Jean-Baptiste de La Salle (Reims 1651 - Rouen 1719)
L'éducateur des pauvres
Une vie toute consacrée à l'éducation intellectuelle, professionnelle, morale et religieuse.
Jean-Baptiste naquit à Reims dans une famille de négociants et de magistrats. Il était l'aîné de onze enfants. Il fit de longues et solides études dans sa ville natale d'abord, puis à Paris à la Sorbonne. Dès l'âge de seize ans, il était chanoine de Reims, un de ses parents ayant abandonné sa charge en sa faveur. Il fut admis au séminaire de Saint-Sulpice en 1670 et, tout en poursuivant sa formation, s'occupa de ses six jeunes frères et soeurs, devenus orphelins en 1672. Il fut ordonné prêtre en 1678.
Frère et pédagogue
Il s'intéressa dès l'année suivante aux écoles de garçons de la ville de Reims, s'aperçut du manque de ressources et de la carence en maîtres compétents et trouva des volontaires pour accomplir cette tâche. Quelques années plus tard, il créa à Reims une institution pour la formation des éducateurs et un noviciat pour la préparation à la vie religieuse. L'un et l'autre devinrent l'Institut des frères des écoles chrétiennes (1680-1682) constitué de religieux non clercs, à voeux simples - vêtus d'une robe noire à rabat blanc et d'un manteau à manches flottantes -' il a pour objet essentiel l'éducation chrétienne des enfants pauvres.
En 1688, il vint s'installer sur le territoire de la paroisse Saint-Sulpice à Paris, où il dut affronter maintes oppositions, de la part du clergé et des frères eux-mêmes, et des difficultés d'ordre matériel sans nombre. Il y plaça pourtant le centre de son activité. En 1694, il accepta, bien qu'il fût prêtre, son élection à la charge de supérieur. La multiplication de ses écoles fut très rapide dans toute la France et même jusqu'à Rome (1702). Elles appartenaient à tous les types d'enseignements écoles de charité, écoles professionnelles, académies dominicales et même maisons de correction. Elles apportaient une pédagogie nouvelle, substituant l'enseignement collectif à l'enseignement individuel, le français au latin et développant des cours de rattrapage qui annoncent nos cours du soir.
Ayant transféré le noviciat de son Institut du manoir Saint-Ion au faubourg Saint-Sever à Rouen, Jean-Baptiste de La Salle démissionna en 1717 et mourut deux ans plus tard. Son oeuvre pédagogique est abondante les Règles de la bienséance et de la civilité chrétienne (1695), livre de politesse les Devoirs du chrétien (1703), livre de morale la Conduite des écoles (1717), manuel de méthodologie. À l'usage des frères, le fondateur a écrit une règle, des méditations et des traités qui s'inspirent de la spiritualité sulpicienne. Il fut canonisé en 1900.
Sa fête, placée d'abord le 15 mai, a été ramenée au 7 avril
L'enseignement collectif
L'enseignement collectif proposé par Jean-Baptiste de La Salle s'opposait à l'enseignement individuel qui s'adresse à chaque enfant l'un après l'autre et à l'enseignement mutuel (la méthode de Lancaster) dans lequel les élèves plus avancés apprennent aux autres ce qu'ils viennent d'apprendre eux-mêmes.
MÉDITATION DE S. JEAN BAPTISTE DE LA SALLE
Pour le temps de la retraite.
Faites réflexion à ce que dit saint Paul que Dieu a établi dans l'Église des Apôtres, des Prophètes et des Docteurs, et vous serez persuadés que c'est lui aussi qui vous a établis dans votre emploi; une des marques que vous en donne le même saint est qu'il y a divers ministères mais qu'il y a différentes opérations, et que le Saint-Esprit ne se manifeste en chacun de ces dons que pour l'utilité commune, c'est-à-dire pour l'utilité de l'Église. Vous ne devez pas douter que ce ne soit un grand don de Dieu, que la grâce qu'il vous fait de vous charger d'instruire les enfants, de leur annoncer l'Évangile, et de les élever dans l'esprit de religion, lui qui vous a appelés pour ce saint ministère. Faites donc connaître, dans toute votre conduite à l'égard des enfants qui vous sont confiés, que vous vous regardez comme les ministres de Dieu, en l'exerçant avec une chanté et un zèle véritables. Ce qui vous doit encore engager à avoir un grand zèle dans votre état, c'est que non seulement vous êtes les ministres de Dieu, mais que vous l'êtes même de Jésus Christ et de l'Église. C'est ce que dit saint Paul qui veut que chacun considère ceux qui annoncent l'Évangile comme les ministres de Jésus Christ, qui écrivent la lettre qu'il leur a dictée, non avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant; non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair qui sont les coeurs des enfants. C'est pourquoi vous devez en cette qualité avoir uniquement pour fin, en les instruisant, l'amour et la gloire de Dieu; car l'amour de Dieu vous doit presser, parce que Jésus Christ est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort pour eux; c'est ce que votre zèle vous doit faire inspirer à vos disciples, comme si Dieu même les exhortait par vous, puisque vous êtes les ambassadeurs de Jésus Christ. Il faut aussi que vous fassiez voir à l'Église quelle charité vous avez pour elle, et que vous lui donniez des preuves de votre zèle, car c'est pour l'Église (comme étant le corps de Jésus Christ) que vous travaillez. Faites en sorte, par votre zèle, de donner des marques sensibles que vous aimez ceux que Dieu vous a confiés, comme Jésus Christ a aimé son Église; faites-les entrer véritablement dans la structure de cet édifice et qu'ils soient en état de paraître un jour devant Jésus Christ pleins de gloire, sans tache, sans rides et sans souillures, pour faire connaître aux siècles à venir les richesses abondantes de la grâce qu'il leur a faite en leur procurant le secours de l'instruction; et à vous de les instruire et de les élever, pour être un jour les héritiers du royaume de Dieu et de Jésus Christ Notre Seigneur.
Rendons grâce à Dieu: dans le Christ il nous donne part à son triomphe.
Telle est notre assurance devant Dieu: il fait de nous les ministres de l'Alliance nouvelle.
Vous êtes une lettre du Christ, écrite par l'Esprit de Dieu sur vos coeurs.
Heureux celui qui a donné sans compter: il recevra sans mesure.
Laissez venir à moi les petits enfants: le Royaume est à ceux qui leur ressemblent.
Dieu qui as choisi saint Jean-Baptiste de la Salle pour former les jeunes à la vie chrétienne, suscite encore dans ton Église des éducateurs qui se dévoueront tout entiers à cette oeuvre de formation humaine et religieuse.