé sa constance. Elle se soumettait toujours paisiblement à la volonté divine et rendait grâce de tout ce qui lui arrivait. Elle a supporté avec la même constance les propos de ceux qui disaient du mal d'elle, la critiquaient, décriaient sa façon de vivre. Elle ne manifestait même pas la plus légère aversion pour les personnes dont elle savait qu'elles pensaient ou disaient des choses fausses sur elle et sur ses affaires. Mais elle rendait le bien pour le mal, en priant Dieu continuellement pour elles. Dieu ne l'avait pas choisie afin qu'elle devînt sainte pour elle-même seulement, mais pour qu'elle fit servir les dons que Dieu lui avait accordés au salut spirituel et corporel de son prochain. C'est pourquoi il l'avait gratifiée d'une telle amabilité que tous ceux qui avaient affaire à elle se sentaient aussitôt saisis par son amour et son estime, et prêts à suivre tous ses avis. Ses paroles avaient une telle efficacité, due à la vertu divine, qu'il lui suffisait de peu de mots pour réconforter les coeurs attristés et souffrants, apaiser les inquiets, calmer les emportés, réconcilier les ennemis, éteindre les haines invétérées et les rancunes, arrêter assez souvent la vengeance méritée ou préparée; en un mot, elle semblait pouvoir diriger les sentiments de tous et les conduire où elle voulait. C'est pourquoi on recourait de toute part à Françoise comme à un refuge très sûr, et personne ne la quittait sans être réconforté. Et pourtant elle reprenait librement les péchés et châtiait hardiment tout ce qui était coupable et contraire à la volonté de Dieu. Diverses maladies, souvent mortelles et pestilentielles sévissaient à Rome. La sainte n'hésita jamais, au mépris du danger de contagion, à montrer une tendre miséricorde aux malheureux et aux indigents. Les ayant facilement découverts, elle les invitait d'abord, par sa compassion, à la pénitence. Ensuite, elle les secourait avec un dévouement inlassable, et les exhortait affectueusement à recevoir volontiers de la main de Dieu toutes leurs misères, et à les supporter pour l'amour de lui qui, le premier, en avait tellement subies pour eux. Françoise ne se contentait pas de soigner les malades qu'elle pouvait recueillir dans sa maison. Elle allait les chercher dans leurs cabanes ou dans les hôpitaux publics. Quand elle les avait trouvés, elle soulageait leur soif, faisait leurs lits, bandait leurs blessures. Plus leurs plaies étaient fétides et lui soulevaient le coeur, plus elle les traitait avec empressement et avec soin. Elle avait aussi l'habitude de se rendre dans le quartier du Campo Santo en apportant de la nourriture et des victuailles plus recherchées, pour les distribuer aux plus indigents. En revenant à la maison, elle rapportait des haillons et de pauvres vêtements pleins de saleté; après les avoir bien lavés et soigneusement raccommodés, comme s'ils devaient servir à son Seigneur lui-même, elle les repliait délicatement et les rangeait au milieu de parfums.

Françoise continua pendant trente ans ce service des malades et des hôpitaux, c'est-à-dire tant qu'elle vécut dans la maison de son mari. Elle allait fréquemment aux hôpitaux Sainte-Marie et Sainte-Cécile du Transtevere, à celui de San-Spirito-in-Sassia, le quatrième étant celui du Campo Santo. Et comme à cette époque d'épidémies il n'était pas seulement difficile de trouver des médecins pour le soin des corps, mais aussi des prêtres pour apporter aux âmes le remède nécessaire, elle allait les chercher et les amenait aux malades déjà préparés à recevoir les sacrements de pénitence et d'eucharistie. Et pour aboutir plus facilement à son gré, elle faisait vivre à ses frais un prêtre qui se rendait à ces hôpitaux et rendait visite aux malades qu'elle lui indiquait.

Seul l'amour porte un fruit de justice. Laissez l'amour poursuivre en vous son oeuvre jusqu'au jour de Jésus Christ. Ouvrez les yeux à la lumière de l'amour, vous serez purs et sans reproche au jour de Jésus Christ. Qui fait la volonté de mon Père, dît le Seigneur, sera mon frère, ma soeur et ma mère. Vous avez tout quitté et vous m'avez suivi, recevez le centuple: héritez la vie éternelle.

Tu nous as donné, Seigneur, en sainte Françoise Romaine un modèle de vie conjugale, puis de vie religieuse; garde-nous toujours fidèles à te servir afin que nous sachions te reconnaître et te suivre dans toutes les circonstances de notre vie.