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Martin de Tours (Sabaria vers 316 - Cancles vers 400)

Le symbole de la charité

Un geste généreux transforma la vie de Martin en une quête désintéressée de la sainteté.

Né en Pannonie (aujourd'hui la Hongrie), fils d'un officier païen de l'armée romaine, Martin fut élevé à Pavie. Il entra dans l'armée, probablement comme conscrit, mais sa vie changea quand, vers 337, il déchira son manteau en deux et en donna la moitié à un mendiant qui souffrait du froid. Cette nuit, le Christ lui apparut en rêve, portant la moitié du manteau qu'il avait donnée. Martin se convertit au christianisme, refusa de continuer à se battre et fut emprisonné, puis finalement relâché. On raconte que, lorsqu'il fut accusé de couardise, Martin proposa de se placer, sans arme, entre les deux lignes ennemies.

· Le premier monastère franc

De retour en Pannonie, Martin convertit sa mère et les gens de son entourage. Il prêcha contre l'arianisme en Illyrie et fut banni du pays. Il alla en Italie et rendit furieux Auxence, l'évêque arien de Milan. Il fut de nouveau exilé. Il vécut quelque temps en reclus sur une petite île des côtes de Ligurie. Quand Hilaire de Poiriers retrouva son siège après le bannissement imposé par l'empereur Constance en 360, Martin l'y rejoignit. Il obtint des terres à Ligugé et y établit un ermitage. Il fut rapidement rejoint par des disciples, et le groupe se développa en communauté semi-érémitique. Ce fut le premier monastère jamais fondé en Gaule.

En 372, après dix années passés à Ligugé, Martin fut proclamé par le peuple, et malgré son opposition, évêque de Tours. Même évêque, il vécut dans une cellule d'abord près de se cathédrale à Tours puis à Marmoutier dans une communauté de quatre-vingts moines. Il fonda plusieurs autres monastères et se consacra à la tâche de détruire les temples païens et les arbres sacrés dans des régions jusqu'alors ignorées perce qu'à l'écart des villes. Différents miracles, dont la résurrection d'un mort, lui furent attribués durant son épiscopat qui dura vingt-cinq ans.

Martin fut mêlé à des disputes théologiques, notamment contre les priscillianistes. Mais bien qu'il rejetât leur doctrine, Martin aurait voulu que leur chef fût jugé par l'Église plutôt que par la cour impériale, et il fit donc appel contre la peine de mort demandée contre eux risquant ainsi d'être accusé de complicité et d'hérésie.

Après la mort de Martin le S novembre, près de Tours, son culte se répandit rapidement et son tombeau devint un important centre de pèlerinage. L'été de la Saint-Martin correspond à une période de beau temps qui se situe autour de se fête.

Fête: 11 novembre. Patron de a France.

LETTRE DE SULPICE SÉVÈRE 

Martin sut longtemps à l'avance qu'il allait mourir, et dit à ses frères que la disparition de son corps était imminente. Auparavant, il dut aller visiter la paroisse de Candes, car les clercs de cette Église étaient divisés et il désirait y rétablir la paix. Il n'ignorait pas qu'il était à la fin de sa vie, mais ce motif ne l'empêcha pas de partir, car il estimait que ses vertus atteindraient leur accomplissement s'il pouvait rendre la paix à cette Église.

Il demeura quelque temps dans ce bourg, ou plutôt dans église où il était allé. Après avoir rétabli la paix entre les clercs, alors qu'il projetait de rentrer au monastère, il sentit brusquement que ses forces l'abandonnaient. Il convoqua les frères et leur annonça qu'il allait les quitter. Alors tous furent accablés par la tristesse et la peine et se lamentèrent d'une seule voix «Père, pourquoi nous abandonnes-tu? À qui nous laisses-tu en faisant de nous des orphelins? Des loups voraces vont assaillir ton troupeau. Maintenant que le pasteur est frappé, qui va nous défendre de leurs morsures? Nous savons que tu désires rejoindre le Christ, mais tu es sûr de ta récompense et un peu de délai ne la diminuera pas. Aie plutôt pitié de nous que tu abandonnes.» Il fut ému par ces larmes, car il avait toujours été uni au Seigneur par une très tendre miséricorde, et l'on rapporte qu'il pleura; mais, tourné vers le Seigneur, il ne répondit à ceux qui pleuraient que cette seule parole «Seigneur si je suis encore nécessaire à ton peuple, je ne refuse pas le travail. Que ta volonté soit faite.» Quel homme au-dessus de tout éloge! Il n'était pas vaincu par le travail, mais il ne serait pas vaincu par la mort, car il ne penchait davantage ni d'un côté ni de l'autre: il ne craignait pas de mourir, et il ne refusait pas de vivre! il gardait les yeux et les mains levés vers le ciel, et ne permettait pas à son esprit héroïque d'abandonner la prière. Et comme les prêtres réunis autour de lui le priaient de soulager son corps en le changeant de côté: « Laissez-moi, mes frères, disait-il, laissez-moi regarder le ciel plutôt que la terre, afin que mon esprit s'oriente vers le chemin qu'il va prendre pour rejoindre le Seigneur.» Après avoir parlé ainsi, il vit que le démon se tenait près de lui: «Pourquoi restes-tu là, bête cruelle? Tu ne peux rien attendre de moi, maudit; le sein d'Abraham va me recevoir.»En disant cette parole, il rendit au ciel son esprit. Plein de joie, Martin est accueilli dans le sein D'Abraham, l'humble et pauvre Martin entre au ciel comblé de richesses.