MARIE (LA VIERGE)
(I-er siècle avant - I-er siècle après J.-C.)
La mère de Dieu
La plus aimée, la plus vénérée, objet de nombreuses légendes douteuses, elle occupe une position centrale dans le culte de l'Église.
Tous les faits que nous possédons sur la vie de Marie sont tirés du Nouveau Testament, particulièrement des récits de la Nativité dans les Évangiles de Matthieu et de Luc. On y a mis en valeur la divinité de Jésus, la virginité de Marie et son entière obéissance à Dieu. Le récit de Luc, en particulier, est écrit du point de vue de Marie. On ne connaît rien de ses parents, ni du lieu de sa naissance. La tradition prétend qu'elle était la fille d'Anne et de Joachim. Bien que l'arbre généalogique de Jésus, développé dans l'Évangile donne uniquement Joseph comme descendant de David, on croit que Marie l'était également.
La naissance de Jésus
Marie vivait à Nazareth quand l'archange Gabriel lui rendit visite et lui annonça l'incroyable nouvelle de l'Incarnation. Le rôle de Marie dans le plan de Dieu consistait dans l'acceptation toute simple et l'obéissance. Son fiancé, Joseph, qui, après avoir constaté la grossesse de Marie, avait prévu de rompre discrètement leurs fiançailles, eut aussi k visite d'un ange pour le rassurer. Marie se rendit chez Élisabeth, alors enceinte de Jean le Baptiste, et, en entendant celle-ci l'accueillir comme la mère de Dieu, Marie exprima ses remerciements en chantant le Magnificat.
Un recensement ordonné par les autorités obligea Marie à venir à Bethléem avec Joseph. C'est là que Jésus vit le jour. Mais ils durent s'enfuir immédiatement en Égypte pour se soustraire à la colère du roi Hérode. En effet on avait annoncé à ce dernier la récente naissance du roi des Juifs. Après sa mort, Joseph, Marie et Jésus s'installèrent à Nazareth. On n'en connaît pas plus sur l'enfance de Jésus à part un petit épisode. Pour la Pâque, ils firent le voyage de Jérusalem et Jésus fut perdu puis retrouvé par ses parents, inquiets il était en pleine discussion savante avec les docteurs juifs du temple.
Les Évangiles et au-delà
D'après l'Évangile de Jean, c'est Marie qui poussa Jésus à accomplir son premier miracle, la transformation de l'eau en vin aux noces de Cana. Après cet événement, elle est mentionnée comme la mère de Jésus à différentes reprises, mais ne joue pas de rôle avant la crucifixion : Jésus la confia à Jean l'évangéliste alors qu'ils se tenaient l'un et l'autre au pied de la croix. On suppose que Marie vécut alors dans la maison de Jean. Elle était avec les apôtres à la Pentecôte, comme durant la vie de Jésus, ainsi son rôle dans l'Église primitive était-il celui d'un soutien silencieux et il est difficile de savoir où et comment elle vécut, où et quand elle mourut. Jérusalem et Ephèse prétendent toutes les deux avoir été le lieu de sa mort. Dans la tradition orientale, on préfère en général Jérusalem.
La doctrine de l'Église
L'idée de la montée au ciel du corps de Marie, l'Assomption, dogme défini par Pie XII en 1950, est très ancienne et admise par beaucoup depuis au moins le VI-e siècle. Dès cette époque, on met en avant son rôle d'intercession dans le paradis. On pense qu'elle est le seul être humain a avoir été exempt du péché originel dès Sa conception : c'est le dogme de l'Immaculée Conception défini par Pie IX en 1854. Pourtant cette croyance, contrairement à celle de l'Assomption, était considérée comme douteuse au Moyen Âge, spécialement par les dominicains et même par saint Thomas d'Aquin.
Les catholiques considèrent traditionnellement qu'elle resta vierge même après la naissance de Jésus. C'est pourquoi elle tient un rôle unique comme vierge et comme mère. Par analogie, elle est considérée comme une seconde Ève dont la pureté et l'obéissance à Dieu, permirent au second Adam, le Christ, de se sacrifier et de racheter l'espèce humaine. Marie est une figure à laquelle ceux qui souffrent peuvent facilement s'identifier et dont ils peuvent aimer l'humanité. Simultanément, son statut exceptionnel, plus proche de Dieu que n'importe quel autre saint ou ange, en fait un intercesseur de tout premier ordre. W second concile du Vatican a fait une déclaration doctrinale sur Marie, insistant sur son obéissance et sa soumission envers son fils, et la présentant comme un modèle pour l'Église.
Patronne de toute l'espèce humaine.
La sainte protectrice
Bien qu'en France, on ne compte pas moins de 1 500 sanctuaires consacrées à la Vierge 77 à Notre Dame de Miséricorde, 41 à Notre Dame du Bon Secours, 33 à Notre Dame de Grâce, 22 à Notre Dame de la Consolation, 16 à Notre Dame de la Garde ci de Bonne-Garde.
· L'iconographie
L'art byzantin la représente de façon spectaculaire avec couronne et sceptre de reine durant la Renaissance, on insista plus sur son humanité et sa compassion les portraits médiévaux stylisés donnent une image plus tendre, plus réaliste de la Vierge et de son enfant, ou bien d'une façon plus poignante, avec son fils crucifié. Les exemples les plus célèbres sont les Pietàs de Michel-Ange. L'iconographie de Marie est complexe et chargée de significations elle embrasse l'ensemble de l'histoire de L'Église.
Fêtes et culte
De nombreux jours de fête sont dédiés à Marie, dont certains ont récemment été supprimés le 1-er janvier est la célébration du rôle de Marie dans l'incarnation et la Rédemption, le 25 mars commémore l'Annonciation, et le 31 mai la Visitation. La Purification du Christ dans le temple, connue sous le nom de Chandeleur, est le 2 février, Notre Dame des Douleurs le 15 septembre, et le Coeur Immaculé de Marie le samedi qui suit le deuxième dimanche après la Pentecôte et, enfin, l'Assomption le 15 août. C'est à ce titre que le pape Pie XII lui consacra l'ensemble de l'espèce humaine en 1944. Elle fut adoptée comme patronne par de nombreuses organisations, pays et groupes. Différentes apparitions de Marie ont été rapportées, notamment à Lourdes, Fatima et La Salette.
HOMÉLIE DE S JEAN DE DAMAS POUR LA NATIVITÉ DE LA VIERGE MARIE
Puisque la Vierge Mère de Dieu devait naître de sainte Anne, la nature n'a pas osé anticiper sur la grâce: la nature demeura stérile jusqu'à ce que la grâce eût porté son fruit. Il fallait qu'elle naisse la première, celle qui devait enfanter le premier-né antérieur à toute créature, en qui tout subsiste. Joachim et Anne, heureux votre couple! Toute la création est votre débitrice. C'est par vous, en effet, qu'elle a offert au Créateur le don supérieur à tous les dons, une mère toute sainte, seule digne de celui qui l'a créée.
Réjouis-toi, Anne, la stérile, toi qui n'enfantais pas; éclate en cris de joie, toi qui n'as pas connu les douleurs. Réjouis-toi, Joachim: par ta fille un enfant nous est né, un fils nous a été donné. On proclame son nom: Messager du grand dessein de Dieu, qui est le salut de tout l'univers, Dieu fort. Oui, cet enfant est Dieu. Joachim et Anne, heureux votre couple, et parfaitement pur! On vous a reconnus grâce à votre fruit, selon cette parole du Seigneur: Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Vous avez eu une conduite agréable à Dieu et digne de elle que vous avez engendrée. À cause de votre vie chaste t sainte, vous avez produit le joyau de la virginité, celle qui devait être vierge avant l'enfantement, vierge en mettant au monde, vierge après la naissance ; la seule toujours Vierge d'esprit, d'âme et de corps. Joachim et Anne, couple très chaste! En observant la chasteté, cette loi de la nature, vous avez mérité ce qui dépasse la nature: vous avez engendré pour le monde celle qui sera, sans connaître d'époux, la Mère de Dieu. En menant une vie pieuse et sainte dans la nature humaine, vous avez engendré une fille supérieure aux anges, qui est maintenant la Souveraine des anges. Enfant très gracieuse et très douce! Fille d'Adam et Mère de Dieu! Heureux ton père et ta mère! Heureux les bras qui t'ont portée! Heureuses les lèvres qui, seules, ont reçu tes chastes baisers pour que tu demeures toujours parfaitement vierge. Acclamez Dieu, terre entière, sonnez, dansez, jouez. Élevez la voix, élevez-la, ne craignez pas.
Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent.
Que le Seigneur vous fasse croître et abonder dans l'amour mutuel.
Que le Seigneur affermisse vos coeurs dans une sainteté sans reproche devant lui.
Que Dieu notre Père vous garde vigilants pour l'avènement de notre Seigneur Jésus Christ avec tous ses saints.
Le nom de Marie. (Saint BERNARD)
Il est dit : Et le nom de la Vierge était Marie. Parlons un peu de ce nom qui signifie : étoile de la mer et qui convient admirablement à la Vierge Marie. Elle est donc bien cette noble étoile née de Jacob dont les rayons illuminent le monde entier. Si les vents des tentations s'élèvent, Si tu viens heurter les rochers des tribulations, regarde l'étoile, invoque Marie. Si tu es ballotté par les flots de l'orgueil, de l'ambition, de la trahison, de la jalousie, regarde l'étoile, invoque Marie. Si la colère ou l'avarice ou les séductions de la chair secouent la petite barque de ton âme, regarde Marie. Si, troublé par l'énormité de tes crimes, confondu par la malpropreté de ta conscience, glacé d'effroi à la pensée du jugement, tu commences à être englouti par le gouffre de la tristesse, par l'abîme du désespoir, pense à Marie. Dans les périls, dans les angoisses, dans le doute, pense à Marie, invoque Marie. Qu'elle ne s'éloigne pas de ta bouche, qu'elle ne s'éloigne pas de ton coeur et, pour obtenir le secours de sa prière, ne néglige pas l'exemple de sa vie.
Si tu la suis tu ne dévies pas. Si tu la pries tu ne désespères pas. Si tu la consultes tu ne te trompes pas. Si elle te soutient tu ne tombes pas. Si elle te protège tu ne crains rien.
Si elle te conduit tu ne te fatigues pas, Si elle t'est favorable tu parviens au but. Et ainsi tu éprouves par toi-même à quel juste titre il a été dit: Et le nom de la Vierge était Marie.
PRIÈRE
Ouvre à tes serviteurs, Dieu très bon, tes richesses de grâce; Puisque la maternité de la Vierge Marie fut pour nous le commencement du salut, que la fête de sa nativité nous apporte un surcroît de paix.
HOMÉLIE PRONONCÉE AU CONCILE D'ÉPHÈSE (431)
Cette homélie est le sermon marial le plus célèbre de l'antiquité.
Je vois cette joyeuse assemblée de saints évêques qui, à l'invitation de la sainte Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, se sont rassemblés ici dans l'enthousiasme. Aussi, bien que je sois dans la tristesse, la présence de ces saints Pères me porte à la joie. Cette douce parole du psalmiste David s'accomplit parmi nous: Voyez comme il est bon, comme il est doux, pour des frères d'habiter ensemble! Nous te saluons donc, sainte Trinité mystérieuse, qui nous as tous convoqués dans cette Église de sainte Marie Mère de Dieu.
Nous te saluons, Marie, Mère de Dieu, trésor sacré de tout l'univers, astre sans déclin, couronne de la virginité, sceptre de la foi orthodoxe, temple indestructible, demeure de l'incommensurable, Mère et Vierge, à cause de qui est appelé béni, dans les saints évangiles, celui qui vient au nom du Seigneur. Nous te saluons, toi qui as contenu dans ton sein virginal celui que les cieux ne peuvent contenir; toi par qui la Trinité est glorifiée et adorée sur toute la terre; par qui le ciel exulte; par qui les anges et les archanges sont dans la joie; par qui les démons sont mis en déroute ; par qui le tentateur est tombé du ciel; par qui la créature déchue est élevée au ciel; par qui le monde entier, captif de l'idolâtrie, est parvenu à la connaissance de la vérité; par qui le saint baptême est accordé à ceux qui croient, avec l'huile d'allégresse; par qui, sur toute la terre, les Églises ont été fondées; par qui les nations païennes sont amenées à la conversion. Et que dirai-je encore? C'est par toi que la lumière du Fils unique de Dieu a brillé pour ceux qui demeuraient dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort; c'est par toi que les prophètes ont annoncé l'avenir, que les Apôtres proclament le salut aux nations, que les morts ressuscitent, et que règnent les rois, au nom de la sainte Trinité. Y a-t-il un seul homme qui puisse célébrer dignement les louanges de Marie? Elle est mère et vierge à la fois. Quelle merveille! Merveille qui m'accable! Qui a jamais entendu dire que le constructeur serait empêché d'habiter le temple qu'il a lui-même édifié? Osera-t-on critiquer celui qui donne à sa servante le titre de mère? Voici donc que le monde entier est dans la joie. Qu'il nous soit donné de vénérer et d'adorer l'unité , de vénérer et d'honorer l'indivisible Trinité en chantant les louanges de Marie toujours Vierge, c'est-à-dire de la sainte Basile, et celles de son Fils et de son Époux immaculé : car c'est à lui qu'appartient la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
Bienheureuse es-tu, Marie, d'avoir été pauvre devant Dieu; l'amour s'est emparé de toi
et tu as chanté: Mon âme exalte le Seigneur. Mon âme exalte le Seigneur: éternel est son amour. Chante et réjouis-toi, fille de Sion, voici que Dieu vient demeurer au milieu de toi.
Dieu pour toi exulte de joie, il te renouvelle par son amour.
HOMÉLIE DE S. BÈDE LE VÉNÉRABLE
Marie exalte le Seigneur.
Mon âme exalte le Seigneur; exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Le sens premier de ces mots est certainement de confesser les dons que Dieu lui a accordés, à elle, Marie, spécialement; mais elle rappelle ensuite les bienfaits universels dont Dieu ne cesse jamais d'entourer la race humaine. L'âme glorifie le Seigneur quand elle consacre toutes ses puissances intérieures à louer et à servir Dieu; quand, par sa soumission aux préceptes divins, elle montre qu'elle ne perd jamais de vue sa puissance et sa majesté. L'esprit exulte en Dieu son Sauveur, quand il met toute sa joie à se souvenir de son Créateur dont il espère le salut éternel. Ces mots, sans doute, expriment exactement ce que pensent tous les saints, mais il convenait tout spécialement qu'ils soient prononcés par la bienheureuse Mère de Dieu qui, comblée d'un privilège unique, brûlait d'un amour tout spirituel pour celui qu'elle avait eu la joie de concevoir en sa chair. Elle avait bien sujet, et plus que tous les saints, d'exulter de joie en Jésus - c'est-à-dire en son Sauveur - car celui qu'elle reconnaissait pour l'auteur éternel de notre salut, elle savait qu'il allait, dans le temps, prendre naissance de sa propre chair, et si véritablement qu'en une seule et même personne serait réellement présent son fils et son Dieu. Car le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom! Pas une allusion à ses mérites à elle. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de Dieu qui, subsistant par essence dans toute sa puissance et sa grandeur, ne manque pas de communiquer grandeur et courage à ses fidèles, si faibles et petits qu'ils soient en eux-mêmes. Et c'est bien à propos qu'elle ajoute: Saint est son nom, pour exhorter ses auditeurs et tous ceux auxquels parviendraient ses paroles, pour les presser de recourir à l'invocation confiante de son nom. Car c'est de cette manière qu'ils peuvent avoir part à l'éternelle sainteté et au salut véritable, selon le texte prophétique: Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. C'est le nom dont elle vient de dire: Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Aussi est-ce un usage excellent et salutaire, dont le parfum embaume la Sainte Basile, que celui de chanter tous les jours, à vêpres, le cantique de la Vierge. On peut en attendre que les âmes des fidèles, en faisant si souvent mémoire de l'incarnation du Seigneur, s'enflamment d'une plus vive ferveur.
Notre-Dame du Rosaire.
Le 7 octobre 1571. l'Occident fut libéré de la menace turque par la bataille de Lépante, qu'an attribua à la récitation du Rosaire. Aujourd'hui nous ne sommes pas invités à commémorer un événement lointain, mais à découvrir la place de Marie dans le mystère du salut et à saluer la sainte Mère de Dieu, en lui redisant avec l'ange Gabriel: Ave Maria.
HOMÉLIE DE S. BERNARD SUR L'AQUEDUC
L'ange dit à Marie : L'enfant qui va naître de toi sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Lui, la source de la Sagesse, le Verbe du Père dans les lieux très hauts! Ce Verbe, c'est par ton intermédiaire, Vierge sainte, qu'il se fera chair; de la sorte, celui qui dit: Je suis dans le Père et le Père est en moi, peut dire cependant : C'est de Dieu que je suis sorti et que je viens. Au commencement était le Verbe. Déjà la source jaillissait, mais ce n'était encore qu'à l'intérieur d'elle-même. Et le Verbe était avec Dieu, habitant une lumière vraiment inaccessible. Et le Seigneur disait dès le début: Je forme des projets de paix, non de malheur. Mais il est caché tout au fond de toi, ton projet, et son contenu, nous ne le connaissons pas. Qui en effet a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller?
C'est pourquoi le projet de paix est descendu dans une oeuvre de paix: Le Verbe s'est fait chair, et il habite dès lors en nous. Il habite à coup sûr dans nos coeurs par la foi, il habite dans notre mémoire, il habite dans notre pensée, et il descend jusque dans notre imagination elle-même. Auparavant, en effet, quelle idée l'homme pouvait-il se faire de Dieu, sinon peut-être celle d'une idole qu'avait fabriquée son coeur? C'est que Dieu était incompréhensible et inaccessible, invisible et parfaitement irreprésentable. Mais maintenant il a voulu qu'on puisse le comprendre, il a voulu qu'on puisse le voir, il a voulu qu'on puisse le saisir par la pensée. De quelle manière? demandes-tu. Sans nul doute en étant couché dans une crèche, en reposant sur le sein de la Vierge, en prêchant sur la montagne, en passant la nuit à prier; non moins qu'en étant cloué à la croix. en devenant livide dans la mort, libre parmi les morts et régnant sur l'enfer; enfin en ressuscitant le troisième jour. en montrant aux Apôtres la marque des clous. signes de sa victoire, et pour finir en regagnant devant eux les secrets du ciel. De tous ces événements, en est-il un qui ne susciterait pas en nous une pensée vraie, fervente, sainte? Que je pense à l'un d'entre eux, n'importe lequel, c'est à Dieu que je pense, et à travers tout cela, il est, lui, mon Dieu. Méditer ces événements, c'est la sagesse même, je l'ai dit, et j'estime que l'intelligence avisée consiste à faire remonter en soi le souvenir que l'on garde de leur douceur, une douceur comme celle des amandes que produisit avec abondance le bâton du prêtre Aaron, la douceur que Marie puisa largement dans les hauteurs, pour la reverser sur nous.
Réjouis-toi, Marie, tu donneras le Sauveur au monde!
Il sera grand, on l'appellera Fils du Très-Haut!
Il vient chercher ce qui était perdu.
Il rassemblera les enfants de Dieu dispersés.
HOMÉLIE DE S. BERNARD SUR LES GLOIRES DE LA VIERGE MÈRE
Le nom de la Vierge était Marie. Parlons un peu de ce nom qui signifie: étoile de la mer et qui convient admirablement à la Vierge Mère. Elle est bien cette noble étoile née de Jacob, dont les rayons illuminent le monde entier, dont l'éclat resplendit au plus haut des cieux et pénètre jusqu'aux abîmes. Elle illumine toute la terre, embrase les esprits encore plus que les corps, fait croître les vertus et dessèche les vices. Elle est cette splendide étoile qui se lève sur l'immensité de la mer, brillant par ses mérites, éclairant par ses exemples. Ô toi qui te sens, loin de la terre ferme, emporté sur les flots de ce monde au milieu des orages et des tempêtes, ne quitte pas des yeux la lumière de cet astre si tu ne veux pas sombrer. Si les vents des tentations s'élèvent, si tu viens heurter les rochers des tribulations, regarde l'étoile, invoque Marie. Si tu es ballotté par les flots de l'orgueil. de l'ambition, de la trahison, de la jalousie. regarde l'étoile. invoque Marie. Si la colère ou l'avarice ou les désirs impurs secouent la petite barque de ton âme, regarde Marie. Si, troublé par l'énormité de tes crimes, confondu par la malpropreté de ta conscience, glacé d'effroi à la pensée du jugement, tu commences à être englouti par le gouffre de la tristesse. par l'abîme du désespoir, pense à Marie. Dans les périls, dans les angoisses. dans le doute, pense a Marie, invoque Marie. Qu'elle ne s'éloigne pas de ta bouche, qu'elle ne s'éloigne pas de ton coeur et. pour obtenir le secours de sa prière. ne néglige pas l'exemple de sa vie. Si tu la suis, tu ne dévies pas. Si tu la pries. tu ne désespères pas. Si tu la consultes, tu ne te trompes pas. Si elle te protège, tu ne crains rien. Si elle te conduit, tu ne te fatigues pas. Si elle t'est favorable, tu parviens au but. Et ainsi tu éprouves par toi-même à quel juste titre il a été dit: Et le nom de la Vierge était Marie.
CONSTITUTION APOSTOLIQUE DE PIE XII SUR L'ASSOMPTION (1950)
Les Pères de l'Église et les grands docteurs, dans les homélies et les discours qu'ils ont adressés au peuple pour la fête de l'Assomption, en ont parlé comme d'une vérité déjà connue et admise par les fidèles. Ils l'ont expliquée plus clairement, ils en ont approfondi la signification et la portée. Surtout, ils ont mieux mis en lumière ce que les textes liturgiques n'avaient que brièvement indiqué: cette fête ne rappelle pas seulement que le corps inanimé de la Vierge Marie n'a subi aucune corruption, mais aussi qu'elle a triomphé de la mort et qu'elle a été glorifiée dans le ciel, à l'exemple de son Fils unique Jésus Christ. Ainsi saint Jean Damascène, qui est le plus remarquable prédicateur de cette vérité traditionnelle, compare l'Assomption corporelle de la Mère de Dieu à ses autres dons et privilèges; il déclare éloquemment: « Elle qui avait gardé sa virginité intacte dans l'enfantement, il fallait qu'elle garde son corps, même après la mort, exempt ( toute corruption. Elle qui avait porté le Créateur dans soi sein comme son enfant, il fallait qu'elle aille faire soi séjour dans la lumière divine. Cette épouse que le Père s'était unie, il fallait qu'elle habite la chambre nuptiale. Elle qui avait contemplé son Fils cloué à la croix et qui avait reçu dans son coeur le glaive de douleur qui lui avait été épargné dans l'enfantement, il fallait qu'elle le contemple trônant avec le Père. Il fallait que la Mère de Dieu possède ce qui appartenait à son Fils, et qu'elle soit honorée par toutes les créatures comme la Mère de Dieu et sa servante. » Pour saint Germain de Constantinople, Si le corps de la Vierge Mère de Dieu avait été préservé de la corruption et transféré au ciel, cela ne s'accordait pas seulement à sa maternité divine, mais encore à la sainteté particulière de son corps virginal. « Selon l'Écriture, dit-il, tu apparais dans la beauté; ton corps virginal est tout entier chaste et saint; il est tout entier la demeure de Dieu. Aussi doit-il, par la suite, être totalement affranchi du retour à la poussière. Mais, parce qu'il est humain, il doit être transformé pour accéder à la vie sublime de l'incorruptibilité. Toutefois, c'est le même corps qui est vivant, souverainement glorieux, intact et doté d'une vie parfaite.» Un autre écrivain très ancien avait affirmé: « Puisqu'elle est la Mère très glorieuse du Christ, notre divin Sauveur, lui qui donne la vie et l'immortalité, elle est vivifiée par lui, elle partage pour l'éternité l'incorruptibilité de son corps. Il l'a fait sortir du tombeau et l'a élevée auprès de il, d'une manière connue de lui seul.» Tous ces raisonnements et ces considérations des Pères s'appuient sur la Sainte Écriture comme sur leur ultime fondement. Celle-ci met en quelque sorte devant nos yeux Mère de Dieu comme intimement unie à son Fils divin partageant toujours sa destinée. Il faut surtout se rappeler que, dès le deuxième siècle, les Pères nous présentent la Vierge Marie comme la nouvelle Ève, soumise au nouvel Adam, mais très étroitement unie à Lui dans le combat contre l'ennemi infernal. Ce combat, tel qu'il est prédit dans le Protévangile, devait aboutir à la victoire totale sur le péché et sur la mort, qui sont toujours attachés l'un à l'autre dans les écrits de saint Paul. Par conséquent, puisque la résurrection glorieuse du Christ fut l'acte essentiel et le trophée ultime de cette victoire, le combat livré par la Vierge Marie et son Fils devait trouver sa conclusion dans la glorification de son corps virginal~ Comme dit encore l'Apôtre: Lorsque ce qui est mortel en nous revêtira l'immortalité, alors se réalisera la parole de l'Écriture: La mort a été engloutie dans la victoire. Ainsi la Mère de Dieu, unie à Jésus Christ d'une manière mystérieuse, « dans un seul et même décret» de prédestination, immaculée dans sa conception, parfaitement vierge dans sa maternité divine, généreuse collaboratrice du Rédempteur, a remporté un triomphe total sur le péché et ses conséquences. Pour finir, elle a obtenu, comme couronnement suprême de ses privilèges, d'être préservée de la corruption du tombeau. À la suite de son Fils, après avoir vaincu la mort, elle a obtenu d'être élevée, corps et âme, à la gloire suprême du ciel, pour y resplendir, en qualité de Reine, à la droite de son Fils, le Roi immortel des siècles.
Lève-toi, ma bien-aimée. Le Christ près de lui te prépare une place, ô Marie;
plein d'amour, il s'approche et t'appelle. L'hiver est passé, les fleurs ont apparu, voici le grand soleil de l'été sans déclin. L'heure est venue pour toi de passer de ce monde au Père, dans ta petitesse, tu trouves grâce devant lui.
Lève-toi, ma bien-aimée, lève-toi, ma préférée, viens!
Vierge Marie, tu as trouvé la joie: elle est notre avenir! Tu es belle, ô Marie, pur reflet du coeur de Dieu. Ton amour a triomphé de la mort, le Christ est ta victoire. Le Père t'appelle par ton nom et les anges s'émerveillent. Ton regard transfiguré découvre les profondeurs de l'infini. L'Esprit te donne pour Mère à tous ceux qu'il fait naître d'en haut.
Marie et L'Emilie. (VATICAN II, L'Église)
La bienheureuse Vierge, de par le don et la charge de sa maternité qui l'unissent à son fils, le Rédempteur, et de par les grâces et les fonctions singulières qui sont siennes, se trouve également en intime union avec l'Église : de l'Église, selon l'enseignement de saint Ambroise, la Mère de Dieu est le modèle dans l'ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ. En effet, dans le mystère de L'Emilie, qui reçoit elle aussi à juste titre le nom de Mère et de Vierge, la bienheureuse Vierge Marie occupe la première place, offrant, à un titre éminent et singulier, le modèle de la vierge et de la mère : c'est dans sa foi et dans son obéissance qu'elle a engendré sur la terre le Fils du Père, sans connaître d'homme, enveloppée par l'Esprit Saint, comme une nouvelle Ève qui donne, non à l'antique serpent, mais au messager de Dieu, une foi que nul doute n'altère. Elle engendra son Fils, dont Dieu a fait le premier-né parmi beaucoup de frères, c'est-à-dire parmi les croyants, à la naissance et à l'éducation desquels elle apporte la coopération de son amour maternel. Cependant, Si l'Église en la personne de la bienheureuse Vierge, atteint déjà à la perfection qui la fait sans tache ni ride, les fidèles du Christ, eux, sont encore tendus dans leur effort pour croître en sainteté par la victoire sur le péché :
c'est pourquoi ils lèvent leurs yeux vers Marie comme modèle des vertus qui rayonne sur toute la communauté des élus. En se recueillant avec piété dans la pensée de Marie, qu'elle contemple dans la lumière du Verbe fait homme, l'Église pénètre avec respect plus avant dans le mystère suprême de l'Incarnation et devient sans cesse plus conforme à son Époux. Intimement présente en effet à l'histoire du salut, Marie rassemble et reflète en elle-même d'une certaine façon les quêtes suprêmes de la foi et elle appelle les fidèles à son Fils et à son sacrifice, ainsi qu'à 'amour du Père, lorsqu'elle est l'objet de la prédication et de la vénération. L'Église, à son tour, cherchant la gloire du Christ, se fait de plus en us semblable à son grand modèle en progressant continuellement dans la foi, l'espérance et la charité, en recherchant et accomplissant en tout la e volonté. C'est pourquoi, dans l'exercice de son apostolat, l'Église regarde à juste titre vers celle qui engendra le Christ, conçu du Saint Esprit et né de la Vierge précisément afin de naître et de grandir aussi par l'Église dans le coeur des fidèles. La Vierge a été par sa vie le modèle de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission apostolique de L'Emilie, travaillent à la régénération des hommes. Cependant, tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l'Église en son achèvement dans le siècle futur, de même sur cette terre, en attendant la venue du jour du Seigneur, elle brille déjà comme un signe d'espérance assurée et de consolation devant le peuple de Dieu en pèlerinage.
HOMÉLIE DE S. AMÉDÉE DÉ LAUSANNE POUR L'ASSOMPTION
Considère combien il était normal que, dès avant son assomption, le nom de Marie ait brillé, admirable, sur toute la terre, et sa renommée très illustre se soit répandue en tous lieux, avant que sa magnificence ne se soit élevée au-dessus des cieux. Il convenait en effet que la Vierge Mère, pour l'honneur même de son Fils, régnât d'abord sur la terre, et pût enfin recevoir ainsi les cieux ; qu'elle fût comblée ici-bas pour pénétrer là-haut dans une sainte plénitude ; et comme elle avait été transportée de vertu en vertu, qu'elle le fût aussi de clarté en clarté par l'Esprit du Seigneur. Présente dans la chair, elle goûtait donc par avance les prémices du royaume à venir, tantôt s'élevant vers Dieu dans un élan impossible à dire, tantôt rejoignant le prochain en une indicible charité. D'une part, elle était entourée par les hommages des anges; d'autre part, elle était vénérée par le service des hommes. Gabriel l'assistait parmi les anges; et Jean, heureux de s'être vu confier auprès de la croix, à lui vierge, la Vierge Mère, la servait ainsi que les autres Apôtres. Eux tous se réjouissaient de voir, les uns leur reine, les autres leur suzeraine, et ils s'empressaient dans un affectueux dévouement. Pour elle, établie dans la forteresse la plus élevée des vertus et débordant de l'océan des dons divins, elle épanchait sur le peuple croyant et altéré, dans un ruissellement surabondant, l'abîme des grâces par lequel elle surpassait toutes les créatures. Elle procurait en effet la santé aux corps, et aux âmes la guérison, dans le pouvoir qu'elle avait de réveiller de la mort du corps et de l'âme. Qui jamais est parti de chez elle malade ou triste, ou sans avoir été instruit des mystères célestes? Qui donc est retourné chez lui sans être pleinement heureux d'avoir obtenu ce u il voulait de Marie, la mère du Seigneur? Débordante de ces biens si grands, l'épouse, mère de unique Époux, douce et très aimée en ses délices, est comme la source des jardins spirituels et le puits des eaux vives et vivifiantes qui jaillissent en torrent du Liban divin. Aussi fait-elle couler, depuis le mont Sion jusqu'à toutes les nations qui l'entourent ou sont répandues au loin, des fleuves de paix et des ruisseaux de grâces débordant du ciel.
Lorsque la Vierge des vierges était conduite par son Dieu et Fils, le Roi des rois, dans l'allégresse des anges, la joie des archanges, parmi les acclamations du ciel, alors s'accomplit la prophétie de David disant au Seigneur: La reine se tient à ta droite, dans un vêtement d'or et des ornements variés.
PRIÈRE
Seigneur, tu t'es penché sur ton humble servante, la bienheureuse Vierge Marie tu lui as donné la grâce et l'honneur de devenir la mère de ton Fils unique et tu l'as couronnée, en ce jour, d'une gloire sans pareille; À sa prière, accorde-nous, puisque nous sommes rachetés et sauvés, d'être élevés avec elle dans ta gloire.
Par son libre consentement à ta volonté, Seigneur, la Vierge Marie est devenue la mère de ton Fils et s'est totalement associée à son oeuvre de rédemption; accorde nous, à sa prière, de progresser dans la foi, l'espérance et la charité, et de collaborer généreusement à la mission de l'Église.
La Vierge Marie, Consolatrice des affligés,
Marie Consolatrice des affligés, dont lu statue est vénérée dans la cathédrale de Luxembourg, est honorée comme patronne du Duché depuis 1678. La célébration de sa fête au Temps pascal nous rappelle que la consolation des affligés tient avant tout dans la victoire du Christ sur la mort. La Vierge douloureuse du vendredi saint est la Mère du Ressuscité.
« En toi Dieu prend sa joie ».
La Vierge dans notre vie d'homme. (P.DONCOEUR)
Il est quasi impossible à un chrétien - peut-être à un homme - de prendre son juste épanouissement moral s'il ne comprend pas ou s'il refuse les valeurs spirituelles représentées par la Sainte Vierge. L'Église nous a appris qu'une créature est demeurée parfaitement en place au milieu de la déroute universelle. Immobile et droite et non pas rétablie; inviolée et non pas guérie; droite et non pas rectifiée. Celle qui aux sources de son être n'a pas connu autre chose que l'ordre. Et ce qui nous touche, ce qui nous est précieux à nous hommes plongés dans l'épaisseur de notre aventure, le voici : elle est la Sainte Vierge, mais elle est une femme de notre chair et non pas un ange, engagée comme nous dans un monde de péchés, et cependant intacte. Tendre, aimante, douloureuse comme toute femme. Et cependant admirablement juste, alors même qu'elle ne sait pas, qu'elle ne comprend pas, qu'elle tremble, qu'elle est déchirée d'angoisse, n'inclinant jamais si peu que ce soit hors de la ligne impeccable. Ainsi donc, si gauchie que soit notre humanité, si universel le mensonge, si empoisonnés les éléments et l'air, si pesante soit la loi de la trahison de l'esprit et de la chair, Si désespéré soit ce monde où partout notre regard voit, en perçant le dehors les incurables compromissions; ainsi donc, il y a parmi nous un être intact, charnel et absolument pur, temporel et cependant dans la vérité absolue! Comment à cette nouvelle d'une exception à la loi d'airain, ne pas frémir! S'il y a une pureté parfaite, il y a des purifications possibles. S'il y a une rectitude, il peut y avoir des redressements. Dans l'universelle déviation, il y a un axe, et non pas céleste seulement, mais traversant notre terre, notre chair. Oui, l'Immaculée Conception est le point central autour duquel gravitent toutes les questions spirituelles, c'est-à-dire l'ordre des pensées, éternelles, c'est-à-dire de destination divine, et charnelles, c'est-à-dire de condition humaine. Heureux l'homme, sociologue ou artiste, prêtre ou gouverneur, qui ayant accueilli dans sa pensée, ayant enclos dans son regard et introduit dans sa sensibilité le principe de la pureté, aura le courage de se laisser juger par lui, et, sans cesse se dégageant des compromissions, ramènera sa vie à l'axe unique de la création. Imagine-t-on ce que deviendrait notre monde Si le juge était le juge, le marchand, le marchand, le savant, le savant : c'est-à-dire la sentence le droit, le vendu le promis, la thèse la vérité ? Imagine-t-on ce que serait un monde où l'artiste renoncerait à toute jonglerie, où l'amitié ne serait qu'amitié, où l'amour ne serait qu'amour? Imagine-t-on un monde où le prêtre ne serait qu'un témoin de Jésus Christ?
PRIÈRE
Seigneur, toi qui aimes les hommes, viens au secours de notre faiblesse quand nous célébrons la Mère de Dieu, la Vierge immaculée. Fais que par son intercession nous soyons guéris de nos péchés. Seigneur,tu prends la défense des humbles, Seigneur, tu les aimes et les glorifies; et tu as donné à sainte Bernadette d'étonnantes grâces de patience et de charité; Permets qu'à sa prière et à son exemple, en suivant simplement les chemins de la foi, nous puissions te contempler dans le royaume des cieux.
Compassion. (Paul CLAUDEL)
Ici la Passion prend fin et la compassion continue.
Le Christ n'est plus sur la croix, il est avec Marie qui l'a reçu
Comme elle l'accepta, promis, elle le reçoit, consomme.
Le Christ qui a souffert aux yeux de tous de nouveau au sein de sa mère est caché.
L'Église entre ses bras à jamais prend charge de son bien-aimé.
Ce qui est de Dieu, et ce qui est de la mère, et ce que l'homme a fait,
Tout cela sous son manteau est avec elle à jamais.
Elle l'a pris, elle voit, elle touche, elle prie, elle pleure, elle admire;
Elle est le suaire et l'onguent, elle est la sépulture et la myrrhe,
Elle est le prêtre et l'autel et le vase et le Cénacle.
Ici finit la croix et commence le tabernacle.
PRIÈRE
Tu as voulu, Seigneur, que la Mère de ton Fils, debout près de la croix, fût associée à ses souffrances; Accorde à ton Église de s'unir, elle aussi, à la passion du Christ, afin d'avoir part à sa résurrection.
HOMÉLIE DE S. BERNARD POUR L'ASSOMPTION
Qu'on ne parle plus de ta miséricorde, Vierge bienheureuse, s'il est un seul homme qui se rappelle t'avoir invoquée en vain dans ses besoins. Nous, tes petits serviteurs, nous te félicitons de tes autres vertus, mais nous nous félicitons nous-mêmes de ta miséricorde.
Nous louons ta virginité, nous admirons ton humilité, mais, pour les malheureux que nous sommes, ta miséricorde a plus douce saveur, plus précieuse valeur, elle revient plus souvent à notre mémoire, plus fréquemment dans nos invocations. C'est elle qui obtint la régénération du monde, le salut de tous. Il est, en effet, évident que la sollicitude de Marie s'étendait au genre humain tout entier, lorsque l'ange lui dit: Ne crains pas, Marie, tu as trouvé grâce, la grâce que tu attendais. Qui donc, ô Vierge bénie, pourra mesurer la longueur et la largeur, la hauteur et la profondeur de ta miséricorde? Car, par sa longueur, ta miséricorde atteint jusqu'au dernier jour tous ceux qui l'invoquent; par sa largeur, elle recouvre toute la surface du globe et remplit la terre; par sa hauteur, elle contribue à la restauration de la cité céleste; par sa profondeur, elle obtient la rédemption de ceux qui demeurent dans les ténèbres et l'ombre de la mort. Par toi, en effet, le ciel est peuplé, l'enfer vidé, la Jérusalem céleste relevée de ses ruines, la vie rendue aux malheureux qui l'avaient perdue. C'est ainsi que ta toute-puissante et très miséricordieuse charité se montre aussi magnifique dans sa compassion que dans son pouvoir secourable.
Que notre âme altérée coure donc à cette source, que notre misère puise avec ardeur à ce trésor de miséricorde. Voici, Vierge bénie, que nous t'avons accompagnée de nos voeux et suivie, au moins de loin, tandis que tu montais vers ton Fils. Que désormais ta miséricorde fasse connaître au monde la grâce que tu as trouvée auprès de Dieu, en obtenant, par tes saintes prières, le pardon aux pécheurs, la santé aux malades, le courage aux faibles, la consolation aux affligés, secours et délivrance à ceux qui sont en danger. Et pour nous, tes petits serviteurs, qui en ce jour de fête et de liesse, invoquons et louons le nom très doux de Marie, obtiens, Reine de clémence, les grâces de ton Fils, notre Seigneur, qui est au-dessus de tout; Dieu béni éternellement. Amen.
Père de miséricorde et Dieu de toute consolation, tu as voulu que Marie, la mère de ton Fils unique, soit aussi notre mère; dans ta bonté, accorde-nous, puisqu'elle nous garde et nous protège, le réconfort de sa consolation.