INDEX

Louis de Gonzague (Mantoue, Lombardie, 1568 - Rome 1591)

Patron de la jeunesse catholique

Bien que son extraordinaire piété ait rebuté beaucoup de gens son indiscutable courage lui a attiré un grand respect.

Louis est né le 9 mars dans le château de Sa famille, en Lombardie. Il était le fils aîné de Ferdinand, marquis de Castillon et courtisan de Philippe Il, et de Marta Tana Santena, principale dame d'honneur de la reine. Ferdinand destinait son jeune fils à la carrière militaire et il l'encourageait à participer aux défilés en portant une arme véritable. Mais l'enfant manifesta vite une grande piété et une discipline de vie inhabituelle. Plus tard, Robert Bellarmin et bien d'autres se demandèrent s'il avait jamais pu commettre un seul péché mortel.

En 1577, son père l'envoya, avec son frère, à Florence pour y parfaire son éducation. Dans cette ville, il dut fréquenter la cour de François de Médicis, mais il sut se doter de solides défenses pour ne pas se laisser gagner par la corruption et par l'hédonisme ambiants. Deux ans plus tard, il eut la même attitude à la cour du duc de Mantoue et se plongea dans les Vies des saints, prétextant de la maladie de foie qui allait le tourmenter toute sa vie. Attiré par la sainteté, il commença à enseigner le catéchisme aux jeunes garçons de Castillon.

· Sur le chemin de la vie monastique Au coûts d'un voyage en Espagne en 1581, Louis décida de devenir jésuite. Son pète, déçu et furieux, lui refusa sa bénédiction et le menaça du fouet. La mort de l'infant d'Espagne en 1584 permit à la famille de revenir en Italie. Louis continua de supplier son père qui finalement capitula. L'héritage passa à Ridolfo, le second fils, et Louis devint novice chez les jésuites de Saint-André à Rome. On l'y força à modifier, par obéissance, son mode de vie, extrêmement austère, mais il réussit à se faire confier les tâches les plus rebutantes du couvent. Il fut envoyé à Milan où une vision le prévint de sa mort prochaine. Sa santé fragile le fit revenir à Rome.

· Sa mort et son culte

Il prononça ses voeux en 1587. Cette même année, la peste ravageait Rome. Il partit au secours des victimes, au mépris de sa santé. Il contracta la maladie et mourut le 21 juin, muni des derniers sacrements. Il était âgé de vingt-trois ans.

Les lettres adressées à sa mère le montrent sous un jour peu séduisant. Mais, quand il fut religieux, et subit l'influence de Bellarmin, il fut plus humain et s'imposa une mortification moins rigoureuse, sa piété n'étant pas diminuée pour autant. Il fut canonisé en 1726, et en 1926 le pape Pie XI le nomma patron de la jeunesse catholique en raison de sa mort prématurée.

Fête: 21 juin Patron de la jeunesse catholique et des jésuites étudiants.

DERNIÈRE LETTRE DE S. LOUIS DE GONZAGUE À SA MÈRE (10 juin 1591)

Vers toi j'ai les yeux levés, Seigneur qui te tiens au ciel.

Le jour du Seigneur arrive comme un voleur en pleine nuit.

Vous qui êtes enfants de la lumière, enfants du jour, restez éveillés et sobres.

Toujours joyeux, priez sans cesse, en toute condition, soyez dans l'action de grâce.

 

A sa mère.

A 23 ans, Louis de Gonzague écrit à sa mère sa dernière lettre il mourra onze jours plus tard de la peste contractée au service des malades.

 

Que la grâce et la consolation de l'Esprit-Saint Soient toujours en vous. Votre lettre m'a trouvé encore vivant dans cette région des morts, mais prêt à partir pour aller à jamais louer Dieu dans la terre des vivants. Je pensais qu'à cette heure j'aurais déjà fait le pas décisif; mais comme je vous l'ai déjà écrit, la diminution de la fièvre m'a permis d'atteindre la glorieuse fête de l'Ascension. Depuis ce temps, un rhume est venu aggraver mon état, de sorte que je m'avance peu à peu au-devant de l'étreinte, si douce et si désirée, du Père Céleste, dans le sein duquel j'ai l'espérance de trouver mon repos en toute sûreté et pour toujours. Et ainsi s'accordent les diverses nouvelles données à mon sujet... Or, si ta charité, comme dit saint Paul, pousse à pleurer avec ceux qui pleurent et à se réjouir avec ceux qui sont dans la joie, la joie de Votre Seigneurie devra être bien grande, pour la grâce que Dieu nous accorde en ma personne, Dieu Notre Seigneur me conduisant au vrai bonheur et m'assurant que je ne le perdrai pas. Je vous avoue que je m'abîme et que je me perds dans la considération de cette bonté divine, cette mer immense, sans rivages et sans fond, qui m'appelle à un repos éternel après de bien courtes et bien légères fatigues. Elle m'invite du haut du ciel à ce souverain bonheur que j'ai cherché avec trop de négligence et elle me promet la récompense du peu de larmes que j 'ai versées. Que Votre Seigneurie veille donc à ne pas offenser cette infinie Bonté, ce qui arriverait sûrement Si vous veniez à pleurer comme mort celui qui va vivre en la présence de Dieu et qui vous servira plus par ses prières qu'il ne le fit ici-bas. Notre séparation ne sera pas longue; nous nous reverrons au ciel et, réunis pour ne plus nous séparer, nous jouirons de notre Rédempteur, nous le louerons de toutes nos forces et nous chanterons éternellement ses infinies miséricordes. Je ne doute pas que, rejetant tout ce qu'inspirent les sentiments humains, nous nous ouvrirons docilement aux pensées de la foi et à cette pure et simple obéissance que nous devons à Dieu, lui offrant librement et promptement ce qui lui appartient, d'autant plus volontiers que ce qu'il prend nous est plus cher; tenant pour certain que tout ce qu'il fait est bien fait, puisque s'il nous enlève ce qu'il nous avait donné, c'est pour le mettre en lieu sûr et nous rendre ce que tous nous désirons davantage. Je vous écris tout cela uniquement à cause du désir que j'ai que vous, Madame ma Mère, et toute la famille receviez la nouvelle de ma mort comme une grande faveur. Que votre bénédiction maternelle m'accompagne et me dirige dans la traversée de l'océan de ce monde et me fasse arriver heureusement au port de mes désirs et de mes espérances. Je vous écris avec d'autant plus de plaisir qu'il ne me reste plus d'autre preuve à vous donner de mon amour et du profond respect que je vous dois. Je termine en vous demandant encore humblement votre bénédiction.

PRIÈRE

Seigneur Dieu, tu nous donnes la lumière de nos yeux, tu as voulu notre naissance, non pour l'obscurité, tu nous as créés non pour la mort, mais pour que, de tout notre coeur, nous vivions tournés vers toi. Sois donc miséricordieux et prends-nous par la main, convertis-nous au bien, à la vie, aujourd'hui et pour l'éternité.