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Gérard de Brogne (Stapsoul, Belgique, 898 - Brogne 959)

Le restaurateur d'abbayes

Au V-e siècle, en même temps qu'au Sud l'abbaye de Cluny entreprend une vaste réforme du système monastique, au Nord c'est Gérard de Brogne qui incarne le renouveau.

Fête: 3 octobre

Gérard naquit vers 898 à Stapsoul près de Lomme dans ta région de Namur. Il était fils de propriétaire, et peut-être neveu de l'évêque de Liège. Jeune homme de grande qualité, il servit avec honneur et compétence, par ses armes et ses conseils, le comte Béranger de Namur. Un jour, revenant de la chasse et passant près 4e l'église de Brogne, il y entra, demanda à entendre une messe et s endormit en attendant le prêtre. Dans un songe, il vit saint Pierre, se promenant dans la campagne, l'inviter à construire un oratoire et à y faire venir les reliques d'Eugène, évangélisateur de Tolède, ami de saint Denis et martyr à Paris. À son réveil, Gérard décida d'obéir à l'apôtre.

La translation des reliques de Paris à Brogne fut faite au mois d'août 919.

La bibliothèque

La bibliothèque de Brogne est une des rares bibliothèques monastiques dont nous avons conservé un catalogue antérieur à 1200. On y voit une cinquantaine de titres, surtout des livres scolaires qui permettent d'entrevoir le programme suivi dans l'école de l'abbaye. Celui-ci correspond à une forte classe de grammaire, de poésie et de rhétorique : on y apprend Cicéron, Térence, Virgile et Prudence dans des abrégés, des commentaires et les textes eux-mêmes on y découvre la philosophie et les mathématiques avec Aristote et Porphyre ; on y fréquente la littérature sacrée avec les Psaumes, le livre de Job et le Cantique des Cantiques; on y connaît les grands événements de l'histoire, des notions de physique, d'astronomie et de médecine à travers les livres de Bède le Vénérable ; on y côtoie les plantes avec les ouvrages de Aemelius Macer et d'Hippocrate.

 

 

revint avec quelques moines de Saint-Denis, fonda le monastère et y affecta les revenus de ses propriétés. Malgré sa volonté de vivre en ermite, Gérard devint l'abbé. Mais se sainteté avait déjà fait le tour du pays et le duc Cislebert de Lorraine l'appela pour réformer l'abbaye de Saint-Chislain. Il réussit à récupérer les terres perdues, à reconstruire l'abbaye et à restaurer la règle bénédictine. Son succès fut connu en Flandre.

 

· Guérir et réparer

Le comte Arnoul de Flandre souffrait de la gravelle. Il fit venir Gérard auprès de lui. Celui-ci le persuada de distribuer ses biens et de jeûner. La guérison vint. Le seigneur offrit alors à Gérard tout ce qu'il voulait et celui-ci réforma et rendit à leur gloire d'origine les monastères Saint-Pierre et Saint-Bavon de Gand. Cette réforme eut, pour finir, des répercussions à Clastonbury, à Cantorbéry et dans tous les monastères anglais, à Saint-Bertin, Saint-Riquier et Saint-Amand, puis Saint-Rémy de Reims, Jumièges, Fontenette et Saint-Wandrille.

Les restaurations de Gérard ne sont que des retours à l'esprit d'origine il répare les bâtiments, reconstitue les biens des monastères, édifie des bibliothèques, fait respecter la règle de saint Benoît, mais laisse les moines dans la dépendance des princes et conserve aux abbayes leur autonomie. Ce n'est pas la réforme clunisienne qui s'étendra au Sud, plus profonde, plus indépendante face au pouvoir temporel et plus collective.

Après toutes ces réformes, Gérard rentra à Brogne et y mourut le 3 août 959. Un siècle plus tard un moine de Saint-Chislain écrivit sa Vie. Il fut canonisé en 1131 par le pape Innocent Il.