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HOMÉLIE DE S. JEAN CHRYSOSTOME SUR LES ACTES DES APÔTRES

En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des disciples et parla. Parce qu'il est fervent, lui à qui le troupeau avait été confié par le Christ, et parce qu'il est le premier du groupe, il est toujours le premier à prendre la parole. Frères, il faut choisir parmi nous. Il remet la décision à la foule, il rend les candidats dignes de respect, et il écarte toute animosité envers les autres. Car les décisions importantes engendrent toujours de pareils inconvénients. Quoi donc? Est-ce que Pierre ne permettait pas au groupe de choisir? Certes, mais pour qu'il ne paraisse pas avoir des préférences, il s'abstient. Autrement le Saint-Esprit aurait été laissé à l'écart. On en présenta deux, disent les Actes, Joseph Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias. Ce n'est pas Pierre qui les a présentés, mais tous les assistants. Quant à lui, il a fait une proposition en montrant qu'elle ne venait pas de lui, mais qu'elle remontait à une prophétie. Il s'est conduit comme un interprète, non comme un maître. Il faut donc, dit-il, choisir parmi les hommes qui nous ont accompagnés. Remarquez comment il veut que ces nouveaux Apôtres soient des témoins oculaires. Sans doute le Saint-Esprit devait venir, mais Pierre attachait beaucoup d'importance à ce point.

Parmi les hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous. Il leur indique qu'ils doivent avoir vécu avec lui et ne pas avoir été de simples disciples. En effet, au début, beaucoup de gens le suivaient. Voyez comment il est dit: C'était l'un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis son baptême par Jean. C'est exact, car aucun n'a connu ce qui a précédé, mais ils l'ont appris du Saint-Esprit. Jusqu'au jour où il nous a été enlevé. Il faut donc que l'un d'entre eux devienne avec nous témoin de sa résurrection. Pierre n'a pas dit: témoin de tout le reste, mais seulement témoin de la résurrection. Car il serait plus digne de foi, le disciple qui pourrait dire: Celui qui mangeait, qui buvait, qui a été crucifié, c'est celui-là qui est ressuscité. Par conséquent, il ne fallait pas qu'il soit témoin des époques précédentes, ni des suivantes, ni des miracles. Ce qu'on exigeait, c'était qu'il soit témoin de la résurrection. Tout le reste avait été manifesté et proclamé. Tandis que la résurrection s'était accomplie dans le secret, elle n'était manifeste que pour quelques-uns. Alors tous ensemble se mettent en prière et disent: Toi, Seigneur, qui connais le coeur de tous les hommes, montre-nous. Toi, et non pas nous. C'était bien le moment de l'invoquer comme celui qui connaît les coeurs, car c'était à lui de faire l'élection, pas à eux. Ils parlaient ainsi avec confiance car il fallait absolument en élire un. Et ils ne disent pas: Choisis, mais: Montre-nous l'élu et, selon le texte, celui que tu as choisi, car ils savent que Dieu a tout décidé à l'avance. On tira au sort. Ils ne se jugeaient pas encore dignes de choisir par eux-mêmes; c'est pourquoi ils veulent être éclairés par un signe.