INDEX

Ste Jeanne-Françoise de Chantal, religieuse.

(Dijon 1572 - Moulins 1641)

Femme du monde et religieuse

L'amitié exceptionnelle avec François de Sales a amené Jeanne de Chantal à une haute spiritualité.

Jeanne est née à Dijon. Toute jeune, Jeanne perdit sa mère. Elle passa son adolescence dans le Poitou à l'abri des troubles que connaissait la Bourgogne lors des guerres de Religion. Elle rentra cri 1592 pour se marier à Christophe de Rabutin, baron de Chantal. Le couple coula des jours heureux au château de Bourbilly près de Semur en Auxois. Jeanne donna naissance a six enfants et fat aimée LIC sa famille et appréciée des voisins. Lors de la famine de l'hiver 1600-1601, elle fit agrandir le four à pain du château pour nourrir les indigents. Après neuf ans de mariage, arriva le drame le baron de Chantai fut tué d'un coup de fusil lors d'une chasse. Jeanne n'avait que vingt-neuf ans.

· Une rencontre décisive

Longue prostration, accablement, lourde tâche de l'éducation des enfants et du maintien du domaine. Les années qui suivirent furent pour la jeune veuve une lourde épreuve. Puis elle fut recueillie par son beau-père au château de Monthelun près d'Autun. Le vieil homme était bourru et désagréable. Il avait une servante-maîtresse insolente. Mais cri 1604, Jeanne se rendit à Dijon pour entendre François de Sales, évêque de Genève venu prêcher le carême. Sa vie cri fut changée.

La première rencontre fut suivie de beaucoup d'autres. Puis en 1605, François imita Jeanne à passer une dizaine de jours au château des Sales en une semi-retraite. Il l'invita à nouveau à la Pentecôte 1607 et lui fit part de son dessein de fonder un institut sans voeu ni clôture pour des femmes attirées par la vie contemplative.

Mais la vie continua pour Jeanne : sa fille se maria avec le frère de François en 1609, la petite Charlotte mourut en 1610 et son fils Celse-Bénigne quitta la maison.

Le 6 juin 1610, dans une maison d'Annecy surnommée ' la Galerie', une petite communauté est formée de quatre femmes. Elles s'appelleront les religieuses de la Visitation Sainte-Marie. Ce n'était encore qu'un groupe informel, sans prétention à la vie religieuse officielle. Elles n'avaient pas l'intention de prononcer de voeux, ni de s'organiser en communauté. Mais, personnes âgées ou de santé fragile, elles voulaient s'adonner à la prière et au service des malades et des pauvres.

En 1611, les trois premières visitandines prononcèrent des voeux simples. En 1613, elles commencèrent à rédiger des constitutions le moins possible de contrainte, des offices courts et surtout le service des pauvres~ Mais la congrégation prit rapidement de l'extension, et Jeanne dut sillonner la France pour animer les différentes communautés. À la mort de François LIC Sales cri 1622, Jeanne était à la tête de seize établissements. Pourtant, elle refusa tout titre de supérieure et défendit devant les plus hautes autorités religieuses l'indépendance des différentes maisons. Le 8 décembre 1641, elle tomba brusquement malade. Cinq jours plus tard elle était morte. Elle sera canonisée cri 1767.

L'ordre de la Visitation se développa d'abord, selon la volonté des fondateurs, sans autre lien entre les couvents qu'une législation commune et des relations d'amitié. Mais cri 1952, s'organisa une confédération qui regroupa 193 couvents dont 61 en France. Ils étaient divisés en 21 provinces dont 4 en France. La supérieure générale réside toujours à Annecy. La spiritualité de Jeanne reste la marque de l'ordre : une tradition d'accueil particulière envers les retraitants, les malades et les pauvres, l'allégeance aux évêques locaux.

Fête: 21 août

 .........

Un jour la bienheureuse Jeanne dit ces paroles de feu, qui furent fidèlement recueillies sur-le-champ: « Mes chères filles, saint Basile, ni la plupart de nos saints Pères et piliers de l'Église, n'ont pas été martyrisés; pourquoi vous semble-t-il que cela soit arrivé? » Après que chacune eut répondu: « Et moi, dit cette bienheureuse Mère, je crois que c'est parce qu'il y a un martyre qui s'appelle le martyre d'amour, dans lequel Dieu soutenant la vie à ses serviteurs et servantes, pour les faire travailler à sa gloire, il les rend martyrs et confesseurs tout ensemble; je sais, ajouta-t-elle, que c'est le martyre auquel les Filles de la Visitation sont destinées et que Dieu le fera souffrir à celles qui seront si heureuses que de le vouloir. » Une Soeur lui demanda comment ce martyre se pouvait faire? « Donnez, lui dit-elle, votre consentement absolu à Dieu, et vous le sentirez. C'est, poursuivit-elle, que le divin amour fait passer son glaive dans les plus secrètes et intimes parties de nos âmes et nous sépare nous-mêmes de nous-mêmes. Je sais une âme, ajouta-t-elle, laquelle l'amour a séparée des choses qui lui ont été plus sensibles que si les tyrans eussent séparé son corps de son âme par le tranchant de leurs épées. » Nous connûmes bien qu'elle parlait d'elle-même. Une Soeur lui demanda combien ce martyre durait. « Depuis le moment, répondit-elle, que nous nous sommes livrées sans réserves à Dieu jusqu'au moment de notre mort, mais cela s'entend pour les coeurs généreux, et qui, sans se reprendre, sont fidèles à l'amour; car, les coeurs faibles et de peu d'amour et de constance, Notre Seigneur ne s'applique pas à les martyriser; il se contente de les laisser rouler leur petit train, de crainte qu'ils ne lui échappent, parce qu'il ne violente jamais le libre arbitre. » On lui répliqua si ce martyre d'amour pouvait jamais égaler le martyre corporel. « Ne cherchons point, dit-elle, l'égalité, quoique je pense que l'un ne cède rien à l'autre, car l~amour est fort comme la mort, et les martyrs d'amour souffrent plus mille fois en gardant leur vie, pour faire la volonté de Dieu, que s'il en fallait donner mille pour témoignage de leur foi, de leur amour et de leur fidélité.

 

Connaître le Christ, la puissance de sa résurrection, et la communion à ses souffrances.

Pour lui, j'ai tout perdu, et je cours vers le seul but: Lui, le premier, m'a saisi, de tout mon élan, je veux le saisir.

 

Seigneur, tu as donné à sainte Jeanne-Françoise de Chantal d'atteindre une haute sainteté à travers différents états de vie; accorde-nous, à sa prière, de répondre fidèlement à notre vocation pour témoigner de la lumière en toute circonstance.