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Ignace de Loyola (Loyola 1491 - Rome 1556)

Le fondateur de la Compagnie de Jésus

Discipline spirituelle, éducation et activité missionnaire : tels sont les maîtres mots qui inspirèrent une armée de jésuites et transformèrent le monde.

Né de parents nobles, dans le château familial de la province basque de Guipuzcoa (aujourd'hui en Espagne). Inigo de Recalde de Loyola était le plus jeune de treize enfants. Il passa une partie de sa jeunesse comme page à la cour du roi Ferdinand le Catholique. Il reçut plus tard une formation militaire, mais sa carrière au service du duc de Nagara fut stoppée par une balle durant le siège de Pampelune en 1521. Sa jambe droite, cassée, fut mal remise elle dut être cassée à nouveau et remise en place une seconde fois. Cette expérience traumatisante laissa Ignace boiteux pour le restant de sa vie.

Sa conversion

Alors qu'il était en convalescence, Ignace entreprit de lire les vies du Christ et des saints. Elles l'impressionnèrent à un tel point qu'il se convertit à une vie purement chrétienne. En 1522, sitôt rétabli, il partit en pèlerinage à Monserrat, décida d'être soldat de Dieu et suspendit symboliquement son épée au-dessus de l'autel. Il vécut en prière et en pénitence pendant un an à Manresa, prenant soin des malades de l'hôpital avec dévouement. Comme il attirait l'attention, il dut, pour mener une vie de solitude et d'austérité, se retirer loin du monde. C'est alors qu'il commença à écrire ses célèbres Exercices spirituels, qui ne furent publiés qu'en 1548. Mais il ne connaissait toujours pas avec certitude la direction que prendrait sa nouvelle vie religieuse: il avait formé le plan de convertir les musulmans mais il en fut dissuadé par une communauté de franciscains qu'il rencontra lors d'un pèlerinage à Jérusalem.

En 1524, à son retour en Espagne, Ignace se mit à faire des études. Il apprit le latin, la philosophie et obtint un doctorat de lettres de l'université de Paris. Pendant ses études, il se lança dans un important travail d'évangélisation. Cela déconcerta les autorités espagnoles de la part d'un homme qui n'était pas prêtre. Il fut même une fois emprisonné pour hérésie. Il fut déclaré innocent et relâché, mais les autorités de l'époque, soucieuses de la pureté de la doctrine, lui intimèrent l'ordre de ne transmettre aucun message religieux pendant trois ans.

La Compagnie de Jésus

C'est à Paris qu'Ignace réunit le groupe d'étudiants (dont François Xavier faisait partie> qui pratiquèrent ses exercices spirituels ~, s'engagèrent à oeuvrer pour l'Évangile, se préparèrent à partir en mission en Palestine ou à suivre tout autre ordre dicté par le pape. Trois ans plus tard, en 1537, le groupe se réunit à Venise: tous avaient été ordonnés prêtres et, parce que la guerre les avait empêchés d'aller à Jérusalem, ils décidèrent de fonder un nouvel ordre religieux à Rome, un ordre particulièrement fidèle au pape Paul III. Leur plan sembla recevoir la bénédiction divine puisque Ignace eut une vision du Christ lui promettant le succès. Il était alors sur la route de Rome, emportant avec lui la règle du nouvel ordre et les termes de leurs voeux afin de les proposer à Paul III. Pour se consacrer plus efficacement à la charité, à l'enseignement et à l'évangélisation, le groupe prit la décision, révolutionnaire à l'époque, de se dispenser de la célébration chantée de l'office divin.

Ils reçurent l'approbation officielle de Paul III en 1540, et en 1541, le groupe prononça les voeux définitifs de la Compagnie de Jésus. Ignace était devenu, malgré ses réticences, supérieur général. Il passa le reste de sa vie à superviser, de Rome, le nouvel ordre. Celui-ci se distinguait par un engagement total, une obéissance absolue et une discipline spirituelle très sévère (l'ordre avait été créé comme une armée spirituelle). Dès le début, il s'engagea dans des activités missionnaires. François Xavier évangélisa infatigablement l'Extrême-Orient, puis des missionnaires jésuites se rendirent en Inde, en Amérique du Sud, en Afrique et ailleurs. Ils parvinrent en Angleterre en 1542, et se révélèrent influents dans la résistance catholique contre la Réforme avec des hommes tels qu'Edmond Campion ou Robert Southwell.

Les jésuites prirent une part active dans la Contre-Réforme catholique. Ils développèrent une éducation catholique de grande qualité dans leurs écrits et leurs collèges à travers toute l'Europe et formulèrent des arguments efficaces contre les doctrines de Luther et de Calvin, particulièrement avec Pierre Canisius en Allemagne. Ignace insista pour que cette action fût conduite dans un esprit de charité et de prière, que l'enseignement fût donné plus par l'exemple que par des discours acrimonieux. À Rome, Ignace fonda un établissement pour les filles perdues.

Sa mort et son culte

Ignace mourut de façon brutale à Rome le 31 juillet, il ne put recevoir l'extrême onction. Il laissa derrière lui un ordre composé de plus de mille membres, agissant dans neuf régions différentes d'Europe, ayant des missions dans le monde, et propageant une certaine vision de la réforme, de l'éducation et de la mission.

Il fut canonisé en T 622. De nombreuses églises et écoles lui sont dédiées. Ses Exercices spirituels eurent une grande influence sur des générations suivantes, tant protestantes que catholiques, et ils sont toujours observés aujourd'hui.

Fête: 31 juillet. Patron. des retraites et des exercices spirituels.

Le pèlerin. (Saint IGNACE de Loyola) Autobiographie.

La veille de la fête de Notre-Dame de mars, la nuit, en l'année 1522, il s'en fut, le plus secrètement qu'il put, chercher un pauvre, en trouva un, se dépouilla de tous ses vêtements et les lui donna. Puis il revêtit son costume désiré et s'en fut s'agenouiller devant l'autel de Notre-Dame et, tour à tour à genoux et debout, son bâton â la main, il passa la nuit entière. Au point du jour il partit, afin de ne pas être repéré, et non par le chemin direct de Barcelone où il aurait trouvé beaucoup de gens qui l'auraient reconnu et lui auraient rendu honneur, mais il gagna par un détour un village appelé Manrèse où il avait décidé de rester dans un hôpital quelques jours et de noter aussi certaines choses dans son livre qu'il conservait avec beaucoup de soin et dont il ne se séparait pas, tirant de ce livre grand réconfort. Et s'étant éloigné de Monserrat à la distance d'une lieue il fut rattrapé par un homme qui arrivait avec beaucoup de hâte sur ses traces et qui lui demanda Si c'était bien lui qui avait donné des vêtements à un pauvre ainsi que le disait ce pauvre. Il répondit que oui, et les larmes lui vinrent aux yeux de compassion pour ce pauvre à qui il avait donné ses vêtements; de compassion parce qu'il comprit que l'on tourmentait cet homme, croyant qu'il les avait volés. Mais, pour zélé qu'il se montrât à fuir l'estime, il ne put rester longtemps à Manrèse sans que les gens se missent à dire de grandes choses, leur opinion naissant de ce qu'il avait fait à Montserrat. Sa renommée aussitôt s'amplifia, et l'on disait bien plus qu'il n'y avait il aurait abandonné tant et tant de rente, etc.

 AUTOBIOGRAPHIE DE S. IGNACE RECUEILLIE PAR LOUIS CONSALVO

 

Ignace s'adonnait volontiers à la lecture de ces livres mondains et menteurs qu'on appelle romans de chevalerie. Se sentant dispos, il en demanda quelques-uns pour passer le temps. Mais dans toute la maison, on n'en trouva pas un seul de ceux qu'il avait coutume de lire; on lui apporta donc une Vie du Christ et un livre sur la vie des saints en espagnol. Il y faisait de fréquentes lectures et éprouvait un certain attrait pour ce qu'on y racontait. Quand il s'interrompait, il réfléchissait tantôt à ce qu'il avait lu, tantôt aux choses du monde qui, auparavant, retenaient habituellement sa pansée. Notre Seigneur cependant venait à son secours et, à ces pensées, en faisait succéder d'autres, nées de ses lectures. En effet, en lisant la vie de Notre Seigneur et des saints, il se prenait à penser et à se dire en lui-même: « Et Si je faisais ce que fit saint François et ce que fit saint Dominique? » Il songeait aussi à bien des choses qui lui paraissaient bonnes, et il envisageait toujours des entreprises difficiles et pénibles. A se les proposer, il avait le sentiment qu'il lui serait facile de les réaliser. Toutes ces réflexions revenaient à se dire: «Saint Dominique a fait ceci, donc je dois le faire ; saint François a fait cela, donc je dois le faire.» Ces considérations, elles aussi, duraient tout un temps puis d'autres occupations les interrompaient et les pensés mondaines évoquées plus haut lui revenaient à l'esprit; i' elles aussi il s'arrêtait longuement. Ces pensées si diverses se succédèrent longtemps en lui. Il y avait pourtant entre elles cette différence: à penser aux choses du monde il prenait grand plaisir, mais lorsque, par lassitude, il les laissait, il restait sec et mécontent ; au contraire, à la pensée de se rendre nu-pieds à Jérusalem, de ne manger que des herbes et de se livrer à toutes les autres austérités qu'il voyait pratiquées par les saints, non seulement il trouvait de la consolation sur le moment, mais il restait content et joyeux après l'avoir abandonnée. Il n'y faisait pourtant pas attention et ne s'arrêtait pas à peser cette différence, jusqu'au jour où ses yeux s'ouvrirent quelque peu et où il commença à s'étonner de cette diversité et se mit à y réfléchir. Son expérience l'amena à voir que certaines pensées le laissaient triste, d'autres joyeux, et peu à peu il en vint à se rendre compte de la diversité des esprits dont il était agité, l'esprit du démon et l'esprit de Dieu.

Telle fut sa première réflexion sur les choses de Dieu et plus tard, quand il fit les Exercices, c'est de là qu'il tira ses premières lumières sur la diversité des esprits.

 

Connaître le Christ, la puissance de sa résurrection, et la communion à ses souffrances. Pour lui, j'ai tout perdu, et je cours vers le seul but Lui, le premier, m'a saisi, de tout mon élan, je veux le saisir. Je désire connaître le Christ, la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances. Que sert à l'homme de gagner l'univers, s'il vient à perdre son âme? Tu fais grandir le désir de l'âme en alerte, l'espérance de servir, toute faiblesse offerte, le Dieu Saint qui travaille avec les siens. 

PRIÈRE

Pour ta plus grande gloire, Seigneur, tu as suscité dans ton Église saint Ignace de Loyola; Permets qu'avec son aide et à son exemple, après avoir combattu sur la terre, nous partagions sa victoire dans le ciel.