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Marie d'Oignies (Nivelles 1177 - 1213 Oignies)

La béguine

Une extrême rigueur et pureté de vie dons un cadre largement ouvert.

Fête : 23 juin

Marie naquit en 1177 à Nivelles dans le Brabant. Sa famille était assez riche, mais elle n'y attacha aucune importance. Elle fut mariée à l'âge de quatorze ans. Elle mena dans le mariage une vie faite de prière et de détachement. Peut-être a-t-elle entraîné son mari, Jean, dans cette voie d'austérité puisqu'ils décidèrent ensemble, peu de temps après leur union de vivre comme frère et soeur.

Leur complicité dans la sainteté ne s arrêtera pas là. Devant la prospérité des Pays-Bas d'alors et l'étalage de la richesse, ils convinrent de se tourner vers un idéal de pauvreté et de charité. Ils renoncèrent a leurs biens, donnèrent aux pauvres le produit de leur vente et s'en allèrent soigner les lépreux près de Nivelles. Les familles de l'un et de autre ne manquèrent pas de réagir violemment à cette attitude, ni les amis de s'en moquer.

Béguins et béguines

La forme de vie des béguines passe pour avoir été inaugurée, vers 1180, par un prêtre de Liège, Laurent le Bègue. L'étymologie des mots béguin et béguine s'expliquerait-elle par le surnom de Laurent ? Ou bien faudrait-il la voir dans le vieux mot allemand beggam, qui signifiait

mendier ' ou " prier ? Ou encore devons-nous dire qu'elle est, jusqu'à cette heure, inexpliquée ? Ces opinions diverses ont été soutenues.

Quant aux béghards, ou begghards, bégards, beguards, benkards, leur nom, qui a la même étymologie, n'apparaît que vers le milieu du XIII-e siècle primitivement ils ne se distinguent pas des béguins. Les béguines sont quelquefois appelées beguttae (d'où bigotes), sans doute de by Gott, en Dieu, et Svestrones, Zvestriones, de Schwester: soeurs. Dictionnaire de Théologie catholique, tome 2, Letouzey et Ané, 1905).

· L'exigence spirituelle

Cette vie extrême attira bientôt les foules, dont Marie ne pensait qu'à s'écarter. Aussi demanda-t-elle bientôt à Jean la permission de se retirer dans un ermitage. Elle choisit le prieuré d'Oignies, près de Namur. On continua cependant à venir la voit : des seigneurs, des prêtres, des gens du peuple accoururent. On lui attribua des exploits d'ascétisme extraordinaires, des visions mystiques exceptionnelles, un don providentiel de prophétie.

Des femmes pieuses se regroupèrent auprès d'elle, se décidant à une vie de prière et de chasteté. Ce sont les premiers béguinages, sortes d'institutions laïques fort éloignées des monastères stricts de l'époque ici pas de voeux mais des promesses temporaires, pas d'abandon des biens personnels, mais un travail pour subvenir à ses besoins, pas de clôture, mais possibilité de sortie. Ces béguinages étaient composés de veuves et de jeunes filles à marier. En dépit de ce règlement particulièrement modéré, les béguines vivaient d'exigences spirituelles très fortes en opposition aux vices de l'époque,l'étalage des richesses, l'oisiveté, l'immoralité, la futilité, tout ce qui avait amené Marie d'Oignies à se retirer du monde.

Marie d'Oignies avait prédit, dit-on, le jour de sa mort. Elle s'y préparait en jeûnant et en chantant la gloire de Dieu. C'est dans une vision qu'elle s'est éteinte le 23 juin 1213, à l'heure présumée de la mort du Christ. Elle fut béatifiée en 1607. Un de ses admirateurs, Jacques de Vitry, prêtre parisien, s'était installé à Gignies dès 1207. Il deviendra son confesseur et restera auprès d'elle jusqu'à sa mort. Il est son biographe.