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S. Isidore, évêque et docteur de l'Église (Séville vers 560 - 636)

Le maître d'école du Moyen Âge

Son enseignement contribua à former les coeurs et les esprits de tous les étudiants du Moyen Âge.

La noble famille d'Isidore, habitant Carthage, eut la chance de comprendre de nombreux saints tels que ses frères et soeurs Léandre, Fulgence et Florentien. Isidore reçut son éducation surtout de son frère Léandre. Avec lui, il prit des habitudes de pensée qui le suivirent tout le long de sa vie cléricale.

· L'évêque de Séville

Vers 600, Isidore succéda à Léandre sur le siège épiscopal de Séville. Il y demeura trente-six ans. L'une de ses priorités était la conversion des Wisigoths ariens qu'avait déjà entreprise son frère. Il s'occupa aussi de la réorganisation de l'Église espagnole, réunissant de nombreux synodes et conciles. Les plus célèbres, présidés par Isidore lui-même, furent ceux de Séville en 619 et de Tolède en 633. Leurs canons allaient former la base de la loi constitutionnelle d'Espagne. Le résultat le plus visible de ces conciles fut le décret qui ordonna la formation d'une école cathédrale dans chaque diocèse. Cette innovation précédait de quelques siècles le décret similaire de Charlemagne. Dans ces écoles, il étendit la gamme des matières enseignées, incorporant la médecine, le droit et l'art. Isidore encouragea aussi le développement du monachisme en Espagne, et fut renommé pour son austérité et sa charité envers les pauvres. Il mourut à Séville le 4 avril.

· Oeuvres

Isidore est célèbre pour ses écrits. Les vingt livres de ses Étymologies sur l'origine de certaines choses sont une encyclopédie traitant de différents domaines. Elle est peut-être plus ambitieuse qu'exacte. Elle était populaire au Moyen Âge, mais sa contribution la plus durable au savoir est son Histoire des Goths, Vandales et Suèdes, aujourd'hui considérée comme la principale source d'information sur le sujet. Il écrivit aussi différentes biographies, des traités de théologie et d'astronomie, des règles monastiques et un résumé de la doctrine orthodoxe. Il rendit un service inestimable à l'Église et à l'Histoire en assemblant la liste des anciens décrets et lois de l'Église. Bède le Vénérable traduisait des passages de son De nature rerum (Sur les merveilles de la nature), quand il mourut. Isidore mit au point la liturgie mozarabe initiée par son frère. Ses oeuvres ont été considérées comme des lectures indispensables à tout clerc ou moine de l'époque. Dante le place avec Bède dans son Paradis. Isidore fut canonisé en 1598 et déclaré docteur de l'Église en 1722.

Fête: 4 avril

Patron ces fermiers.

DU LIVRE DES «SENTENCES», DE S. ISIDORE

 

La prière nous purifie; la lecture nous instruit. Si nous pouvons faire les deux, c'est bien. Si nous ne le pouvons pas, la prière vaut mieux que la lecture. Celui qui veut être toujours avec Dieu doit prier fréquemment et lire fréquemment. Car lorsque nous prions, c'est nous qui parlons avec Dieu; et lorsque nous lisons, c'est Dieu qui parle avec nous.

Tout progrès vient de la lecture et de la méditation. Ce que nous ignorions, nous l'apprenons par la lecture; ce que nous avons appris, nous - servons par la méditation. La lecture des saintes Écritures procure un double don: d'une part elle forme l'intelligence, d'autre part elle détache l'homme des vanités du monde et le conduit à aimer Dieu. La lecture comporte une double recherche: d'abord comment comprendre les Écritures? Ensuite, quelle utilité ou quelle dignité fait leur valeur? En effet, il faut d'abord vouloir comprendre ce qu'on lit; c'est ensuite qu'on est capable d'exprimer ce qu'on a appris.

Le lecteur courageux sera beaucoup plus disposé à accomplir ce qu'il lit qu'à rechercher la science. Il est en effet moins pénible d'ignorer ce que l'on désire savoir que de ne pas accomplir ce que l'on connaît. De même qu'en lisant nous désirons savoir, de même en connaissant devons-nous accomplir ce que nous avons appris de bien. Personne ne peut connaître le sens de l'Écriture sainte sans en avoir acquis la familiarité par une lecture fréquente, selon ce qui est écrit: Aime la sagesse et elle t'élèvera; elle te glorifiera si tu l'embrasses. Plus on fréquente assidûment la parole divine, plus on en comprend les richesses, de même que la terre, plus on la cultive, plus elle porte de riches récoltes.

Certains sont doués d'intelligence, mais négligent la lecture studieuse, et ce qu'ils auraient pu apprendre par la lecture, ils le laissent perdre par leur négligence. D'autres ont l'amour de la science mais sont retardés par leur lenteur d'esprit; cependant, grâce à une lecture assidue, ils finissent par savourer ce que de mieux doués ignorent par suite de leur paresse. De même que celui dont l'intelligence est lente reçoit cependant la récompense de son effort méritoire, de même celui qui néglige le don naturel de l'intelligence donnée par Dieu est condamnable parce qu'il a méprisé le don reçu: la paresse est un péché. Sans le secours de la grâce, l'enseignement a beau entrer dans les oreilles, il ne descend jamais jusque dans le coeur; il fait du bruit à l'extérieur mais sans aucun profit à l'intérieur. La parole de Dieu entrée par les oreilles parvient au fond du coeur lorsque la grâce de Dieu touche intérieurement l'esprit pour qu'il comprenne.

 

Louange au Père qui nous révèle les secrets du Royaume!

La Sagesse a mis ses délices à fréquenter les enfants des hommes.

Heureux ceux qui gardent ses voies, heureux ceux qui écoutent la Parole!

Qui enseigne aux hommes la justice resplendira aux siècles des siècles comme les étoiles dans le ciel. O bienheureux Isidore, maître de sagesse et docteur de l'Église, toi qui as cherché les volontés de Dieu, intercède pour nous auprès de lui.

Daigne exaucer, Seigneur, les prières que nous t'adressons en la fête de saint Isidore de Séville: que ton Église trouve en lui un défenseur après l'avoir écouté comme un maître spirituel.