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Jean-Baptiste (mort vers 30)

Le précurseur

La voix qui crie dans le désert, pour préparer la venue de Jésus.

Fête : 24 juin

Le père de Jean était Zacharie, un prêtre de Jérusalem, et sa mère, Élisabeth, était une parente de la Vierge Marie. Ils étaient tous les deux âgés au moment de la naissance de Jean. Celle-ci fut prédite par un ange à Zacharie alors qu'il officiait dans le Temple. Il était resté sceptique (Luc 1,5-23).

On n'en connaît pas plus sur Jean jusqu'à son apparition, vers 27, en prédicateur itinérant sur les bords du Jourdain, le fleuve dans lequel il baptisait ceux qui quittaient les villes voisines pour venir l'écouter (ceci est à l'origine de son association avec les stations thermales). Il vécut dans l'austérité, comme un prophète de l'Ancien Testament, dénonçant

le péché et exigeant le repentir. Parce que son message était « Rendre droit le chemin de Dieu" , il fut récemment adopté comme patron des autoroutes.

La venue de Jésus

Jésus vint pour être baptisé par Jean. Celui-ci le reconnut et vit le Saint-Esprit descendre sur lui sous la forme d'une colombe. Alors que la mission de Jésus commençait, celle de Jean diminuait. Il parlait pourtant toujours franchement et courageusement. H dénonçait l'hypocrisie des chefs religieux et reprochait à Hérode Antipas son mariage avec sa nièce Hérodiade. Il fut emprisonné et suivit, de sa cellule, le ministère de Jésus, envoyant, à l'occasion, des messagers chargés de demander à Jésus de confirmer s'il était bien le Messie.

Hérodiade cherchait à se venger et l'occasion se présenta quand sa fille Salomé, après une danse, obtint d'Hérode le cadeau qu'elle souhaiterait. À la demande de sa mère, elle exigea que la tête de Jean lui fût apportée sur un plateau. Hérode regretta sa promesse mais, trop fier pour ne pas la respecter, il dut s'exécuter. Jean fut décapité.

On pense qu'il fut enterré à Sébaste en Samarie, où existent les preuves d'un culte datant du IV-e siècle. Mais la tombe fut détruite par Julien l'Apostat. Jean a toujours été un saint parmi les plus populaires il est aimé des moines pour sa vie austère et solitaire dans le désert, et reste celui qui prépare la venue du Christ. De très nombreuses églises lui ont été dédiées et il est le patron des ordres hospitaliers, protecteurs du Saint Sépulcre, et des pèlerins en Terre Sainte.

Parce qu'il proclama Jésus "l'agneau de Dieu ", l'agneau est son emblème. Il porte souvent une croix signifiant sa mission. Il est aussi fréquemment représenté jouant avec le Christ enfant. Sa fête célèbre non sa mort mais sa naissance.

HYMNE

Immensité d'amour

Où le nôtre se perd,

Toi qui es notre nuit,

Notre désert,

Au plus loin de toi-même,

A distance infinie,

Seigneur, tu nous emmènes

Vers la source du jour.

 

Quand la plus haute voie

Les conduit en passion,

La blessure du coeur

Est l'aiguillon

Des enfants qui s'arrachent

A l'exil intérieur

Mais savent d'autres marches

A l'encontre de toi.

 

HYMNE

 

Prophète du Très-Haut,

Tu n'es pas la Lumière

Mais son témoin.

Avant même de naître,

Tu la révèles:

Joie sans parole!

 

Tu cries dans le désert,

Tout un peuple se lève

Vers le Jourdain;

Ton baptême réveille

La soif d'eau vive:

Proche est la Source!

 

Voici l'Agneau de Dieu,

Tes disciples le suivent,

Tu restes là

Mais ton âme jubile

Quand ils l'écoutent:

Noces du Verbe!

 

Plus libre que les rois,

Tu contestes ce monde

Sans infini;

Ton martyre dans l'ombre

Prévient l'aurore:

Christ est lumière

HOMÉLIE DE S. BÈDE LE VÉNÉRABLE

Le saint précurseur de la naissance, de la prédication et de la mort du Seigneur a montré (au moment de sa mort) un courage digne d'attirer les regards de Dieu. Comme le dit l'Écriture: Aux yeux des hommes, il subissait un châtiment, mais par son espérance il avait déjà l'immortalité. Nous avons raison de célébrer avec joie la naissance au ciel de celui qui a rendu lui-même ce jour solennel par sa propre passion en l'illustrant par la pourpre de son sang; et nous vénérons dans la joie spirituelle la mémoire de cet homme qui a scellé par le sceau de son martyre le témoignage qu'il rendait au Seigneur. Il n'y a en effet aucun doute que saint Jean Baptiste a subi la prison pour notre Rédempteur qu'il précédait par son témoignage, et que c'est pour lui qu'il a donné sa vie. Car si son persécuteur ne lui a pas demandé de nier le Christ, mais de taire la vérité, c'est cependant pour le Christ qu'il est mort. Le Christ lui-même a dit, en effet: Je suis la vérité. Puisque c'est pour la vérité qu'il a répandu son sang, c'est donc bien pour le Christ. Jean avait témoigné en naissant que le Christ allait naître; en prêchant, il avait témoigné que le Christ allait prêcher: en baptisant, qu'il allait baptiser. En souffrant le premier sa passion, il signifiait que le Christ devait lui aussi souffrir. Cet homme si grand parvint donc au terme de sa vie par l'effusion de son sang, après une longue et pénible captivité. Lui qui avait annoncé la bonne nouvelle de la liberté d'une paix supérieure est jeté en prison par des impies. Il est enfermé dans l'obscurité d'un cachot, lui qui était venu rendre témoignage à la lumière et qui avait mérité d'être appelé flambeau ardent de lumière par la lumière elle-même qui est le Christ. Par son propre sang est baptisé celui à qui il fut donné de baptiser le Rédempteur du monde, d'entendre la voix du Père s'adresser au Christ, et de voir descendre sur lui la grâce du Saint-Esprit. Mais il n était pas pénible à des hommes tels que lui, bien plus, il leur semblait léger et désirable d'endurer pour la vérité des tourments temporels qui laissaient entrevoir la récompense de joies éternelles. Préférant la mort qui de toute façon était naturellement inévitable, ils choisissaient de

l'accepter en confessant le nom du Christ; ils recevaient ainsi la palme de la vie éternelle. L'Apôtre l'a bien dit: Il vous a été accordé par le Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui. Et s'il dit que souffrir pour le Christ est un don de celui-ci à ses élus, c'est parce que, comme il le dit ailleurs: Il n'y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous. Vénéré père et très chère mère, Il y a déjà trois ou quatre mois que Dieu frappe à la porte de mon coeur; et, jusqu'à un certain point, je la lui ai tenue fermée jusqu'ici. Mais ayant ensuite réfléchi que, soit pendant que j'étudiais, soit quand je prenais quelque délassement, que j'allais à la promenade ou que je faisais n importe quoi, aucune chose ne me venait plus souvent à l'esprit que la pensée de me fixer fermement un état de vie, je me décidai à la fin, et même, après beaucoup de communions et de bonnes oeuvres préparatoires, je fis voeu de servir, avec sa grâce, Dieu notre Maître, en religion. Il est vrai que les amis et les parents éprouvent une certaine répugnance à se détacher de leurs enfants. Mais, en moi-même, je considère autre chose : Si je voyais, devant moi, d'un côté mon père, ma mère, ma soeur, etc... et de l'autre côté Dieu notre Maître avec sa Mère qui est aussi, je l'espère, ma Mère bénie : et que les premiers me diraient: « Ne nous abandonne pas, cher enfant, nous t'en prions par les peines et les fatigues que nous avons endurées pour toi» tandis que, d'autre part, Jésus me dirait: « Suis-moi plutôt, je naquis pour toi, pour toi je fus flagellé, couronné d'épines et enfin crucifié. Vois-tu ces cinq plaies sacrées, n'est-ce pas pour toi que je les ai reçues? et ne sais-tu pas que jusqu'à présent j'ai nourri ton âme de ma chair sainte et l'ai vivifiée par mon sang sacré? Et maintenant tu te montrerais si ingrat?» Ah ! mes très chers parents, quand je considère tout cela, je m'enflamme de telle manière que, s'il m'était possible, je volerais tout de suite en religion, et mon âme et mon coeur ne se donneraient de repos avant qu'ils n'eussent trouvé mon Bien-Aimé.

Ainsi donc, je m'offre de tout coeur à Jésus Christ et je désire combattre ses combats dans la Compagnie. J'espère que vous ne serez pas à ce point ingrats pour vous opposer à Jésus Christ. Je me recommande à vos saintes prières et supplie Dieu, notre Maître, qu'il veuille me donner persévérance jusqu'à la fin de ma vie et qu'il nous accorde, à vous et à moi, la vie éternelle. Le fils obéissant de Jésus Christ et le vôtre.

HOMÉLIE DE S. AUGUSTIN POUR LA NATIVITÉ DE JEAN BAPTISTE

L'Église considère la naissance de Jean comme particulièrement sacrée: on ne trouve aucun des saints qui nous ont précédés dont nous célébrions solennellement la naissance. Nous ne célébrons que celle de Jean et celle du Christ. Ce ne peut être sans motif; et Si peut-être nous n'y voyons pas très clair en raison de la noblesse d'un tel mystère, nous le méditerons cependant de façon fructueuse et profonde. Jean naît d'une vieille femme stérile; le Christ naît d'une jeune fille vierge. La naissance de Jean rencontre l'incrédulité, et son père devient muet; Marie croit à celle du Christ, et elle le conçoit par la foi. Nous vous avons proposé d'en chercher la raison, nous vous avons annonce que nous allions y réfléchir. Mais c'était un simple préambule, et Si nous ne sommes pas capables de scruter les replis d'un Si grand mystère, faute de capacité ou de temps, vous serez mieux instruits par celui qui parle en vous, même en notre absence, celui à qui vous pensez avec affection, celui que vous avez accueilli dans votre coeur, celui dont vous êtes devenus les temples. Jean apparaît donc comme une frontière placée entre les deux testaments, l'ancien et le nouveau. Qu'il forme une sorte de frontière, le Seigneur lui-même l'atteste lorsqu'il dit: La Loi et les Prophètes vont jusqu'à Jean. Il est donc un personnage de l'antiquité et le héraut de la nouveauté. Parce qu'il représente l'antiquité, il naît de deux vieillards; parce qu'il représente la nouveauté, il se révèle prophète dans les entrailles de sa mère. En effet, avant sa naissance, lorsque Marie s'approcha, il bondit dans le sein de sa mère. Là déjà il était désigné pour sa mission, désigné avant d'être né. Il apparaît déjà comme le précurseur du Christ, avant que celui-ci puisse le voir. Ces choses-là sont divines et elles dépassent la capacité de la faiblesse humaine. Enfin a lieu sa naissance, il reçoit son nom, son père retrouve la parole. Il faut rattacher ces événements à leur symbolisme profond. Zacharie se tait et perd la parole jusqu'à la naissance de Jean, précurseur du Seigneur, qui lui rend la parole. Que signifie le silence de Zacharie sinon que la prophétie a disparu, et qu'avant l'annonce du Christ, elle est comme cachée et close? Elle s'ouvre à son avènement, elle devient claire pour l'arrivée de celui qui était prophétisé. La parole rendue à Zacharie à la naissance de Jean correspond au voile déchiré à la mort de Jésus sur la croix. Si Jean s'était annoncé lui-même, la bouche de Zacharie ne se serait pas rouverte. La parole lui est rendue à cause de la naissance de celui qui est la voix; car on demandait à Jean qui annonçait déjà le Seigneur: Toi, qui es-tu? Et il répondit: Je suis la voix qui crie dans le désert. La voix, c'est Jean, tandis que le Seigneur est la Parole: Au commencement était le Verbe. Jean, c'est la voix pour un temps; le Christ, c'est le Verbe au commencement, c'est le Verbe éternel.

 

Prophète du Très-Haut, tu marcheras devant le Seigneur pour préparer ses voies.

Dieu enverra son messager devant lui, et soudain il entrera dans son temple, le Seigneur que vous cherchez. Pour vous qui craignez le nom du Seigneur, le Soleil de justice va briller

avec le salut dans ses rayons.

 

Tu as voulu, Seigneur, que saint Jean Baptiste prépare ton peuple à la venue du Messie ; accorde à ton Église le don de la joie spirituelle, et guide l'esprit de tous les croyants dans la voie du salut et de la paix.

Le témoin de Dieu. (Saint THOMAS d'Aquin)

Pour porter témoignage, il faut des aptitudes. Si le témoin est incapable, quelle que soit la manière dont il est envoyé, son témoignage ne sera pas suffisant. Or, ce qui rend un homme capable d'une telle mission, c'est la grâce de Dieu. C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, dit saint Paul. C'est lui qui nous a faits de dignes serviteurs de l'Alliance nouvelle. C'est donc bien à propos que l'évangéliste insinue l'aptitude du Précurseur par son nom même : Son nom, dit-il, était Jean, ce qui veut dire : celui en qui est la grâce. Ce nom ne lui fut pas donné à la légère mais, avant même sa naissance, il lui fut imposé par ordre de Dieu Tu l'appelleras Jean, avait dit l'ange à Zacharie. Aussi Jean peut-il s'appliquer le mot d'Isaïe : Le Seigneur m'a appelé dès le sein de ma mère...Toute créature est faite pour rendre témoignage à Dieu puisque toute créature est comme une preuve de sa bonté. La grandeur de la création témoigne à sa manière de la force et de la toute-puissance divines, et sa beauté témoigne de la divine sagesse. Certains hommes reçoivent de Dieu une mission spéciale ils rendent témoignage à Dieu non seulement à un point de vue naturel, par le fait qu'ils existent, mais bien plutôt de manière spirituelle, par leurs bonnes oeuvres. Tous les saints sont des témoins de Dieu, car leurs bonnes oeuvres glorifient le Seigneur auprès des hommes, selon le conseil du Christ Que votre lumière brille devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. Cependant ceux qui, non contents de recevoir les dons divins et de bien agir par la grâce de Dieu, communiquent ces dons à d'autres par la parole, les encouragements et les exhortations, ceux-là sont plus spécialement encore des témoins de Dieu. Jean est un de ces témoins; il est venu pour répandre les dons de Dieu et annoncer ses louanges. Cette mission de Jean, ce rôle de témoin, est d'une grandeur incomparable, car nul ne peut rendre témoignage à une réalité que dans la mesure où il y participe. Jésus disait Nous parlons de ce que nous savons et nous attestons ce que nous avons vu.

Rendre témoignage à la vérité divine, cela suppose que l'on connaît cette vérité. C'est pourquoi le Christ, lui aussi, a eu ce rôle de témoin Je suis venu en ce monde et je suis né pour rend~ témoignage à la vérité. Mais le Christ et Jean avaient ce rôle de manière différente. Le Christ possédait cette lumière en lui-même; bien plus : il était cette lumière; tandis que Jean y participait seulement. Aussi le Christ rend-il un témoignage complet, il manifeste parfaitement la vérité. Jean et les autres saints ne le font que dans la mesure où ils reçoivent cette vérité. Mission sublime de Jean : elle implique sa participation à la lumière de Dieu et sa ressemblance avec le Christ qui s'est acquitté, lui aussi, de cette mission.

 

PRIÈRE

 

Accorde à ta famille, Dieu tout-puissant, d'avancer sur le chemin du salut, attentive aux appels de saint Jean le Précurseur, Pour rencontrer plus sûrement le Sauveur qu'il annonçait, Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.