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S. Hilaire, évêque et docteur de l'Église. (Poiriers vers 315 - vers 368)

Grand théologien, il fut le plus grand adversaire de l'arianisme en Occident.

Fête: 13 janvier

Né dans une famille riche et païenne, Hilaire commença dans la vie sans aucune ambition spirituelle. Il se prépara à la carrière d'orateur, se maria jeune et eut une fille nommée Afta. Pourtant, au cours de ses études, il fut amené irrésistiblement à accepter l'existence et la providence de Dieu. En 350, il se convertir au christianisme et fut baptisé. Trois ans plus tard environ, alors que sa femme était toujours vivante, il fut nommé évêque de Poitiers. Il défendit courageusement l'orthodoxie catholique contre l'hérésie arienne et refusa de participer au concile organisé par l'empereur Constance en 355 parce que tous les pères étaient tenus de signer la condamnation d'Athanase. Mais les ariens étaient influents et Hilaire fut condamné au synode de Béziers en 356 et exilé à Phrygie par Constance la même année.

L'exil ne réduisit pas Hilaire au silence. Au concile oriental de Séleucie, en 359, son argumentation contre l'arianisme fut Si convaincante que les ariens demandèrent à l'empereur de renvoyer en Gaule ce fauteur de troubles. En 360, l'allégresse générale l'attendait à son retour à Poitiers. Il entreprit une réforme et favorisa une grande stabilité dans son diocèse. La mort de Constance en 361 mit fin à la domination politique des ariens et, en 364, Hilaire s'attaqua publiquement et avec

force à l'évêque usurpateur arien de Milan, Auxence. Mais, à cause de l'opposition de l'empereur Valentinien, il ne put obtenir son éviction.

Ses oeuvres

La plupart de ses écrits visent l'arianisme et démontrent la nature divine du Christ, particulièrement le De Trinitate. Le De synodis traite de la pensée et de la pratique religieuse orientales. Il écrivit aussi des commentaires sur les Psaumes et sur l'Évangile de Matthieu. Il reconnut l'intérêt du chant, que les ariens employaient pour propager la doctrine, mais ses tentatives pour introduire des hymnes métriques échoua (elles n'étaient apparemment pas exécutables par les assemblées populaires). L'idée fut reprise par Ambroise. Le style d'Hilaire, avec ses phrases longues et compliquées, a été considéré par Jérôme comme obscur, mais ses trois discours à Constance qui nous sont parvenus montrent la farce et le courage avec lesquels il défendait l'orthodoxie. Il était considéré à son époque comme l'un des meilleurs théologiens de l'Église.

Il fut nommé docteur de l'Église par Pie IX. Les artistes le représentent souvent avec un enfant dans un berceau à ses pieds et il est connu comme le patron des enfants handicapés.

TRAITÉ DE S. HILAIRE SUR LA TRINITÉ

 

J'en ai conscience, Père, Dieu tout-puissant: c'est à toi que je dois consacrer l'occupation principale de ma vie. Que toutes mes paroles et mes pensées s'entretiennent de toi.

Car ce don de la parole que tu m'as accordé ne peut pas me rapporter un plus grand bienfait que celui-ci: te servir par la prédication et montrer qui tu es. Tu es le Père, celui du Fils unique de Dieu. Je dois le montrer soit au monde qui l'ignore, soit à l'hérétique qui le refuse. Ma volonté n'a pas d'autre raison d'être; du reste, je dois implorer la grâce de ton assistance et de ta miséricorde, pour que tu gonfles du souffle de ton Esprit les voiles déployées par notre foi et par notre profession de cette foi, et que tu nous pousses dans cette course de la prédication. Car il n'est pas infidèle à sa promesse, celui qui a dit:

Demandez, et l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. Étant pauvres, nous demanderons ce dont nous sommes dépourvus; nous fournirons un effort acharné pour scruter les paroles de tes prophètes et de tes Apôtres, nous frapperons à tous les accès d'une compréhension qui nous est fermée. Mais c'est à toi d'exaucer la demande, d'accorder ce qu'on cherche, d'ouvrir la porte fermée. En effet, nous vivons dans une sorte de torpeur, à cause de notre engourdissement naturel; nous sommes empêchés de comprendre tes mystères par une ignorance invincible due à la faiblesse de notre esprit. Mais le zèle pour ton enseignement fortifie notre perception de la science divine, et l'obéissance de la foi nous soulève au-dessus de notre capacité naturelle de connaître. Nous espérons donc que lu stimuleras les débuts de cette difficile entreprise, que tu la fortifieras par une réussite croissante, que tu l'appelleras à partager l'esprit des prophètes et des Apôtres: nous voudrions comprendre leurs paroles dans le sens où ils les ont prononcées et employer des termes exacts pour rendre fidèlement les réalités qu'ils ont exprimées. Car nous allons parler de ce qu'ils ont proclamé dans le mystère: toi, Dieu éternel, Père du Fils qui est éternellement Dieu; toi, l'unique à n'avoir pas eu de naissance, et l'unique Seigneur, Jésus Christ, né de toi par une naissance éternelle; il ne faut pas en faire un dieu de plus, à cause d'une diversité qui est réelle; on ne doit pas dire non plus qu'il n'est pas engendré de toi, qui es le seul Dieu; et il ne faut pas professer qu'il est autre chose que le vrai Dieu, lui qui est né de toi, le Père, qui es vrai Dieu. Accorde-nous donc le sens exact des mots, la lumière de l'intelligence, la noblesse du langage, l'orthodoxie de la foi; ce que nous croyons, accorde-nous de l'affirmer aussi. C'est-à-dire, puisque nous connaissons par les prophètes et les Apôtres un seul Dieu, toi, le Père, et un seul Seigneur, Jésus Christ, qu'il nous soit donné aujourd'hui, contre les hérétiques négateurs, de te célébrer comme étant Dieu, mais non un Dieu solitaire, et de prêcher ce Dieu sans commettre d'erreur.

Le Seigneur est toujours vrai quand il parle, toujours fidèle quand il agit.Le Seigneur viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru. Que Dieu vous rende dignes de son appel, que sa puissance mène à bonne fin le labeur de votre foi. Que le nom de notre Seigneur Jésus Christ soit glorifié en vous et vous en lui, selon la grâce de notre Dieu.

Accorde-nous, Dieu tout-puissant, de connaître et de proclamer la divinité de ton Fils, à la suite de l'évêque saint Hilaire qui sut la défendre sans jamais faiblir.